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  • Initiative. Biodiversité : à Moncrabeau, tous les goûts sont dans la nature

    fête,biodiversité,lot-et-garonne,aquitaineLa "famille SO-planétaire" s'agrandit : Ma Planete n'est pas peu fière de publier aujourd'hui le premier (mais pas le dernier) billet que Franck Meslin, journaliste de "Sud Ouest" à Condom (Gers) a rédigé rien que pour elle !

    Alors, voilà, je plante le décor :  Moncrabeau (47), 800 habitants, jolie bourgade située à la frontière du Gers et du Lot-et-Garonne, les pieds bien au frais dans la Baïse, a surtout la sulfureuse réputation d'être la capitale des menteurs.... Et pourtant, Franck l'écolo nous raconte comment, grâce aux quatre garçons de la ferme de Cauberotte, Moncrabeau  va devenir pour un jour, samedi 16 juin, la capitale régionale de la biodiversité. Sans mentir.

    Tous les goûts sont dans la nature

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    La ferme de Cauberotte, à Moncrabeau (47): trois garçons dans le champ. 11 juin 2012. Photo "Sud Ouest" / Franck Meslin

    La ferme de Cauberotte, à Moncrabeau (47), accueille samedi prochain la 7e fête de la biodiversité. Une journée intitulée « Cultivons les goûts et les couleurs » pour promouvoir la sauvegarde de la biodiversité agricole.

    Redonner vie à la biodiversité

    Pas moins de 80% des légumes cultivés il y a 50 ans ont aujourd’hui disparus. Depuis 2007, Maxime Grémont et Paul Bosshard s’emploient à redonner vie à cette biodiversité cultivée sur les 3,5 ha de la ferme de Cauberotte, entre Nérac et Condom. Les deux jeunes ingénieurs agronomes y pas moins de 300 variétés de 70 légumes différents en agriculture biologique. « L’intérêt de ces variétés locales anciennes, c’est qu’elles s’adaptent naturellement à la terre et au climat d’ici sans traitement », explique Maxime Grémont.

    A leur côté, Charles Poilli, président du CETAB (centre d’étude et terre d’accueil des blés) cultive 150 variétés de blés anciens qu’il transforme lui-même en farine à Lasserre (47) et en pain. « Chaque année, il conserve une partie de sa récolte pour semer l’année suivante comme les paysans d’autrefois », souligne Maxime Grémont.

    La biodiversité agricole : un enjeu planétaire

    Samedi, la ferme de Cauberotte accueillera agriculteurs et grand public à l’occasion de la 7e fête régionale de la biodiversité, organisée par la fédération bio d’Aquitaine, les associations CETAB et Agro bio 47 et les saisons musicales. L’occasion de découvrir l’importance de l’enjeu de la biodiversité agricole. « Les semences de pays permettent une autonomie technique et économique des paysans, répondent aux enjeux environnementaux en réduisant l’irrigation et les fertilisants et s’adaptent aux différents terroirs », défendent les organisateurs de l’événement.

    Du jardin bio à l'assiette gourmande

    Toute la journée, les visiteurs pourront découvrir le travail de ces jeunes paysans ainsi que la richesse de leur jardin. Un atelier cuisine permettra d’apprendre à composer avec ses trésors légumiers du goût tandis qu’un autre vous mettra la main à la pâte pour réaliser du pain ou des spaghetti et ravioli frais. Conférences et échanges permettront en outre aux agriculteurs de tout savoir sur la culture de ces semences anciennes. Une bourse d’échange de semences est également organisées.

    Cauberotte, ferme "agri-culturelle"

    L’aspect festif de la manifestation est loin d’être anodin grâce à l’association les "Saisons musicales". Depuis le début de l’aventure de la ferme de Cauberotte, son président Colas Duvauchelle y développe en parallèle une programmation culturelle. « C’est une exploitation agri-culturelle », aiment à dire les partenaires soucieux d’apporter l’art dans cette zone rurale et d’attirer le public, par ce biais, pour promouvoir leur vision agricole. La journée sera ainsi agrémentée d’un marché de producteurs bio, d’une restauration à base de leurs produits et d’un concert de musique antillaise.

