Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Santé - Page 117

  • Coup de coeur. "Construire un monde équitable pour demain", avec Henry Augier

    eolienne enfant38881.jpg

    Demain, un monde durable ? Photo AFP

    "Construire un monde équitable pour demain" est le dernier livre de Henry Augier, publié en 2012 aux Editions Sang de la Terre : un ouvrage indispensable à la bibliothèque de tout écolo qui se respecte.

    Henry-Augier_5862.jpegAprès "Le développement peut-il être durable ?" (été 2012) et le "Manuel pratique pour sauver la Terre", sortis chez le même éditeur, le professeur  Henry Augier, engagé dans de nombreuses actions de sauvegarde de l'environnement, conclut une trilogie consacrée à la sauvegarde de l'environnement, par un ouvrage "encyclopédique", l'espoir d'un monde plus écologique et durablement habitable par tous, met à bas le catastrophisme ambiant.

    Que de rudes constats !

    Les constats, on les connaît par coeur : une planète en folie, la pénurie d'eau et la pollution galopante des eaux, des terres, de l'air. Et aussi : la faim dans le monde, les dangers de la surpopulation, l'appauvrissement des richesses et des ressources énergétiques naturelles, avec la menace des déchets radioactifs, la diminution des ressources halieutiques, la surpêche, les mers et les océans en péril, envahis par la pollution des activités humaines, et la masse des déchets plastiques, en passe de créer de "nouveaux continents" flottants, issus des résidus de nos ordures...

    Chiffres et croquis

    185540_la-centrale-nucleaire-de-tricastin-le-16-septembre-2011-a-bollene-dans-le-sud-de-la-france.jpgEn réalité, on croit les connaître par coeur. Henry Augier les revisite tous, les uns après les autres, ces voyants rouges de la planète qui sonnent l'alarme. Chiffres et croquis à l'appui. L'énergie, par exemple, sujet bien d'actualité, avec le débat national sur la transition énergétique en  France, et le traumatisme de la catastrophe nucléaire de Fukushima. Combien de temps encore pour les stocks de pétrole ? De 20 à 50 ans. Combien de temps, les gaz de schiste, si on les exploite : 200 ans ? Et le charbon ? 130 à 250 ans. Et l'uranium ? 30 à 134 ans. Et oui, même les réserves naturelles qui servent à produire l'énergie nucléaire sont limitées... Les fourchettes sont larges, certes, mais on voit bien que par quelque bout qu'on le prenne, si l'humanité continue à vivre à ce rythme sur la planète bleue, dans deux siècles, que restera-t-il de notre monde ? 

    Et l'eau ? Six millions d'enfants meurent chaque année, d'avoir bu de l'eau porteuse de germes pathogènes, à cause de l'absence d'un système d'épuration collectif. Six millions...

    continent.jpgEt la pollution des mers ? On évalue à 1,4 millions de débris et 1,2 millions de plastiques le nombre de déchets  flottant à l'hectare, rien que dans le Golfe de Gascogne. Imagine-t-on quand, on fait trempette l'été, au Cap-Ferret, à Lacanau ou à Seignosse, que plus loin, au large, ce sont environ 2,6 millions de résidus issus de nos ordures qui encombrent chaque hectare de l'océan, délicieux et nourricier ?

    ... mais aussi des solutions

    sandy.jpgLa liste des maux de la Terre est longue et nous y sommes pour beaucoup, au risque de mettre en danger notre propre biotope. Mais Henry Augier, une fois le clou enfoncé, ne se résout pas à poser la plume. Pas le genre de la maison. Alors, tout ça, pour quoi ? Pas pour crier à la catastrophe, à la fin du monde. Le rude constat posé, il s'agit de regarder la réalité en face. De prendre conscience de ce que chaque être humain est désormais concerné par les conséquences des excès communs de l'humanité, qu'il vive dans une zone riche du globe, pauvre ou en développement. En Europe, en Afrique, en Asie ou à New York. L'inflation des désordres climatiques produits par la hausse moyenne des températures sur le globe, en témoigne presque quotidiennement. Mais rien n'est inéluctable. Il y a des solutions, on peut inverser la vapeur et renverser les tendances.

