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Finance - Page 31

  • Climat : CO2, mon amour ? Oui, mais pas trop !

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    Des membres d'une association écologiste déguisés en molécules de CO2 manifestent à Berlin. Photo archive AFP

    Cela n'était pas arrivé depuis plus de 2,5 millions d'années ! Le jeudi 9 mai, le seuil symbolique de 400 ppm (parties par millions) de dioxyde de carbone atmosphérique a été atteint dans l'atmosphère de notre planète.  Le changement climatique de la Terre, généré par les activités humaines, poursuit son cours, inexorablement... Ca veut dire quoi, au juste ? Avec quelles conséquences ? Et quelles solutions? Le point.

    manau.jpg400 ppm :  kesaco ?

    Le ppm, ou partie par million, est l'unité de mesure du dioxyde de carbone, CO2. Ce chiffre correspond à la mesure de concentration de CO2 dans l'atmosphère et indique qu'on a trouvé en moyenne 400 molécules de CO2 pour chaque million de molécules de tous les constituants présents dans l'air. Ce relevé a été effectué à l'observatoire d'Hawaï, sur les flancs du volcan Mauna Loa (photo ci-contre) à 3.400 mètres d'altitude au milieu du Pacifique, où toutes les mesures de l'ère moderne sont faites depuis 1958.

    400 ppm : un seuil emblématique du réchauffement climatique

    Avec le CO2, c'est "je t'aime moi non plus". Indispensable à la vie car il participe au mécanisme de la photosynthèse, le  CO2 est le  principal gaz à effet de serre (GES) : il contribue à 80 % à l'effet de serre additionnel produit par les activités humaines, responsable du réchauffement climatique. La valeur de 400 ppm relevée à Mauna Loa est symbolique: elle montre que la concentration en dioxyde de carbone dans l'atmosphère de la planète, qui a continuellement augmenté ces soixantes dernières années, vient de franchir un seuil historique. Jusqu'à la révolution industrielle, en 1850, et le recours massif aux énergies fossiles, le CO2 n'avait jamais dépassé 300 ppm.  L’hémisphère sud est épargné pour le moment, mais seulement jusqu’à l’année prochaine selon les spécialistes. Cette différence serait liée au fait que les gaz à effet de serre sont majoritairement émis au nord de l’équateur.

    Retour au temps des australophithèques, à l'ère du Pliocène  ?

    co2,dioxyde de carbone,effet de serre,gaz,rapport,giec,océan,montée des eaux,acidification,glacier,fonte,réchauffement climatiquePour retrouver de tels niveaux de gaz carbonique, il faut remonter à l'ère du Pliocène, il y a de cela 2,6 à 5,3 millions d'années. On n'était pas né. Les créatures les plus proches du genre humain qui arpentaient alors la surface de la Terre étaient les australopithèques (photo reconstitution, musée de Houston, ci-contre). A l'époque, le climat était plus chaud qu'aujourd'hui : "Les températures moyennes globales étaient de trois à quatre degrés supérieures à celles d'aujourd'hui et d'environ dix degrés aux pôles ", précise la Scripps Institution of Oceanography (université de Californie à San Diego), qui publie quotidiennement les mesures de concentrations de CO2 de Mauna Loa. Et le niveau de la mer était  "supérieur de 5 m à 40 m au niveau actuel".

    "Il va y avoir une réponse inéluctable du climat. On ne peut pas aujourd'hui revenir en arrière."

    Alors, on y revient au climat du Pliocène ? Ou pas ? Le climat alors était stabilisé. Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. On est plutôt dans une "phase d'ajustement", où le climat reçoit "une injection brutale de CO2 dans l'atmosphère", analyse pour "Terra Eco" Valérie Masson-Demotte, paléoclimatologue et directrice de recherche au Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement. Si on n'est pas embarqué dans un scénario digne du Pliocène, la scientifique rajoute : "Ce qu'il y a de sûr, c'est qu'il va y avoir une réponse inéluctable du climat. On ne peut pas aujourd'hui revenir en arrière."

    arbres pliocene.jpgAlors, quelles conséquences  pour la vie sur Terre ?

