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Sciences - Page 148

  • Ca chauffe pour la Terre, mais nous continuons de regarder ailleurs. Pourquoi ce déni ?

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    La banquise fond et nous savons que c'est inquiétant. Mais nous ne parvenons pas à mettre le réchauffement climatique au coeur de nos préoccupations.

    Le changement climatique frappe à notre porte.  Ma Planète se penche durant cinq jours sur la situation du réchauffement climatique, les enjeux, les conséquences et la perception que nous en avons.  Aujourd'hui, des chercheurs se sont penchés sur les raisons du déni planétaire.

    La Terre se réchauffe et pourtant nous continuons à brûler toujours plus de charbon et de pétrole : pourquoi cette schizophrénie  ?  Des psychologues, sociologues et experts de l’opinion réunis le 13 décembre 2013 à Paris par l’association « Météo et climat », ont planché sur la perception du changement climatique et tenté de  comprendre pourquoi nos sociétés semblent rester sourdes aux alertes toujours plus précises des climatologues.

    Conscients mais impuissants

    Une mécanique terrestre complexe, une crise économique chassant les considérations écologiques mais aussi des ressorts intimes favorisant parfois le déni : les Français sont souvent conscients de l’enjeu du réchauffement climatique mais, tiraillés, ils se sentent impuissants.

    réchauffement climatique,enquête recherche,sociologie,comportementLe réchauffement n'est pas le problème numéro 1

    Le réchauffement, « ce n’est pas le premier problème des gens », a rappelé Daniel Boy, directeur de recherche au Centre de recherches politiques de Sciences-Po, qui réalise chaque année pour l’Ademe un baromètre sur les Français et l’effet de serre. Parmi les sujets environnementaux, le changement climatique, qui était largement en tête entre 2007 et 2009, a brutalement « décroché » depuis 2010, situé désormais sur le même plan que les autres inquiétudes majeures sur la qualité de l’eau et de l’air. Une conséquence durable de l’échec du sommet de Copenhague fin 2009 et de la crise économique depuis 2008, analyse le spécialiste de l’opinion. Ce qui ne veut pas dire que les Français se désintéressent de l'environnement. Toujours selon l'Ademe, une enquête réalisée en 2013/2013 montre que les Français seraient de plus en plus sensibles aux problèmes de l'environnement et l'organisme note des pratiques en mutation.

    Les alertes sont de plus en plus étayées mais nous avons du mal à modifier nos comportements

    En 2010, les négociations internationales impliquant plus de 190 pays sous l’égide de l’ONU ont adopté l’objectif de contenir le réchauffement à 2°C, sachant que la planète s’est déjà réchauffée de 0,8°C environ depuis l’époque pré-industrielle. Mais les engagements concrets des pays placent notre planète sur une trajectoire plus proche de 4°C, selon des études récentes. Le décalage entre les alertes toujours plus étayées des climatologues, réitérées fin septembre 2013 par les experts du Giec, et leur perception dans nos sociétés interrogent les experts du comportement. Selon Annamaria Lammel, maître de conférences en psychologie à l’Université Paris 8, présente au brainstorming de "Météo et climat", la difficulté de modifier nos comportements s’expliquerait notamment par les distances spatiales mais aussi temporelles entre ceux qui subissent le plus le changement climatique et ceux qui en sont la cause.

    Culturellement, les humains ne seraient pas formatés pour réagir au mieux à un phénomène aussi global et dont les conséquences se mesurent à une échelle allant au-delà d’une vie. 

    réchauffement climatique,enquête recherche,sociologie,comportementGarder notre mode de vie

    Plus prosaïquement, selon les chercheurs, nous aurions aussi tendance à minimiser une menace qui entre en contradiction avec d’autres intérêts comme notre mode de vie. Et nous laisse démunis. Sociologue ayant interrogé des collégiens du Nord et du Bas-Rhin, Sandrine Bernier a constaté que ces jeunes avaient des connaissances sur l’effet de serre et le réchauffement, mais aussi un « sentiment d’impuissance » sur l’attitude à adopter. « Quelque part, on leur demande de faire un effort, or ils ont parfaitement intégré le niveau de confort actuel de leurs parents, et n’ont pas envie de se priver », a noté la chercheuse.

    Le cas de l'agriculture

    Chez les agriculteurs, un programme mené dans le Grand Ouest montre que le changement climatique est « perçu » de façon plus concrète à travers des éléments comme des modifications dans les précipitations et des récoltes plus précoces, a expliqué Philippe Merot, directeur de recherche Inra, à Rennes.  La climatologue Valérie Masson-Delmotte, rappelant la difficulté de rendre accessibles des informations souvent complexes sur le climat, voit dans ces travaux un encouragement à « réfléchir à la transmission des informations et aux attentes des différents acteurs ».