    Développement durable, technologie, décroissance et sobriété

    pesticide epandage agricole.jpgAu chapitre desquelles, une véritable redéfinition d'un développement durable replacé au coeur de l'économie universelle, qui ne doit pas rester la nouvelle façon correctement verte de "continuer d'exploiter durablement la planète en la détruisant et en l'épuisant, tout en assurant la croissance et le profit des multinationales." La solution technologique, qui va permettre le développement des énergies renouvelable ou l'abandon des produits toxiques en agriculture, ou la réduction des pollutions à la source. La "décroissance ", enfin, "solution possible", mais qui a "peu d'audience". Le concept fait fuir, même certains écolos purs et durs, il faut bien le reconnaître. Et pourtant... L'auteur revisite posément les huit objectifs d'une décroissance harmonieuse, sereine et conviviale, basée non pas sur le retour à la préhistoire, mais juste sur la "sobriété".

    enfant planète.jpgUne autre gouvernance et l'assainissement des finances mondiales

    Mais pour sauver la Terre, nos modes de vie et notre environnement, on doit monter un cran au-dessus et attaquer le coeur des mécanismes du système économique mondial. Selon Henry Augier, il faut aussi impérativement assainir les finances mondiale, donner au monde une autre gouvernance, solidaire et soucieuse du bien être durable de l'humanité tout en veillant à mettre en oeuvre les modalités d'une décroissance démographie soutenable.

    Simple et limpide, sur le papier. Mais, conclut Henry Augier : "Aurons-nous la capacité, le devoir et la sagesse de léguer aux générations futures un monde tolérable ?"

    Telle est bien la question. Oui, mais quelle sera la réponse ?

    Cathy Lafon

    critique,livre,henry augier,éditions sang de la terreREPERES

    • Le livre. "Constuire un monde équitable pour demain", Henry Augier, éditions Sang de la Terre, 23 €, en librairie ou à acheter sur internet : cliquer ICI
    • L'auteur. Docteur d'Etat, Maître de conférences honoraire à la faculté des sciences de Marseille-Luminy, professeur honoraire à l'École Nationale des Travaux Publics de l'Etat, Henry Augier a dirigé un laboratoire spécialisé dans l'étude des nuisances. Il a également été responsable de l'enseignement de la molysmologie (science des pollutions) à l'Université de la Méditerranée et expert consultant international sur les problèmes de pollution et protection de la nature.  Il est engagé dans de nombreuses actions de sauvegarde de notre environnement. Au cours de certains conflits, il fut même surnommé «l'Ayatollah de l'environnement» par des personnalités politiques régionales qu'il gênait. Ce qualificatif outrancier traduit bien sa détermination à dénoncer les pollueurs de tout poil et à oeuvrer pour une meilleure qualité de vie.
    • La maison d'édition. Les éditions Sang de la Terre, spécialisées depuis leur création en 1986 dans l'écologie et le développement durable, ont un catalogue riche, pointu et exigeant : une centaine de titres sur la nature, les bienfaits au naturel, l'environnement, le vin, la gastronomie et des enquêtes de société, qui s'enrichissent chaque mois de deux ou quatre nouvelles publications.
      Parmi les plus récentes, on relèvera le dernier livre du Bordelais Simon Charbonneau, spécialiste en droit de l'environnement : "L'impossible nostalgie - L'effondrement de l'idéologie du progrès", présenté publiquement en Gironde, à Bègles, le lundi 14 janvier.
    • Sang de la Terre passe au numérique et lance des collections pour Tablettes tactiles et Smartphones : cliquer ICI
  • Pollution de l'air : adieu les Zapa, bonjour "les plans de protection de l'atmosphère"

    pollution bdx.jpg

    Améliorer la qualité de l'air à Bordeaux Photo archives / Laurent Theillet

    L'air que nous respirons en France dans nos villes n'est pas bon. Depuis plusieurs années déjà, et cela se dégrade. A tel point que le pays est désormais sous la menace de lourdes amendes européennes, pour non respect des normes en matière de qualité de l'air. Après avoir abandonné le dispositif des Zapa (Zones d'action prioritaire de l'air) prévu par le gouvernement précédent, la ministre de l'Ecologie, Delphine Batho, a fini par présenter, mercredi 6 février, 38 mesures dites "d'urgence". Car urgence il y a...

