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Industrie - Page 162

  • Fukushima : nouvelles fuites d'eaux hautement radioactives... et nouveaux rats

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    Fukushima : inspection de l’AIEA en avril 2013  Photo AFP

    Fukushima continue d'accumuler les incidents.  Selon le site japonais "Fukushima Diary", de nouvelles fuites d'eaux radioactives se sont produites la semaine dernière sur le site de la centrale. Le réservoir n°2 a perdu 42 m³ d'eaux extrêmement radioactives pendant la nuit du 17 au 18 avril 2013. Et des rats ont à nouveau été découverts dans un transformateur, le lundi 22 avril au matin. L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) demande désormais au gestionnaire de la centrale de « revoir sa stratégie ».

    sécurité,fukushima,centrale nucléaire,fuites d'eau radioactive,tepco42 m3 d'eaux radioactives  manquants...

    Un changement significatif de niveau d'eau dans le réservoir n°2 a été observé par Tepco, pendant la nuit du 17 avril 2013 (photo Tepco DR ci-contre). Tepco, qui transvase l'eau extrêmement radioactive de ce réservoir n°2 vers la citerne H2 plus sûre, a dû interrompre cette opération de transvasement le 17 avril à 16 h 57. Elle a repris le 18,  à 9 h 47.  Mais, entre temps, le niveau de l'eau est passé de 707 m³ à 665 m³, et Tepco ne sait pas où sont allés ces 42 m³ manquants.

    sécurité,fukushima,centrale nucléaire,fuites d'eau radioactive,tepco... et le retour des rats

    Par ailleurs, selon l'AFP, Tepco a indiqué hier matin avoir relancé le système de refroidissement de la piscine de combustible usé du réacteur 2 qu'elle avait volontairement stoppé à cause de la découverte de deux rats morts dans un transformateur (photo DR Tepco, ci-contre), lundi, à 10h13 (01h13 GMT) Pour retirer ces corps et contrôler le matériel, il a fallu éteindre les système de refroidissement, à 11h36 (02h36 GMT), pour une durée d'environ trois à quatre heures.  «Après retrait des rats, contrôle du transformateur et confirmation qu'il n'y avait pas d'anomalie, nous avons remis en service le système de refroidissement à 15h48 (06h48 GMT)», a expliqué Tepco dans un communiqué, ajoutant qu'aucun autre problème n'avait été constaté par la suite.

    Eviter d'autres incidents futurs

    L'opérateur de la centrale de Fukushima a présenté,  mercredi 17 avril, un ensemble de mesures pour éviter que les incidents récents, fuites d'eaux radioactives à répétition et pannes électrique, ne se reproduisent dans le complexe atomique ravagé. Il veut éliminer les risques, empêcher les animaux de s'infiltrer dans les équipements et a commencé à transvaser vers des cuves sûres l'eau de réservoirs souterrains défectueux. «Nous avons senti la nécessité d'agir pour éviter que ne se reproduisent des incidents. Bien sûr nous aurions mieux fait de le faire plus tôt, et nous devons accélérer les procédés pour résoudre les lacunes et retards sur place», a déclaré le patron de Tokyo Electric Power (Tepco), Naomi Hirose, lors d'une conférence de presse.

    Précarité des dispositifs

    Le site de Fukushima reste extrêmement vulnérable, à la merci d'un nouveau séisme, mais aussi de dommages causés par l'intrusion d'animaux, comme des rongeurs ou des serpents. Tepco a lancé une campagne de recherche de «faiblesses» dans les équipements électriques pour le refroidissement des réacteurs et du combustible usé stocké dans des piscines de désactivation. Parmi ces failles, figurent notamment les câbles vitaux passant sous des matériels susceptibles de s'effondrer en cas de séisme, des câbles en pelote risquant de chauffer ou encore des trous par lesquels peuvent s'infiltrer des rats, souris ou autres petits animaux. Mi-mars, un rat avait causé un court-circuit et entraîné une panne de distributeurs d'électricité qui avait paralysé durant près de 30 heures une partie des systèmes de refroidissement des piscines de désactivation du combustible usé. Cet incident, sans doute le plus grave depuis que la centrale a été déclarée en état stable dit «d'arrêt à froid» mi-décembre 2011, a révélé la précarité des dispositifs actuellement en service dans le site nucléaire dévasté par le séisme et le tsunami du 11 mars 2011.Depuis, le gouvernement japonais a sommé Tepco de s'expliquer et de prendre les mesures nécessaires pour sécuriser les lieux.