    Le CO2 dans l'atmosphère est un modulateur du climat. La hausse de son taux de concentration, pour les climatologues, est un des élements perturbateurs du climat et responsable du réchauffement. Au rythme actuel des émissions de dioxyde de carbone, on peut oublier l'objectif fixé par la communauté internationale de limiter, à l'horizon de la fin du siècle, le réchauffement à deux degrés au-dessus du niveau préindustriel : il est désormais  quasi intenable. Quant au seuil de stabilité climatique à très long terme, situé à 350 ppm par certains climatologues, il est déjà loin derrière nous : il a été franchi peu avant 1990. Selon les derniers travaux du Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), si on table sur une stabilisation du CO2 entre 400 ppm et 440 ppm, on irait sur le long terme, vers une augmentation moyenne de la température terrestre de 2,4°C à 2,8°C. 

    neige hiver 2013.jpgDonc, chaud devant. Oui, mais comment ?

    Difficile à croire avec ce printemps particulièrement pourri et frais en France, mais le réchauffement du climat, pour l'Organisation météorologique mondiale (OMM), on y est déjà. Le 2 mai, l'OMM qui rendait public son bilan climatologique pour 2012, plaçait l'année écoulée au neuvième rang des années les plus chaudes observées depuis la fin du XIXe siècle. La concentration atmosphérique de CO2 n'excédait pas alors les 300 ppm, un niveau qui n'a jamais été dépassé au cours du dernier million d'années écoulé. L'OMM note aussi l'abondance et l'intensité de phénomènes climatiques extrêmes: sécheresses, comme celle qui a frappé récemment l'Amérique du Nord, inondations en Inde,ou en Russie, cyclones tropicaux, ouragans, comme Sandy, qui, à l'automne 2012, a ravagé New York et la Côte est des Etats-Unis, vagues de froid hors normes, comme ce printemps dans une partie de l'Europe et en Russie. "La variabilité naturelle du climat a toujours donné lieu à ces extrêmes, mais les caractéristiques physiques de ces phénomènes météorologiques et climatiques résultent de plus en plus du changement climatique" analyse  Michel Jarraud, secrétaire général de l'OMM.

    inondations inde.jpgMais que risque-t-on au juste?

    Dans nos pays développpés de l'hémisphère nord, les variations climatiques se traduisent surtout par des désagréments individuels, liés aux aléas de la météo commentés avec passion chaque jour à la machine à café. Mais le vrai risque de l'altération climatique, c'est une toute autre affaire. La question climatique pèse - et pèsera, plus encore, demain - sur la dégradation économique mondiale et les conditions de vie d'une grande partie de la population mondiale menacée d'exode. Les événements climatiques et météorologiques extrêmes constituent la quasi-totalité (98 %) des catastrophes naturelles qui, en 2012, ont conduit au déplacement de 32,4 millions de personnes dans 82 pays, d'après le rapport « Global Estimates 2010 », publié, lundi 13 mai, par l'International Displacement Monitoring Centre (IDMC) et le Norwegian Refugee Council (NRC). L'Asie a été la plus affectée (22,2 millions de déplacés), devant l'Afrique (8,2 millions) et le continent américain (1,8 million). L'Inde est particulièrement touchée : en 2012, elle a concentré plus du quart de ces déplacements de population, suite à une mousson particulièrement dévastatrice (photo ci-dessus). Humainement et socialement, l'augmentation massive des "déplacés climatiques" ou  "écoréfugiés", est une des conséquences les plus graves et les plus coûteuses du réchauffement.

    oceans acidifications.jpgLa hausse du niveau des océans et leur acidification

    En raison du réchauffement climatique, la dilatation thermique des océans conduirait à une élévation du niveau moyen des océans comprise entre 50 cm et 1,7 m. Et ce, sans tenir compte de la fonte des glaciers. La réduction des calottes glaciaires de l'Antarctique et du Groenland est l'une des causes majeures d'élévation des mers et, pour la première fois, une étude publiée le vendredi 17 mai par la revue Science, indique qu'un tiers de l'élévation des mers est bien dû à la fonte des glaciers d'altitude.  Un autre effet de l'augmentation du CO2 est qu'il favorise l'acidification des océans. Le 6 mai, lors de la Conférence internationale sur l'acidification des océans réunie à Bergen (sud-ouest de la Norvège), les scientiques ont tiré  la sonnette d'alarme sur l'acidification rapide de l'océan Arctique due aux émissions de CO2, un phénomène lourd de menaces pour le fragile écosystème de la région. L'acidité des eaux de la planète a augmenté de 30% depuis le début de l'ère industrielle, atteignant un niveau inégalé depuis au moins 55 millions d'années, ont rappelé les intervenants. Quels risques encourent les espèces animales halieutiques ? L'acidification empêche principalement la calcification, ce qui met en danger les coraux, les mollusques, les poissons qui s'en nourrissent et au bout de la chaîne, les activités économiques humaines liées à la pêche.