    Bannir des routes les véhicules les plus polluants lors des pics de pollution et aider à leur renouvellement

    "La France ne respecte pas la réglementation communautaire" en matière de qualité de l'air, a rappelé mercredi Delphine Batho, la ministre de l'Ecologie, à l'issue d'une réunion du premier Comité interministériel sur la qualité de l'air où a été adopté ce "plan d'urgence".  Cible numéro 1 du gouvernement  : les "6 millions de véhicules anciens" qui contribuent à "environ 30% des émissions de particules des véhicules particuliers et 20% des émissions d'oxydes d'azote". Parallèlement, le gouvernement travaillera sur les leviers ciblés pour renouveler le parc des véhicules les plus émissifs (en termes de particules, d’oxydes d’azote et de dioxyde de carbone) tout en prenant en compte le pouvoir d’achat des propriétaires de ces véhicules.

    paris air pollution.jpgRéduction de la vitesse dans certaines zones urbaines

    Deuxième acquis : le plan d'urgence présenté évoque aussi la possibilité de réduire la vitesse sur "certains axes à forte fréquentation", comme sur le périphérique parisien. La mairie de Paris, qui souhaite réduire la vitesse de 80 à 70 km/h sur cet axe, a salué dans un communiqué une annonce qui va "dans le bon sens".  Parmi les autres mesures figurent l'incitation au covoiturage, à l'autoparttage, le développement des véhicules électriques en ville, mais aussi des initiatives pour réduire les émissions industrielles, la  promotion des facilités d'accès aux véhicules de marchandises propres, la réduction des émissions dans les aéroports, le développement des transports en commun, de la marche et du vélo...

    "Ce n'est pas le retour de la pastille verte"

    Une étude va être lancée pour permettre une "identification" des véhicules les plus "vertueux", globalement les plus récents, qui seront autorisés en cas de pic de pollution, a expliqué la ministre. "Ce n'est pas le retour de la pastille verte", a-t-elle assuré, en référence au système lancé en 1998 par le gouvernement Jospin mais rapidement abandonné. "Il y a aujourd'hui des techniques plus modernes", a-t-elle ajouté, citant la possibilité de badges ou de systèmes électroniques.

    airaq.jpgDes "plans de protection de l'atmosphère locaux" plutôt que les Zapa : quatre dans la région

    La modalité de la circulation restreinte "dépendra des plans de protection de l'atmosphère"  (PPA) mis en place localement dans chaque agglomération, dont Bordeaux, mais "au minimum, ce sera lorsqu'il y a des mesures de restriction" liées à des pics de pollution, selon la ministre. Elle a confirmé l'enterrement du projet de zones d'actions prioritaires pour l'air (Zapa), c'est-à-dire des zones excluant les véhicules les plus polluants, initiées par le précédent gouvernement en 2011, considérées comme socialement injustes et peu efficaces écologiquement. Dans la région, le PPA de Bordeaux, visé par le contentieux européen, a été adopté. Ceux de Dax et de Pau sont déjà publiés.  Et celui de Bayonne sera adopté en février 2013.

    Et ailleurs en Euroe ?

    protection de l'air,lutte pollution,prévention,plan paticules,zapa,lew,europe Pourtant, depuis plusieurs années, 180 villes en Europe ont déjà mis en place des "low emission zones" (LEZs), l'équivalent des Zapa. La Suède a été précurseur avec dès 1996 une première expérimentation. L’Italie a suivi en 2005, l’Allemagne et le Royaume-Uni en 2008. Ainsi, en Allemagne,  40 villes ont déjà mises en place des règlementations, avec des vignettes environnement (éco-pastilles) obligatoires pour les zones écologiques, même pour les étrangers. La dernière LEZ en date vient d’être déployée au Portugal sur Lisbonne. Si l'objectif de toutes les LEZs est le même : réduire la pollution de l’air, les déclinaisons peuvent être différentes, en fonction des spécificités du territoire. Ainsi, comme le précise l'agence de développement et de maîtrise de l'énergie (l'Ademe), les études de faisabilité peuvent montrer qu’il vaut mieux limiter la circulation des poids lourds que celle des voitures pour améliorer la qualité de l’air. A son démarrage en 2008, la LEZ de Londres ne concernait que les poids lourd, les bus et les autocars. Depuis janvier 2012, ce dispositif londonien est étendu aux grandes camionnettes et minis bus.

    42.000 décès par an en France...

