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  • Pollinisation des cultures : mais où sont les abeilles ?

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    Abeille à miel. Photo extraite du documentaire de Markus Imhooh, "Des abeilles et des hommes", DR

    L’Europe affiche un lourd déficit de 13,4 millions de colonies d’abeilles. Environ 7 milliards de ces petites ouvrières des champs manquent à l'appel pour correctement polliniser ses cultures, estiment des chercheurs de l’Université de Reading (Royaume-Uni), dans une étude récente publiée par la revue en ligne "PLOS ONE".

    La faute aux agrocarburants

    Selon les conclusions de l’étude publiée mercredi dernier, la faute en revient au développement des cultures oléagineuses notamment utilisées dans les agrocarburants, qui ont accru les besoins de pollinisation cinq fois plus vite que le nombre de colonies d’abeilles entre 2005 et 2010. D’où aujourd’hui, une situation de déficit: « l’Europe a seulement deux tiers des colonies d’abeilles dont elle a besoin », indiquent les auteurs. Dans la moitié des 41 pays étudiés, « il n’y a pas assez d’abeilles pour polliniser correctement les cultures, notamment en France, en Allemagne, au Royaume Uni et en Italie », précisent les chercheurs.

    La Grande-Bretagne en manque grave

    Le cas de la Grande-Bretagne est particulièrement préoccupant avec moins d’un quart des abeilles nécessaires à la pollinisation. En France et en Allemagne, c'est un poil mieux : entre 25 et 50% des colonies d’abeilles nécessaires sont présentes. Du coup, soulignent les scientifiques, l’agriculture est de plus en plus dépendante des pollinisateurs sauvages (bourdons etc), des espèces qui peuvent se révéler vulnérables, notamment dans le cas de monocultures.

    Mieux protéger les pollinisateurs sauvages

    Décidément, les agrocarburants n'ont pas que des mérites. Très critiqués par les écologistes qui estiment qu'ils remplissent les réservoirs des voitures avec de la nourriture, et aboutissent surtout à faire progresser la faim dans le monde tout en polluant gravement l'environnement, les carburants verts ont "pour   conséquence imprévue de nous rendre plus dépendants des pollinisateurs sauvages", relève Tom Breeze, l’un des auteurs de l’étude. Selon son collègue Simon Potts, "nous allons vers une catastrophe à moins d’agir maintenant: les pollinisateurs sauvages doivent être mieux protégés".

    50 à 90% des abeilles ont disparu

    Ce phénomène vient se rajouter au désastre écologique du déclin des abeilles, raconté par Markus Imhooh  dans le documentaire animalier "Des abeilles et des hommes". En février dernier, le cinéaste suisse lançait l'alerte : combien de temps encore à vivre pour l'Apis mellifera (l'abeille à miel), arrivée sur Terre 60 millons d'années avant nos premiers ancêtres ? Selon les régions du monde, entre 50 % à 90 % des abeilles ont disparu en une quinzaine d'années de la surface du globe. L'espèce a totalement disparu de Chine. Cette épidémie, d'une violence et d'une ampleur phénoménale se propage de ruche en ruche, sur toute la planète. L'hécatombe a partout le même scénario : par milliards, les abeilles quittent leurs ruches pour ne plus y revenir.

    Les origines de l'hécatombe

    Les causes de l'origine du déclin des abeilles mellifères sont multiples : les pesticides et les médicaments employés pour les combattre, les parasites tels que le varroa, les virus, la multiplication des émissions électromagnétiques qui perturbent les nanoparticules de magnétite présentes dans l'abdomen des abeilles... Il semble qu'une combinaison de tous ces agents détruise les défenses immunitaires des abeilllles. L'Europe et certains de ses Etats membres, dont la France, qui a déjà interdit le Cruiser OSR le 29 juillet 2012, ciblent les pesticides. La Commission européenne pourrait interdire l'utilisation de certains pesticides après les conclusions inquiétantes rendues le 16 janvier 2013 dernier par l'autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) sur leur impact létal pour les abeilles.

    "Il y a une déconnexion entre les politiques environnementales et agricoles en Europe: les agriculteurs sont encouragés à cultiver des oléagineux, mais il n’y a pas suffisamment de réflexion sur la manière d’aider les insectes à assurer la pollinisation", conclut Simon Potts. Dont acte.

