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Politique - Page 186

  • Le monde après Fukushima : "Une catastrophe illimitée dans le temps". A voir ou à revoir sur Arte

     

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     "Le monde après Fukushima".  Manifestation de Japonais contre le nucléaire. Photo Kenichi Wabanabe

    À quoi ressemble la vie des gens trois ans après une catastrophe nucléaire ? Entre résistance et désespoir, le documentariste japonais Kenichi Wabanabe raconte dans un documentaire exceptionnel et poignant le triste quotidien des habitants de la région de Fukushima : la non-vie, la vie le coeur arraché, la vie au jour le jour. Réalisé en 2012, "Le monde après Fukushima" est toujours d'actualité. Hélas. Arte le diffuse le 18 mars, puis le 7 avril. On peut aussi le visionner en ligne sur le site intenet de la chaine franco-allemande : cliquer ICI

    fukushima,#fukushima,catastrophe  nucléaire,anniversaire,documentaire,audiovisuel,télévisionEt le monde entier découvre l'existence de Fukushima

    Japon, vendredi 11 mars 2011, 5 h 46 mn 23 s UTC, soit 14 h 46 mn 23 s heure locale. Un séisme de magnitude 9  provoque un tsunami monstrueux : une vague de 15 à 30 mètres de haut submerge la région de Fukushima, au nord-est de Tokyo. Parcourant jusqu'à 10 km à l'intérieur des terres, elle ravage près de 600 km de côtes et détruit partiellement ou totalement de nombreuses villes et zones portuaires : 18.000 personnes meurent ou disparaissent. Le 12 mars, le monde entier découvre que le tsunami a provoqué l'accident nucléaire de la centrale de Fukushima-Daïchi, classé comme la catastrophe de Tchernobyl en 1986, au niveau 7, le plus élevé de l'échelle internationale des "événements" nucléaires.

    Victimes mais "debout"

    Watanabe a voulu donner la parole aux victimes de l'accident. Bouleversant. Le réalisateur est allé partout. A 50 km de la centrale, où l'on voit des mères accompagnées leurs enfants irradiés chez le médecin pour leur contrôle obligatoire, jusqu'à 250 km de là, à Tokyo, la mégalopole de 30 millions d'habitants que les autorités ont envisagé d'évacuer, en mars 2011. En passant par une zone de pêche à 160 km au nord de la centrale, où l'on pêche toujours des poissons fortement contaminés, sans oublier Hiroshima, à 850 km de Fukushima. Tous victimes, tous profondément malheureux. Mais tous "debout".

    Vivre, est-ce juste "exister" ?

    Fukushima, c'est "l'île de la Fortune", en japonais... Aujourd'hui, la Fortune est partie. Reste le malheur des mères, institutrices, agricultrices et agriculteurs, pêcheurs... Les larmes sont étouffées, les mots dignes, courageux, émouvants mais précis pour évoquer la douleur qui accompagne depuis trois ans, au nord-est du Japon, chaque petite chose de la vie quotidienne.  Avec les priorités et les obsessions qui sont désormais les leurs : se protéger, protéger les enfants, se nourrir, comprendre... Chacun pose à sa manière la question fondamentale : vivre après la catastrophe nucléaire, est-ce vivre ?

    fukushima nettoyer l'inettoyable.jpgNettoyer "l'innettoyable"

    Est-ce vivre que de devoir rejeter à la mer, dès que pêchés, tous les poissons, trop contaminés pour être vendus et consommés, moyennant une indemnisation de Tepco, la compagnie électrique de la centrale de Fukushima ? Quel avenir pour la  pêche dans cette région du Japon ? Est-ce vivre que de devoir se balader partout avec son dosimètre, afin d'évaluer le taux de radioactivité de l'endroit où l'on se trouve ? Enfants, adultes, chacun le sien chez les Ota. La famille d'agriculteurs revenue dans la zone doit déjouer les pièges de la "peau de léopard", ces taches de radioactivité qui contaminent la nature pourtant si belle. En fonction des vents, de la  pluie, l'ennemi omniprésent mais invisible et inodore, s'est répandu inégalement sur le sol, la végétation, les maisons. Alors, à Fukushima, on s'efforce aussi d'enlever la radioactivité des terres, des arbres, des maisons, des rues, des trottoirs... Mais que faire des déchets, eux-aussi contaminés ? Est-ce vivre que d'être condamné, chaque jour, à nettoyer avec les moyens du bord l'"innettoyable" ? Comme ces prisonniers, condamnés à arracher chaque jour l'herbe invisible de la cour pavée d'un camp de travail.