    Selon les données officielles, 12 millions de Français ont vécu en 2011 dans des zones où la pollution aux particules fines, émises par nos voitures mais aussi par le chauffage au bois, l'industrie et l'agriculture, excède les normes européennes. Les particules les plus fines, qui en ville proviennent majoritairement des pots d'échappements, seraient à l'origine de 42.000 morts prématurées chaque année en France. Les bébés seraient également plus petits à cause de la pollution de l'air. selon une vaste étude internationale publiée mercredi dans la revue Environmental Health Perspectives.

    pollution de l'air,urbaine,émission des gaz à effet de serre,plan d'urgence,gouvernement ayrault... et 150 décès par an à Bordeaux

    L'augmentation des maladies respiratoires, plus ou moins graves, chroniques ou non, est responsable à Bordeaux d'une diminution moyenne de l'espérance de vie de 5 mois, selon les conclusions du projet Aphekom, qui a évalué de 2008 à 2011 les répercussions de la pollution de l'air sur la santé publique dans douze pays européens et en particulier dans neuf villes françaises. Résultats repris par la Dreal Aquitaine, dans son Etude sur l'impact sanitaire de la mise à 2x3 voies de la rocade bordelaise publiée le  21 novembre 2012 : "si la concentration moyenne annuelle de particules fines (PM2,5), en pollution de fond, respectait la valeur guide de l'OMS (10 μg/m3), cela permettrait de différer environ 150 décès par an sur l’agglomération bordelaise, par rapport à la situation actuelle où, par exemple en 2001, les stations de Talence et Bassens ont respectivement mesuré des concentrations moyennes annuelles de particules fines (PM2,5) de 29 et 28 μg/m3". En 2012, les mesures effectuées par Airaq place Gambetta à Bordeaux, et à Mérignac, étaient toujours en deça des valeurs admises par l'Europe (ci-dessus, la carte du dépassement des valeurs limites en PM10 en France).

    Alors, bien ou pas bien ce "plan d'urgence" ?

    Les réactions sont  mitigées. L'association 40 millions d'automobilistes met en garde contre tout "clivage social", les véhicules les plus polluants appartenant aux plus modestes. L'association plaide pour "une politique d'incitation au renouvellement des véhicules par le biais d'une prime à l'achat d'une auto d'occasion plus récente et moins polluante". Pour France Nature Environnement (FNE) , la mesure visant à restreindre la circulation aux véhicules "vertueux" aux seuls pics de pollution est "anecdotique".  "Une mesure plus efficace serait de réserver l'accès aux centre-villes aux véhicules les moins polluants à l'année, comme cela se fait à Berlin", selon son porte-parole Benoît Hartmann.  De plus, l'étude reste encore à lancer pour déterminer quels sont «les véhicules vertueux en termes d'émissions». Enfin, si ces mesures sont toutes intéressantes pour améliorer la situation, aucune d'entre elles ne dispose d'un calendrier d'application. Or, il y a urgence pour notre pays de se mettre en conformité avec les normes européennes...

    diesel.jpgEt le diesel ?

    Sur la question ultra-sensible d'une hausse des taxes sur le diesel, classé comme cancérogène certain par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), la ministre n' pas tranché et a renvoyé le sujet aux conclusions du comité pour la fiscalité écologique mis en place fin 2012. A ce jour, 60% du parc automobile français est constitué de voitures roulant au diesel. Or les moteurs au diesel émettent des particules fines à l'origine de quelque 42.000 morts prématurées par an, selon le ministère de l'Ecologie.

    100 millions d'euros d'amende et 240.000 euros de pénalité par jour de retard...

    Le dépassement récurrents des seuils de pollution de l'air place la France en situation de contentieux européen pour 15 zones, donct Bordeaux, concernant les émissions de particules fines et pour 28 zones, concernant le dioxyde d'azote. Le pays est passible d'une amende de 100 millions d'euros dès 2016, s'il ne parvient pas à diminuer ces taux de pollution. Le contentieux européen sur le dépassement des émissions de microparticules est déjà très avancé et il n'y a que peu de chances pour qu'on y échappe. Cela pourrait se traduire non seulement par une amende mais surtout par des pénalités pour chaque jour de retard jusqu'à ce que les normes de la qualité de l'air soient respectées  Le montant pourrait être de 240.000 euros par jour. De plus, un autre contentieux est annoncé, cette fois-ci pour les dépassements de dioxyde d'azote...