    Franck Meslin

    PLUS D'INFO

    • La Ferme de Cauberotte Une ferme qui vit vraiment « Au rythme des saisons », initiée en 2006 par  4 jeunes ingénieurs agronomes, autour du maraîchage biologique. Musiciens à leurs heures, et rejoints par d’autres passionnés, ils ont aussi créé en 2007 une association pour mener les activités culturelles qui leur tiennent à coeur : les « Saisons Musicales ». Cliquer ICI
    • Le site de la Fête de la biodiversité  : cliquer ICI
    • Le site du CETAB (centre d’étude et terre d’accueil des blés) : cliquer ICI

    LIRE AUSSI

    Cauberotte : aussi "agri" que culture Sud Ouest 11 août 2011

  • Moins de véhicules polluants en ville : faut-il zapper les Zapa ?

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    Bordeaux 6 Avril 2011, le Quai Louis XVIII encombré de voitures. Photo archives SO /Thierry David

    Inquiétude légitime pour les Bordelais propriétaires d'une automobile (même écolos, car tous les écolos sont loin d'être "bobos"...) qui suivent le ballon et l'action du développement durable en France : ces fameuses bornes électriques que Bordeaux veut installer (voir notre billet du 12 juin) ne serviraient-elles pas aussi à faire passer l'amère pilule d'une future Zapa ... ?

    "V'là encore autre chose. Une Zapa... Mais c'est quoi ça ?"

    Interdire les véhicules les plus polluants

    Vous avez zappé les Zapa ? Grave erreur. Les Zapa ne sont pas les dernières groupies de Zapatero, l'ancien Premier ministre espagnol... Initié par l'Europe, le concept des  Zones d'actions prioritaires pour l'air a pour objectif réduire de 30 % les particules polluantes dans l'air d'ici 2015, ce qui se traduit par l'interdiction sur leur territoire, de la circulation des véhicules les plus polluants : en milieu urbain, les émissions des véhicules peuvent représenter plus de la moitié des émissions totales des polluants dans l’air, aux impacts sur la santé ravageurs. L'Oms a ainsi confirmé hier, le 12 juin, que les gaz d'échappement des moteurs Diesel sont désormais classés parmi les les cancérogènes certains pour les humains. Et la France dépasse dans de nombreuses zones urbaines les normes de pollution aux particules fines admises par l'Europe, qui  a engagé des poursuites contre elle devant la Cour de justice. Avec une amende 40 millions d'euros à la clé pour le pays, s'il ne prend pas des mesures drastiques.

    Il se trouve que Bordeaux fait partie des huit grandes villes qui, susceptibles de faire l'objet d'amende pour le non-respect des normes de pollution, se sont engagées à tester les Zapa, mesure phare du Grenelle de l'environnement portée par l'ancienne ministre de l'Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet. Or, si les Zapa ont été créées en juillet dernier et rendues possibles par le décret du 12 mars, aucune n'est encore en place. Et si on les a repoussées après les élections de 2012, c'est bien qu'elles inquiètent et divisent, même chez les écolos. Mais le retard apporté à mettre en musique les Zapa n'est pas purement électoraliste... Tentons d'y voir plus clair.

    Les Zapa : socialement clivantes, injustes et peu efficaces écologiquement ?
     
    Sur le papier, le principe est simple : bannir des villes les véhicules les plus polluants pour faire baisser la pollution de l'air. La nomenclature proposée par l'ancienne ministre de l'Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, établit quatre catégories de véhicules des plus polluants (A) au moins nocifs (D) pour les deux-roues, les voitures particulières, les utilitaires et les poids lourds et bus. Les villes décident du périmètre, des horaires ou des périodes d'interdiction. Le Conseil national de l'air (CNA) a même déjà émis un avis préconisant une amende de 68 euros pour les voitures particulières et 133 euros pour les poids lourds polluants circulant sans autorisation dans les futures Zapa...

    Les Zapa patinent dans le Diesel

    pollution de l'air,zapa,automobile,poids lourd,zone d'action prioritaire pour l'air,lez,europe,circulation automobile,vehicule,diesel,particules fines Au terme du projet de réglementation connu aujourd'hui, seuls les émetteurs de particules fines seraient visés, avec les plus vieux véhicules, dont les Diesel. Ce qui exclut les gros 4x4 à essence, pourtant gros émetteurs de CO2.

