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Développement durable - Page 862

  • Viticulture bio. On a retrouvé le vin d'Adam et Eve : c'est un Sauternes

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    Château Guiraud, en 2009. Photo archives Sud Ouest Laurent Theillet

    Le millésime 2011 de Château Guiraud, premier Grand Cru Classé de Sauternes, va célébrer en grandes pompes le mariage, après de longues et riches fiançailles, de la viticulture bordelaise et du développement durable. Parmi les premiers grands crus classés du Bordelais, il est en effet le premier à être certifié en agriculture biologique.

    Chateau Guiraud : plus belle la vigne "bio"

    Pour Xavier Planty, maître depuis trente ans de ce domaine de 128 ha, cela n'a pas été une mince affaire, pas plus que pour aucun viticulteur ou agriculteur qui fait le choix de passer au bio. Selon le "Journal du dimanche" du 4 mars, son "aggiornamento écolo", il le fait en 1995, à la mort d'un ami proche, chef de culture dans une exploitation viticole, décédé d'un cancer à l'âge de 64 ans et qui comme toute sa génération, a utilisé des pesticides, des DDT, des produits phosphorés. Quinze ans après, Xavier Planty, co-propriétaire de Guiraud, aura son certificat "bio", pour sa production de 2011.

    "Laisser du temps au temps"

    viticulture,législation,chiffre,réglementation européenne,agriculture biologiquePasser au bio, oui, mais ce n'est pas si simple et cela ne s'obtient pas sur un claquement de doigts.  Entre la prise de décision qui conduit le vigneron à renoncer à tous les produits de synthèse, et l'obtention du certificat "bio", il faut laisser la terre et la vigne se "détoxifier", pour se remettre en équilibre naturel. Une période de transition de quatre ou cinq ans est nécessaire, durant laquelle on est forcément pénalisé économiquement par une baisse momentanée mais probable de rendement. Il faut aussi trouver les bons dosages des produits naturels. Comme tous les viticulteurs bio, contre le mildiou, Xavier Planty n'utilise que la bouillie bordelaise et le sulfate de cuivre ; en guise d'engrais et d'insecticide, du compost liquide et des tisanes d'ortie. Ensuite, il  plante ou replante des haies en bordure de ses vignes, haies dont on ne chantera jamais assez les louanges  : premier facteur de biodiversité, par le refuge qu'elles offrent aux insectes, oiseaux et à la faune de toute sorte, elles peuvent aussi attirer les nuisibles. Tel est le cas des haies basses de noisetiers et de saules, choisies par Xavier Planty, qui  sont autant de refuges pour les nuisibles et prédateurs de la vigne : en quatre ans, il n' a plus eu besoin d'insecticide.  Enfin, terminé le désherbage non sélectif, ou pas une pousse verte ne dépasse entre les rangs de vigne : au contraire, pointent graminées,  pâquerettes et  achillées qui, comme chacun l'a oublié, ont toutes un rôle biologique : certaines minéralisent, d’autres fixent l’azote. Oiseaux, insectes et plantes ont repris leurs droits au domaine de Chateau Guiraud, où près de 635 espèces ont été recensées l’été dernier. Quant aux vins, ils sont bien meilleurs qu'avant, car d'une plus grande complexité aromatique : le vin d'Adam et Eve, en quelque sorte, avant que la pomme ne fût croquée...

    Au paradis du "bio", Château Guiraud n'est pas tout seul

    viticulture,législation,chiffre,réglementation européenne,agriculture biologiqueUn premier "1er grand cru" classé bio ? C'est écologiquement la classe, mais cela ne doit pas faire oublier l'important travail mené depuis des années, par quantité de producteurs petits ou grands qui sont passés par toutes les étapes parfois ingrates qu'a connues Château Guiraud dans sa transformation écologique. Mais qui ne sont pas toujours payés de succès, car si le marché du vin bio se porte très très bien, il n'en va pas toujours de même à l'échelon des petits producteurs. Selon le magazine "Terre de vins" de janvier 2012, de 2009 à 2010, le nombre d'exploitations engagées en démarche bio a progressé de 49 % en Gironde et en 2011, la France est devenu le 3ème pays producteur de vins bio au monde. La demande des consommateurs s'accroît, mais la concurrence, y compris à l'étranger, également, tandis que la consommation globale de vin diminue.