    fukushima l'argent ne remplace pas.jpg "L'argent ne remplace pas ce qu'on a perdu dans le coeur"

     Est-ce vivre, quand on est agricultrice comme Mikiko Sato, que de revenir dans une propriété abandonnée, dont la terre en apparence inchangée est désormais incultivable ? Madame Sato, âgée d'une soixantaine d'années, pleure : "Le nucléaire, c'est un désastre inventé par l'homme. La sécurité absolue, c'est un mythe". Elle essuie des larmes, discrètes mais brûlantes : "On peut remplacer les choses matérielles avec de l'argent, mais pas ce qu'il y a dans le coeur et qu'on a perdu...[...] On a beau savoir que c'est dangereux, on a tellement de chagrin qu'on n'arrive pas à s'arracher du pays". Et encore : "Tepco est coupable, mais c'est surtout le gouvernement qui est coupable. Avec la course au profit qu'il a mené avec le nucléaire, il a vendu nos vies. Nous souffrons. Et pour longtemps."

    fukushima dosimètre.png"Ne pas avoir d'enfants"

     Est-ce vivre, pour une mère, que de devoir demander à ses filles, âgées de 17 et 24 ans, "de ne pas avoir d'enfants, et peut-être de ne pas se marier. Parce que certainement leur santé sera affectée plus tard..." ? Les dosimètres aux carrefours ou accrochés au cou des enfants renvoient sans cesse les habitants au "monstre invisible", comme ils disent, et aux particules tueuses qu'ils tentent de retenir en disposant de dérisoires bouteilles d’eau aux fenêtres, autour des parcs de jeux et des piscines... Est-ce vivre que de se demander tous les jours, quand on est institutrice :  "Il fait plus de 35 °C, peut-on laisser les enfants jouer dehors et se rafraîchir dans la pataugeoire ?". "On fait des contrôles réguliers, on apprend à vivre en décryptant les informations des médecins et les analyses médicales", confie une jeune mère de famille, en chuchotant, au bord des larmes : "Jusqu'à quand ? On est épuisé, tellement fatigué..."

     "Toutes les victimes de cet accident ne sont même pas encore nées"

    Watanabe ponctue les témoignages de paroles de spécialistes et d'experts, afin, dit-il, "d'analyser la réalité scientifique et médicale sur la contamination". Le sociologue Ulrich Beck, auteur de "La société" du risque" (1986), livre en contrepoint son éclairage. Trois ans après, les débris des dégâts du tsunami ont été plus ou moins déblayés. La contamination due à la radioactivité échappée de la centrale, elle, est encore là, pour des centaines d'années... Alors, pour Ulrich Beck, il faut  parler de"catastrophe nucléaire", à propos de Fukushima, car "c'est le genre d'événements [...] qui ont une "fin ouverte", ce sont des catastrophes illimitées dans le temps. [...] Nous avons du mal à appréhender le nombre de morts et de victimes que cela entraîne. [...] Plus de 25 ans après Tchernobyl, toutes les victimes de cet accident ne sont même pas encore nées.", analyse-t-il. La particularité d'une catastrophe nucléaire, c'est qu'elle est en cours. On ne vit pas dans l'après, mais avec et pour des centaines d'années.

    fukushima manif antinucleaire tokyo.jpg "Après tout, ce n'est que de l'électricité !"