    Le plan de Tepco, "tardif", est aussi insuffisant selon l'AIEA

    Présenté mi-avril, l'ensemble des mesures destinées à améliorer la sécurité du site est "tardif", comme le reconnaît Tepco lui-même.  Pas encore opérationnel, comme le montre cette nouvelle fuite d'eaux hautement radioactives et la découverte de nouveaux rongeurs dans le système de refroidissement d'une des piscines. Et pas suffisant, selon l'AIEA. A l’issue d’une mission de plusieurs jours dans le complexe atomique,  l'organisme international  souligne que « Tepco doit poursuivre ses efforts pour améliorer la fiabilité des systèmes essentiels, pour évaluer l’intégrité des installations et pour élever la protection vis-à-vis des risques extérieurs ».  Et qu'elle devra aussi revoir sa stratégie « pour améliorer la gestion des radiations issues du site, particulièrement celles créées par le stockage de l'eau radioactive accumulée».

    Cathy Lafon

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  • Sûreté nucléaire en France: "un nombre trop important d'anomalies", pour l'ASN

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    Le chargement du container de MOX, mercredi 15 avril, à Cherbourg. Photo AFP

    L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a présenté le 16 avril son rapport sur «L'état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2012 ».

    Avec un bilan plutôt mitigé pour Areva, le transport des matières radioactives et la sûreté des réacteurs d'EDF. Et, plus original, une invitation très claire de la part de son président, Pierre-Franck Chevet, à entrer dans la transition énergétique, pour anticiper l'arrêt des centrales vieillissantes...


    Présentation du Rapport 2012 de l'ASN 

    "Des déchets anciens stockés en vrac"

    Hasard du calendrier, c'est le 16 avril, le jour où la France convoyait sous haute surveillance dix tonnes de Mox, un combustible nucléaire hautement radioactif, entre l'usine Areva de Beaumont-Hague et le port de Cherbourg, que l'ASN présentait son rapport. Selon l'Autorité, le nombre d'incidents liés au transport de matières radioactives a doublé en 2012. Quant à la gestion par Areva, sur son site de retraitement de La Hague, du planning de reprise des déchets anciens, l'ASN note qu'ils sont «stockés en vrac, sans conditionnement définitif». La gestion d'Areva, elle, a « dérivé ».

    Le Mox d'Areva repart vers le Japon

    Composé de plutonium et d'uranium, le Mox est issu du retraitement de déchets nucléaires opéré dans l'usine de la Hague (Manche). En dépit des manifestations des opposants écolo, Areva va recommencer à expédier  par la mer cette cargaison à très haut risque vers le Japon, alors que seules deux centrales nucléaires ont redémarré depuis la catastrophe de Fukushima, en mars 2011.

    "A la demande de la France"

    Du Mox, donc. Un cadeau pour le moins embarrassant pour l'Empire du soleil levant. Mais comme n'importe quel quidam dont les poubelles ne seraient plus vidées par le service de collecte de sa commune depuis plusieurs mois, Areva est débordée par ses déchets "encombrants". Sauf que, en l'occurrence,  les déchets de l'industrie nucléaire retraités et stockés à La Hague et qui n'ont pas pu être envoyés au Japon depuis deux ans, sont un zeste plus dangereux que ceux d'un Français moyen. Pas vraiment enthousiaste, le client d'Areva, la compagnie japonaise Kansai Electric Power, a précisé dans un communiqué que « l'envoi de combustible se faisait à la demande de la France, qui cherche à mettre fin à son stockage prolongé », mais que son « utilisation restait encore incertaine ». Prévu initialement en 2011, ce type de transport que contrôle l'ASN (photo ci-dessus) avait été retardé après la catastrophe de Fukushima.


    Contrôle n°193 : le transport des substances... par ASN_Publications

    "Une ingérence de la France inacceptable"

    Ce qui fait dire à  Sébastien Blavier, chargé de campagne énergie pour Greenpeace France que  «l'ingérence de la France est inacceptable : elle livre au Japon du Mox pour le forcer à redémarrer ses réacteurs ». Par ailleurs, ce combustible dangereux devra être stocké pour un temps indéfini sur le site de la centrale. Alors, on peut se poser la question  : est-ce bien raisonnable ?