    Par ailleurs, selon une enquête exclusive de l'"Automobile Magazine" du mois de juin qui dénonce les incohérences de l'action de l'Etat en matière de lutte contre la pollution autombile, parmi les "millions de voitures qui risquent d’être bientôt interdites de circulation" dans les Zapa, "beaucoup de ces modèles bénéficiaient encore d’un bonus "écologique" il y a dix-huit mois !". Il s'agit justement de certains Diesel moins chers et fortement bonussés il y a encore deux ans car peu émetteurs de CO2, qui sont aujourd'hui considérés comme trop sales, car majoritairement dépourvus de filtre à particules : ils s’avèrent en effet émettre le plus de particules et de NOx, les oxydes d'azote...  On est bien d'accord avec l'"Automobile Magazine", qui avait lancé une alerte sur ce point dès 2008 : "Il était donc parfaitement anormal, alors qu’ils sont dangereux pour l'environnement et notre santé, de leur accorder les plus gros bonus".

    D'où la crainte actuelle des élus : la mesure est-elle bien ficelée ? Loin de résoudre efficacement les problèmes de pollution, les Zapa ne vont-elles pas seulement ajouter un clivage de plus entre les gens qui ont de l'argent et les moyens d'acheter une voiture récente et propre, voire électrique, et ceux qui ne les ont pas ? D'autant que, si l'on ajoute la perspective de l'amende, bonjour la double peine pour les habitants aux revenus les plus modestes... qui vont se retrouver définitivement exclus des centre-villes.  A l'intérieur d'une même ville et d'un même quartier, pour lutter contre la pollution de l'air sans détériorer la mixitité sociale, il faudrait donc trouver mieux que la version actuelle de la Zapa. 

    Nice renonce à sa Zapa

    Du coup, Nice est la première ville à avoir annoncé, mercredi 7 juin, qu'elle renonçait à être ville test. "Le dispositif Zapa, très compliqué et peu efficace, est incompris d'une grande partie de gens qui aujourd'hui le prennent comme une mesure discriminatoire à leur égard", a expliqué Christian Estrosi, le député-maire UMP d'une des villes pourtant les plus riches de France. Un abandon de nature peut-être bien aussi politique, suite au changement de majorité gouvernementale...

    De leur côté, Bordeaux et les six autres agglomérations volontaires, Paris, Saint-Denis, Lyon, Grenoble, Clermont-Ferrand et Aix-en-Provence, estiment ne pas être prêtes et demandent des délais, ou bien réclament une modification des textes.

    Prendre aussi en compte les émissions à effet de serre

    pollution de l'air,zapa,zone d'action prioritaire pour l'air,lez,europe,circulation automobile,vehicule,diesel,particules finesAinsi, à Grenoble, on temporise. A Paris, Denis Baupin, l’adjoint Vert en charge de l’environnement pourtant favorable à l'origine aux Zapa, s'avoue déçu par leurs critères actuels. Il estime que le projet est "socialement injuste" et qu’il faut également prendre en compte non seulement le dioxyde d’azote et les particules mais aussi les émissions à effet de serre et la lutte contre le réchauffement climatique. "Sans prise en compte des émissions de CO², avait précisé l’élu parisien au Journal du Dimanche dès octobre 2011, seuls les véhicules Diesel les plus anciens et les moins coûteux pourraient être concernés par la Zapa, tandis qu’échapperaient à toute restriction les véhicules les plus puissants et les moins adaptés à la ville, type 4x4. Ainsi ne seraient touchées que les catégories sociales les plus vulnérables". Le dossier Zapa déposé par la Ville de Paris, prévoit donc de prendre en compte non seulement les émissions de polluants (NO2 et particules fines) mais aussi celles de gaz à effet de serre (CO2) : ce qui nécessite que les véhicules les plus consommateurs d'énergie fossile soient intégrés dans le dispositif Zapa. 

    pollution de l'air,zapa,zone d'action prioritaire pour l'air,lez,europe,circulation automobile,vehicule,diesel,particules finesLa Communauté urbaine de Bordeaux (Cub) où le débat politique sur la Zapa a été houleux, a demandé une étude préalable sur la nature des polluants et les émissions de CO2, afin de faire aussi le point sur les polluants émis par les chauffage. La Cub planche aussi avec la mairie de Bordeaux sur un nouveau plan de circulation pour la place Gambetta (ci-contre), ou le capteur d'air Airaq enregistre les pics de pollution en particules fines de la ville centre.