    "Des décennies de développement réduites à néant"

    co2,dioxyde de carbone,effet de serre,gaz,rapport,giec,océan,montée des eaux,acidification,glacier,fonte,réchauffement climatiqueEnfin, les conséquences du réchauffement climatiques sont aussi économiques. Le 18 novembre 2012, la Banque mondiale a publié un rapport alarmant, commandé par l'Institut de recherche sur l'impact du changement climatique de Potsdam (Allemagne), selon lequel, vu le niveau actuel d'émissions de C02 le thermomètre mondial pourrait en réalité grimper de 4°C "au cours du siècle" et "dès 2060" si les gouvernements mondiaux n'agissent pas d'urgence. "Ce monde serait tellement différent de celui dans lequel nous vivons qu'il est difficile de le décrire", a prévenu à Washington le président de l'institution, Jim Yong Kim, ajoutant que des "décennies de développement" pourraient être réduites à néant. Un autre rapport présenté en septembre de la même année aux Etats-Unis, à la veille de l'ouverture de la session de l'ONU, par le DARA and Climate Vulnerable Forum, constatait lui que le changement climatique ralentissait actuellement de 1,6% la production économique mondiale et devrait conduire à un doublement des coûts mondiaux dans les vingt prochaines années. Deux alarmes émanant d'organismes éminents qui n'ont rencontré que peu d'écho...

    La lutte contre le réchauffement climatique est bien la seule option possible

    Unanimes à alerter sur la nécessité de réduire nos émissions de gaz à effet de serrre pour prévenir le changement climatique, le Giec et la communauté scientifique compétente, qui ont dû affronter le lobby des climatosceptiques, ont du mal à se faire entendre après des responsables politiques. Force est de constater qu'ils prêchent dans le désert depuis de nombreuses années en prévenant des dangers qu'il y a pour la planète à ignorer la science et à rester sur le modèle de développement économique et industriel né au XIXème siècle, basé sur l'exploitation illimitée de ressources en énergie fossile limitées, sur une planète tout aussi limitée. Et que leurs prévisions les plus pessimistes concernant l'évolution du climat, non seulement s'avèrent exactes, mais sont constamment devancées par la réalité... Le Giec définit actuellement les grandes lignes du Cinquième Rapport d’Evaluation du climat (AR5), qui paraîtra en 2014. Sera-t-il enfin entendu ?

    Paroles, paroles...

    prince-charles.jpgCôté politique, ça bouge un peu. Deux personnalités européennes de poids viennent de rallier le clan des lanceurs d'alerte climatiques, auxquel se sont déjà joints Barack Obama et François Hollande. Angela Merkel, la chancelière allemande, a déclaré récemment : "Attendre, ce n'est pas une option. Ne rien faire signifie que le coût du réchauffement sera beaucoup plus élevé." Et le prince Charles, héritier de la Couronne d'Angleterre et écolo de la première heure, avertit : "Le risque est si important que l'on ne peut pas attendre jusqu'à ce que l'on soit absolument certain que le patient est en train de mourir". Angela et "Charlie" en resteront-ils au stade du discours, où seront-ils entendus ?

    Sans CO2, pas de vie possible sur Terre. Trop de CO2 pourrait bien nous y rendre la vie sinon impossible, du moins difficile.

    Cathy Lafon

    LIRE AUSSI

    PLUS D'INFO

    • Le site de l'Organisation météorologique mondiale : cliquer ICI
    • Le rapport de l'OMM sur climat en 2012: cliquer ICI
    • Le site du Giec : cliquer ICI
    • L'intégralité du rapport de la Banque mondiale  "Turn down the heat. Why  a 4° warmer world must be avoided" : cliquer ICI
  • Notre-Dame-des-Landes. Une chaine humaine géante pour briser le projet d'aéroport

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    Le site de Notre-Dame-des-Landes ors de l'opération "Sème ta ZAD" le 13 avril dernier. Photo archive AFP

    Objectif : 20.000. C'est le défi des anti-aéroports qui ont lancé le pari de former une chaîne humaine pour encercler  le site où doit être construit l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes et le placer sous "protection populaire". Pour boucler entièrement la chaîne sur le périmètre du site (25 km), les organisateurs ont besoin d'environ 20.000 participants.

