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  • Notre-Dame-des-Landes. Une chaine humaine géante pour briser le projet d'aéroport

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    Le site de Notre-Dame-des-Landes ors de l'opération "Sème ta ZAD" le 13 avril dernier. Photo archive AFP

    Objectif : 20.000. C'est le défi des anti-aéroports qui ont lancé le pari de former une chaîne humaine pour encercler  le site où doit être construit l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes et le placer sous "protection populaire". Pour boucler entièrement la chaîne sur le périmètre du site (25 km), les organisateurs ont besoin d'environ 20.000 participants.

    Des modifications demandées

    C'est en dénddl 24 nov 2.jpgcembre dernier, après des opérations d'expulsion qui avaient conduit à des heurts entre opposants et forces de l'ordre, que l'opération "chaîne humaine" a été décidée. Les anti-aéroport craignaient alors que le printemps ne marque la reprise des expulsions. Mais la manifestation devrait finalement se dérouler dans un contexte apaisé. En effet, au terme des conclusions de trois rapports gouvernementaux sur le projet rendus à la mi-avril, le principe du transfert de l'aéroport est certes, réaffirmé, mais il est jugé lacunaire et nécessite des amendements. Il a de grandes chances d'être repoussé au-delà de la date d'inauguration prévue de 2017. S'il n'est pas enterré en catimini.

    Reprise du dialogue et retrait des forces de l'ordre en avril...

    Pour la première fois depuis l'automne, les gendarmes qui avaient contrôlé les accès à la zone, au prix de heurts récurrents, s'en sont complètement retirés le 20 avril. Sur place, habitent entre 100 et 300 opposants anticapitalistes, les "zadistes", qui ont reconstruit depuis fin novembre une cinquantaine de cabanes en plusieurs hameaux disséminés sur le tracé des projets de pistes et d'aérogare. Ce retrait a été décidé par la préfecture de Loire-Atlantique avec la reprise à la mi-avril du dialogue avec les opposants institutionnels (agriculteurs, habitants, militants écologistes, élus...), qui sont également les organisateurs de la chaîne humaine.

    ... en attendant des réponses en juin

    C'est encore la préfecture de Loire-Atlantique qui doit préciser courant juin les implications, en termes de calendrier, des modifications réclamées par les experts qui ont rédigé les rapports de la commission du dialogue, afin de limiter l'impact de la nouvelle infrastructure sur l'environnement et les terres agricoles. Parmi les points environnementaux qui posent problème : le non-respect manifeste des directives environnementales Oiseaux (1979/409/CEE), Habitats (1992/43/CE) et Eau (2000/60/CE) qui constituent des piliers de l’acquis environnemental européen. L'Union européenne s'est déjà saisie du dossier et a demandé un complément d'information à la France sur le sujet.

    De "Sème ta ZAD" à la chaîne humaine pour mettre la ZAD "sous protection populaire"

    Sème ta Zad à Notre Dame des Landes

     manifestation,aéroport,nddl,anti-aéroport,bretagne,nantes,zad,zadistesLes anti-aéroports n'ont cependant pas désarmé : une autre opération "d'occupation du terrain", "Sème ta Zad", a été menée il y a près d'un mois. Et ce samedi, la mobilisation continue. "Nous n'avons pas d'objectif chiffré, plus on sera, mieux ce sera", souligne Françoise Verchère, (photo ci-contre) conseillère générale parti de gauche et opposante historique au projet. "L'idée est de dire qu'on encercle cette ZAD et qu'elle est donc sous protection populaire: le symbole demeure". De leur côté, les opposants anticapitalistes au projet, les "zadistes", se disent moyennement impliqués dans cet événement "médiatique". "On ne s'y oppose pas, certains participeront à titre individuel et on donne même des coups de main, mais c'est pas trop notre truc", explique l'un d'eux.

     Alors, cet aéroport, on le construit ? Ou pas ?

    L'aéroport nantais est-il prêt pour le musée, comme le revendiquait Greenpeace en décembre dernier ? Avant tout, la commission gouvernementale du dialogue sur Notre-Dame-des-Landes de Claude Chéreau a recommandé une évaluation des coûts d’un "réaménagement de l’aéroport actuel ", Nantes-Atlantique, pour clore la polémique sur sa prochaine saturation. Elle juge que le risque de saturation de Nantes-Atlantique est bien réel à l’horizon 2018-2020. Le projet d'aéroport contesté a été chiffré à 561 millions d'euros en 2010.  Un contre-rapport commmandé par le Collectif d'élu-e-s doutant de la pertinence du projet au cabinet CE Delft, a réestimé le montant à 700 millions d'euros. Les travaux d'amélioration de Nantes-Atlantique, avec un système radar optimal, une aérogare agrandie, une liaison par train, voire une nouvelle piste sont estimés par le même cabinet à 158 millions d'euros. Il n'y a pas photo : l'agrandissement, c'est moins cher. Sans compter le gain environnemental que saura estimer financièrement l'Europe en cas de contentieux sur la biodiversité, les ressources en eau et en terres agricoles préservées.  

    manifestation,aéroport,nddl,anti-aéroport,bretagne,nantes,zad,zadistesLe coût de l'entêtement

    Le seul côté durable du projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, c'est l'entêtement mis par l'Etat à le défendre. Imaginé en 1965 par le préfet de Loire-Atlantique, le projet, approuvé par  le Comité Interministériel d'Aménagement du Territoire (CIAT) en 1970 est contesté depuis maintenant 48 ans... Entre temps, le Grenelle de l’environnement (2007), l’émergence en France des questions du dérèglement climatique et de la transition énergétiques sont passés par là, remettant aussi en question sa pertinence sous l'angle du développement durable. Soit. Mais combien cela coûterait à l'Etat de se dédire auprès de Vinci Airports, qui a décroché le gros lot en emportant pour cinquante-cinq ans la concession de Notre-Dame-des-Landes ? Selon le contrat de convention publié par décret en décembre 2000, s'il se dédit, l'Etat remboursera à Vinci les sommes que les actionnaires auraient dû toucher :  11 millions d'euros par an. Soit la modique somme de 605 millions d'euros, sur cinquante-cinq ans. Ah. De bout en bout, l'entêtement durable autour du projet de Notre-Dame-des-Landes pourrait bien s'avérer un fiasco complet, tout aussi durable.

    Cathy Lafon

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    PLUS D'INFO

    • ZAD : kesaco ?  La ZAD, c’est pour les aménageurs la Zone d’Aménagement Différé ; pour les opposants à l'aéroport, c'est une Zone À Défendre. 
    • Directive 79/409/CEE du Conseil du 2 avril 1979 concernant la conservation des oiseaux sauvages et ses actes modificatifs : cliquer ICI
    • Directive 92/43/CEE du Conseil, du 21 mai 1992, concernant la conservation des habitats naturels ainsi que de la faune et de la flore sauvages : cliquer ICI
    • Directive 2000/60/CE du Parlement européen et du Conseil du 23 octobre 2000 établissant un cadre pour une politique communautaire dans le domaine de l’eau et ses actes modificatifs : cliquer ICI
    • Le rapport d'octobre 2011 du cabinet CE Delft : cliquer ICI