    En période de crise économique, la France peut rêver à une meilleure façon de dépenser ses euros.

    Cathy Lafon

    AILLEURS

    La pollution urbaine n'est pas l'apanage des pays développés. Les mégapoles émergentes de d'Asie, d'Inde et d'Afrique sont gagnées par l'étouffement, et la pollution de l'air, y devient un problème sanitaire majeur. L'impact économique se traduit par une perte de croissance et pèse sur l'attractivité, comme en Chine à Pékin (20 millions d'habitants), où le niveau de pollution atmosphérique a depuis longtemps explosé les seuils admis par l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

    PLUS D'INFO

    LIRE AUSSI

  • Santé. Et il est où, le projet de loi sur les ondes électromagnétiques ?

    ondes électromagnétiques,téléphonie mobile,santé,principe de précaution,projet de loi,proposition,renvoi

    Sale temps pour les écolos. La proposition de loi déposée par la députée EELV Laurence Abeille sur les ondes électromagnétiques, qui devait être examinée par l'Assemblée nationale jeudi 31 janvier, n'aura donc même pas fait l'objet d'un débat : les députés socialistes ont carrément voté une motion de renvoi en commission des affaires économiques. 

    Dans les rangs des associations environnementales, la déception et l'incompréhension sont de taille, avec le sentiment d'avoir, une fois de plus, beaucoup bossé pour rien. Chez les élus écologistes de même. En France, dès lors qu'il s'agit de problématiques mêlant écologie, environnement, technologies et santé, force est de reconnaître que le débat démocratique a souvent tendance à tourner court. Quand il a la chance de voir le jour, ce qui n'est pas toujours le cas...

    Une "niche parlementaire" par an


    ondes électromagnétiques,téléphonie mobile,santé,principe de précaution,projet de loi,proposition,renvoiDéjà largement revu en Commission des affaires économiques au point d'avoir été vidé de sa substance, selon les écolos,  le texte de Laurence Abeille (photo ci-contre) est donc abandonné : il n'y aura pas de loi du tout. Techniquement, la procédure du renvoi en Commission équivaut en effet dans le cas présent à un abandon : bien que dans la majorité gouvernementale, les écologistes ne disposent, comme tous les groupes parlementaires, que d'une "niche parlementaire" par an pour déposer leurs propositions de loi... A moins qu'une autre loi ne soit déposée par les socialistes sur le même sujet, exit la loi sur les ondes électromagnétiques. Au moins pour un an.

    Une victoire de "l'économie numérique" sur le principe de précaution et la protection de la santé ? 

    Jeudi dernier, les députés écologistes espéraient encore pouvoir débattre en séance plénière du texte et réintroduire, par des amendements, des dispositions importantes, comme le principe d'un seuil d'exposition "aussi bas que raisonnablement possible". Et, a minima, doter la France de la première loi permettant d'encadrer l'installation des antennes-relais. L'issue semblait prévisible: à la veille de la présentation du texte, la ministre déléguée à l'économie numérique, Fleur Pellerin, avait mis en garde contre des "peurs irrationnelles" en estimant que la nocivité des ondes "n'est pas scientifiquement étayée". Résumer l'affaire comme la victoire de " l'économie numérique" sur le principe écologique de précaution et la santé humaine serait pourtant bien caricatural. Le texte de loi n'avait pas plus vocation à empêcher  la téléphonie mobile et son développement qu'à supprimer le WiFi, mais à prendre des mesures afin de protéger des populations à risque (comme les enfants) et de permettre aux personnes électrohypersensibles de disposer d'espaces de vie sur le territoire en "zones blanches" (hors ondes électromagnétiques articifielles), tout en reconnaissant le syndrome dont elles sont victimes.

    Les élus écolos vent debout

    La députée Laurence Abeille se dit "atterrée et scandalisée" et dénonce une attitude de la part du gouvernement "totalement incohérente". "Le gouvernement signifie qu'il ne veut pas légiférer dans ce domaine, malgré les mises en garde de la communauté scientifique sur la possible nocivité des ondes sur la santé", réagit-elle. Pour elle, le contenu de la loi était « pourtant assez modéré ».  En outre, « Le sujet figurait en toutes lettres dans l'accord pour les législatives signé avec le PS », s'étonne-t-elle.  Elle estime que cette proposition a été « bloquée » par les ministères de l'Éducation nationale, de la Santé et de l'Économie numérique. Quant à François de Rugy, le coprésident du groupe EELV à l'Assemblée nationale, il a qualifié ce renvoi d'"inadmissible". "A quoi bon réserver des espaces aux groupes parlementaires ?", s'est interrogé pour sa part le député de Paris, Denis Baupin, pragmatique. 

