Pourtant on y met du nôtre, pour trier nos pots de yaourts, barquettes, films souples et autres sacs plastiques avant de ne mettre que les déchets plastiques "adéquats" dans des bacs jaunes, gris, ou bleu, selon l'endroit où l'on habite. Mettre tous les plastiques dans les bacs nous simplifierait bien la vie et permettrait aussi de récupérer davantage de plastique. Mais voilà : cela compliquerait aussi sérieusement la tache des centres de tri tricolores, encore peu adaptés. Voilà pourquoi, en France, seuls 23% de l'ensemble des déchets plastiques sont recyclés, après le tri. Parmi les restants, 60% sont incinérés ou enfouis avec les autres déchets ménagers. Or une bonne partie de ces plastiques sont recyclables et permettraient de refaire des barquettes mais aussi des sacs poubelle ou des tuyaux...
La France, mauvaise élève de l'Europe
Avec un taux de recyclage de 23% des emballages ménagers plastique, la France fait moins bien que ses proches voisins européens. L'Hexagone a choisi de se limiter aux bouteilles et flacons, qui représentent 40% des emballages plastique et actuellement, seul un flacon sur deux est recyclé. Pas terrible. Tel est le premier bilan de l’expérimentation pilotée depuis 2012 par Eco-Emballages et impliquant 51 collectivités et 3,7 millions de Français.
Elargir la collecte à tous les emballages plastiques
Que faire ? L’éco-organisme présentera fin mars son « plan » pour développer le recyclage des plastiques, a indiqué à l’AFP son directeur général, Eric Brac de la Perrière. Le projet serait donc à terme d’élargir la cible en collectant tous les emballages plastiques, comme aux Pays-Bas ou en Allemagne, tout en travaillant avec les industriels pour améliorer, en amont, la recyclabilité des emballages et, en aval, leur valorisation. Dans les collectivités participant à l’expérimentation, comme le département du Gers, le poids des emballages plastique collectés est passé à 7,6 kg par habitant et par an contre 5,9 kg auparavant (sur les 17,1 kg d’emballages ménagers plastique mis sur le marché), indique Eco-Emballages.
L'épineuse question des centres de tri
Côté collecte, pas de souci: les bacs existants sont suffisants pour accueillir ces plastiques supplémentaires. Un blocage important apparaît en revanche dans les centres de tri, où arrivent les emballages usagés pour être dispatchés selon les matériaux (acier, aluminium, carton, plastiques…). Ces centres ne sont globalement « ni dimensionnés, ni organisés » pour traiter les nouveaux plastiques, plus souples et plus petits, constate le patron d’Eco-Emballages. Seuls 15% d’entre eux, selon lui, réussissent à trier ces plastiques à un coût et une qualité permettant d’être rachetés par les recycleurs. En ralentissant le tri et en nécessitant davantage de main d’oeuvre, les coûts de traitement des nouveaux plastiques doublent: ils s’élèvent à 1.600 euros la tonne en moyenne contre 800 euros pour les bouteilles et flacons, assure l’éco-organisme.
Quel avenir pour le tri en France ?
Plastique, papier, verre... Le tri des déchets n'a pas fini de faire parler de lui. Concernant le plastique, le débat fait rage : faut-il moderniser les centres existants? En bâtir de nouveaux ultra-modernes? Ou créer deux niveaux de tri, en laissant aux collectivités locales un tri simplifié et en confiant à quelques centres très spécialisés le soin de séparer les résines?
Autant de questions qui seront au coeur d’une étude que rendra prochainement
l’Ademe sur l’avenir du tri à l’horizon 2030. Qui n'oubliera vraisemblablement pas de rappeler que le meilleur déchet est encore celui qu'on ne recycle pas, parce qu'on ne le produit pas...
► EN SAVOIR PLUS
En France, nous utilisons près de 300 sacs plastiques par an et par habitant. 230.000 tonnes sont recyclées sur plus d’un million de tonnes d’emballages en plastique mises sur le marché chaque année en France.