    Les Dauphins, "historiquement" bio

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    Château Les Dauphins, Saint Loubès (Gironde) Photo Alain Noël

    Certains petits crus bios girondins, comme le  Bordeaux Supérieur Château Les Dauphins, à Saint-Loubès (Gironde), exploitation familiale reprise par Yves et Alain Noël dans les années 1990, sont aujourd'hui victimes de l'expansion du bio. Au Château Les Dauphins, des deux frères Noël, c'est Alain  qui s'investit au quotidien dans le travail de la vigne, avec sa femme, Marie-Claude.  Jusqu'en 2010, le succès semblait au rendez-vous, pour ce couple d'enseignants qui vit la vigne comme une passion, et dont le vignoble a la particularité de compter depuis 1985, parmi les premiers vignobles de Gironde certifiés bio. Ils ont encore en stock actuellement une récolte et demi (2010 et 2009), suite à une année blanche, en 2008, qui leur a fait perdre leur principal client à l'exportation, la Finlande.  Alain Noël est pessimiste sur l'avenir du vin bio en Gironde, en crise comme tout le secteur, et craint que ce ne soit surtout la prime à l'arrachage qui ait de beaux jours devant elle. Cela n'empêche pas Les Dauphins d'avoir la cote, y compris à la rubrique "faits divers" :  un stock de bouteilles leur a été dérobé en décembre dernier, et il plane également aujourd'hui un soupçon de contrefaçon asiatique de leur nom et de leur étiquette, vraisemblablement en Chine...

    Du "bio", mais c'est bien sûr ?

    Adam et Eve ont payé pour le savoir, le territoire du paradis lui-même n'échappe pas au législateur. Et pour légiférer, en 2012, on peut faire confiance à l'Europe. Soyons soulagés : le vin "bio" a désormais une existence "légale", grâce à de nouvelles règles, définies par la Commission européenne, destinées à encadrer la production du "bio", applicables dès la récolte 2012. Après huit ans de haute lutte, les experts du Comité permanent de l'agriculture biologique de l'Union européenne se sont mis d'accord le 8 février dernier, sur les pratiques oenologiques à respecter pour pouvoir écrire "vin biologique" sur l'étiquette des bouteilles. Cela met fin à une véritable anomalie écologique, comme le souligne la revue "Que Choisir" du 20 février 2012 : jusqu'ici, seuls les raisins pouvaient être certifiés AB (Agriculture biologique). Rien n'interdisait donc après coup les producteurs de recourir à tous les artifices de la vinification industrielle. Rien, si ce n'est une éthique écologique dont on soupçonne qu'elle est largement partagée par des viticulteurs qui font la démarche difficile du développement durable, et dont on voit mal pourquoi ils la ruineraient après coup. Cette nouvelle réglementation ne fait ainsi ni chaud ni froid à Alain Noël, qui analyse que cela ne changera rien pour "Les Dauphins", car ses méthodes de vinification sont déjà naturelles au maximum. Ce qui l'agace d'avantage, ce sont les viticulteurs qui se lancent d'un côté dans le bio, tout en continuant sur d'autres parcelles à produire du vin "conventionnel"... Et récoltent ainsi le beurre et l'argent du beurre, compensant les années difficiles du bio, par l'assurance de récoltes obtenues avec des procédés chimiques traditionnels.

    logo vin.jpgA la recherche du "bio" du "bio"