    Des modifications demandées

    C'est en dénddl 24 nov 2.jpgcembre dernier, après des opérations d'expulsion qui avaient conduit à des heurts entre opposants et forces de l'ordre, que l'opération "chaîne humaine" a été décidée. Les anti-aéroport craignaient alors que le printemps ne marque la reprise des expulsions. Mais la manifestation devrait finalement se dérouler dans un contexte apaisé. En effet, au terme des conclusions de trois rapports gouvernementaux sur le projet rendus à la mi-avril, le principe du transfert de l'aéroport est certes, réaffirmé, mais il est jugé lacunaire et nécessite des amendements. Il a de grandes chances d'être repoussé au-delà de la date d'inauguration prévue de 2017. S'il n'est pas enterré en catimini.

    Reprise du dialogue et retrait des forces de l'ordre en avril...

    Pour la première fois depuis l'automne, les gendarmes qui avaient contrôlé les accès à la zone, au prix de heurts récurrents, s'en sont complètement retirés le 20 avril. Sur place, habitent entre 100 et 300 opposants anticapitalistes, les "zadistes", qui ont reconstruit depuis fin novembre une cinquantaine de cabanes en plusieurs hameaux disséminés sur le tracé des projets de pistes et d'aérogare. Ce retrait a été décidé par la préfecture de Loire-Atlantique avec la reprise à la mi-avril du dialogue avec les opposants institutionnels (agriculteurs, habitants, militants écologistes, élus...), qui sont également les organisateurs de la chaîne humaine.

    ... en attendant des réponses en juin

    C'est encore la préfecture de Loire-Atlantique qui doit préciser courant juin les implications, en termes de calendrier, des modifications réclamées par les experts qui ont rédigé les rapports de la commission du dialogue, afin de limiter l'impact de la nouvelle infrastructure sur l'environnement et les terres agricoles. Parmi les points environnementaux qui posent problème : le non-respect manifeste des directives environnementales Oiseaux (1979/409/CEE), Habitats (1992/43/CE) et Eau (2000/60/CE) qui constituent des piliers de l’acquis environnemental européen. L'Union européenne s'est déjà saisie du dossier et a demandé un complément d'information à la France sur le sujet.

    De "Sème ta ZAD" à la chaîne humaine pour mettre la ZAD "sous protection populaire"

    Sème ta Zad à Notre Dame des Landes

     manifestation,aéroport,nddl,anti-aéroport,bretagne,nantes,zad,zadistesLes anti-aéroports n'ont cependant pas désarmé : une autre opération "d'occupation du terrain", "Sème ta Zad", a été menée il y a près d'un mois. Et ce samedi, la mobilisation continue. "Nous n'avons pas d'objectif chiffré, plus on sera, mieux ce sera", souligne Françoise Verchère, (photo ci-contre) conseillère générale parti de gauche et opposante historique au projet. "L'idée est de dire qu'on encercle cette ZAD et qu'elle est donc sous protection populaire: le symbole demeure". De leur côté, les opposants anticapitalistes au projet, les "zadistes", se disent moyennement impliqués dans cet événement "médiatique". "On ne s'y oppose pas, certains participeront à titre individuel et on donne même des coups de main, mais c'est pas trop notre truc", explique l'un d'eux.

     Alors, cet aéroport, on le construit ? Ou pas ?

    L'aéroport nantais est-il prêt pour le musée, comme le revendiquait Greenpeace en décembre dernier ? Avant tout, la commission gouvernementale du dialogue sur Notre-Dame-des-Landes de Claude Chéreau a recommandé une évaluation des coûts d’un "réaménagement de l’aéroport actuel ", Nantes-Atlantique, pour clore la polémique sur sa prochaine saturation. Elle juge que le risque de saturation de Nantes-Atlantique est bien réel à l’horizon 2018-2020. Le projet d'aéroport contesté a été chiffré à 561 millions d'euros en 2010.  Un contre-rapport commmandé par le Collectif d'élu-e-s doutant de la pertinence du projet au cabinet CE Delft, a réestimé le montant à 700 millions d'euros. Les travaux d'amélioration de Nantes-Atlantique, avec un système radar optimal, une aérogare agrandie, une liaison par train, voire une nouvelle piste sont estimés par le même cabinet à 158 millions d'euros. Il n'y a pas photo : l'agrandissement, c'est moins cher. Sans compter le gain environnemental que saura estimer financièrement l'Europe en cas de contentieux sur la biodiversité, les ressources en eau et en terres agricoles préservées.  

