Coup de coeur. "Construire un monde équitable pour demain", avec Henry Augier
Demain, un monde durable ? Photo AFP
"Construire un monde équitable pour demain" est le dernier livre de Henry Augier, publié en 2012 aux Editions Sang de la Terre : un ouvrage indispensable à la bibliothèque de tout écolo qui se respecte.
Après "Le développement peut-il être durable ?" (été 2012) et le "Manuel pratique pour sauver la Terre", sortis chez le même éditeur, le professeur Henry Augier, engagé dans de nombreuses actions de sauvegarde de l'environnement, conclut une trilogie consacrée à la sauvegarde de l'environnement, par un ouvrage "encyclopédique", où l'espoir d'un monde plus écologique et durablement habitable par tous, met à bas le catastrophisme ambiant.
Que de rudes constats !
Les constats, on les connaît par coeur : une planète en folie, la pénurie d'eau et la pollution galopante des eaux, des terres, de l'air. Et aussi : la faim dans le monde, les dangers de la surpopulation, l'appauvrissement des richesses et des ressources énergétiques naturelles, avec la menace des déchets radioactifs, la diminution des ressources halieutiques, la surpêche, les mers et les océans en péril, envahis par la pollution des activités humaines, et la masse des déchets plastiques, en passe de créer de "nouveaux continents" flottants, issus des résidus de nos ordures...
Chiffres et croquis
En réalité, on croit les connaître par coeur. Henry Augier les revisite tous, les uns après les autres, ces voyants rouges de la planète qui sonnent l'alarme. Chiffres et croquis à l'appui. L'énergie, par exemple, sujet bien d'actualité, avec le débat national sur la transition énergétique en France, et le traumatisme de la catastrophe nucléaire de Fukushima. Combien de temps encore pour les stocks de pétrole ? De 20 à 50 ans. Combien de temps, les gaz de schiste, si on les exploite : 200 ans ? Et le charbon ? 130 à 250 ans. Et l'uranium ? 30 à 134 ans. Et oui, même les réserves naturelles qui servent à produire l'énergie nucléaire sont limitées... Les fourchettes sont larges, certes, mais on voit bien que par quelque bout qu'on le prenne, si l'humanité continue à vivre à ce rythme sur la planète bleue, dans deux siècles, que restera-t-il de notre monde ?
Et l'eau ? Six millions d'enfants meurent chaque année, d'avoir bu de l'eau porteuse de germes pathogènes, à cause de l'absence d'un système d'épuration collectif. Six millions...
Et la pollution des mers ? On évalue à 1,4 millions de débris et 1,2 millions de plastiques le nombre de déchets flottant à l'hectare, rien que dans le Golfe de Gascogne. Imagine-t-on quand, on fait trempette l'été, au Cap-Ferret, à Lacanau ou à Seignosse, que plus loin, au large, ce sont environ 2,6 millions de résidus issus de nos ordures qui encombrent chaque hectare de l'océan, délicieux et nourricier ?
... mais aussi des solutions
La liste des maux de la Terre est longue et nous y sommes pour beaucoup, au risque de mettre en danger notre propre biotope. Mais Henry Augier, une fois le clou enfoncé, ne se résout pas à poser la plume. Pas le genre de la maison. Alors, tout ça, pour quoi ? Pas pour crier à la catastrophe, à la fin du monde. Le rude constat posé, il s'agit de regarder la réalité en face. De prendre conscience de ce que chaque être humain est désormais concerné par les conséquences des excès communs de l'humanité, qu'il vive dans une zone riche du globe, pauvre ou en développement. En Europe, en Afrique, en Asie ou à New York. L'inflation des désordres climatiques produits par la hausse moyenne des températures sur le globe, en témoigne presque quotidiennement. Mais rien n'est inéluctable. Il y a des solutions, on peut inverser la vapeur et renverser les tendances.
Développement durable, technologie, décroissance et sobriété
Au chapitre desquelles, une véritable redéfinition d'un développement durable replacé au coeur de l'économie universelle, qui ne doit pas rester la nouvelle façon correctement verte de "continuer d'exploiter durablement la planète en la détruisant et en l'épuisant, tout en assurant la croissance et le profit des multinationales." La solution technologique, qui va permettre le développement des énergies renouvelable ou l'abandon des produits toxiques en agriculture, ou la réduction des pollutions à la source. La "décroissance ", enfin, "solution possible", mais qui a "peu d'audience". Le concept fait fuir, même certains écolos purs et durs, il faut bien le reconnaître. Et pourtant... L'auteur revisite posément les huit objectifs d'une décroissance harmonieuse, sereine et conviviale, basée non pas sur le retour à la préhistoire, mais juste sur la "sobriété".
Une autre gouvernance et l'assainissement des finances mondiales
Mais pour sauver la Terre, nos modes de vie et notre environnement, on doit monter un cran au-dessus et attaquer le coeur des mécanismes du système économique mondial. Selon Henry Augier, il faut aussi impérativement assainir les finances mondiale, donner au monde une autre gouvernance, solidaire et soucieuse du bien être durable de l'humanité tout en veillant à mettre en oeuvre les modalités d'une décroissance démographie soutenable.
Simple et limpide, sur le papier. Mais, conclut Henry Augier : "Aurons-nous la capacité, le devoir et la sagesse de léguer aux générations futures un monde tolérable ?"
Telle est bien la question. Oui, mais quelle sera la réponse ?
REPERES
- Le livre. "Constuire un monde équitable pour demain", Henry Augier, éditions Sang de la Terre, 23 €, en librairie ou à acheter sur internet : cliquer ICI
- L'auteur. Docteur d'Etat, Maître de conférences honoraire à la faculté des sciences de Marseille-Luminy, professeur honoraire à l'École Nationale des Travaux Publics de l'Etat, Henry Augier a dirigé un laboratoire spécialisé dans l'étude des nuisances. Il a également été responsable de l'enseignement de la molysmologie (science des pollutions) à l'Université de la Méditerranée et expert consultant international sur les problèmes de pollution et protection de la nature. Il est engagé dans de nombreuses actions de sauvegarde de notre environnement. Au cours de certains conflits, il fut même surnommé «l'Ayatollah de l'environnement» par des personnalités politiques régionales qu'il gênait. Ce qualificatif outrancier traduit bien sa détermination à dénoncer les pollueurs de tout poil et à oeuvrer pour une meilleure qualité de vie.
- La maison d'édition. Les éditions Sang de la Terre, spécialisées depuis leur création en 1986 dans l'écologie et le développement durable, ont un catalogue riche, pointu et exigeant : une centaine de titres sur la nature, les bienfaits au naturel, l'environnement, le vin, la gastronomie et des enquêtes de société, qui s'enrichissent chaque mois de deux ou quatre nouvelles publications.
Parmi les plus récentes, on relèvera le dernier livre du Bordelais Simon Charbonneau, spécialiste en droit de l'environnement : "L'impossible nostalgie - L'effondrement de l'idéologie du progrès", présenté publiquement en Gironde, à Bègles, le lundi 14 janvier.
- Sang de la Terre passe au numérique et lance des collections pour Tablettes tactiles et Smartphones : cliquer ICI
- Contacts : Editions Sang de la Terre, BP 60001 - 75560 Paris Cedex 12 - http://www.sangdelaterre.fr/