    "Un nombre trop important d'anomalies" dans les 58 réacteurs d''EDF

    Pour revenir à nos moutons nucléaires français, le bilan de l'autorité de contrôle est « globalement assez satisfaisant ». Pas terrible pour un secteur comme celui de l'atome,  qui doit se réclamer de l'excellence. Le satisfecit des sages est pour le moins mitigé, car l'ASN pointe, notamment, « un nombre trop important d'anomalies » dans les 58 réacteurs exploités par EDF. L'an passé, toutes activités nucléaires confondues, 1.822 « événements significatifs » ont été déclarés. Les chiffres sont en augmentation par rapport à 2011, pour les installations nucléaires de base (+ 7 %) comme pour les sources médicales et industrielles (+ 11 %).

    fessenheim afp.jpg"Anticiper la transition vers de nouveaux moyens de production d'électricité"

     Évoquant le débat en cours sur la transition énergétique, le président de l’ASN, Pierre-Franck Chevet, a rappelé qu’une anomalie générique pourrait conduire l’ASN à exiger l’arrêt simultané de plusieurs réacteurs. « Il faut que le système électrique français dispose de marges pour faire face à cette situation plausible ». « Il faut aussi prendre en compte le fait que les centrales nucléaires ont une durée de vie limitée, dont la prévision est difficile et qui ne sera pas nécessairement la même pour tous les réacteurs. Il est donc important d’anticiper la transition vers de nouveaux moyens de production permettant de couvrir la demande d’électricité future » a ajouté le sage des sages du nucléaire.

    "Impliquer les parties prenantes dans l'élaboration des décisions"

     « La transparence est une obligation fondamentale d’une Autorité de sûreté. Cela ne suffit pas : il faut susciter les débats avec l’ensemble des parties prenantes et promouvoir leur implication dans l’élaboration des décisions » a-t-il conclu.

    Cathy Lafon

    PLUS D'INFO

    • Rapport 2012 de l’ASN : " L’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France" : cliquer ICI 
  • Fiscalité écologique et pollution : le diesel en ligne de mire

    pollution air bdx7029.jpg

    Dangereux pour la santé par ses émissions de particules fines, le diesel, moins taxé que l'essence, est aussi moins cher à la pompe, alors qu'il pollue pourtant davantage. Mis en place par le Ministère de l'Ecologie, le Comité permanent pour la fiscalité écologique doit adopter aujourd'hui un avis préconisant l'équilibrage de la fiscalité du diesel et des supercarburants.

    diesel prix à la pompe.jpg60 % des véhicules français roulent au gazole

    En France, près de 60 % du parc automobile est équipé de moteurs diesel et la part du gazole dans le total des consommations de carburants dépasse 80 , contre moins de 70% au sein de l'Union européenne. Or, un litre de gazole émet plus de particules d'oxyde de gazole (Nox) et de particules fines en suspension qu'un litre d'essence. Ces émissions sont responsables chaque année de plus de 42.000 morts prématurées, et selon l'OMS, les gaz d'échappement des moteurs diesel sont des "cancérogènes certains". Or en France, le gazole est taxé à 49 %, alors que l'essence sans plomb 95 l'est à 56 %. C'est l'écart de taxation le plus élevé de l'UE : il s'élève à 17 centimes par litre contre 12 centimes dans les autres pays.

    batho 2013.jpgUne partie du gouvernement freine...

    Le Comité (composé de représentants de l'Etat, des associations et des entreprises) devrait conclure que "la réduction progressive de l'écart de taxation entre le gazole et l'essence est justifié sous l'angle environnemental." Ce qui rejoint le point de vue de Delphine Batho, la ministre de l'Ecologie. Mais à quel rythme ? Rien n'est prévu pour 2013 et 2014 sur le diesel. Le calcul de Bercy est simple: en période de crise économique pour les Français et industrielle pour l'automobile, vouloir augmenter le prix à la pompe du carburant utilisé par 60 % d'automobilistes, en terme de popularité, ce n'est pas une bonne idée. Quant au ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourgil a déjà estimé il y a quelques semaines que le débat sur le diesel était "clos", excluant de fait des mesures dans le budget 2014.