    manifestation,aéroport,nddl,anti-aéroport,bretagne,nantes,zad,zadistesLe coût de l'entêtement

    Le seul côté durable du projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, c'est l'entêtement mis par l'Etat à le défendre. Imaginé en 1965 par le préfet de Loire-Atlantique, le projet, approuvé par  le Comité Interministériel d'Aménagement du Territoire (CIAT) en 1970 est contesté depuis maintenant 48 ans... Entre temps, le Grenelle de l’environnement (2007), l’émergence en France des questions du dérèglement climatique et de la transition énergétiques sont passés par là, remettant aussi en question sa pertinence sous l'angle du développement durable. Soit. Mais combien cela coûterait à l'Etat de se dédire auprès de Vinci Airports, qui a décroché le gros lot en emportant pour cinquante-cinq ans la concession de Notre-Dame-des-Landes ? Selon le contrat de convention publié par décret en décembre 2000, s'il se dédit, l'Etat remboursera à Vinci les sommes que les actionnaires auraient dû toucher :  11 millions d'euros par an. Soit la modique somme de 605 millions d'euros, sur cinquante-cinq ans. Ah. De bout en bout, l'entêtement durable autour du projet de Notre-Dame-des-Landes pourrait bien s'avérer un fiasco complet, tout aussi durable.

    Cathy Lafon

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    PLUS D'INFO

    • ZAD : kesaco ?  La ZAD, c’est pour les aménageurs la Zone d’Aménagement Différé ; pour les opposants à l'aéroport, c'est une Zone À Défendre. 
    • Directive 79/409/CEE du Conseil du 2 avril 1979 concernant la conservation des oiseaux sauvages et ses actes modificatifs : cliquer ICI
    • Directive 92/43/CEE du Conseil, du 21 mai 1992, concernant la conservation des habitats naturels ainsi que de la faune et de la flore sauvages : cliquer ICI
    • Directive 2000/60/CE du Parlement européen et du Conseil du 23 octobre 2000 établissant un cadre pour une politique communautaire dans le domaine de l’eau et ses actes modificatifs : cliquer ICI
    • Le rapport d'octobre 2011 du cabinet CE Delft : cliquer ICI
  • Fiscalité écologique et pollution : le diesel en ligne de mire

    pollution air bdx7029.jpg

    Dangereux pour la santé par ses émissions de particules fines, le diesel, moins taxé que l'essence, est aussi moins cher à la pompe, alors qu'il pollue pourtant davantage. Mis en place par le Ministère de l'Ecologie, le Comité permanent pour la fiscalité écologique doit adopter aujourd'hui un avis préconisant l'équilibrage de la fiscalité du diesel et des supercarburants.

    diesel prix à la pompe.jpg60 % des véhicules français roulent au gazole

    En France, près de 60 % du parc automobile est équipé de moteurs diesel et la part du gazole dans le total des consommations de carburants dépasse 80 , contre moins de 70% au sein de l'Union européenne. Or, un litre de gazole émet plus de particules d'oxyde de gazole (Nox) et de particules fines en suspension qu'un litre d'essence. Ces émissions sont responsables chaque année de plus de 42.000 morts prématurées, et selon l'OMS, les gaz d'échappement des moteurs diesel sont des "cancérogènes certains". Or en France, le gazole est taxé à 49 %, alors que l'essence sans plomb 95 l'est à 56 %. C'est l'écart de taxation le plus élevé de l'UE : il s'élève à 17 centimes par litre contre 12 centimes dans les autres pays.

    batho 2013.jpgUne partie du gouvernement freine...

    Le Comité (composé de représentants de l'Etat, des associations et des entreprises) devrait conclure que "la réduction progressive de l'écart de taxation entre le gazole et l'essence est justifié sous l'angle environnemental." Ce qui rejoint le point de vue de Delphine Batho, la ministre de l'Ecologie. Mais à quel rythme ? Rien n'est prévu pour 2013 et 2014 sur le diesel. Le calcul de Bercy est simple: en période de crise économique pour les Français et industrielle pour l'automobile, vouloir augmenter le prix à la pompe du carburant utilisé par 60 % d'automobilistes, en terme de popularité, ce n'est pas une bonne idée. Quant au ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourgil a déjà estimé il y a quelques semaines que le débat sur le diesel était "clos", excluant de fait des mesures dans le budget 2014.

