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Le réacteur 2 de Fessenheim (Haut-Rhin) s'est automatiquement mis à l’arrêt, aujourd'hui mercredi 9 mai, pendant un "essai technique périodique", dit "essai d'ilôtage". Pour l’heure, on ne connaît pas encore les raisons de cette interruption.
La direction souligne que "des investigations techniques sont en cours pour déterminer l'origine de l'arrêt automatique". Elle espère pouvoir redémarrer le réacteur "dans les meilleurs délais". Selon la direction, cet arrêt n’a eu aucun impact sur la sûreté des installations ni sur l’environnement.
L’exercice consistait à déconnecter une unité de production du réseau national pour réaliser une série de tests. C’est le gestionnaire du réseau de transport d’électricité qui l’avait requis. L’autre réacteur de la centrale n’a pas connu de dysfonctionnement.
Située sur une zone de faille sismique, soumise aussi au risque inondation (protégé par un talus de 80 cm de haut, le site est à 8 mètres en contrebas du Grand Canal d'Alsace), Fessenheim est, à 35 ans, la doyenne des centrales nucléaires françaises. La fermeture de cette centrale était l'un des enjeux au coeur des négociations entre le Parti socialiste et les écologistes, pour la présidentielle. Le président de la République nouvellement élu, François Hollande a promis durant la campagne de la présidentielle qu’il la fermerait, en précisant que "l'arrêt de Fessenheim ne sera sans doute achevé qu'en 2017." Fessenheim aura alors 40 ans.
Le rapport, disponible en ligne le 11 juin prochain sur le site internet de l'AIE, détaille les progrès accomplis et ceux restant à effectuer, pour décarboner suffisamment nos économies afin de stabiliser le réchauffement. Selon la directrice exécutive de l'AIE, Maria van der Hoeven, l'objectif de limiter à 2° C le réchauffement climatique s'éloigne...
Loin cependant de baisser les bras, l'agence, combattive, redonne tout un arsenal de mesures destiné à l'atteindre : rien de nouveau sous le soleil, a-t-on envie de dire. On sait quoi faire. Ce qui manque toujours, c'est la volonté politique des Etats pour mettre en application des mesures basiques, comme par exemple la suppression des subventions à la consommation de carburants et de combustibles qui contribuent au renforcement de l'effet de serre.
Après avoir passé au crible les énergies renouvelables, les transports, le captage-stockage du C02, l'industrie, le bâtiment, l'AIE fait une autre proposition qui ne plaira pas à tous les écolos mais qui ne surprendra pas de sa part : elle recommande en effet de recourir, là où les conditions environnementales, économiques et politiques le permettent, à l'énergie nucléaire, afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Enfin, en prime, l'AIE fournit la note et chiffre l'investissement nécessaire à cet objectif dans la prochaine décennie : il se limiterait à 5.000 milliards de dollars, à comparer aux 4.000 milliards de dollars d'économies sur les factures d'énergies fossiles. Soit un coût net de 1.000 milliards de dollars finançables auprès des investisseurs institutionnels. Le tout en réduisant de 5 milliards de tonnes nos emissions de GES. Est-ce si cher payé, finalement, pour préserver nos conditions de vie et notre environnement, si l'on considère que l'on est dans une "deadline" climatique vitale ? Raisonnablement, non.
Demain, les 54 réacteurs nucléaires du Japon seront tous à l'arrêt. Dans la soirée du 5 mai, l'électricien Hokkaido Power va en effet stopper pour maintenance la tranche n° 3 de la centrale de Tomari, au nord de l'archipel : pour la première fois depuis 1965, l'Empire du soleil levant passera sa première nuit sans énergie nucléaire.
Le nucléaire, plus d'un quart de l'énergie électrique japonaise
Au Japon, avant la catastrophe de Fukushima du 11 mars 2011, la part de l'électricité d'origine nucléaire représentait 27,4 % de l'énergie électrique. Samedi 5 mai, avec l'arrêt du réacteur de Tomari, qui avait été le premier réacteur japonais à être relancé en août 2011 après Fukushima, les 54 réacteurs auront tous été stoppés les uns après les autres pour inspection, travaux de maintenance ou accidents. Les populations locales étant opposées à tout redémarrage, les autorités qui ne veulent pas passer en force n'autorisent plus les exploitants producteurs d'électricité à relancer l'exploitation des sites nucléaires. Et le Japon a dû apprendre en un temps record à vivre, travailler et produire sans nucléaire, en compensant l'absence d'un quart de son électricité.