    A 250 km de Fukushima, à Tokyo, Watanabe filme les Japonais qui manifestent  régulièrement en nombre contre le nucléaire depuis la catastrophe, et dénoncent le gouvernement qui, selon eux, "a abandonné les gens qui vivent dans les zones irradiées". Paroles de citoyens nippons qui ne croient plus dans le nucléaire et critiquent la "nucléocratie" : de vieilles dames anonymes, comme cette grand-mère qui se dit "prête à mourir" pour que le monde sorte définitivement du nucléaire, des parents avec leurs enfants, des écrivains, comme Kenzaburo Oê, prix Nobel de littérature. Ou encore ce musicien, qui s'écrie: "Garder le silence après Fukushima est une autre forme de barbarie !". Et qui s'étonne de l'absurdité qui consiste à accepter que l'on puisse sacrifier de la sorte des vies humaines :" Après tout, ce n'est que de l'électricité ! Il y a d'autres moyens de produire de l'énergie. L'atome est une aberration." 

    fukushima premier ministre.jpg"L'unique sécurité est de ne pas avoir de centrale nucléaire du tout"

    D'autres paroles encore. D'autres visages filmés par Watanabe, ceux de "décideurs", comme celui de Yoshihiko Noda, premier ministre japonais en exercice à l'époque de la catastrophe, dont les propos radicaux clôturent le film. "A propos du nucléaire, j'ai changé d'avis à 180°. Je suis un grand-père, j'ai des petits-enfants. [...]. La sécurité absolue n'existe pas. L'unique sécurité, c'est de ne pas avoir de centrale nucléaire." avoue-t-il, en brandissant la photo de son petit-fils.

    "La demi-vie"

    Alors, oui, depuis Fukushima, une partie des Japonais vit toujours, mais elle est enfermée dans l'absurdité d'une situation incontrôlable qu'elle subit sans l'avoir choisie.  Dans son livre "Fukushima, récit d'un désastre", Michaël Ferrier, l'écrivain français qui vit à Tokyo, nomme cette vie "la demi-vie" : " On peut très bien vivre dans des zones contaminées : c'est ce que nous assurent les partisans du nucléaire. Pas tout-à-fait comme avant, certes. Mais quand même. La demi-vie. Une certaine fraction des élites dirigeantes est en train d'imposer  une entreprise de domestication comme on en a rarement vu depuis l'avènement de l'humanité".

    Cathy Lafon

    FUKUSHIMA EN CHIFFRES

    • : c'est le niveau de gravité auquel est classé l'accident nucléaire de Fukushima, comme celui de Tchernobyl (Ukraine, 1986).  C'est le plus élevé sur l'échelle Ines (International Nuclear Event Scale).
    • 6.500 petabecquerels (PBq) : ce sont les rejets de gaz rares que la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi a relachés dans l'atmosphère, soit autant qu'à Tchernobyl.
    • 408 PBq : les émissions d'iodes radioactifs.58 PBQ : les émissions de césiums radioactifs.
    • 1.500 km2 : les sols fortement contaminés au Japon par la catastrophe, c'est à dire contenanant un dépôt de césiupm 137 supérieur à 300.000 Bq/m2.
    • 80% : la part des déchets radioactifs tombés dans l'océan. Il s'agit à la fois des eaux qui ont servi à refroidir les réacteurs et des retombées indirectes de poussières. 
    • 160.000 : le nombre de personnes évacuées qui n'ont pu réintégrer leur domicile. 220.000 habitants ont été déplacés au moment de l'accident.

    "Fukushima trois ans après" sur ARTE : 

    • "Le monde après Fukushima"documentaire de Kenichi Watanabe (Japon, 2012, 77 mn). ARTE, Rediffusions : mardi 18 mars à 9h55 et mercredi 2 avril à 1h15.