    Et ailleurs, en Europe ?

    zapa,zone d'action prioritaire pour l'air,lez,europe,circulation automobile,vehicule,diesel,particules finesOn voit bien que la Zapa est un dossier socialement complexe. Mais peut-être pas impossible, puisque 180 villes en Europe ont déjà mis en place des "low emission zones" (LEZs), l'équivalent des Zapa. La Suède a été précurseur avec dès 1996 une première expérimentation. L’Italie a suivi en 2005, l’Allemagne et le Royaume-Uni en 2008. Ainsi, en Allemagne,  40 villes ont déjà mises en place des règlementations, avec des vignettes environnement (éco-pastilles) obligatoires pour les zones écologiques, même pour les étrangers. La dernière LEZ en date vient d’être déployée au Portugal sur Lisbonne. Si l'objectif de toutes les LEZs est le même : réduire la pollution de l’air, les déclinaisons peuvent être différentes, en fonction des spécificités du territoire. Ainsi, comme le précise l'agence de développement et de maîtrise de l'énergie (l'Ademe), les études de faisabilité peuvent montrer qu’il vaut mieux limiter la circulation des poids lourds que celle des voitures pour améliorer la qualité de l’air. A son démarrage en 2008, la LEZ de Londres ne concernait que les poids lourd, les bus et les autocars. Depuis janvier 2012, ce dispositif londonien est étendu aux grandes camionnettes et minis bus.

    Alors, faut-il zapper les Zapa ?

    Si Zapa il doit y avoir, comme l'a bien expliqué à l'Express le 13  mars dernier Joëlle Colosio, chef du service qualité de l'air à l'Ademe qui mène le projet, les villes qui examinent  la question "doivent bien également prendre en compte les conséquences socio-économiques d'une telle mesure." Autrement dit, aider les foyers modestes à renouveler leur véhicule ou encore étudier la possibilité de mettre en place des transports publics moins chers (ou gratuits) pour ceux qui ne peuvent plus entrer en ville.

    Réduire la pollution automobile en ville : un objectif devenu incontournable

    La date butoir de mise en place des Zapa en France est fixée au mois de juillet 2012. Ces zones écologiques ne doivent pas avoir pour seul objectif de relancer l'industrie de l'automobile par le renouvellement de l'achat de véhicule électriques ou conventionnels, mais neufs... S'il s'avère au final que le coût économique et social de leur mouture actuelle est trop élevé pour un impact environnemental trop faible, il conviendra de dire non aux Zapa, mais en préparant parallèlement une déclinaison cohérente et acceptable socialement de leur concept. Car, ne nous leurrons pas, zapper purement et simplement les Zapa, c'est reculer pour mieux sauter : réduire fortement l'usage de l'automobile en ville reste un impératif sanitaire urgent et incontournable. Il nous faut appuyer sérieusement sur le champignon de toutes les mesures et évolutions destinées à lutter la pollution galopante dans nos villes. Notre qualité de vie, notre santé et notre porte-monnaie, avec le coût des carburants, sont en jeu. Mais aussi la santé et le porte-monnaie de la France, avec 42.000 décès par an dus aux particules fines et une amende de 40 millions d'euros à l'Europe en perspective.

    La balle Zapa revient donc dans le camp du nouveau gouvernement français et dans le jardin de Nicole Bricq, ministre de l'Ecologie.  Mais chacun d'entre nous reste pour autant responsable de la qualité de l'air que nous respirons et de son avenir... 

    Cathy Lafon

    LIRE AUSSI

    TOUT SUR LA ZAPA

    • Qu'est-ce qu'une zapa ? Pour la définition du Grenelle de l'environnement, cliquer ICI
    • En savoir plus sur les Zapa avec l'Ademe : cliquer ICI
    • S'informer avec l'Ademe sur les retours d'expérience des pays européens sur les LEZs : cliquer ICI
    • Quelles sont en France les villes concernées ?  Paris, Bordeaux, Grenoble, Aix-en-Provence, Lyon, Nice, Clermond-Ferrand et Saint-Denis ont accepté de participer à l’expérience qui devait débuter en 2012. La circulation dans leur Zapa serait donc extrêmement réglementée durant au moins les 3 ans de l'expérience : les véhicules seraient classés en quatre catégories selon leurs émissions de CO² et les villes pourraient interdire la circulation aux plus polluants à certaines heures ou dans certains quartiers.
    • Quelles sont les amendes encourues ?  68 € pour les voitures particulières et 133 € pour les poids lourds, sont les montants des amendes proposées pour les véhicules trop polluants qui circuleront sans autorisation dans les futures zones réglementées.
    • Quels sont les véhicules "interdits" en Zapa-centre ville :  Cliquer ICI 

     

  • Bordeaux. Des bornes de recharge pour voitures électriques, en attendant la Zapa

