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Agriculture - Page 124

  • Biodiversité : l'avenir des oursins est dans l'Île de Ré

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    Les oursins d'Yvan Le Gall, nés dans l'écloserie de l'Ile de Ré (Charente-Maritime). Photo AFP / Xavier Léoty

    Alors que partout dans le monde, les oursins, comme l'ensemble de la faune marine qui peuple les océans, sont victimes de la pollution des eaux et de la surpêche, la solution de repeuplement pourrait venir de la région Sud Ouest. Plus précisément, de l’île de Ré (Charente-Maritime) et de son écloserie, à ce jour unique en France.

    Mets délicat et chaînon indispensable de la biodiversité marine

    En voilà une bonne nouvelle, car si l'oursin ou"échinide", lenom savant de celui qui est aussi surnommé "hérisson" ou  "châtaigne des mers", peut piquer méchamment les pieds des baigneurs imprudents et empoisonner les vacances des étourdis qui ont oublié à la maison leur pince à épiler, il constitue aussi un vrai et rare délice gastronomique. Et par dessus tout, comme chaque être vivant sur la planète, l'oursin a sa place, irremplaçable, dans la grande chaîne de la biodiversité.

    océan,pollution,acidification,réchauffement climatique,mer,oursins,élevage,échiniculture,naissain,ile de ré"L'Oursine de Ré"

    Autant de vérités indispensables à savoir que n'ignore pas Yvan Le Gall, le fondateur de la société "L’Oursine de Ré", installé à La Flotte-en-Ré depuis 2006. A 42 ans, l'échiniculteur (éleveur d'oursin) reste aujourd'hui le seul en France à savoir maîtriser la production de l'invertébré, au corps arrondi et recouvert de piquants, cousin germain du concombre de mer et de l'étoile de mer, et ce, de bout en bout, depuis l’écloserie jusqu’à l’animal adulte et commercialisable. Une seconde écloserie d'oursins a failli voir le jour dans le Var, en Méditerranée, en collaboration avec l’Institut océanographique Paul-Ricard, mais le projet s'est dégonflé en 2013.

    Six tonnes d'oursins par an

    "Je produis environ six tonnes d’oursins par an, explique Yvan Le Gall. Cinq tonnes sont transformées en terrines de corail et une tonne est vendue vivante". Actuellement, pour chaque nouvelle génération, l’échiniculteur parvient à faire naître 60 millions de larves à partir de seulement quatre femelles, capables de pondre 15 millions d’oeufs chacune. "J’atteins presque 100% de fécondation. Pourtant, jusqu’à présent, j’en jette l’écrasante majorité pour ne conserver qu’environ 100.000 oeufs, car je suis limité par la taille de mes infrastructures", regrette l’éleveur.

    Assurer la production de naissains

    Une situation qui devrait toutefois rapidement s'améliorer : Yvan Le Gall finit d'aménager en écloserie un blockhaus situé derrière son exploitation, qu'il a racheté. Cela lui permettra de multiplier par vingt le nombre de larves. Pas pour augmenter le nombre de terrines qu’il vend aux particuliers, aux restaurants et dans les épiceries fines, mais pour assurer la production de naissains. Une activité utile pour la survie de l'espèce, retardée par la tempête Xynthia, qui, en 2010, a ravagé l'installation, mais prévue dès les débuts de "L'Oursine de Ré". La société a d'ailleurs "déjà fourni 10.000 juvéniles pour repeupler le Golfe du Morbihan en 2011″, souligne l'éleveur.

    Une pouponnière d'oursins, comment ça marche ?

    océan,pollution,acidification,réchauffement climatique,mer,oursins,élevage,échiniculture,naissain,ile de réA sa naissance, une larve d’oursin c'est mignon, mais c'est surtout minuscule : le bébé oursin mesure un demi-millimètre. Il nage en pleine eau – c'est sa phase "pélagique" – avant, au bout de trente jours, de se poser au fond pour commencer sa vie "benthique". Trois mois plus tard, devenu naissain, le nourrisson oursin dont la taille s'est multipliée aussi par trois, mesure environ 1,5 millimètre et sa commercialisation peut commencer. C'est le père d’Yvan Le Gall, Pierre, professeur de biologie marine et chercheur, qui a mis au point, dans les années 1980, ce procédé d'élevage, en milieu clos, bassin ou aquarium.