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  • Et si on allait bosser à vélo ? Une indemnité kilométrique pourra nous y inciter

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    Les salariés qui vont travailler à vélo pourront bénéficier d'une indemnisation à l'instar de ceux qui se déplacent en voiture. A condition que leur entreprise soit volontaire. Photo "Ma Planète"

    Le ministre des Transports, Frédéric Cuvillier, a dévoilé ce mercredi les 25 mesures d'un plan d'action en faveur du vélo et de la marche, facilitant la coexistence avec les voitures en milieu urbain et incitant à l'usage du vélo pour aller au travail.

    vélo en ville.jpgUne "indemnité kilométrique" vélo

    On estime que 3 millions de français utilisent le vélo en tant que mode de déplacement quotidien, et que 17 millions en font au moins une fois par semaine. Avec de tels chiffres, la France a un retard considérable par rapport à ses voisins européens, comme l'a a souligné Frédéric Cuvillier. Pour le rattraper et encourager les trajets domicile-travail, le plan prévoit notamment l'expérimentation d'une "indemnité kilométrique vélo" avec des entreprises volontaires. En effet, jusqu'à présent, l’usage du vélo ne bénéficie dans l'Hexagone d’aucun encouragement de cette sorte, alors que les frais de carburant peuvent déjà faire l’objet d’une prise en charge par l’employeur, à hauteur de 200 € annuels. Une véritable injustice à rattraper, car le vélo plus vertueux, génère des frais de réparation et d’entretien qui s’élèvent aussi en moyenne à 200 € par an. De plus, les cyclistes-travailleurs méritent bien d'être récompensés pour leurs efforts en faveur de la planète, tout particulièrement lorsqu'ils ne renoncent pas à leur vélo, même par temps de pluie... C'est à dire presque tous les jours depuis deux mois et demi !

    pollution air bordeaux velo.jpgBon pour la santé, la qualité de l'air, le climat et les économies d'énergie

    Pour être séduisante, l'idée n'est pas vraiment révolutionnaire. Un tel système existe en Belgique depuis 1999, où l'indemnité est fixée à 20 centimes d’euros par kilomètre. En France, le Sénat avait déjà adopté, le 12 novembre 2012, en première lecture, un amendement créant plusieurs dispositifs d’indemnisation pour les salariés qui roulent à vélo, dans le cadre du vote du Projet de loi de finances de la Sécurité sociale (PLFSS)...  La généralisation de cette mesure avec un abattement de charges incitatif pour les entreprises, pourrait coûter 110 millions d'euros aux comptes sociaux de l'Etat. Mais elle multiplierait aussi par 10 le nombre de trajets domicile-travail effectués en vélo. La dépense serait donc largement compensée, selon le ministère des Transports, par ses effets bénéfiques, en particulier sur la santé des cyclistes qui feraient de l'exercice et de tous les habitants, qui respireraient mieux. En outre, avec la diminution des émissions de CO2 et de la pollution de l'air, le climat ne s'en porterait que mieux... L'impact écologique de cette indemnité, calculée sur la base d'un barème de 25 centimes par kilomètre, sera évaluée par l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe).

    Faciliter et sécuriser l'usage du vélo 

    Parmi les autres mesures figurent l'interdiction de l'arrêt ou du stationnement des véhicules à 5 mètres en amont du passage piéton hors des places aménagées, et la généralisation du double-sens cyclable dans les rues où la vitesse est limitée à 30km/h. Les automobilistes seront officiellement autorisés à chevaucher une ligne continue pour dépasser les vélos si la visibilité le permet mais se garer sur une piste cyclable sera en revanche plus sévèrement puni, par une amende de 135 euros contre 35 euros actuellement. Les maires auront également la possibilité d'étendre (hors intersection) le régime transformant un feu rouge en céder-le-passage, afin d'éviter aux cyclistes de poser le pied à terre.

    train + velo.jpgTrain+vélo, ça doit être possible !

    Des objectifs de création de places sécurisées de stationnements pour vélos d'ici à 2020 seront par ailleurs fixés pour chaque grande gare en fonction de la fréquentation. Sur toutes les destinations des TER, la possibilité d'emport du vélo, même avec réservation, devra être accessible au minimum au moins dans deux trains par sens et par jour, et l'affichage de cette possibilité figurera désormais dans la réservation en ligne de la SNCF.