    Cathy Lafon avec l'AFP

    LIRE AUSSI 

    A VOIR

    • "Des abeilles et des hommes". Documentaire, 20 février 2013. Réalisé par :Markus IMHOOF. Durée : 1h32. Pays de production : Suisse. Titre original : More Than Hone. Distributeur : Jour2Fête
  • Transition énergétique : François Hollande veut "une coordination franco-allemande"

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    François Hollande, face à la presse le 14 janvier 2014. Photo AFP

    La transition énergétique est l'un des thèmes sur lesquels les écologistes attendent François Hollande au tournant. Promesse de campagne du chef de l'Etat, elle a fait l'objet, en 2013, d'un vaste Débat national dont le résultat manque encore de lisibilité. Sur ce point précis, mardi, la conférence de presse du chef de l'Etat a éclairci l'horizon. Décryptage.

    europe,françois hollande,transition énergétique,allemagnePas de dimension environnementale

    On peut déplorer l’absence de dimension environnementale du discours présidentiel. François Hollande n'a rien dit notamment sur la façon dont la France, pays hôte du prochain grand sommet sur le climat en 2015, pourrait s’engager, franchement et durablement, pour des politiques publiques et fiscales permettant une réduction importante des émissions de gaz à effets de serre. Et ce, alors même que les dépassements des seuils de pollution de l'air sont devenus monnaie courante en France. Force est de reconnaître qu'aucun journaliste n'a non plus questionné François Hollande sur le sujet, alors que trois questions lui ont été posées, en vain, sur la situation de son couple...

    Une "belle alliance" franco-allemande pour la transition énergétique

    En revanche, lorseurope,françois hollande,transition énergétique,allemagne de la troisième grande conférence de presse de son quinquennat, devant 600 journalistes du monde entier, le chef de l'Etat a fait trois grandes propositions franco-allemandes pour relancer l'Europe, dont une en faveur de la transition énergétique.  La France et l'Allemagne doivent se "coordonner pour la transition énergétique". "C'est un grand enjeu pour l'Europe mais nous devons, France et Allemagne, montrer l'exemple", a ajouté François Hollande, en proposant "une grande entreprise franco-allemande pour la transition énergétique, une belle alliance". Le président français a reconnu que l’Allemagne  a pris de l’avance dans ce domaine, notamment pour les énergies renouvelables, comme l'éolien.  Afin de combler le retard français, le président de la République souhaite la création de filiales industrielles communes. Pour appuyer son propos, il rappelle "les résultats d'Airbus", "grande entreprise franco-allemande, mais pas seulement franco-allemande", gages, selon lui, de succès.

    Le "choc de simplification" pour les énergies renouvelables

    europe,françois hollande,transition énergétique,allemagneLe 9 janvier dernier, à Toulouse,  François Hollande avait déjà annoncé que le “choc de simplification” promis devrait s’appliquer aussi au secteur énergétique : les délais nécessaires à l’aboutissement de projets dans le secteur des énergies renouvelables (éoliennes, biogaz et hydroélectricité en tête) devraient être fortement raccourcis. Ainsi, les autorisations habituellement délivrées en sept ans pour l’installation d’infrastructures éoliennes pourraient être accordées, dorénavant, en un an seulement. Quant aux réflexions réalisées en amont, elles feront l’objet d’une seule étude, contre plusieurs auparavant. De quoi effectuer des économies de l’ordre de 40.000 à 200.000 euros par projet. Et de donner un coup de fouet à un secteur très malmené ces dernières années. Le Syndicat des énergies renouvelables (SER) a ainsi accueilli favorablement l’annonce de ces mesures par l’Elysée, destinées à contrer la lourdeur administrative qui empêche la France d’atteindre ses objectifs dans le domaine de l'énergie, et à accélérer le développement économique et technologie de ces filières.

    L'exemple allemand

    En ce début d'année, François Hollande donne une  cohérence et une lisibilité bienvenues à la question énergétique, moteur de la transition écologique de la société française. Il en situe les réponses au niveau européen. C'est une bonne nouvelle, car la critique majeure faite à la révolution énergétique à l'allemande, reste qu'elle a été initiée et menée tambour battant en dehors de toute concertation européenne. Après la catastrophe de Fukushima, en mars 2011, l’Allemagne est en effet le seul État européen à s’être lancé dans un changement radical de son dispositif énergétique, visant à mettre fin à la production électrique d’origine nucléaire d’ici à 2022. En 2013, deux ans après l’annonce de ce plan d’action, le pays faisait face à de sérieuses difficultés, mais pas celles auxquelles on aurait pu s'attendre. En Allemagne, c’est la répartition du coût de la transition énergétique qui pose problème et non la nature de cette transition, dont la réussite, avec le développement fulgurant des énergies vertes, est indéniable. L'Allemagne doit en réalité faire face à une surproduction d'énergies vertes qui concurrence à outrance le secteur des énergies fossiles conventionnelles et qui est susceptible, ponctuellement, de déstabiliser son réseau d'approvisionnement en électricité et celui de ses voisins européens. Selon les chiffres de la Fédération des entreprises allemandes de l'énergie et de l'eau (BDEW), ses exportations d'électricité ont ainsi progressé de 42% en 2013.

    Pas de "révolution verte" sans l'Europe

    Le chef de l'Etat français a-t-il trouvé la voie qui permettra à la France de changer de modèle énergétique, en tenant compte des forces et des faiblesses de l'exemple allemand ? François Hollande peut en tout cas se féliciter d'avoir définitivement élevé le débat sur l'énergie à l'échelle qui doit être la sienne, si l'on veut aussi faire de la transition énergétique un levier de développement industriel, créateur d'emplois et générateur d'une meilleure qualité de vie environnementale : l'Europe.

