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Catastrophe naturelle - Page 44

  • Fil vert. Japon : parlementaires et société civile contre le redémarrage des centrales nucléaires

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    Yoshihiko Noda, Premier ministre japonais DR

    En prévision du pic de demande d’électricité pour cet été, cela fait plusieurs semaines que le Premier ministre japonais envisage le redémarrage des réacteurs du Japon, arrêtés pour vérifications post-Fukushima. Mais le gouvernement japonais continue à se heurter à la franche opposition  des élus et de la population.

    La pétition des parlementaires japonais

    Près d’un tiers de parlementaires japonais de la majorité ont signé une pétition pour demander au Premier ministre Yoshihiko Noda la plus grande prudence quant au redémarrage de réacteurs nucléaires à l'ouest du pays (site d'Oi)  selon le site d'information TVNZ.  "Les sondages montrent clairement que la majorité de la population pense que nous pourrons survivre cet été en économisant de l’énergie et en la distribuant mieux au sein des régions", indique la pétition. " Nous vous conseillons vivement de prendre en considération les divergences existantes au sein du parti, les désaccords de la population ainsi que les sentiments des 160.000 victimes de la catastrophe, et de faire preuve de plus de prudence quant à la décision de redémarrer ces réacteurs". Un ancien ministre chargé de la stratégie, Datoshi Aria, qui soutient aussi la pétition parlementaire affirme de son côté que les deux réacteurs d'Oi évoqués par le gouvernement pour être remis en fonctionnement,  ne réunissaient pas les conditions pour leur redémarrage.

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    Et pendant ce temps-là, Fukushima continue de menacer l'environnement et la santé de la population.

    L'état d'urgence du réacteur 4

    Selon le Monde du 8 juin, les bâtiments des réacteurs numéros 2 et 3 de Fukushima Daichi restent difficilement accessibles, l'état du combustible dans les réacteurs incertains et les dégagements radioactifs se poursuivent. Mais ce qui inquiète le plus les experts, c'est la piscine du réacteur 4, remplie de 1.535 barres de combustible, usagé ou non. Elle repose aujourdhui sur une structure gravement endommagée et fragilisée par l'explosion d'hydrogène survenue le 15 mars 2011. Beaucoup redoutent désormais l'effondrement de ce qui reste du bâtiment en cas d'un nouveau séisme important ou de l'interruption de son système de refroidissement. Or, le 6 juin, l'exploitant Tepco a annoncé un problème au niveau d'une des deux pompes de son système de refroidissement du combustible, heureusement résolu. Mais, pour un ancien haut responsable du département américain de l'énergie, Robert Alvarez, une exposition à l'air de ces barres serait catastrophique et provoquerait une réaction "impliquant une quantité de césium 137 dix fois supérieures à celle de Tchernobyl". Toutes les substances radioactives se répandant dans l'atmosphère, le scénario du pire entrainerait l'évacuation de Tokyo... Selon Bernard Bigot, administrateur général du Commissariat à l'énergie atomique (CEA), libérer la piscine du réacteur 4 est un "sujet majeur".

    70 % des Japonais veulent réduire leur dépendance au nucléaire

    Ce dernier événement ne peut que conforter les Japonais dans leur hostilité au redémarrage de leurs centrales nucléaires : 3.000 d'entre eux ont défilé à Tokyo le 6 juin contre la relance des réacteurs, avec le Prix nobel de littérature, Kenzaburo Oé, et le même jour, les victimes des bombardements d'Hiroshima et Nagazaki ont demandé au gouvernement de renoncer au nucléaire. Un sondage récent réalisé par le Pew Research Center (Washington) montre que 70 % des Japonais souahitent voir le Japon réduire sa dépendance au nucléaire.

    Cathy Lafon

    A CONSULTER

  • Le Japon à l'ère post-nucléaire

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    Demain, les 54 réacteurs nucléaires du Japon seront tous à l'arrêt. Dans la soirée du 5 mai, l'électricien Hokkaido Power va en effet stopper pour maintenance la tranche n° 3 de la centrale de Tomari, au nord de l'archipel : pour la première fois depuis 1965, l'Empire du soleil levant passera sa première nuit sans énergie nucléaire.

    Le nucléaire, plus d'un quart de l'énergie électrique japonaise

    Au Japon, avant la catastrophe de Fukushima du 11 mars 2011, la part de l'électricité d'origine nucléaire représentait 27,4 % de l'énergie électrique. Samedi 5 mai, avec l'arrêt du réacteur de Tomari, qui avait été le premier réacteur japonais à être relancé en août 2011 après Fukushima, les 54 réacteurs auront tous été stoppés les uns après les autres pour inspection, travaux de maintenance ou accidents. Les populations locales étant opposées à tout redémarrage, les autorités qui ne veulent pas passer en force n'autorisent plus les exploitants producteurs d'électricité à relancer l'exploitation des sites nucléaires. Et le Japon a dû apprendre en un temps record à vivre, travailler et produire sans nucléaire, en compensant l'absence d'un quart de son électricité.