    Passer ses vacances à vélo, ça génère de l'emploi

    Le plan prévoit également de développer les itinéraires de loisir pour faire passer la part des séjours à vélo dans l'ensemble des séjours touristiques de 3% aujourd'hui à 6% en 2020. Une telle augmentation engendrerait "la création de 12.000 emplois touristiques et 2 milliards de chiffre d'affaires supplémentaire", a assuré Frédéric Cuvillier.

    baupin.jpg"Un point de départ, pas un point d'arrivée"

    Les associations engagées dans la réflexion sur la place du vélo pilotée par le ministre des Transports, aux côtés de parlementaires et de constructeurs, ont accueilli favorablement ces annonces, tout en appelant dores et déjà à les compléter. La Fédération des usagers de la bicyclette (Fub) "se félicite de ces premières mesures" et souhaite que "ce chantier national soit poursuivi et doté de moyens financiers conséquents". Pour le Club des villes et territoires cyclables, ces premières mesures "constituent les fondations d'une stratégie nationale et invitent à aller plus avant". Quant aux députés Denis Baupin (photo ci-dessus) et Alexis Bachelay, membres du Club des parlementaires pour le vélo, pour eux, ce plan "est un point de départ, pas un point d'arrivée". Pour le faire vivre, les élus se disent déterminés à inscrire dans la loi toutes les dispositions prévues.

    Le bon exemple de l'agglomération bordelaise

    tourne droite.jpgUn certain nombre d'agglomérations, dont Bordeaux, expérimentent déjà certaines de ces mesures, comme les tourne-à-droite aux feux, les garages pour vélo dans leur gare, ou encore les doubles-sens dans les zones 30. La Communauté urbaine de Bordeaux a même mis en place un service de gonflage de pneus gratuit pour les usagers dans son parking à vélos sécurisé de la gare Saint-Jean et son plan vélo prévoit de mettre en place une aide financière pour acheter un vélo pliant (jusqu'à 250 €) ou un vélo électrique (jusqu'à 300 €). Autant de bonnes pratiques qui devront désormais passer à la vitesse supérieure.

    Surtout, il faudra parvenir mettre en musique l'expérimentation de l'"indemnité kilométrique vélo" avec des entreprises volontaires. L'indemnité sera calculée sur la base d'un barème de 25 centimes le kilomètre. Le ministère espère que les grandes entreprises qui ont fait une place particulière au vélo dans leur plan de transport, rentreront dans l'expérimentation.

    Alors, des volontaires ?

    Cathy Lafon

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  • Transport : dans la région, cinq projets seraient suspendus à l'avenir de l'écotaxe

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    Le projet de tram sur pneus de l'agglomération bordelaise, sur le modèle de celui de la RATP (notre illustration), fait partie des projets qui seraient liés au sort de l'écotaxe. Photo archives AFP

    Selon une information exclusive donnée lundi 3 mars par "France info", au total, 120 projets de transports en commun, dont cinq dans la région, seraient actuellement liés au sort de l'écotaxe, suspendue au mois d'octobre dernier par Jean-Marc Ayrault.

    écotaxe1.jpgCes grands aménagements devaient en effet être financés en partie par les 450 millions d'euros de recettes prévus dans le cadre de la taxe verte reportée par le gouvernement, après avoir été contestée avec virulence par le mouvement des "Bonnets rouges" et les transporteurs routiers.