    Six algues différentes (non toxiques) par jour

    Les qualités nutritionnelles du régime alimentaire des oursins ne diffère finalement pas tant que cela de celui des hommes. Au lieu de reposer sur une consommation de cinq fruits et légumes (sans pesticides) par jour, la technique d'élevage des oursins repose sur le juste équilibre de la qualité et de la température de l’eau et un dosage parfait dans les six sortes d'algues différentes qui constituent leur alimentation de base. En vrai père nourricier, Yvan Le Gall veille jalousement et en personne, à la nourriture de ses bébés oursins. C'est lui-même qui la produit ou la récolte, comme les Laminaires, ces grandes algues brunes dont il ramasse entre 30 et 35 tonnes par an sur les plages de l’île de Ré.

    Top secret...  au service de la recherche

    Ceux qui voudraient en savoir plus resteront sur leur faim. La technique des Le Gall reste, à ce jour, un secret bien gardé et s’il fait volontiers visiter ses installations, le patron de "L’Oursine de Ré", refuse d’ouvrir au tout venant les portes de son laboratoire... Les larves d’oursin constituent par ailleurs un excellent bio-indicateur de la qualité des eaux aussi, l’échiniculteur ne se contente-t-il pas d'élever des oursins pour les mettre dans les assiettes des gourmets. Il met aussi son savoir-faire au service des chercheurs et universitaires de Bretagne et de La Rochelle. Si l’oursin adulte supporte la pollution, pas les larves. Les bébés oursins peuvent donc servir à mesurer et étudier les effets de l’acidification des océans, provoquée notamment par la hausse de la concentration en CO2 dans l’atmosphère et le réchauffement climatique.

    L'Espagne aussi

    océan,pollution,acidification,réchauffement climatique,mer,oursins,élevage,échiniculture,naissain,ile de ré"Je suis également en pourparlers pour une réintroduction en Corse et peut-être aux Antilles, où les oursins blancs ont quasiment disparu", précise Yvan Le Gall, quand on le questionne sur d'éventuelles duplications de pouponnières d'oursins. L'échiniculteur rétais évoque un autre projet, encore en gestation, de développement en Espagne. "Une demande de naissains en très grand volume m’est parvenue d’Espagne. Les Espagnols sont à la fois les plus grands pêcheurs et les premiers consommateurs [d'oursins, NDLR] du monde, et les professionnels souhaitent repeupler leurs côtes atlantiques", explique-t-il. C’est d’ailleurs justement pour approvisionner ce marché, qu'il dit avoir racheté le blockhaus destiné à accueillir une nouvelle écloserie.

    Dans l'Ile de Ré, l’écloserie d'oursins devrait commencer à tourner à plein régime dès cet été et les touristes se régaler de la chair succulente de la "châtaigne des mers".

    Cathy Lafon avec l'AFP

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    PLUS D'INFO

    • L’Oursine de Ré : Zone ostréicole du Petit Préau, 17630 La Flotte en Ré. Tel: 05.46.66.54.08  - Fax: 05.46.66.54.09 - Port: 06.79.98.17.33. Email : info@loursinedere.fr

    • Qu'est-ce qu'un naissain ? Les naissains sont les larves de différents mollusques, notamment d'espèces faisant l'objet de cultures marines comme les huîtres, les moules ou les oursins. Ce terme est le plus souvent employé au singulier ("le naissain") pour faire référence à un ensemble de larves planctoniques.
    • La vie d'un oursin en images: cliquer ICI
  • Sécheresse : la verte Californie à l'heure du réchauffement climatique

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    Depuis plus d'un an, la Californie est en proie à une sécheresse d'une ampleur exceptionnelle, qualifiée par les autorités locales d'"historique". Jerry Brown, le gouverneur de l'Etat de l'ouest américain, a dû annoncer sur la chaine ABC, le 5 avril dernier, des mesures d’urgence d’économies d’eau, en soulignant que le changement climatique n'était "pas un canular" pour son Etat. Une pierre dans le jardin des climato-sceptiques. "Le temps que nous avons en Californie, ce temps sévira dans d’autres endroits du monde", a-t-il aussi averti.


    ABC Breaking US News | US News Videos

    Un signal d'alarme

    Les mesures d'économie visent à réduire de 25% la consommation d’eau dans cet Etat où vivent 40 millions de personnes, et où le ministère californien des Ressources en eau a indiqué que, cette année, le 1er avril, il n'a pas trouvé de neige à 2.000 mètres d’altitude dans la Sierra Nevada. Une première en 75 ans. "C’est un signal d’alarme et il devrait concerner tout le monde, parce que ce décret est pris en vertu des pouvoirs d’urgence", a insisté Jerry  Brown, rappelant que les contrevenants s’exposaient à des amendes de 500 dollars par jour, voire à la coupure du service d'eau.

