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Politique - Page 187

  • Télévision. Un million de tonnes d'armes chimiques sous la mer : une enquête explosive d'Arte

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    Près d'1,5 millions de tonnes de cylindres contenant gaz sarin, arsenic... jonchent les fonds marins. Photo Arte

    Que peut-il y avoir de pire au fond des mers que les déchets nucléaires qu'on y a balancés ? Ou des carcasses de sous marins nucléaires qui gisent au large des côtes russes, à Mourmansk ? Langue au chat ? C'est Arte qui a trouvé. Véritables bombes à retardement qui dorment au fond des mers et des océans de toute la planète, plus d’un million de tonnes d’armes chimiques héritées des deux guerres mondiales nous menacent encore aujourd’hui.

    "Armes chimiques sous la mer", le documentaire de Bob Coen, Eric Nadler et Nicolas Koutsikas, mène l'enquête sur ce sujet explosif, classé secret défense jusqu'en 2017, et nous entraîne par la même occasion dans les coulisses de l'histoire des armes chimiques, ce soir, sur la chaîne franco-allemande. 

    le porge détritus.jpgLa mer est aussi la poubelle des armées

    Le chanteur Renaud a raison : "la mer est dégueulasse". Mais pas "parce que les poissons baisent dedans". La mer est dégueulasse, parce qu'elle est la poubelle de l'humanité, comme en attestent les quantités phénoménales de déchets produits par nos activités que les vagues de l'océan rapportent régulièrement sur nos plages. Ce qu'on sait moins, c'est qu'elle est aussi la poubelle de l'Histoire et notamment celles des deux grands conflits mondiaux. En plusieurs vagues, de 1917 à 1970, pour se débarrasser des stocks d'armes explosifs et hautement toxiques, les armées des grandes puissances mondiales les ont déversés dans les océans. Ni vu, ni connu.

    1,5 millions de tonnes d'armes chimiques

    Il y aurait ainsi près de 1,5 millions de tonnes d'armes chimiques provenant des guerres de 1914-1918 et de 1939-1945 au fond des mers et des océans. Il ne peut s'agir que d'une estimation, car les immersions ont toujours eu lieu clandestinement. Les lieux d'immersion sont connus sans l'être vraiment, car bien des bateaux se sont dépêchés de larguer dans les eaux leurs "colis" avant même d'y parvenir, tant leur contenu hautement dangereux inquiétait ceux qui les convoyaient. Ces armes, des poisons mortels encore actifs, s’échappent peu à peu dans la mer, menaçant les pêcheurs, les baigneurs, les poissons et tout l’écosystème. En toute discrétion, car en parler, "ça fait fuir le tourisme".

    Un peu d'histoire

    Commémoration du centenaire de la Grande guerre oblige, il faut reconnaître au premier grand conflit mondial d'avoir fait entrer dans la modernité et à grande échelle l'usage guerrier les armes chimiques, dites "non conventionnelles".  En 1915, l'Armée allemande est la première à lancer une offensive chimique d'envergure, lors de la deuxième bataille d'Ypres en Belgique, en utilisant un gaz chloré. Le fameux gaz moutarde est ensuite utilisé pour la première fois en 1917, provoquant chez les soldats les ravages monstrueux que l'on sait. Dans l'entre-deux guerres, on ne mollit pas : près de 135.000 tonnes de gaz sarin sont notamment produits par les Américains. Finalement, et fort heureusement, si la guerre de 39-45 s'achève par l'explosion des deux premières bombes atomiques au Japon, la guerre chimique n'aura pas eu lieu. Que faire de cet arsenal terrifiant ? A l'issue de la deuxième guerre mondiale, à la conférence de Posdam, en août 1945, les Alliés se répartissent les stocks pour les déverser en mer. C'est la solution la plus simple et la plus sûre qu'ils ont trouvée... Jusqu'en 1970, des immersions d'armes chimiques auront lieu en mer du Japon, dans l'océan indien, en mer Baltique, en mer du Nord, dans l'Atlantique Nord au large des côtes américaines et canadienne et enfin, en Méditerranée, au large de la Côte d'Azur en France et des côtes italiennes, à Bari.

    armes chimiques fond des mers.jpgLocaliser et neutraliser ces armes

    Aujourd'hui, il y en a donc un peu partout. Notamment dans la mer Baltique, qui décroche la palme de la "mer la plus polluée au monde". Non loin des côtes et des plages, les fonds marins et océaniques sont jonchés de cylindres d'acier corrodés, qui laissent fuir leurs contenus : gaz sarin, moutarde, arsenic... Mais où exactement ? Et avec quelles conséquences pour les écosystèmes, la santé des poissons, celle des pêcheurs et des consommateurs ? Pour les pêcheurs qui remontent les filets, les accidents se multiplient. Aujourd'hui, en Italie, en Allemagne, en Pologne, aux Etat-Unis, au Canada et au Japon, des hommes se battent pour localiser et neutraliser ces armes. Tout s’y oppose : le manque d’archives, le secret militaire, le coût des opérations, l’« omerta » des pêcheurs et la peur de faire fuir les touristes.