    .... et les écologistes poussent à la roue

    Comme on peut s'y attendre, les écologistes sont d'un avis différent. Pour eux, cela revient à évacuer les questions sanitaires, environnementales et industrielles et cela prive l'Etat de recettes. Pour France Nature Environnement (FNE), alourdir la fiscalité sur le gazole permettrait à l'Etat de faire rentrer dans ses caisses entre 3 et 10 milliards d'euros. Le même constat est effectué aussi par la Cour des comptes qui, dans un rapport rendu public début mars, a évalué à 7 milliards d'euros le manque à gagner pour les caisses de l'Etat, le système de fiscalité actuel. La Cour avait préconisé "un alignement progressif", également souhaité par Delphine Batho, conjugué à des mesures d'accompagnement pour les automobilistes. Le gain serait précieux pour le gouvernement qui s'est engagé à financer avec de nouvelles recettes fiscales écologiques le crédit impôt compétitivité. Pour la Fondation Hulot, l'industrie automobile doit muter et abandonner le diesel, qui n'est pas le carburant de l'avenir, comme le souligne Mathieu Orphelin.

    YANNICK JADOT.jpgDes recettes fiscales pour reconvertir le vieux parc diesel 

    Yannick Jadot, député européen EELV, qui fait partie du comité pour la fiscalité écologiste, milite lui aussi comme de juste, pour une hausse des taxes sur le gazole. Pour ne pas pénaliser financièrement les automobilistes, il  propose lui aussi un alignement progessif sur quatre ans de la fiscalité du diesel sur celle de l'essence : en 2017, les taxes seraient égales.  Comme il l'explique dans le quotidien le Parisien du 17 avril, selon lui, ce serait 1,2 millards d'euros par an de recettes fiscales supplémentaires qui pemettraient de financer la reconversion du vieux parc diesel. Ajouté au bonus écologique, cela pourrait se traduire par 3.000 € à 5.000 € d'aide à l'achat d'un véhicule neuf, répondant à la nouvelle norme Euro6 sur la polluton, en émettant moins de 90 g/CO2 par an.

    "Relancer la compétitivité d'industrie automobile"

    Pour l'eurodéputé, c'est aussi l'occasion ou jamais de sortir de ce qu'il appelle "l'exception française" du diesel. "Sortir" du diesel, permettra, selon lui, de relancer l'industrie automobile française en faisant évoluer son modèle vers la conception de véhicules aux moteurs à essence et hybrides essence/électrique plus propres, plus efficaces et moins polluants. Conformément aux attentes du marché international. Car nos véhicules diesel, l'Europe et le monde n'en veulent plus. Et c'est la Chine qui vend aujourd'hui aux grandes capitales européennes leurs bus les moins polluants...

    pot d'échappement diesell.jpg100 millions d'euros d'amende et 240.000 euros de pénalité par jour de retard...

    Le dépassement récurrent des seuils de pollution de l'air place la France en situation de contentieux européen pour 15 zones, dont Bordeaux, concernant les émissions de particules fines et pour 28 zones, concernant le dioxyde d'azote. Le pays est passible d'une amende de 100 millions d'euros dès 2016, s'il ne parvient pas à diminuer ces taux de pollution. Le contentieux européen sur le dépassement des émissions de microparticules est déjà très avancé et il n'y a que peu de chances pour qu'on y échappe. Cela pourrait se traduire non seulement par une amende mais surtout par des pénalités pour chaque jour de retard jusqu'à ce que les normes de la qualité de l'air soient respectées  Le montant pourrait être de 240.000 euros par jour. De plus, un autre contentieux est annoncé, cette fois-ci pour les dépassements de dioxyde d'azote...

    Rééquilibrer la fiscalité du diesel, un choix "gagnant-gagnant" ?

    Choisir de hausser progressivement la fiscalité du diesel pour l'aligner sur celle de l'essence obéit à un tout autre calcul que celui du gouvernement : il inclut le financement de la réorientation de la filière automobile française, qui à terme, peut recréer de l'emploi qualifié et peu délocalisable. Et il permet aussi à la France de réduire sa facture de pollueur de l'air. D'un point de vue écologique, c'est donc un choix "gagnant-gagnant".

    Cathy Lafon

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