    "Nous voulons un débat démocratique !", clament les associations

    ondes électromagnétiques,téléphonie mobile,santé,principe de précaution,projet de loi,proposition,renvoiLes associations qui ont travaillé avec les élus à l'élaboration de la proposition de loi sont très amères. Robin des Toits évoque sur son site un "enterrement de première classe." La Coordination nationale des collectifs stop antennes dénonce l'absence de débat  : "Le plus dramatique pour notre pays c'est que le gouvernement refuse le débat démocratique "comme dans les régimes autoritaires". Par cette attitude, il renforce l'idée de la toute puissance des lobbys des opérateurs, et alimente lui même la crainte, par cette non-transparence, et la perte de confiance dans nos institutions ! ", réagit son représentant national, le Bordelais Stéphane Sanchez. "Nous voulons un débat démocratique et nous n'en serons que plus combatifs pour l'obtenir !", résume-t-il.

    Principe de précaution : l'Anses, l'OMS et l'association des pédiatres américains sur la même longueur d'ondes

    ondes électromagnétiques,téléphonie mobile,santé,principe de précaution,projet de loi,proposition,renvoiEn 2009, l'Agence nationale de sécurité sanitaire, de l'alimentation, de l'environnement et du travail, l'Anses, avait rendu un avis alertant sur les dangers potentiels des ondes électromagnétiques. L'OMS a également classé ces dernières comme potentiellement cancérigènes. Tout récemment, aux Etats-Unis, l'Académie américaine de pédiatrie (AAP) qui regroupe quelque 60.000 praticiens, a accordé son soutien à une proposition de loi déposée en août 2012 par Dennis Kucinich (photo ci-dessus), membre du Congrès américain, intitulée "Le téléphone portable, le droit de savoir". La proposition H.R. 6358 propose des étiquettes d'avertissement sur les téléphones portables, de créer un nouveau programme national de recherche sur les téléphones portables et la santé et exige de l'Agence de Protection Environnementale (EPA) de mettre à jour le taux d'Absorption spécifique (DAS), aujourd'hui obsolète. 

    Protéger les populations les plus vulnérables, enfants et femmes enceintes

    Le président de l'Académie américaine de pédiatrie (AAP), le Dr Thomas K Mc Inerny affirme ainsi dans une lettre adressée à Dennis Kucinich : "L'AAP plaide en faveur du texte H.R. 6358 et soutient particulièrement l'analyse des effets des radiofréquences (RF) sur les populations les plus vulnérables, incluant les enfants et les femmes enceintes." L''AAP se félicite de ce que "le projet de loi exige l’examen de ces effets lors de l’élaboration des normes d’exposition maximale. Les enfants sont touchés de manière disproportionnée par les expositions environnementales, y compris par le rayonnement des téléphones portables. Les différences de densité osseuse et de quantité de liquide dans leur cerveau par rapport à un cerveau d’adulte, pourraient permettre aux enfants d’absorber de plus grandes quantités d’énergie RF, plus profondément dans leur cerveau".

    Le texte H.R. 6358 aura-t-il un meilleur sort aux Etats-Unis que la proposition de loi de Laurence Abeille en France ? A suivre.

    Cathy Lafon

    LIRE AUSSI

    EN SAVOIR PLUS

    • Les ondes électromagnétiques, c'est quoi ? Cliquer ICI
    • Le site  de Michèle Rivasi - Députée européenne Européenne : cliquer ICI 
    • Le site des électrosensibles en France : cliquer ICI
    • PRIARTéM (Association pour une Réglementation des Implantations d'Antennes Relais) : cliquer ICI
    • Le site de la Coordination nationale des collectifs "Stop Antennes" : cliquer ICI 
    • Le site de la CRIIREM : cliquer ICI
    • Le site de Robin des Toits : cliquer ICI
    • Le rapport 2011 de l'OMS : cliquer ICI
    • Le site de l'AAP (Agence américaine de pédiatrie) : cliquer ICI