Sans nucléaire, le Japon continue à vivre
Le Japon recourt aux lampes à LED, qui permettent de réduire la consommation d'électricité de 50 % par rapport aux lumières habituelles. Ici, des lampes installées sur le toit d'une gare à Tokyo YOSHIKAZU TSUNO/AFP
La vie sans nucléaire du Japon s'organise, sans un retour au Moyen-Age, avec notamment une remise en exploitation des centrales thermiques, qui produisent plus des deux tiers de l'électricité du pays, mais aussi avec une reprise importante des importations d'energies fossiles, qui ont augmenté pour le pétrole et du gaz naturel liquéfié de 11,6 %, d'avril 2011 à mars 2012. Les consommateurs, habitants et entreprises, ont aussi réduit fortement leur consommation d'électricité. Ainsi, l'été dernier, saison chaude où la demande est à son maximum au Japon avec une climatisation omniprésente, le pays a réussi à baisser sa consommation de 10 %. Dans les immeubles, l'intensité des lumières avait été baissé et la température des climatiseurs relevée. Les ascenseurs fonctionnaient en alternance, des escalators étaient arrêtés, et les industriels avaient décalé les horaires de travail, afin de ne pas peser sur les heures de pointe du réseau électrique, aux heures de grande chaleur.
Le bras de fer du gouvernement avec l'opinion japonaise
Les économies d'énergie sont toujours à l'ordre du jour, mais l'été dernier, le nucléaire produisait alors encore 11 % de l'électricité japonaise. Craignant des pénuries d'électricité pour l'été 2012, le gouvernement japonais voudrait relancer deux réacteurs fin juillet, dans l'ouest de l'archipel. Derrière les risques de pénurie d'électricité, sur lesquels le gouvernement communique largement pour tenter de gagner l'opinion publique au redémarrage du nucléaire, il y a aussi le refus des autorités d'entériner ce qui passe aujourd'hui dans le pays pour une victoire des anti-nucléaires et de la part des industriels, la dure réalité de l'impact des hausses du coût de l'énergie.
Le recours aux énergies renouvelables
Eolien, photovoltaïque, géothermie... le Japon se tourne vers les énergies renouvelables. Photo DR
Dès le lendemain du 11 mars 2011, le Japon a relancé ses énergies renouvelables. Mais la conversion du nucléaire au renouvelable ne se fait pas sur un claquement de doigt. Le Japon a cependant entrepris de valoriser rapidement son potentiel dans ce domaine. Avec un sous-sol volcanique très actif, le Japon est naturellement une gigantesque source géothermique, avec un potentiel équivalent à une vingtaine de tranches nucléaires (23.000 mégawatts de puissance électrique). Or la géothermie ne représentait que 0,2 % de l'électricité du pays et à peine 2,5 % du potentiel géothermique estimé. Pourtant, cette énergie est propre en CO2 et moins chère que le solaire et l'éolien, aussi le gouvernement veut-il la développer. 142 millions d'euros ont ainsi été débloqués par le ministère de l'industrie pour subventionner la prospection de sources dans le pays. Enfin, d'ambitieux projets d'éoliennes flottantes et decentrales photovoltaïques mis en chantier dans un temps record, devraient être rapidement opérationnels.
En Europe, l'Autriche a dit "non" au nucléaire et "oui" aux énergies renouvelables
Vivre sans nucléaire, c'est possible. Le Japon l'expérimente dans la douleur et un pays européen se passe déjà aujourd'hui du nucléaire pour son électricité.L'Autriche a dit non au nucléaire par référendum en 1978. La puissance manquante avec l'arrêt du programme électronucléaire a été compensée en Autriche par l'ouverture de deux centrales thermiques et par l'exploitation de sa richesse en énergie hydraulique. 70 % de l'électricité autrichienne provient de sources renouvelables, un chiffre appelé à augmenter puisque le pays s'oblige à élargir ses parcs éoliens et photovoltaïque à hauteur de 1 % de l'énergie produite par an. Enfin, le pays a décidé de devenir un pays totalement sans nucléaire, avec un engagement volontaire des fournisseurs d'électricité de ne plus se procurer d'électricité nucléaire importée pour leurs clients, un étiquetage de l'électricité nucléaire d'ici au 1er janvier 2013 et une meilleure efficacité énergétique, notamment dans les bâtiments de son territoire.
Rester dans l'ère post-nucléaire. Ou pas
Au Japon, traumatisé par la double catastrophe majeure, naturelle et nucléaire, de Fukushima, la sortie du nucléaire est d'une grande brutalité et la transition énergétique loin d'être achevée. Pour passer définitivement à l'ère post-nucléaire, le Japon devra faire évoluer des solutions temporaires en solutions alternatives pérennes en réorientant ses choix de développement technologiiques. Compte tenu des crises économiques, sociales, écologiques et énergétiques à l'oeuvre aujourd'hui dans le monde qui doit préparer l'après-pétrole et parvenir à maîtriser le réchauffement climatique en diminuant ses émissions de gaz à effet de serre, le Japon est aujourd'hui observé à la loupe. Notamment par les pro et anti-nucléaires. Le Japon se serait bien passé de jouer dans l'urgence ce rôle de laboratoire vivant de la transition énergétique. En témoigne le refus actuel de ses habitants de relancer les réacteurs nucléaires de leur pays, dont le message est "plus jamais ça". Le pays fera-t-il pour autant le choix de renoncer définitivement au nucléaire ? Pour le gouvernement japonais, la question semble toujours ouverte.