    Des solutions existent

    Cette enquête captivante, nourrie d’interviews et d’images d’archives, passe en revue les zones à risque et montre que des solutions sont possibles pour nettoyer ces décharges. À condition, toutefois, que les États qui font jusqu'à présent la sourde oreille, acceptent d’y mettre le prix. Mais tout espoir n'est pas perdu : une poignée de scientifiques ont saisi l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques pour qu'elle s'empare du problème.

    Cathy Lafon

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  • Pour 83% des habitants du Sud-Ouest, le réchauffement climatique est responsable des événements climatiques extrêmes

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    Le 25 janvier 2014, les gaves réunis débordent à Peyrehorade (Landes). Photo Sud Ouest / Isabelle Louvier

    Une très large majorité de Français - 76 %- pensent que les tempêtes qui frappent le littoral atlantique et les inondations qui paralysent l’ouest de la France depuis la mi-décembre, sont la conséquence du réchauffement climatique. Tel est le résultat d'un sondage d’opinion IFOP/Avaaz réalisé entre le 14 février et le 17 février, auprès d'un échantillon représentatif de 990 personnes.

    Le changement climatique préoccupe les Français

    Commandé par l'ONG environnementale Avaaz et publié par Le Monde le 19 février, le sondage montre que 73 % des Français pensent que, si  l’on ne fait rien, le réchauffement climatique représentera une menace pour leur mode de vie.  Alors que dans un contexte économique difficile, le chômage et la perte de pouvoir d'achat sont les premières priorités des Français, le sondage révèle que le changement climatique constitue aussi une de leurs préoccupations majeures.

    europe,réduction,gaz à effet de serre,co2,réchauffement climatique,changement,sondage,chiffreLe Sud-Ouest en tête

    En France, le lien entre évènements extrêmes et réchauffement est d'autant plus affirmé que les sondés sont issus de régions vulnérables comme le Sud-Ouest (83 %). Ci-contre, l'érosion du littoral sur la plage Sud, à Lacanau (Gironde), photo Julien Lestage / Sud Ouest.

    Les Français veulent des actions ambitieuses

    Il ressort aussi du sondage que le grand public soutient fermement des actions ambitieuses pour lutter contre le réchauffement climatique. 80 % des sondés pensent qu’il est important de s'engager maintenant sur des objectifs ambitieux pour que d’autres pays suivent l’exemple de la France, et appellent François Hollande à réduire de moitié les émissions de carbone à l’échelle européenne d’ici à 2030. Enfin, 75 % estiment que le gouvernement français ne fait pas assez pour lutter contre le réchauffement.

    europe,réduction,gaz à effet de serre,co2,réchauffement climatique,changement,sondage,chiffreL'objectif décevant de l'Europe

    Le 22 janvier 2014, la Commission européenne a proposé une réduction de 40 %, juste en dessous des 50 % nécessaires selon les scientifiques pour éviter les dangers du réchauffement climatique. Les jeux ne sont pas faits, car l'objectif final fera l’objet de débats entre les chefs d’État et de gouvernement européens avant une réunion du Conseil en mars. Dans le monde, l’Europe est depuis longtemps perçue comme le chef de file de la politique climatique et sa décision influera certainement sur l’ambition des autres grands pollueurs tels que la Chine et l’Inde dans leur plan de réduction des émissions de carbone.

    europe,réduction,gaz à effet de serre,co2,réchauffement climatique,changement,sondage,chiffreL'ultimatum de 2015

     "La prochaine Conférence mondiale sur le climat, qui se tiendra à Paris, sera décisive pour savoir si nous parviendrons à atteindre l’accord nécessaire pour répondre à la crise environnementale", souligne Alex Wilks, directeur de campagne pour Avaaz. "Aujourd’hui, les sondages montrent que les Allemands veulent que leur gouvernement agisse et une réduction de 50 % est la barre dont nous avons besoin pour que d’autres pays se montrent prêts à parvenir à un accord mondial", précise-t-il. Comme les Français, donc.

    Conclusion: Hollande et Merkel doivent monter au créneau et faire en sorte que les ambitions du sommet de Paris ne passent pas à la trappe avant même qu’il ne commence.

    Cathy Lafon

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  • Interdiction des OGM : embrouilles à gogo et course contre la montre

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    Les opposants aux OGM dénoncent le maïs transgénique MON810 Photo AFP

    Le feuilleton des OGM n'en finit pas de rebondir. En effet, dernière surprise en date, le lundi 17 février, le Sénat a rejeté la proposition de loi socialiste, pourtant soutenue par le gouvernement, qui visait à interdire la mise en culture du maïs génétiquement modifié.