    Toujours selon "Que choisir",  en dépit de cette nouvelle réglementation, il n'est pas non plus encore tout à fait sûr qu'on puisse boire un vin "bio" élaboré dans un esprit totalement respectueux de la nature, l'arsenal oenologique mis à disposition des vignerons bio restant très large. Ce qui est certain, c'est que sous le logo "bio" européen  (une feuille verte étoilée), on ne trouvera pas que du vin "naturel". Le "bio" du "bio", en quelque sorte, dont les producteurs de plus en plus nombreux, se regroupent sous des bannières communes, comme l'association "Renaissance des Appellations", "Démeter", "Biodyvin", ou "Vinabio" en Alsace. Pour Alain Noël, la question du vin "naturel" reste ouverte. La démarche européenne d'unification du bio lui semble écologiquement intéressante, mais il estime qu'elle est forcément limitée par les différences géo-climatiques des vignobles, dont les productions nécessitent des traitements naturels différents, pour leur conservation. Un vin d'Alsace ne se vinifie pas comme un vin espagnol. Pour sa part, sans revendiquer pour autant une appellation de vin "naturel", Alain Noël s'efforce de réduire le plus possible l'apport de soufre, et ne met plus son vin en barrique pour ce motif.

    Chassez le naturel...

    Une fois chassé, le naturel ne revient pas au galop. Dans le vin comme ailleurs. Avant que l'Europe ne nous prépare un nouveau cahier des charges européens (et un nouveau label !) pour officialiser enfin ces "vins naturels", prenons le temps d'arrêter de chercher la petite bête pour savourer les vins du paradis, que nous donnent à boire Château Guiraud, Château Les Dauphins, et tous les vignerons qui sont déjà passés au bio. Pour notre plus grand bonheur d'amateurs de bon vin, et à notre bonne santé !

    LIRE AUSSI

    Le Journal du dimanche.fr du 4 mars 2012 : "Comment un grand Bordeaux est devenu bio" : cliquer ICI

    EN SAVOIR PLUS

    Sur la nouvelle réglementation européenne de la viticulture bio :

    • Sur le site de  "Que choisir" : cliquer ICI
    • Sur le site de Viti-net : "Europe - La définition du « vin bio » enfin réglementée" : cliquer ICI

    Tout sur Château Guiraud : cliquer ICI

    Guiraud en chiffres : 67,91 €, le prix d'une bouteille 2001. 9,16 €, le prix d'une bouteille 2010 (le "G" de Guiraud). Superficie : 128 ha. Production annuelle: 100 000 bouteilles de Sauternes par an, pour le Premier Cru (avec l’étiquette noire) et le second vin (Petit Guiraud). 50 000 bouteilles de Blanc Sec (Le G de Château Guiraud).

    Tout sur Château Les Dauphins : cliquer ICI

    Les Dauphins en chiffres : 7 €, le prix d'une bouteille. Superficie : 20 ha. Production annuelle, de 120 à 150 hl.

    Le  Syndicat des vignerons bio d'Aquitaine : cliquer ICI

     

     

  • News fil vert : Pic de pollution particules en suspension en Aquitaine

    nuages.jpgQualité de l'air, jeudi 15 mars 2012. PIC DE POLLUTION AUX PARTICULES EN SUSPENSION en à Bordeaux et en Aquitaine. 

    Bordeaux : indice 8 (mauvais). Arcachon, Bayonne, Lacq, Pau : indice 7 (médiocre).  SIR (Seuil d'information et de recommandations) publié par AIRAQ : les conditions météorologiques anticycloniques actuelles, associées aux émissions polluantes, favorisent l'accumulation progressive des concentrations en particules en suspension sur ces agglomérations. Airaq préconise un certain nombre de recommandations pour diminuer ce taux de pollution.  En savoir plus : CLIQUER ICI

  • News fil vert. "Gorbi" veut un tribunal international pour juger les crimes écologiques

    forum mondial de l'eau,marseille

    Mikhaïl Gorbatchev au Forum mondial de l'eau, Marseille, 12 mars 2012. Photo AFP

    Juger les crimes écologiques

    L'ancien président soviétique Mikhaïl Gorbatchev, très impliqué depuis 20 ans dans la défense de l'environnement, a pris la parole, lundi 12 mars, pour l'ouverture du Forum mondial de l'eau à Marseille, en sa qualité de fondateur et président de Green Cross International.  Dans un entretien au "Monde", publié mardi 13 mars, il plaide en faveur de la création d'un tribunal international chargé de juger les crimes écologiques.