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    Borne de recharge pour véhicule électrique, Bordeaux, quai Richelieu,  6 juin 2012. Photo SO/Laurent Theillet

    Une vingtaine de bornes de recharge pour véhicules électriques vont apparaître à Bordeaux d'ici à 2015. Comme l'a expliqué le 7 juin à "Sud Ouest" le directeur général de services techniques de la ville, Pierre Milovanovitch, elles visent les particuliers qui hésitent encore à se lancer d'ans l'achat de ce type de voitures, en raison de leur coût, de leur faible autonomie (100 à 150 km en moyenne) et de la difficulté majeure de touver des stations où recharger les batteries. Les bornes prévues à Bordeaux seront là pour éviter aux Bordelais le coup de la panne, gratuitement et rapidement. Et les inciter auparavant à passer à l'acte d'achat d'un véhicule électrique, afin de réduire la pollution de l'air en ville. Le tout en attendant l'éventuelle mise en place à Bordeaux d'une Zapa (Zone d'actions prioritaires pour l'air), dont le décret d'application est passé au Journal officiel le 13 mars dernier.

    Rouler à l'électrique : un leurre écologique ?

    Bon. Un tantinet "bobo-écolo bon-chic bon-genre", la borne de recharge électrique gratuite, me direz-vous. Et pas forcément durable. Pour une fois, je ne vous donnerai pas entièrement tort. L'achat de véhicules électriques est en effet encore réservé aux personnes munies d'un porte-feuille bien garni qui, si elles ont vraiment besoin d'une voiture pour des parcours longs, ont en outre recours à une deuxième voiture carburant aux énergies fossiles : ça peut faire plaisir à l'industrie automobile qui a besoin de se refaire une santé. Mais ce n'est pas terrible pour améliorer la qualité de l'air et réduire l'encombrement des villes. Enfin, proposer une recharge gratuite des véhicules, même en guise de dépannage, c'est plutôt écologiquement étrange : cela n'encourage pas à économiser l'électricité... Et ça donne un petit coup de pouce à des catégories sociales qui n'en n'ont pas vraiment besoin pour pouvoir continuer à rouler. Et pourtant l'électrique, pour les voitures, c'est bien plus propre...

    Trop mortel, le diesel

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    Photo AFP

    Les conséquences désastreuses sur le climat des émissions de gaz à effet de serre, auxquelles contribue largement le transport automobile, sont déjà bien connues. Il est aussi désormais avéré que les 24 millions de véhicules diesel, qui représentent aujourd'hui près des deux tiers des véhicules en circulation en France, ont un impact terriblement nocif sur la santé. Asthme, allergies,maladies respiratoires chroniques, risques de cancers du poumon... Selon Bruno Guibeaud, Président d'Europe Qualité Expertise (EQE) le diesel, poison invisible, "représente une bombe à retardement comparable à l'amiante". Il précise dans une interview au "Parisien" le 5 juin dernier, que les moteurs diesel produisent en effet en quantité des particules fines très nocives ainsi que de l'oxyde d'azote, un gaz empoisonné. Selon l'Organisation mondiale de la santé, l'OMS, 42.000 morts seraient dues chaque année en France aux particules fines dégagées par le diesel, que le moteur soit neuf ou vieux. Ce qui fait dire à Bruno Guibeaud, dans l'"Express" du 9 juin : "Rouler avec un Diesel, c'est criminel." Il est donc impératif de chercher à rouler avec un carburant plus propre, voire à l'électricité. Mais avant tout, de moins rouler.

    L'électrique, c'est plus "propre", mais, mais, mais ...

    mia angouleme.jpgLorsqu'elles roulent, les voitures électriques comme la Mia d'Heuliez (ci-contre) n'émettent pas de CO2, ni de particules fines dangereuses pour nos poumons. Mais elles sont loin d'être l'unique réponse durable aux problèmes écologiques des villes, en matière de pollution de l'air, de transport et de mobilité pour leurs habitants. Les écolos se tuent à le répéter : vouloir substituer à l'identique le nombre de voitures particulières en circulation fonctionnant aux carburants classiques par des véhicules électriques, serait une aberration écologique. D'abord parce le bilan carbone d'un véhicule électrique pour sa fabrication est loin d'être plus léger que celui d'une voiture conventionnelle. Ensuite, parce qu'il faudrait produire davantage d'électricité pour les faire rouler, ce qui n'est pas la meilleure idée pour sortir du nucléaire sans avoir encore développé les énergies renouvelables, et ne permet non pas de répondre à l'impératif de récuction de notre facture énergétique. Enfin, parce que l'objectif premier, pour une société durable et vivable, reste de parvenir à réduire précisément le nombre de voitures en circulation... Et à faire évoluer les usagers vers des modes de transports alternatifs à la voiture. Pour également fluidifier et apaiser la circulation, entre autres. Une ville avec le moins de voitures possible, qui garantit la mobilité à tous ses habitants, en fonction de leurs besoins et capacités physiques, c'est encore ce qu'il y a de plus écologique !

