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réduction gaz à effet de serre

  • "Sacrée croissance !", le dernier documentaire de Marie-Monique Robin, à voir sur Arte

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    A Toronto, au Canada, l'agriculture bio et urbaine pourrait couvrir jusqu'à 30% des besoins de la mégalopole (six millions d'habitants). Photo Arte

    Dans sa dernière enquête "Sacrée croissance !", diffusée ce soir sur Arte, la journaliste engagée Marie-Monique Robin continue d'explorer les pratiques porteuses d'espoir pour résoudre la triple crise économique, sociale et écologique durablement installée en Europe et ailleurs, en s'attaquant au dogme de la sacro-sainte croissance. Avec gaieté et une belle dose d'humour.

    Les solutions écologiques  à la crise mondiale

    "Le monde selon Monsanto" (2008) et "Notre poison quotidien" (2010), les deux documentaires-choc de la journaliste Marie-Monique Robin, dénonçaient le scandale de la crise écologique dans l'agriculture, l'alimentation et la santé. Après le diagnostic, dans "Les moissons du futur" (2012), la journaliste passait aux solutions, en filmant les initiatives partout à l'oeuvre sur la planète qui déclinent des solutions alternatives à l'agriculture intensive et utilisatrice de pesticides, pour proposer une alimentation plus saine et auto-suffisante.

    "Quand la croissance reviendra..."

    Le retour de "la croissance", c'est le mot magique de tous les grands responsables politiques pour résoudre la crise économique depuis des décennies, de Kennedy à Obama, en passant par Bush, Mitterrand, Merkel, Sarkozy, Shinzo Abe ou encore Poutine... Avec la réussite que l'on sait.  La "croissance", index de l'économie en plein boum de la société de consommation des 30 glorieuses, basée sur le tout pétrole et l'exploitation à outrance des énergies fossiles, ne serait-elle pas plutôt derrière nous ? Avec ce regard malicieux qui n'appartient qu'à elle, Marie-Monique Robin se penche sur la plus sérieuse des questions, et convie à la réflexion sociologues, philosophes et économistes réputés, parmi lesquels l'américain Dennis Meadows, les français Dominique Méda et Jean Gadrey (professeur émérite d'économie à l'université Lille I, auteur de "Sortir de la croissance"), ou le britannique Rob Hopkins, fondateur du mouvement des "villes en transition".  Si cela ne fait pas quotidiennement la une des médias, les voix qui s’élèvent pour réclamer un changement de paradigme et démonter le dogme de la croissance sont de plus en plus nombreuses.

    Vive la "post croissance" !

    documentaire,télévision,film,marie-monique robin,croissance,crise écologique,économique,sociale,innovation,monnaies locales,bouthan,réduction gaz à effet de serrePour le mettre en évidence, Marie-Monique Robin a voyagé pendant deux ans sur trois continents (Europe, Amérique et Asie), à la rencontre des pionniers d'initiatives de terrain qui incarnent un mouvement "post croissance" - et non pas décroissant, la différence est de taille - capable d’initier la transition écologique et économique. Energies renouvelables au Danemark,  agriculture urbaine et alimentation bio en Argentine et au Canada, monnaies locales en Allemagne : c'est un "autre monde" qui se construit, partout et maintenant. Fondées sur le "toujours mieux " et non plus sur le "toujours plus", ces alternatives à la croissance ne sont plus seulement des expériences mais des réalités économiques réussies qui fonctionnent dans le respect des êtres humains et des ressources de la planète, et sont, en outre, génératrices de richesses économiques et financières.

    documentaire,télévision,film,marie-monique robin,croissance,crise écologique,économique,sociale,innovation,monnaies locales,bouthan,réduction gaz à effet de serreUne monnaie locale pour développer l'économie locale

    Ainsi, grâce à la monnaie locale bavaroise, le Chiemgauer, 3% des dépenses des habitants entièrement investies dans la consommation de produits locaux, pour le plus grand bonheur des artisans et petits commerçants, sont reversées aux associations locales, comme les crèches, pour le plus grand bonheur des usagers.  A la différence du système actuel,  l'objectif des monnaies locales qui coexistent avec l'euro ou les monnaies nationales, n'est pas de faire du profit financier par la spéculation, mais d'améliorer le quotidien de chacun, producteurs comme consommateurs, par une consommation juste et équitable.