    Cette proposition devrait bien plaire à Michel Serres, le philosophe français, originaire du Lot-et-Garonne, qui déplore dans son livre "Le temps des crises", que ni la Terre, ni la faune, ni la flore ne puissent parler pour se défendre... Et qui faisait l'amer constat suivant, lors du Sommet mondial du climat de Cophenhague en 2009 :  " Mais personne ne représente la terre; il n’y a pas de représentant des océans, de la banquise, des espèces menacées. Et nos gouvernants n’ont pas la culture nécessaire pour parler au nom de la planète." Un tribunal international pour défendre les intérêts de la nature, quand elle est victime de "crimes écologiques" ... L'idée est plus que séduisante.

    A propos de la proposition française de création d'une organisation mondiale de l'environnement, Gorbatchev s'avoue en revanche "sceptique" : selon lui, le risque serait de mettre en place une "nouvelle organisation bureaucratique", qui pourrait "freiner l'énergie de la société civile".

    Le développement durable : c'est tous ensemble

    Le dernier président de l'URSS, qui a eu à gérer la catastrophe nucléaire de Tchernobyl en 1986, se prononce aussi, avec son organisation environnementale, pour "une sortie progressive du nucléaire militaire et civil". Pour lui, il y a eu "un avant et un après Tchernobyl" et la transition énergétique est nécessaire. Cependant, il reconnaît qu'il est compréhensible que  "pour certains pays comme la France qui ont peu d'autres ressource, la transition énergétique prenne plus de temps". "On aurait pu penser que, 35 ans après (Tchernobyl), le Japon, nation évoluée, confrontée au désastre de Fukushima s'en serait mieux sorti. Or les Japonais se débattent toujours aujourd'hui dans les difficultés", ajoute-t-il. Enfin, à propos du développement durable et de la nécessaire remise en question du modèle basé sur la course à la croissance, également pour des pays émergents comme la Russie ou la Chine, Gorbatchev ne botte pas en touche : ils sont concernés et doivent aussi entendre ce discours. Mais il estime que "c'est aux pays développés de montrer l'exemple au reste du monde".

    Une réforme environnementale du Code civil français ?

    Plus modestement, on s'interroge aussi en France à la veille de l'élection présidentielelle, sur les moyens de rendre plus efficace le droit de l'environnement. Le Club des juristes vient de rendre public, le 14 mars, un rapport critique sur la responsabilité environnementale. Pour ce think tank, la réforme du Code civil s’impose, afin d’inscrire en toutes lettres l’obligation de réparer un dommage causé à l’environnement. Adossée à la constitution française, la "Charte de l’environnement" rappelle quant à elle le principe de la responsabilité environnementale (art. 4), via la réparation des dommages causés. Mais elle ne règle pas le problème puisqu’elle renvoie à la loi le soin de définir les conditions de son application.  «Au final, tous les juristes s’accordent aujourd’hui pour dire qu’une nouvelle loi doit venir compléter le Code civil», résume Yann Aguila, ancien conseiller d'Etat, président de la Commission Environnement du Club des Juristes

    Cathy Lafon

    REPERES

    Mikhaïl Gorbatchev :  81 ans, président de l'URSS de 1985 à 1991. Prix Nobel de la Paix en 1990 pour sa contribution à la fin de la guerre froide. Fondateur en 1993 de la "Green Cross international", asociation de défense de l'environnement.

    6e Forum mondial de l'eau (Marseille) : 140 pays représentés par 20.000 personnes, y participent jusqu'au 17 mars,  avec pour objectif de faire avancer l'accès universel à l'eau potable.

    Green Cross International : association internationale de défense de l''environnement, doté d'un budget de 18 millions d'euros, financée par des donations privées et des subventions allouées par 34 Etats.

    LIRE AUSSI

    "Il faut un tribunal international pour juger les crimes écologiques", "Le Monde", 14 mars 2012 : cliquer ICI

    "Comment rendre efficace le droit de l'environnement", Journal de l'environnement  : cliquer ICI.