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écologistes

  • Pollution de l'air: trois associations écologistes portent plainte contre X pour mise en danger d'autrui

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    Paris et l'Ile-de-France sont à nouveau victime d'un épisode de pollution de l'air depuis le retour du beau temps. Photo archives AFP

    Avec le retour de soleil et du beau temps, retour aussi depuis cinq jours de la pollution de l'air. Pas terrible, d'autant que la pollution de l'air est reconnue cancérigène et responsable de l'augmentation des maladies respiratoires depuis dix ans. D'où le "ras-le-bol" des associations écologistes : France info annonce ce lundi que trois d'entre elles décidé de déposer plainte contre X  au pénal, mardi 11 mars, pour mise en danger d'autrui.

    pollution air bordeaux velo.jpgDepuis mercredi, l’Ile-de-France traverse une période de chaleur et d’ensoleillement qui favorise un taux élevé de particules fines dans l’air. Cet épisode de pollution devrait dépasser ce lundi le seuil d’information, selon Airparif. En Aquitaine, selon Airaq, l'air était médiocre samedi dans plusieurs zones de la région dont Bordeaux. La situation, moins grave qu'en Ile-de-France, ne doit pas faire oublier que les grandes zones urbaines de la région dépassent elles aussi régulièrement les seuils de pollution autorisés par l'Europe, comme cela a été le cas cet hiver, en décembre dernier.

    Le phénomène est régulièrement constaté et pointé, l'Europe multiplie les semonces et les mises en garde, sans que rien ne change. De quoi agacer sérieusement certaines associations, dont Ecologie sans frontière, Respire et le Rassemblement pour la Planète, qui ont décidé de porter plainte contre X pour mise en danger d’autrui, selon France Info.

    Une première en France

    Une telle mobilisation judiciaire d'associations écologistes pour que les magistrats se penchent sur les responsables du scandale sanitaire qu'elles dénoncent, est une première en France. "Il y en a ras le bol de ce phénomène de la pollution de l’air. Dès qu’il fait beau, dès qu’il fait sec en hiver, vous avez des pics de pollution, les urgences se remplissent. Les slogans et les petites manifs très gentils ça ne suffit plus" souligne Nadir Saifi, vice-président dEcologie sans frontière au micro de France Info. L'ONG rappelle par ailleurs que le rapport Roussel, sur l’impact des pollutions d’origine automobile, a fait le lien entre particules fines et cancers en 1983, il y a maintenant plus de 30 ans... L'étude avait été commanditée par le ministère de la Santé et le ministère de l’environnement. On sait que les mentalités évoluent lentement en France, mais là, c'est un record qui est battu en la matière. 

    L'initiative sera-t-elle suivie d'effet ? A voir. France info rappelle que les associations ont déjà tenté une plainte au tribunal administratif il y a une dizaine d'année, sans suite.

    Cathy Lafon

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  • Journée noire pour l'environnement : l'Espagne blanchit les accusés du naufrage du "Prestige"

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    La marée noire du Prestige à Hossegor (Landes), 3 février 2003. Photo archives Sud Ouest /Guillaume Bonnaud

    Onze ans jour pour jour après le SOS lancé par le" Prestige", la justice espagnole a acquitté, mercredi 13 novembre, les accusés pour le naufrage du pétrolier, à l'origine d'une des plus graves marées noires de l'histoire. Très amers, les victimes parties civiles et les écologistes dénoncent un verdict qu'ils jugent scandaleux.

    Blanchis

    Le Parquet avait requis entre cinq et douze ans de prison contre les trois accusés. Hier, le tribunal supérieur de Galice, à La Corogne, a acquitté le commandant grec, Apostolos Mangouras, le chef mécanicien, grec lui aussi, Nikolaos Argyropoulos, et le directeur de la Marine marchande espagnole de l'époque, José Luis Lopez-Sors, pour les délits "d'atteinte à l'environnement et à des espaces naturels protégés". Condamné à neuf mois de prison, le commandant échappera toutefois à la prison en raison de son âge, 78 ans.

    Les faits

    naufrage prestiger.jpgTout commence le 13 novembre 2002, lorsque le "Prestige", un pétrolier à coque simple battant pavillon des Bahamas, construit en 1976 et chargé de 77.000 tonnes de fuel, subit une voie d'eau au large de la Galice, en pleine tempête et lance un appel au secours. Pendant six jours, le navire, sa coque déchirée, dérive en mer, les pouvoirs espagnol publics ayant pris la décision controversée de l'éloigner des côtes au lieu de le faire rentrer dans un port pour y contenir la fuite. Le pétrolier finit par se briser en deux, et coule à 8 heures du matin le 19 novembre, à 250 kilomètres des côtes par 3.800 mètres de fond, libérant dans l’océan  63.000 tonnes d'un fuel épais et visqueux qui polluera près de 3.000 kilomètres de littoral, en Espagne, au Portugal et en France, notamment sur le littoral aquitain particulièrement touché.