    L'agriculture épargnée

    Interrogé sur le fait que l'agriculture était largement épargné par ces mesures, le gouverneur a reconnu que 80% de l’eau était consommée par ce secteur, qui ne représente que 2% de l’économie californienne. Mais les agriculteurs "n’arrosent pas leur pelouse ou ne prennent pas de longues douches. Ils produisent la majorité des fruits et des légumes fournis par l’Amérique à une partie importante du monde", a-t-il souligné. "Bien sûr, on pourrait tout couper. Si on ne veut pas produire d’aliments et les importer d’ailleurs, théoriquement c’est possible. Mais cela déplacerait des centaines de milliers de personnes", a argumenté Jerry Brown. Et l'impact écologique en terme d'émissions de gaz à effet de serre, serait désastreux.

    Transition écologique à la californienne

    sécheresse,etats-unis,californie,mesures,économie d'eauParmi les mesures annoncées, l'Etat va, par exemple, demander le remplacement de 4,6 millions de mètres carrés de pelouse par des plantes peu consommatrices d’eau.  La Cité des Anges avait déjà instauré des mesures d’incitation, comme le programme "pelouse contre dollars", mais sur la base du volontariat.  Les "normes des toilettes et robinets" vont également être revues pour limiter le débit d’eau, et la « police de l’eau » déjà existante pourrait devenir plus sévère. La batterie d'actions envisagées pour économiser l'eau en Californie implique un véritable changement de mode de vie. L'Etat le plus écolo de l'Amérique de Barack Obama a déjà bien engagé cette transition écologique en développant, notamment,  les énergies renouvelables dont le photovoltaïque. Par ailleurs, la ville de San Francisco, qui a banni les sacs plastiques, s'est fixée pour objectif de parvenir, d'ici à 2020, à zéro déchet non recyclé ou composté, afin d'éviter les décharges et les incinérateurs, très polluants.

    Cathy Lafon avec l'AFP

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  • Climat : le déclin de la forêt amazonienne diminue sa capacité à stocker le CO2

    foret amazonie brésil.jpg

    Canopée de la forêt amazonienne au lever du jour, au Brésil. Photo Peter van der Sleen, Rainfor

    A trois jours de la Journée internationale des forêts, le samedi 21 mars, le CNRS a publié une étude révélant que l’Amazonie est en train de perdre sa capacité à absorber le carbone atmosphérique. Une très mauvaise nouvelle pour le climat de la planète.

    amazonie,forêt,co2,puits de carbone,tropicale,cnrs,rainfort,réchauffement climatiqueTrente ans d'inventaire

    Cette étude, publiée le 19 mars dans la revue "Nature", la plus vaste jamais entreprise sur le sujet, est le résultat d’un inventaire monumental entrepris sur trente années en forêt tropicale d’Amérique du Sud. Elle a réuni une centaine de chercheurs sous la direction de l’Université de Leeds, dont des scientifiques français du CIRAD, du CNRS et de l’INRA, collaborant au sein du Labex CEBA.

    Puits de carbone atmosphérique

    Depuis des millénaires, la forêt amazonienne jouait bien sagement le rôle de puits de carbone atmosphérique que lui attribue la nature dans l'écosystème de la Terre, en absorbant plus de carbone qu’elle n’en rejetait et en aidant à limiter l’impact du réchauffement global. La nouvelle analyse sur la dynamique forestière, produite par les chercheurs, fait malheureusement état d'une augmentation rapide du taux de mortalité des arbres en Amazonie qui compromet l'accomplissement de cette mission indispensable à la vie sur Terre.

    200.000 arbres mesurés et étudiés depuis les années 1980

    Botanist_at_work_in_Bolivia_RoelBrienen.jpgCoordonné par Rainfor, un réseau de recherche unique dédié au suivi des forêts amazoniennes, le travail scientifique repose sur des décennies de suivis détaillés des forêts d’Amérique du Sud. Afin de calculer les changements de stockage de carbone, les auteurs ont examiné 321 placettes forestières réparties largement sur les six millions de kilomètres carrés de l’Amazonie. Ils ont mesuré 200.000 arbres et enregistré la croissance et la mort de chacun d’entre eux depuis les années 1980. Selon les chercheurs, l’augmentation du dioxyde de carbone dans l’atmosphère, l’un des composants clefs pour la photosynthèse, a initialement conduit à une augmentation de la capacité de stockage dans les arbres amazoniens. On assisterait donc à un  renversement de tendance, avec des conséquences inattendues qui pourraient aggraver le réchauffement climatique.