    Après le discours, on attend les actes.

    Cathy Lafon

    LIRE AUSSI

  • Convois de déchets nucléaires : le maire de Drancy saisit la justice

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    Un wagon transportant des déchets nucléaires. Photo archives AFP

    Deux cents personnes ont défilé samedi dernier pour demander l'arrêt des convois de matières radioactives, après le déraillement d'un train qui acheminait un wagon de déchets nucléaires le 23 décembre à la gare de triage de Drancy (Seine-Saint-Denis). Les élus saisissent la justice.

    Toxiques wagons

    Voilà des mois qu'habitants et élus alertent sur la dangerosité des produits ultra toxiques et polluants(acide nitrique et chlorhydrique, déchets nucléaires) transportés aux portes de Paris. A la gare de triage de Drancy, longue de 3 km, à cheval sur trois communes (Drancy, Le Blanc-Mesnil et Le Bourget), transitent en effet chaque année près de 250.000 wagons de marchandises, dont 13.000 chargés de matières dangereuses. Et le déraillement d'un wagon de déchets nucléaires en route vers l'usine de retraitement d'Areva à la Hague (Cottentin), le 23 décembre dernier, a fourni la preuve que ces convois pouvaient bien mettre en péril la sécurité des habitants de trois communes. Si l'incident n'a pas provoqué de fuite radioactive, l'Autorité de sûreté du nucléaire (ASN) a toutefois relevé des traces de radioactivité ("point de contamination"), à l'intérieur du wagon endommagé vide.

    deraillement,train,déchets nucléaires,areva,edf,manifestation"Les convois, on n'en veut pas"

    Les réactions ne se sont pas faites attendre. Les riverains ont défilé samedi 11 janvier, à 10 h, en scandant: "Les convois, on n'en veut pas", "Areva arrête ça". Partie de l'Hôtel de Ville de Blanc-Mesnil, la manifestation, accompagnée d'une fanfare jusqu'à la gare de Drancy, s'est déroulée dans une ambiance familiale, en réponse à l'appel du Corigat, collectif de riverains de la gare de triage de Drancy, du Bourget et du Blanc Mesnil. A leurs côtés, des élus des Verts, du PCF, du Front de gauche et du PS, ainsi que des membres de Greenpeace et du réseau Sortir du nucléaire, qui exige "l'arrêt immédiat des transports de matière nucléaire". Quant au groupe des élus écologistes au Parlement, il a interpellé le ministre de l'Ecologie, Philippe Martin, en dénonçant "l"incident de trop".

    deraillement,train,déchets nucléaires,areva,edf,manifestationLes maires saisissent la justice

    Les élus locaux sont aussi très remontés, toutes tendances confondues. "Cette grande mobilisation fait suite à des incidents sérieux. On a franchi un cap, la coupe est pleine", a déclaré à l'AFP Didier Mignot, maire (PCF) de Blanc-Mesnil qui participait à la manifestation. L'élu, qui a saisi la justice par voie de référé, dénonce les lacunes des expertises sur la gare et demande que de nouvelles études soient lancées. Jean-Christophe Lagarde (UDI) (photo ci-dessus), maire de la commune voisine de Drancy, a déposé le 13 janvier une plainte contre l'Etat pour mise en danger de la vie d'autrui.

    EDF et AREVA veulent rassurer

    Areva gère chaque année plus de 6.000 opérations de transports de matière radioactive, par voie maritime, ferroviaire ou routier, sans accident radioactif majeur imputable au transport par train, fait valoir la section transports du groupe. Et pour EDF, "le train est le moyen le plus adapté pour transporter ces déchets", comme l'a indiqué à l'AFP Jacques Séguy, directeur adjoint de la division combustible nucléaire à EDF. Une enquête est en cours et le gouvernement a dores et déjà annoncé par la voix de son ministre des Transports, Frédéric Cuvillier, la mise en place d'un comité d'informations.

    Pour Alain Ramos, président du Corigat, "le mouvement commence à prendre, ça veut dire qu'il faut continuer". "Depuis des années, nous, riverains, nous demandons l'arrêt des wagons transportant des matières dangereuses pour vivre en sécurité", a-t-il précisé à l'AFP. Le collectif Corigat a prévu d'organiser une manifestation par mois jusqu'en juin. Prochain rendez-vous : "la première quinzaine de février".

    Cathy Lafon avec AFP

    PLUS D'INFO

    Convois nucléaires, comment ça marche ?

    • Acheminé depuis la centrale, le combustible usé est transporté par voie ferré jusqu'à la gare ferroviaire de Vaolognes (Manche), puis par camions, pour couvrir les 40 derniers kilomètres de la gare jusqu'à l'usine de retraitement Areva de la Hague.
    • L'emballage de transport des déchets est conditionné dans une coque métallique grise (canopy). Chaque emballage (100 t à vide) contient 12 assemblages de crayons de combustibles usés. Un crayon est constitué de 5% de déchets, 1% de plutonium et 84% d'uranium.

    LE SITE DE L'ASN : cliquer ICI