    Sans nucléaire, le Japon continue à vivre

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    Le Japon recourt aux lampes à LED, qui permettent de réduire la consommation d'électricité de 50 % par rapport aux lumières habituelles. Ici, des lampes installées sur le toit d'une gare à Tokyo YOSHIKAZU TSUNO/AFP

    La vie sans nucléaire du Japon s'organise, sans un retour au Moyen-Age, avec notamment une remise en exploitation des centrales thermiques, qui produisent plus des deux tiers de l'électricité du pays, mais aussi avec une reprise importante des importations d'energies fossiles, qui ont augmenté pour le pétrole et du gaz naturel liquéfié de 11,6 %, d'avril 2011 à mars 2012. Les consommateurs, habitants et entreprises, ont aussi réduit fortement leur consommation d'électricité. Ainsi, l'été dernier, saison chaude où la demande est à son maximum au Japon avec une climatisation omniprésente, le pays a réussi à baisser sa consommation de 10 %. Dans les immeubles, l'intensité des lumières avait été baissé et la température des climatiseurs relevée. Les ascenseurs fonctionnaient en alternance, des escalators étaient arrêtés, et les industriels avaient décalé les horaires de travail, afin de ne pas peser sur les heures de pointe du réseau électrique, aux heures de grande chaleur.  

    Le bras de fer du gouvernement avec l'opinion japonaise

    Les économies d'énergie sont toujours à l'ordre du jour, mais l'été dernier, le nucléaire produisait alors encore 11 % de l'électricité japonaise. Craignant des pénuries d'électricité pour l'été 2012, le gouvernement japonais voudrait relancer deux réacteurs fin juillet, dans l'ouest de l'archipel. Derrière les risques de pénurie d'électricité, sur lesquels le gouvernement communique largement pour tenter de gagner l'opinion publique au redémarrage du nucléaire, il y a aussi le refus des autorités d'entériner ce qui passe aujourd'hui dans le pays pour une victoire des anti-nucléaires et de la part des industriels, la dure réalité de l'impact des hausses du coût de l'énergie.

    Le recours aux énergies renouvelables

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    Eolien, photovoltaïque, géothermie... le Japon se tourne vers les énergies renouvelables. Photo DR

    Dès le lendemain du 11 mars 2011, le Japon a relancé ses énergies renouvelables. Mais la conversion du nucléaire au renouvelable ne se fait pas sur un claquement de doigt. Le Japon a cependant entrepris de valoriser rapidement son potentiel dans ce domaine. Avec un sous-sol volcanique très actif,  le Japon est naturellement une gigantesque source géothermique, avec un potentiel équivalent à une vingtaine de tranches nucléaires (23.000 mégawatts de puissance électrique). Or la géothermie ne représentait que 0,2 % de l'électricité du pays et à peine 2,5 % du potentiel géothermique estimé. Pourtant, cette énergie est propre en CO2 et moins chère que le solaire et l'éolien, aussi le gouvernement veut-il la développer. 142 millions d'euros ont ainsi été débloqués par le ministère de l'industrie pour subventionner la prospection de sources dans le pays. Enfin, d'ambitieux projets d'éoliennes flottantes et de centrales photovoltaïques mis en chantier dans un temps record, devraient être rapidement opérationnels.

    En Europe, l'Autriche a dit "non" au nucléaire et "oui" aux énergies renouvelables

    Vivre sans nucléaire, c'est possible. Le Japon l'expérimente dans la douleur et un pays européen se passe déjà aujourd'hui du nucléaire pour son électricité. L'Autriche a dit non au nucléaire par référendum en 1978.  La puissance manquante avec l'arrêt du programme électronucléaire a été compensée en Autriche par l'ouverture de deux centrales thermiques et par l'exploitation de sa richesse en énergie hydraulique. 70 % de l'électricité autrichienne provient de sources renouvelables, un chiffre appelé à augmenter puisque le pays s'oblige à élargir ses parcs éoliens et photovoltaïque à hauteur de 1 % de l'énergie produite par an. Enfin, le pays a décidé de devenir un pays totalement sans nucléaire, avec un engagement volontaire des fournisseurs d'électricité de ne plus se procurer d'électricité nucléaire importée pour leurs clients, un étiquetage de l'électricité nucléaire d'ici au 1er janvier 2013 et une meilleure efficacité énergétique, notamment dans les bâtiments de son territoire.

    Rester dans l'ère post-nucléaire. Ou pas

    Au Japon, traumatisé par la double catastrophe majeure, naturelle et nucléaire, de Fukushima, la sortie du nucléaire est d'une grande brutalité et la transition énergétique loin d'être achevée. Pour passer définitivement à l'ère post-nucléaire, le Japon devra faire évoluer des solutions temporaires en solutions alternatives pérennes en réorientant ses choix de développement technologiiques. Compte tenu des crises économiques, sociales, écologiques et énergétiques à l'oeuvre aujourd'hui dans le monde qui doit préparer l'après-pétrole et parvenir à maîtriser le réchauffement climatique en diminuant ses émissions de gaz à effet de serre, le Japon est aujourd'hui observé à la loupe. Notamment par les pro et anti-nucléaires. Le Japon se serait bien passé de jouer dans l'urgence ce rôle de laboratoire vivant de la transition énergétique. En témoigne le refus actuel de ses habitants de relancer les réacteurs nucléaires de leur pays, dont le message est "plus jamais ça". Le pays fera-t-il pour autant le choix de renoncer définitivement au nucléaire ? Pour le gouvernement japonais, la question semble toujours ouverte.