    .... et les écologistes poussent à la roue

    Comme on peut s'y attendre, les écologistes sont d'un avis différent. Pour eux, cela revient à évacuer les questions sanitaires, environnementales et industrielles et cela prive l'Etat de recettes. Pour France Nature Environnement (FNE), alourdir la fiscalité sur le gazole permettrait à l'Etat de faire rentrer dans ses caisses entre 3 et 10 milliards d'euros. Le même constat est effectué aussi par la Cour des comptes qui, dans un rapport rendu public début mars, a évalué à 7 milliards d'euros le manque à gagner pour les caisses de l'Etat, le système de fiscalité actuel. La Cour avait préconisé "un alignement progressif", également souhaité par Delphine Batho, conjugué à des mesures d'accompagnement pour les automobilistes. Le gain serait précieux pour le gouvernement qui s'est engagé à financer avec de nouvelles recettes fiscales écologiques le crédit impôt compétitivité. Pour la Fondation Hulot, l'industrie automobile doit muter et abandonner le diesel, qui n'est pas le carburant de l'avenir, comme le souligne Mathieu Orphelin.

    YANNICK JADOT.jpgDes recettes fiscales pour reconvertir le vieux parc diesel 

    Yannick Jadot, député européen EELV, qui fait partie du comité pour la fiscalité écologiste, milite lui aussi comme de juste, pour une hausse des taxes sur le gazole. Pour ne pas pénaliser financièrement les automobilistes, il  propose lui aussi un alignement progessif sur quatre ans de la fiscalité du diesel sur celle de l'essence : en 2017, les taxes seraient égales.  Comme il l'explique dans le quotidien le Parisien du 17 avril, selon lui, ce serait 1,2 millards d'euros par an de recettes fiscales supplémentaires qui pemettraient de financer la reconversion du vieux parc diesel. Ajouté au bonus écologique, cela pourrait se traduire par 3.000 € à 5.000 € d'aide à l'achat d'un véhicule neuf, répondant à la nouvelle norme Euro6 sur la polluton, en émettant moins de 90 g/CO2 par an.

    "Relancer la compétitivité d'industrie automobile"

    Pour l'eurodéputé, c'est aussi l'occasion ou jamais de sortir de ce qu'il appelle "l'exception française" du diesel. "Sortir" du diesel, permettra, selon lui, de relancer l'industrie automobile française en faisant évoluer son modèle vers la conception de véhicules aux moteurs à essence et hybrides essence/électrique plus propres, plus efficaces et moins polluants. Conformément aux attentes du marché international. Car nos véhicules diesel, l'Europe et le monde n'en veulent plus. Et c'est la Chine qui vend aujourd'hui aux grandes capitales européennes leurs bus les moins polluants...

    pot d'échappement diesell.jpg100 millions d'euros d'amende et 240.000 euros de pénalité par jour de retard...

    Le dépassement récurrent des seuils de pollution de l'air place la France en situation de contentieux européen pour 15 zones, dont Bordeaux, concernant les émissions de particules fines et pour 28 zones, concernant le dioxyde d'azote. Le pays est passible d'une amende de 100 millions d'euros dès 2016, s'il ne parvient pas à diminuer ces taux de pollution. Le contentieux européen sur le dépassement des émissions de microparticules est déjà très avancé et il n'y a que peu de chances pour qu'on y échappe. Cela pourrait se traduire non seulement par une amende mais surtout par des pénalités pour chaque jour de retard jusqu'à ce que les normes de la qualité de l'air soient respectées  Le montant pourrait être de 240.000 euros par jour. De plus, un autre contentieux est annoncé, cette fois-ci pour les dépassements de dioxyde d'azote...

    Rééquilibrer la fiscalité du diesel, un choix "gagnant-gagnant" ?

    Choisir de hausser progressivement la fiscalité du diesel pour l'aligner sur celle de l'essence obéit à un tout autre calcul que celui du gouvernement : il inclut le financement de la réorientation de la filière automobile française, qui à terme, peut recréer de l'emploi qualifié et peu délocalisable. Et il permet aussi à la France de réduire sa facture de pollueur de l'air. D'un point de vue écologique, c'est donc un choix "gagnant-gagnant".

    Cathy Lafon

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