    On laissera le mot de la fin à Jeanréchauffement climatique,enquête recherche,sociologie,comportement Jouzel, membre du Giec, qui insiste pour sa part sur la nécessité de « remettre le problème du changement climatique au coeur des préoccupations ». « La France va accueillir la grande conférence sur le climat en 2015. Cela ne peut pas se faire dans un silence assourdissant. »

    Cathy Lafon, avec AFP

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  • Réchauffement climatique : la carte mondiale des vins redessinée

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    En 2100, les dates des vendanges seront-elles fixées en août ou en juillet ? Vendanges à l'ancienne, photo archives Sud Ouest/Pauline Pierri

    Le changement climatique frappe à notre porte.  Ma Planète se penche durant cinq jours sur la situation du réchauffement climatique, les enjeux, les conséquences et la perception que nous en avons. Aujourd'hui, tour d'horizon local et planétaire des nouveaux vins à venir.

    vignes.jpgNouveau climat, nouveaux vins

    Nous sommes en 2050. Les orangers poussent-ils enfin en Irlande ? Les amateurs de vin peuvent-ils s'offrir des caisses d'un cru de Suède ? Deux questions pas aussi délirantes qu'il pourrait y paraître aujourd'hui. Ils ne savent pas pour les oranges, mais en tout cas, pour le vin, les experts en oenologie et climatologie voient le changement climatique en cours redessiner la carte mondiale des vignobles. Une belle perspective pour des pays qui, jusque là, ne pouvaient pas cultiver la vigne. Mais aussi une source d'inquiétude pour les régions viticoles traditionnelles qui, elles, sont sous la menace de l'augmentation des températures et de sécheresses prolongées.

    Le changement climatique modifie déjà la nature des vins

    Les climatologues travaillant avec l'industrie du vin prédisent, comme les experts du Giec, que les températures vont augmenter de deux degrés Celsius d'ici 2050. Il y aura aussi plus de phénomènes climatiques extrêmes. Or, le stress hydrique, les changements brutaux de températures, les averses inopportunes et le gel sont quelques-unes des variables ayant un profond impact sur l'équilibre des sucres et de l'acidité, la maturité des tanins et la palette des arômes du vin. Ainsi, certains vins blancs, autrefois renommés comme vifs et délicats, deviennent plus gras avec des notes florales, de même que les vins rouges de structure moyenne se sont transformés en bombes fruitées, riches et concentrées.

    Optimisme

    Pour certains chercheurs en oenologie comme Fernando Zamora, professeur à l'université espagnole Rovira i Virgili de Tarragone, il n'y a cependant pas lieu d'être alarmiste. Membre d'un programme international sur le changement climatique dans les forêts et l'agriculture (ACCAF) piloté par l'INRA, l'institut national de recherche agronomique, le spécialiste choisit le "camp des optimistes", "il y aura toujours des vignobles dans les régions traditionnelles, mais il faut qu'elles réfléchissent à de nouvelles stratégies", assurait-il à l'AFP en avril dernier.

    vin chaleur.jpgA la grande loterie du réchauffement climatique, il y a les gagnants...

    "En Allemagne on commence à faire des vins élégants dans des endroits où par le passé cela était excessivement difficile" et "au Danemark on commence déjà à produire du vin", souligne le chercheur. La Tasmanie, certaines régions de Nouvelle-Zélande, le sud du Chili, l'Ontario et d'autres régions du Canada ainsi que l'Angleterre, la Moselle et la région du Rhin en Allemagne sont quelques-uns des territoires qui pourraient tirer profit du changement climatique.

    ... et aussi les perdants

    En Alsace, le changement climatique est déjà un problème car il transforme le profil aromatique et l'équilibre des sucres et des acidités. A l'inverse dans le Beaujolais, un climat plus chaud augmente la qualité du vin alors que les vignerons étaient autrefois contraints d'ajouter du sucre pour soutenir les niveaux d'alcool dans ses vins rouges de table. Dans le Languedoc, un temps plus chaud et plus sec produit des vins plus robustes avec une teneur en alcool plus élevée. Les vignerons ont d'ailleurs déjà commencé à s'adapter en plantant des vignes plus en altitude et sur des sols différents. Une autre solution est de changer de variété de raisin en se tournant vers des variétés indigènes adaptées à des climats chauds tels la Sicile, la Grèce, l'Espagne ou le Portugal.