    Cathy Lafon


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  • Sécheresse. Après le beau temps, que vienne enfin la pluie !

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    En Dordogne, les pêcheurs évitent les cours d'eau secondaires, où l'eau manque. En période de fraie, la vigilance est accrue. Photo Sud Ouest / Arnaud LOTH

    Les vacances d'avril sont enfin là et la plupart d'entre nous aspirent à pouvoir profiter de quelques jours de repos bien mérité, au soleil et au sec. Cette soif de beau temps bien compréhensible n'est pas sans culpabiliser l'écolo de base... Car près de huit nappes phréatique sur dix affichaient en France au 1er avril un niveau "inférieur à la normale", selon le relevé mensuel du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). Ce qui était déjà le cas au 1er mars.

    25 % de précipitations en moins

    Si le mois d'avril nous semble plutôt frais et pluvieux, janvier, février et mars 2012 ont été marqués par une sécheresse hivernale remarquable qui a fait suite à un automne 2011 déjà très sec sur la quasi totalité du territoire, à l'exception de la région Provence-Alpes-Cote d'Azur : de septembre 2011 à mars 2012, les précipitations ont été inférieures de 25 % par rapport à la normale, selon Météo France.

    Pour le BRGM, au  1er avril, l'état de remplissage des nappes souterraines "se maintient très majoritairement sur des valeurs inférieures, voire très inférieures à la normale". Ce remplissage est qualifié de "très inférieur à la normale pour 30 % des points suivis" et "inférieur à la normale pour 59 %". Il est le résultat d'une pluviométrie très inférieure à la normale au cours de la période dite de recharge, c'est à dire de septembre à mars, avant que  la végétation ne repousse. Au-delà du déficit récurrent de précipitations depuis des mois, le BRGM précise aussi que "cette situation est le résultat de plusieurs années de déficit pluviométrique".

    Une grande partie du Sud-Ouest au régime sec

    "C'est le cas sur la plus grande partie du Bassin Parisien, sur le secteur du Rhône et dans le Sud-Ouest", souligne le BRGM, pour lequel, si elle n'est pas encore "catastrophique", la situation devient franchement "préoccupante". L'expression risque de tourner rapidement au doux euphémisme, car la dite-situation s'est dégradée par rapport au précédent état des lieux, qui indiquait qu'environ 80% des aquifères français affichaient au 1er mars un niveau de remplissage inférieur à la moyenne : au 1er avril, ce sont désormais 89 % des ressources souterraines en eau qui sont dans ce cas, sur le territoire métropolitain. Dans la région, les nappes alluviales de la Garonne aval sont touchée, de même que la Dordogne. Seule exception, le bassin Adour-Garonne, où les eaux de remplissage sont "proches de la normale".

    L'Europe a soif

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    En Espagne, la campagne se désespère. Comme ici en Aragon, où Fernando Regano, agriculteur à Sarinena, un village de la province aragonaise de Huesca, n'a pas vu une goutte de pluie depuis ocobre. Photo AFP

    En Europe, c'est du jamais vu. l'Espagne, le Portugal et le Royaume-Uni, où la situation n'a pas eu d'équivalent dans le dernier demi-siècle écoulé, sont aussi sévèrement touchés par la sécheresse. Londres a même envisagé des mesures de restriction d'eau, afin de pouvoir traverser cet été sans rupture d'alimentation en eau la période à haut risque des Jeux Olympiques, qui se traduit par un afflux massif de population et donc un accroissement des besoins en eau. Sur l'ensemble de la France, il faut remonter à 1989 pour voir un niveau de précipitation plus bas au cours de cette même période, avec un écart de 29 % par rapport à la moyenne.

    Le gouvernement a réuni le jeudi 12 avril un comité de suivi, pour prendre des mesures préventives, notamment pour l'agriculture. La plus grande vigilance est demandée aux Préfets, qui feront un point de situation dans un mois. La situation actuelle n'est pas forcément synonyme d'été catastrophique pour l'agriculture. Tout va dépendre du taux de précipitation des semaines à venir. Mais, même avec des pluies abondantes, les réserves d'eau ne se referont pas à hauteur des besoins : la végétation qui pousse absorbe la plus grande partie du précieux liquide qui tombe du ciel. On s'achemine à coup presque sûr vers une pénurie d'eau cet été. Ce qui reposera une fois de plus la question des méthodes d'irrigation de l'agriculture, en France et en Europe.

    Dans un contexte global de réchauffement climatique, parvenir à mieux gérer la ressource en eau en l'économisant et en la partageant, est un objectif d'une actualité toujours plus brûlante.

    Cathy Lafon

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