    La lourde  facture du nettoyage des plages en France et en Aquitaine

    En Espagne, le coût de la marée noire du « Prestige » est estimé à 1 milliard d'euros. En France, le nettoyage des plages a aussi coûté très cher à l’Etat et aux communes. Fin septembre 2003, l’Etat avait dépensé près de 33 millions d’euros dont 9,55 millions pour la Gironde (hors élimination des déchets). Par le plan Polmar, la somme de 1,8 millions d’euros, dont 933.000 euros pour le seul département de la Gironde, a servi au remboursement des collectivités locales de cette zone, dont Lacanau (16 km de plages souillés), la Teste-de-Buch et Lège-Cap-Ferret (27 km de plages, côté océan et côté bassin) qui a dû débourser plus d’un million d’euros pour nettoyer ses plages. Toutes les communes ont préparé aussi un dossier pour obtenir des indemnisations du  FIPOL, pour leurs frais complémentaires. Mais, trois ans après la marée noire, aucune indemnisation du FIPOL n’avait  encore été versée à  aucune victime.  

    Un procès fleuve

    1.500 plaignants au total s'étaient rassemblés en 55 parties civiles, dans le procès du « Prestige » ouvert en octobre 2012.  Parmi elles, pour la France, seules dix-sept communes landaises et deux communes basques (Saint-Jean-de-Luz et Bidart), aucune ville de Gironde ne s’étant finalement portée partie civile. La majorité des communes du littoral aquitain ont en effet jeté l'éponge dans ce long et trop onéreux marathon judiciaire contre l’Espagne. Les communes landaises avaient formulé, pour leur part, des demandes d'indemnités chiffrées à environ 2,8 millions d'euros, par l'intermédiaire de leur avocat, M° Renaud Lahitète.

    montus.jpg"La marée noire, tout le monde s'en fout"

    Les victimes espagnoles, ulcérées, envisagent de faire appel.  L’indignation  des communes landaises  est toute aussi vive : "La marée noir,  tout le monde s’en fout" a déclaré hier sur France Info, Jean-Yves Montus (photo ci-contre), maire de Soustons et président de l'association des Maires des Landes. Désabusé, il évoque aussi "un combat sans fin" des Landaises et des Landais contre les pollueurs de la mer. Toujours sur France Info, l’avocat palois de Saint-Jean-de-Luz et de Bidart (Pyrénées-Atlantiques), Me Pierre Santi, a fustigé "un jour funeste pour l'environnement", estimant que l’Etat français avait une grande responsabilité dans ce verdict, pour s’être défaussé et débarrassé de cette affaire au profit de la justice espagnole, au mépris des victimes du littoral aquitain et au bénéfice du lobby pétrolier. Un procès en France n'aurait, selon lui, pas eu la même issue, comme l'a montré le verdict de l'Erika. Comme toutes les parties civiles, les victimes aquitaines attendent de savoir si elles pourront faire appel du jugement qui vient d'être rendu.

    "Impunité" face aux atteintes à l'environnement

    Côté écolo, on s'en doute, l’heure n’est pas à la fête. Les écologistes qui estiment depuis longtemps que les leçons de la marée noire n'ont jamais été tirées, n'ont cessé de déplorer l'absence sur le banc des accusés des responsables politiques de l'époque, dont l'actuel chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, qui avait tenu des propos minimisant l'impact de la catastrophe.

    Dès l’énoncé du verdict, Greenpeace a dénoncé mercredi, dans un communiqué,  "l'impunité" face aux atteintes à l'environnement, accordée selon elle à l'Espagne par la justice. Le tribunal supérieur de justice de Galice "accorde à l'Espagne l'impunité face aux atteintes à l'environnement. Il donne carte blanche à l'industrie pétrolière pour mettre en danger l'environnement et les citoyens", a réagi l’organisation écologiste.

    grèze pas souriante.jpgTrès remontée, l’eurodéputée verte du grand Sud-Ouest, Catherine Grèze, parle d'un véritable "scandale"  : "Avec ce verdict, on s’entête dans la voie de l’irresponsabilité généralisée !Les leçons des catastrophes environnementales ne pourront jamais être tirées tant que les véritables responsables ne seront pas punis.", a-t-elle déclaré hier.

    Et le préjudice écologique ?

    Le verdict espagnol du 13 novembre 2013 est à l'opposé des intentions du projet de loi reconnaissant le "préjudice écologique", adopté par le Sénat français, le 16 mai dernier, encore en cours d'élaboration. Le 17 septembre, le groupe de travail sur le préjudice écologique instauré par Christiane Taubira, a remis à la ministre de la justice dix propositions qui, si elles étaient adoptées, auraient pour conséquence que le code civil ne protégerait plus uniquement les personnes et le patrimoine, mais sanctionnerait aussi les atteintes à l'environnement. Une grande première internationale. 

    La marée noire du " Prestige" soulève une fois de plus la question de l'absence d'un droit environnemental international, sans lequel les pollueurs ne seront jamais réellement les payeurs. La route est longue...

    Cathy Lafon

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