    Du coup, pour l'interdiction des OGM sur le sol français, le 15 mars est devenu la date butoir : les semis de printemps hantent désormais le calendrier politique français. Une situation pas vraiment bucolique, qui tient plus du sac de noeuds que d'une balade au bon air à travers champs. Décryptage.

    ogm,sénat,projet de loi,gouvernement,europe,ue,mon810,tc1507Embrouilles politiques à gogo

    Présentée par Alain Fauconnier (sénateur socialiste de l'Aveyron, photo ci-contre) en procédure accélérée, le texte de loi tricolore faisait suite à la décision européenne de ne pas interdire un nouvel OGM, le TC1507 (de l'Américain Pioneer, filiale de DuPont). En effet, si les Etats membres de l'Union européenne ont été majoritairement opposés à ce feu vert, ils n'ont pas atteint la majorité qualifiée, ce qui a relancé le débat sur le mécanisme européen d'autorisation des OGM. Quant à la loi française qui devait garantir l'interdiction du MON810, seul transgénique autorisé à la culture en Europe, elle, elle n'a pas été adoptée car la motion présentée par le sénateur UMP de la MancheJean Bizet, tendant à opposer l'exception d'irrecevabilité à la proposition de loi, a obtenu 171 voix pour et 169 voix contre, en débauchant au passage des sénateurs de gauche. Mais le gouvernement, dit maintenir intacte sa détermination à interdire les transgéniques sur le sol français.

    ogm,sénat,projet de loi,gouvernement,europe,ue,mon810,tc1507La course contre la montre des pro et anti-OGM

    C'est donc une véritable course contre la montre qui s'est engagée avec le rejet de la loi au Sénat, le 17 février, entre pro et anti-OGM à quelques semaines des premiers semis. En dépit de la volonté affichée du gouvernement de bannir les cultures transgéniques du territoire national, «il y a des producteurs qui manifestent encore leur intérêt pour le MON810, principalement en Midi-Pyrénées ou en Aquitaine», a déclaré à l'agence AFP Luc Esprit, directeur général de l'Association générale des producteurs de maïs (AGPM). Et vraisemblablement, il y aussi des sénateurs de gauche qui les soutiennent.

    Le cas du MON810

    Alors que le gouvernement se trouve pris par le temps pour interdire le MON810 de Monsanto avant les premiers semis, aux alentours du 15 mars, les partisans du maïs transgénique ne désarment donc pas, Pour mémoire, la France avait interdit le MON810 dès 2008, puis de nouveau en 2012, mais le Conseil d'Etat, saisi par les pro-OGM, a annulé le moratoire en août dernier pour non-conformité au droit européen. Immédiatement, le gouvernement avait manifesté son intention de trouver un autre moyen juridique pour prolonger l'interdiction de cultiver ce maïs, un engagement réitéré lors de la 2e Conférence environnementale, en septembre dernier. 

    ogm,sénat,projet de loi,gouvernement,europe,ue,mon810,tc1507Plus ultra que Monsanto

    Les producteurs de maïs du Sud-Ouest de la France pourraient donc planter du maïs transgénique MON810 cette année, puisque le moratoire qui l’interdisait a été suspendu, soutient lAssociation générale des producteurs de maïs (AGPM). «Le MON810 résiste à plusieurs insectes, dont la pyrale (photo ci-dessus), qui touche particulièrement 400 000 à 450 000 hectares dans ces régions», plaide Luc Esprit. Pourtant, Monsanto a affirmé la semaine dernière ne pas avoir l'intention de fournir des semences de MON810 aux agriculteurs français, «ni aujourd'hui ni dans les années à venir».  Mais cela ne découragerait pas les candidats français à la culture transgénique qui pourraient aller les chercher par exemple en Espagne, où est cultivé le MON810, a laissé entendre Luc Esprit.En clair, les producteurs pourraient bien semer du MON810 avant que ne soit prononcée une nouvelle interdiction.

    ogm,sénat,projet de loi,gouvernement,europe,ue,mon810,tc1507Un arrêté d'interdiction pour le 13 mars 

    De leur côté, la Confédération paysanne, les agriculteurs bio (Fnab) et les apiculteurs (Unaf) appellent à «interdire urgemment toute culture génétiquement modifiée» et remettent en cause les évaluations des maïs MON810 et TC1507. Les ministres de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, et de l'Ecologie, Philippe Martin, semblent les soutenir, en affirmant qu’un arrêté ministériel d’interdiction va être prononcé avant le début des semis, afin d’anticiper le calendrier parlementaire. L'adoption de la loi par le Parlement ne devrait, en effet, pas se faire avant le 10 avril, soit après le début des semis : trop tard donc pour interdire, si les agriculteurs ont déjà semé.

    Le texte de l'arrêté d'interdiction a été publié en urgence dès le lundi sur le site du ministère de l’Agriculture. Il doit maintenant être soumis à avis du public jusqu’au 9 mars, comme c’est le cas pour tous les arrêtés relatifs à des questions environnementales afin d'être publié au Journal Officiel aux alentours du 12 mars, soit juste avant le 15 mars.

    Cet arrêté, une fois entré en vigueur, pourra néanmoins encore être contesté devant le Conseil d’État. Les deux précédents arrêtés d'interdiction ont été invalidés par la Cour européenne de justice puis par le Conseil d'État.

    A suivre...

    Cathy Lafon

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