    Les voitures conventionnelles améliorées plus "vertes" que les voitures hybrides ?

    Une étude récente publiée par l'Institut allemand d'écologie appliquée révèle en outre que si les voitures conventionnelles pouvaient gagner fortement en efficacité énergétique d'ici 2030, elles feraient  baisser de 25 % les émissions de gaz à effet de serre, alors que les voitures hybrides qui deraient représenter d'ici 2030, 14 % du parc allemand, ne feraient baisser les émissions de gaz à effet de serre que de 6 %. Cette étude commandée par le ministère allemand de l'Environnement, insiste pour qu'on n'oublie pas la recherche liée à l'amélioration des performances énergétiques des voitures à essence. Et souligne que le succès des véhicules électriques est lié avant tout au développement des énergies renouvelables, dont la part "verte" pourraient représenter le volume en térawatteures nécessaire à leur appétit énergétique...

    Rouler à l'électrique : quand on partage, c'est épatant

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    Hiriko, la première voiture pliable électrique Photo DR

    L'écologie, si c'est toujours vert, c'est rarement noir ou blanc. A Bordeaux comme ailleurs, ce type de bornes de recharge devrait surtout être un levier de développement intéressant pour le parc des véhicules électriques utilitaires et pour les futures voitures électriques d'Autocool (le système d'autopartage de l'agglomération bordelaise). Ou encore, pourquoi pas, pour de futurs parcs de taxis électriques ? Car l'électrique pour les voitures partagées, c'est top...  La Mia électrique est ainsi disponible en mode partage à Angoulême et le sera bientôt à Bordeaux. Et la mignonne petite Hiriko, voiture électrique pliable, est attendue avec impatience pour 2013 par les grandes métropoles du monde qui envisagent de la proposer en autopartage à la location. 

    Selon Avere France, la ville de Besançon vient ainsi d'inaugurer avec Parkeon des stations de recharge doubles, avec une borne pour les particuliers, entreprises, administrations et une pour lesvéhicules en autopartage. Et l'usage est payant, avec un forfait  réglé via un horodateur. Nickel. Enfin, si elles étaient prévues pour permettre également aux deux roues électriques de se recharger, le petit peuple vert serait aux anges...

    A Bordeaux, c'est Nissan qui régale

    Les deux premières bornes bordelaises (30.000 € pièce); gratuites pour les usagers, ont été installées par le constructeur automobile japonais Nissan, qui fait sa pub par la même occasion et prévoit d'installer en Europe 400 bornes de rechargement rapide pour véhicules électriques, dont 40 en France. Bordeaux compte lancer ensuite un appel d'offres pour installer une vingtaine de bornes de recharge rapide d'ici à 2015. Soulignons que la première, quai Richelieu, a quand même laissé les cyclistes bordelais interloqués : son installation a en effet occasionné l'interruption de la circulation des vélos sur la piste cyclable qui longe la Maison écocitoyenne. Du coup, les fans de la petite reine se demandent où les voitures vont se garer pour se recharger et espérent qu'il n'y aura pas de gêne pour les vélos et les piétons... Ce qui ne serait pas "durable" du tout. A suivre donc.

    Quant à la Zapa, rendez-vous sur Ma Planète, pour en reparler dès demain...

    Cathy Lafon

    LIRE AUSSI 

    EN SAVOIR PLUS

    • Tout sur la mobilité électrique sur le site d'Avere France: cliquer ICI
    • Les rapport de l'OMS sur la pollution de  l'air et les  particules fines : cliquer ICI
    • Qu'est-ce qu'une Zapa ? Pour tout savoir, cliquer ICI.
    • Les chiffres de vente de Nissan : Depuis un an, Nissan a vendu en Europe quelque 2.000 exemplaires de la Leaf, son véhicule compact 100% électrique. Son partenaire français Renault s'apprête à lancer à l'automne sa citadine électrique Zoé, qui pourra elle aussi être rechargée sur les bornes rapides de Nissan.