    Le Bhoutan, premier pays écolo au monde

    documentaire,télévision,film,marie-monique robin,croissance,crise écologique,économique,sociale,innovation,monnaies locales,bouthan,réduction gaz à effet de serreMarie-Monique Robin achève ce tour du monde stimulant et optimiste dans le pays le plus pauvre au monde, si l'on se réfère au critère du PIB (produit intérieur brut), le tout petit royaume du Bhoutan, coincé entre le Tibet le Népal et l'Inde. Coaché par le roi Jigme Singye Wangchuck, le Bouthan tout entier a choisi, en 1972, de prendre le chemin du développement durable, basé sur les quatre piliers fondamentaux de l'écologie: la conservation de la nature, la promotion de la culture, le développement d'une économie soutenable et d'une gouvernance démocratique. Enseignée dès le plus jeune âge dans les écoles et dans les familles, l'écologie est mise en pratique de manière à apprendre aux enfants la résilience (faculté à rebondir) pour surmonter les obstacles en développant leur autonomie.

    documentaire,télévision,film,marie-monique robin,croissance,crise écologique,économique,sociale,innovation,monnaies locales,bouthan,réduction gaz à effet de serreLe pays du Bonheur National  Brut

    Cerise sur le gâteau, le Bhoutan a décidé d'indexer son économie sur le Bonheur National Brut (BNB), au lieu du PIB. Comme le résume assez bien la sociologue française Dominique Méda : "Pour vivre, on a besoin d'un patrimoine naturel qui va bien et d'une société qui va bien : le PIB ne mesure pas cela. Une bonne décision économique peut être très mauvaise sur le plan social ou environnemental". L'ambition du BNB c'est bien de concilier l'économie, le social et l'environnement pour le profit des hommes et l'avenir de la planète. Du blabla tout ça ? Loin de se refermer sur lui-même ou de revenir à la bougie, le pays se développe. Son tourisme est basé sur une politique de haute valeur ajoutée au faible impact écologique. Juste, son paradigme de développement, c'est le bonheur individuel et collectif, dans une société solidairela santé et l'éducation sont gratuites pour tous. Les 750.000 habitants du Bhoutan, qui ne sont pas loin d'atteindre leur objectif de zéro émissions de gaz à effet de serre, veulent passer à la voiture électrique et aussi devenir, en 2020, la première nation au monde à se nourrir avec une agriculture 100% bio.

    Ce qui se dessine au travers des reportages de Marie-Monique Robin, c'est l'émergence d'une société résiliente plus forte et capable de résister aux crises en s'adaptant aux changements comme le réchauffement climatique. Une société libre, écologique, "post-croissante" et sans dogmatisme capitaliste ou marxiste, qui demande moins de biens matériels et fournit plus de services que d'objets. Sans vouloir faire croire à l'existence d'un seul modèle politique et économique "miracle", dangereux car illusoire.

    Pas mal pour commencer la semaine, non ?

    Cathy Lafon

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    Le documentaire "Sacrée croissance !", de Marie-Monique Robin, mardi 4 novembre 20h50, Arte

    A LIRE

    Le film s'accompagne d'un livre : "Sacrée croissance ! Comment en sortir", de Marie-Monique Robin, préfacé par Matthieu Ricard. Arte Editions.

     LIRE AUSSI

    • Les articles de Ma planète sur Marie-Monique Robin: cliquer ICI
  • Climat. Doha sauve les meubles en ratifiant l'acte II de Kyoto, mais pas la planète

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    La banquise, victime du réchauffement climatique  Photo DR

    La présidence qatarie de la conférence de l'ONU sur le climat a annoncé samedi 8 décembre un accord au terme des négociations de Doha sur la lutte contre le changement climatique, donnant naissance à l'acte II de Kyoto.

    Russie et Etats-Unis alliés dans le refus

    La Russie a dénoncé ce qu'elle considère comme un passage en force. "C'est la première fois que je vois un tel précédent", a dénoncé le délégué russe après que le président de la conférence de l'ONU, le vice-Premier ministre qatari Abdallah al-Attiya, a annoncé comme adoptés, à toute vitesse, une série de textes. "Les décisions adoptées reflètent la volonté des parties dans leur ensemble", a répondu Abdallah al-Attiya. Alors que les négociations traînaient en longueur et avaient déjà plus d'un jour de retard sur le calendrier prévu, Abdallah al-Attiya est monté à la tribune et a adopté, en rafale, la série de textes en discussion depuis le 26 novembre par plus de 190 pays. La délégation américaine a également dit "ne pas accepter" certains points dans les textes annoncés comme adoptés.

    Les pays engagés dans Kyoto II ne représentent que 15 % des émissions de GES dans le monde

    L'acte II du protocole de Kyoto est la pièce maîtresse de l'accord. Il engage l'Union européenne, l'Australie et une dizaine d'autres pays industrialisés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) d'ici 2020. Mais sa portée sera essentiellement symbolique, car les pays engagés ne représentent que 15 % des émissions de GES dans le monde. Des blocages de dernière minute ont émergé sur la question de "l'air chaud", le surplus de quotas d'émissions de GES hérités de Kyoto 1, soit 13 milliards de tonnes équivalent CO2.