    Les raisons de la surmortalité des arbres

    botanistes pérou_PEru_RoelBrienen.JPGSelon le professeur Oliver Phillips (Université de Leeds), coauteur de l’étude et coordonnateur du projet Rainfor sur lequel l’analyse s’appuie, "avec le temps, la stimulation de croissance impacte le système ; les arbres vivent plus vite et meurent plus jeunes."  Des sécheresses récentes en Amazonie et des températures anormalement élevées pourraient aussi jouer un rôle important dans le phénomène observé. Si l’étude démontre que l’augmentation de mortalité a commencé bien avant les méga-sécheresse de 2005 ou de 2010, elle montre aussi que ces deux épisodes météorologiques ont causé la mort de millions d’arbres en plus.

    Le stockage de CO2 dans  les forêts d'Amazonie a diminué de moitié en 30 ans

    foret amazonie 1.jpgSelon l'étude publiée par "Nature", l'accélération de la mortalité des arbres est également liée au déclin de l'intensité du puits de carbone en Amazonie. D’un pic de 2 milliards de tonnes de dioxyde de carbone stockées annuellement dans les années 1990, le stockage net a désormais diminué de moitié. Circonstance aggravante pour l'atmosphère de la Terre, pour la première fois, il est désormais dépassé par les émissions fossiles de l’Amérique du Sud.

    Modèles climatiques remis en question ?

    Quelles que soient les causes de l’augmentation de la mortalité des arbres d'Amazonie, l'étude pourrait jeter un froid chez les climatologues en remettant en cause les prédictions d’une capacité indéfinie de stockage des forêts tropicales, de même que les modèles climatiques qui prennent en compte la réponse de la végétation. Jusqu'à présent, les scientifiques faisaient en effet l’hypothèse que tant que les niveaux de dioxyde de carbone augmentaient, l’Amazonie continuaient à stocker du carbone : une théorie que semble invalider l'étude.

    Nous devons agir

    "Partout sur Terre, même les forêts intactes changent", alerte Oliver Phillips.  L'homme a porté tellement atteinte aux écosystèmes bien réglés de la nature, que cette dernière ne parvient plus à y répondre toute seule."Les forêts nous rendent un énorme service, mais nous ne pouvons plus compter seulement sur elles pour résoudre le problème du carbone. Nous devons agir pour réduire les émissions afin de stabiliser notre climat." Pour le chercheur, c'est l'alarme.

    Cathy Lafon

    PHOTOS : Rainfor

    PLUS D'INFO

    • Le réseau Rainfor a été financé par le Natural Environment Research Council (NERC), la Gordon and Betty Moore Foundation, le septième PCRD et l’ERC.
    • Pour lire l'étude "Long-term decline of the Amazon carbon sink" : cliquer ICI 

    REPERES

    L’Amazonie.  Avec près de 6 millions de kilomètres carrés, la forêt amazonienne couvre environ 10 fois la superficie de la France métropolitaine, et s’étend sur 9 pays – le Brésil étant de loin le plus grand. De vastes territoires en Bolivie, Equateur, Colombie, Pérou, Venezuela, Guyane française, Guyana et Suriname sont encore couvertes de forêts amazoniennes. La région contient un cinquième de toutes les espèces connues sur Terre, dont plus de 15.000 espèces d’arbres. Ses 300 milliards d’arbres stockent un cinquième du carbone contenu dans toute la biomasse terrestre. L’Amazonie abrite aussi plusieurs millions d’habitants, et la vapeur d’eau produite par la forêt amazonienne soutient l’agriculture plus au sud, avec notamment les cultures de biocarburant qui alimentent les réservoirs des voitures du Brésil. Chaque année, les forêts amazoniennes recyclent 18 milliards de tonne de carbone, soit plus de deux fois la quantité émise par la combustion d’énergies fossiles dans le monde.

    Rainfor réunit des centaines de scientifiques qui surveillent les écosystèmes d’Amazonie depuis le sol. Le réseau est centré sur des parcelles de forêt qui permettent de suivre les vies d’arbres et d’espèces individuels. Il met l’accent sur des études de terrain à long terme pour évaluer le comportement du système d’échange de carbone le plus actif au monde, et pour comprendre l’impact de l’Amazonie sur le climat global. Rainfor encourage aussi la formation de jeunes chercheurs et de techniciens de terrain, en collaboration étroite avec les partenaires locaux, afin de faire émerger de nouvelles générations d’écologues de l’Amazonie. Le travail du réseau Rainfor bénéficie actuellement du soutien d’agences de moyen du Brésil, de Colombie, du Pérou, du Venezuela, du Royaume-Uni et de l’Union européenne (European Research Council).