    le treut aquitaine.jpgL'avenir des viticulteurs bordelais

    En Aquitaine, le rapport piloté par Hervé Le Treut en 2013, "Prévoir pour agir : la région Aquitaine anticipe le réchauffement climatique", avertit : si les effets du changement climatique ne seront pas toujours spectaculaires, ils devraient considérablement modifier le secteur agricole. Les paysages du sud-ouest, des Landes aux vignobles bordelais, pourraient même en être bouleversés. La région subit en effet un réchauffement depuis 1850 plus important que la moyenne européenne : + 1,2°C contre + 1°C. Les effets commencent déjà à s’en faire sentir.  En vingt ans, l’augmentation des températures, associée à des pratiques culturales particulières, a vu la date de maturité du raisin avancer en moyenne de quinze à vingt jours, avec d'ailleurs une amélioration significative de la qualité des vins produits.

    vendanges.jpgDes vendanges avancées de 40 jours en 2100

    Mais, si comme le prévoient les modèles scientifiques, les températures dépassent fréquemment les 35°C d’ici la fin du siècle, le nectar bordelais pourrait devenir beaucoup trop alcoolisé et pas assez acide. Selon le rapport de Hervé Le Treut, "les simulations du projet CLIMATOR de l'Agence nationale de la recherche (ANR) pour la vigne permettent d'envisager pour le cépage Merlot à Bordeaux, une avancée de la date de floraison et de la date des vendanges d'environ 40 jours, d'ici à 2100".  Il faudra vraisemblablement alors changer de méthodes de culture, changer de variété de raisin, mais aussi peut-être déplacer les vignobles vers des zones plus fraiches, en particulier vers des coteaux orientés au nord.

    Les régions viticoles actuelles ne pourront pas continuer à faire pousser les mêmes variétés de raisin et à faire les mêmes styles de vins : la viticulture n'échappera pas à la nécessité de s'adapter au réchauffement climatique.

    Cathy Lafon

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    • CLIMATOR est un programme de recherche financé par l'Agence Nationale de la Recherche (ANR), dans le cadre du programme Vulnérabilité, Milieux et Climat (VMC) : cliquer ICI 

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  • Réchauffement climatique : les manchots empereurs migrent pour s'adapter

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    Une colonie de manchots empereurs avec leurs petits. Photo British Antarctic Survey

    Le changement climatique frappe à notre porte.  Ma Planète se penche durant cinq jours sur la situation du réchauffement climatique, les enjeux, les conséquences et la perception que nous en avons. Aujourd'hui, la fonte des glaces aux pôles et son impact sur les écosystèmes : les manchots empereurs migrent pour s'adapter.

    La nouvelle marche de l'empereur

    Les colonies de manchots changent de lieu de pêche et de reproduction en raison de la diminution des glaces en Antarctique. Habituellement, les manchots empereurs établissent leur colonie sur la banquise, pour se nourrir et s'alimenter. Mais la glace de mer se forme plus tardivement en raison de la hausse des températures. Cette situation pousse alors les manchots à s’installer sur les barrières de glace, immenses falaises qui assurent la jonction entre la mer et le continent, à proximité de leur lieu de pêche.

    manchots,fonte glace,banquise,étude,rechercheDans une étude publiée par la revue la revue PloS One, un chercheur britannique spécialiste des manchots, Peter Fretwell, note les nouvelles pratiques de ces oiseaux «charismatiques».  Les manchots « vivent habituellement sur la banquise car elle leur simplifie l’accès aux eaux dans lesquelles ils chassent. Quand en 2011 et en 2012 la banquise s’est formée un mois après la saison de la reproduction, les manchots se sont installés sur les barrières de glace flottantes à proximité pour pouvoir nourrir leurs petits», observe le chercheur au British Antarctica Survey. 

    manchots espace.jpgRecensement satellitaire

    En avril 2012, Peter Fretwell avait déjà publié aux Etats-Unis une étude  révélant que la population de manchots empereurs dans l'Antarctique était près de deux fois plus importante qu'estimée, grâce à des images satellitaires utilisées par une équipe de recherche (photo Digital Globe). Les colonies de ces grands oiseaux de 20 à 40 kilos, qui peuvent mesurer jusqu'à 1,15 m, se détachaient sur les images satellite à très haute définition, grâce à leur plumage noir et blanc. Le géographe décomptait près de 595.000 manchots empereurs, « soit près du double des estimations précédentes de 270.000 à 350.000 ».  Dans ce premier recensement aussi étendu de ces populations de manchots, les chercheurs ont pu analyser en détails 44 colonies de manchots tout autour des côtes de l'Antarctique, dont sept étaient inconnues.

    Pour le scientifique, le plus surprenant de sa dernière étude « c’est de voir les manchots escalader ces murs de glaces, qui peuvent atteindre jusqu’à 30 mètres de haut. C’est une opération délicate pour les manchots qu’on imagine souvent très maladroits en dehors de l’eau. »

    Même lorsque nous la maltraitons, les ressources de la nature n'ont pas fini de nous surprendre...

    Cathy Lafon