    L'"air chaud" interdit de circulation jusqu'en 2020

    conférence internationale de doha,réduction gaz à effet de serre,accord kyoto iiDe nombreux pays, notamment en développement, s'inquiètent de l'utilisation de ces crédits, mettant en avant qu'ils ne permettent de réduire les GES que sur le papier. Le texte présenté par le Qatar n'annule pas cet "air chaud", détenu principalement par la Russie, l'Ukraine et la Pologne, mais l'Australie, l'UE, le Japon, le Liechtenstein, Monaco, la Norvège et la Suisse se sont publiquement engagés en séance plénière à ne pas en acheter pour respecter leurs engagements au sein de Kyoto 2. Cela signifie que dans les faits, cet "air chaud" ne circulera pas jusqu'en 2020.

    L'amère déception des pays du Sud

    De son côté, le ministre des Affaires étrangères de Nauru, Kieren Keke, au nom de l'Alliance des petits États insulaires (Aosis) a estimé que l'accord n'était "pas à la hauteur sur les questions de l'aide financière" aux pays du Sud. "Ce processus ne produit que des mots et pas d'action", a-t-il dit, regrettant amèrement que les pays du Nord ne se soient pas engagés sur de nouveaux montants d'aide, sans pour autant dénoncer l'adoption du texte. Les pays du Sud attendaient des pays développés qu'ils s'engagent à verser 60 milliards de dollars d'ici 2015, pour assurer une transition entre l'aide d'urgence de 30 mds USD pour 2010-2012, et la promesse des 100 mds par an d'ici 2020.

    Doha a fini par accoucher d'un accord. L'honneur international est sauf. Le protocole de Kyoto ne mourra pas en 2013, mais on peut s'interroger sur son aptitude à rester à la hauteur des enjeux planétaires, tant le contenu du deuxième acte de la lutte mondiale pour tenter de stabiliser le climat reste loin des ambitions exigées par l'urgence de la situation.

    Cathy Lafon avec l'AFP

  • Fil vert. Climat : l'objectif 2° C, c'est 1.000 milliard de dollars

    rechauffement climatique,réduction gaz à effet de serre,prévention,lutte,aie,rapportLe 26 avril, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) a rendu son rapport «Energy Technology Perspectives 2012», concernant les moyens de stabiliser le réchauffement climatique à 2° C, lors du sommet ministériel des énergies propres (23 Etats réunis) qui a eu lieu à Londres.

    Le rapport, disponible en ligne le 11 juin prochain sur le site internet de l'AIE, détaille les progrès accomplis et ceux restant à effectuer, pour décarboner suffisamment nos économies afin de stabiliser le réchauffement. Selon la directrice exécutive de l'AIE, Maria van der Hoeven, l'objectif de limiter à 2° C le réchauffement climatique s'éloigne...

    Loin cependant de baisser les bras, l'agence, combattive, redonne tout un arsenal de mesures destiné à l'atteindre : rien de nouveau sous le soleil, a-t-on envie de dire. On sait quoi faire. Ce qui manque toujours, c'est la volonté politique des Etats pour mettre en application des mesures basiques, comme par exemple la suppression des subventions à la consommation de carburants et de combustibles qui contribuent au renforcement de l'effet de serre.

    Après avoir passé au crible les énergies renouvelables, les transports, le captage-stockage du C02, l'industrie, le bâtiment, l'AIE fait une autre proposition qui ne plaira pas à tous les écolos mais qui ne surprendra pas de sa part : elle recommande en effet de recourir, là où les conditions environnementales, économiques et politiques le permettent, à l'énergie nucléaire, afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre. 

    Enfin, en prime,  l'AIE fournit la note et chiffre l'investissement nécessaire à cet objectif dans la prochaine décennie : il  se limiterait à 5.000 milliards de dollars, à comparer aux 4.000 milliards de dollars d'économies sur les factures d'énergies fossiles. Soit un coût net de 1.000 milliards de dollars finançables auprès des investisseurs institutionnels. Le tout en réduisant de 5 milliards de tonnes nos emissions de GES.  Est-ce si cher payé, finalement, pour préserver nos conditions de vie et notre environnement, si l'on considère que l'on est dans une "deadline" climatique vitale  ? Raisonnablement, non.

    Cathy Lafon

    EN SAVOIR PLUS

    Comment atteindre "l'Objectif 2°C", Journal de l'Environnement, 26 avril 2012