    450 millions d'euros en moins dans les caisses de l'Etat

    Les partisans du maintien de l'écotaxe avaient prévenu : reporter ou annuler cet impôt ne serait pas sans conséquence sur les aménagements des infrastructures de transports destinées à promouvoir les alternatives aux déplacements routiers, polluants et responsables de l'accroissement de l'effet de serre, et à améliorer les services de transport public rendus aux usagers. La liste que France info s'est procurée, récapitule tous les projets de lignes de tramway, de bus, métro ou navettes fluviales qui ont répondu à l'appel à projet du ministère des Transports l'an dernier et que l'Etat devait financer, dès cette année, en partie, grâce aux 450 millions d'euros de recettes de l'écotaxe. Depuis le report de celle-ci, suite au mouvement des "Bonnets rouges", ces projets dorment dans les cartons...

    Dans le grand Sud-Ouest, cinq projets d'infrastructures seraient ainsi en suspens  :

    La liste des projets suspendus au sort de l'écotaxe, publiés par France Info

     chausset.jpg"Un non-sens"

    En Gironde, Gérard Chausset, Vice-Président de la Communauté urbaine de Bordeaux, (CUB) en charge du transport de demain (EELV), se dit inquiet pour la réalisation de la ligne de tram sur pneus ou de bus à haut niveau de service, prévue dans l'agglomération bordelaise. L'élu de Mérignac rappelle que le principe de l'écotaxe, en gestation depuis cinq ans, doit permettre "à la fois de rationaliser les transports de marchandises (report modal et optimisation du transport routier), et de financer l’essor des transports collectifs urbains et interurbains".  Selon lui, la conséquence directe de l'annulation de l'écotaxe serait que la ligne du tram sur pneus (BHNS) entre Bordeaux-Centre, Caudéran et Saint Médard-en-Jalles se trouverait amputée d'une subvention de 10 à 15 millions d'euros.  "La politique actuelle sur les transports est un non-sens, fulmine l'écolo. On taxe le transport collectif, on exonère la route et on oublie le transport aérien (pas de taxe sur le kérosène), voire on l’encourage avec le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes". Il attend du gouvernement qu'il "mette enfin en place la taxe kilométrique pour les poids lourds empruntant le réseau routier national".

    clément rossignol614.jpg"Pas de quoi s'étonner..."

    Toujours en Gironde, Clément Rossignol, élu écologiste aux déplacements doux et aux mobilités alternatives à la voiture à la Communauté urbaine de Bordeaux,  s'étonne que l'on s'étonne de cette situation. Il rappelle que l’Agence de financement des infrastructures de transport de France (AFITF) a adopté le 6 février son budget pour 2014, en tenant compte du manque à gagner lié à la suspension de la taxe kilométrique poids lourds. C'est mathématique :  "Sur les 770 millions d’euros de recettes initialement prévus, l’État ne compense qu’à hauteur de 320 millions, laissant un besoin de financement de 450 millions", précise-t-il. Le manque à gagner de l'écotaxe a conduit l’AFITF à renoncer, pour 2014, à ses engagements concernant les investissements ferroviaires cruciaux pour la fiabilité des services voyageurs et fret. Ils ont dû être reportés, quitte à mettre en péril les efforts des Régions en faveur du développement des trains du quotidien. De même," les crédits liés au troisième appel à projets « transports collectifs en site propre » sont gelés, hypothéquant les projets de tramway, métro et bus en site propre de très nombreuses villes et territoires", conclut l'élu.

    Le grand Sud-Ouest est touché, mais des aménagements pour les vélos, des crémaillères, des liaisons par câble, des réalisations de lignes de tramway à Marseille, Strasbourg ou Nantes, de lignes de bus à Lille, Annecy ou encore Laval, et des navettes fluviales sont également en suspens, aux quatre coins de l'Hexagone. Bien sûr, cela ne signifie pas que tous ces projets soient annulés. A Marmande, en Lot-et-Garonne, le maire Gérard Gouzes se dit confiant et a déclaré à "Sud Ouest" que le projet intermodal se ferait coûte que coûte et sortirait de terre à temps.

    Les collectivités locales les plus pauvres auront néanmoins du mal à joindre les deux bouts pour mener à bien leurs chantiers. Quant à la réduction de la pollution atmosphérique urbaine, une fois de plus, elle peut attendre.

    Cathy Lafon

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