Pollution de l'air : Zapa, ou non ? Bordeaux veut étudier la question. 1

Comment améliorer la qualité de l'air à Bordeaux ? Photo archives Sud Ouest / Laurent Theillet
Le Conseil de la Communauté urbaine de Bordeaux (CUB) examinait vendredi 23 novembre, une délibération destinée à lui permettre de décider "d'étudier l'opportunité ou non de mettre en place une ou plusieurs Zones d'actions prioritaires pour l'air (Zapa) sur le territoire de l'agglomération bordelaise". En partenariat avec l'Ademe (Agence de développement et de la maîtrise de l'énergie), la ville de Bordeaux et de Mérignac, co-financeurs avec la Cub, et la DREAL (Aquitaine).
A cette occasion, Ma Planète se penche sur le dispositif des Zapa. Aujourd'hui, retour sur le contexte général. Demain, le point sur la déclinaison bordelaise.
"Zapa", kesaco ? Petit retour en arrière, pour ceux qui ont raté le début du feuilleton
Voulues par le gouvernement de Nicolas Sarkozy, les Zapa sont une des mesures proposées et inscrites dans le Grenelle de l'environnement, afin d'améliorer la qualité de l'air que nous respirons et de contribuer à limiter le réchauffement climatique. Leur objectif est de réduire les émissions de gaz à effet de serre et la pollution aux particules fines, responsables en France, selon l'OMS , près de 42.000 décès prématurés par an, pour un coût sanitaire et environnemental estimé à 31 milliards d'euros par an. Ce dispositif est l'équivalent des LEZ (Low emission zoneS), qui ont été mises en place dans plusieurs grandes villes européennes, parfois depuis plusieurs années.
Une évolution nécessaire
Le principe initial des Zapa à la française reposait sur l'interdiction d'accès dans les centres villes des véhicules les plus polluants et les plus vieux, y compris ceux des particuliers, sans prendre en compte d'autres types de pollutions produites par des véhicules neufs, mais tout aussi sinon plus polluants (Diesel récents, 4x4...). Si la première mouture des Zapa a bel et bien été retoquée par Delphine Batho, car jugée "antisociale" et pas très efficace écologiquement, pas question pour autant de zapper les Zapa. La ministre de l'Ecologie le rappelait le 20 septembre dernier : en matière de pollution, si les Zapa doivent évoluer, la France le doit aussi. Les grandes villes du pays sont donc "invitées", d'ici janvier 2013, à faire des propositions concrètes en matière de réduction de la pollution de l'air.
Le contentieux européen
Le dépassement des seuils de pollution de l'air place en effet la France en situation de contentieux européen pour 15 zones, concernant les émissions de particules fines et pour 28 zones, concernant le dioxyde d'azote, si bien que le pays est passible d'une amende de 100 millions d'euros dès 2016, s'il ne parvient pas à diminuer ces taux de pollution. En période de crise économique, on peut rêver une meilleure façon de dépenser ses euros....
Bordeaux dans le bain des Zapa
Bordeaux et son agglomération ont mis des bouchées doubles ces dix dernières années pour essayer d'améliorer la qualité de l'air sur leur territoire, avec de multiples réussites : création du tramway, développement des déplacements doux, mise en place d'un système de location de vélos puis de vélos en libre service, mise en place de zones 30, restructuration du réseau des bus.... Force est cependant de reconnaître que, comme dans les autres grandes villes de France, des dépassements des normes des seuils de pollution de l'air sont régulièrement observés à Bordeaux depuis 2007 : la capitale de l'Aquitaine fait partie des 13 agglomérations qui ont conduit l'Europe à mettre la France en demeure pour le "non respect des valeurs limites des particules fines." Ca c'est pour la partie "institutionnelle".
Impact sanitaire avéré
Pour ceux que l'Europe administrative "énerve", il y a aussi la partie économique et sanitaire de la pollution de l'air, avec l'augmentation des maladies respiratoires, plus ou moins graves, chroniques ou non. Elles sont responsables à Bordeaux d'une diminution moyenne de l'espérance de vie de 5 mois, selon les conclusions du projet Aphekom, qui a évalué de 2008 à 2011 les répercussions de la pollution de l'air sur la santé publique dans douze pays européens et en particulier dans neuf villes françaises. Résultats repris par la Dreal Aquitaine, dans son Etude sur l'impact sanitaire de la mise à 2x3 voies de la rocade bordelaise publiée le 21 novembre : "si la concentration moyenne annuelle de particules fines (PM2,5), en pollution de fond, respectait la valeur guide de l'OMS (10 μg/m3), cela permettrait de différer environ 150 décès par an sur l’agglomération bordelaise, par rapport à la situation actuelle où, par exemple en 2001, les stations de Talence et Bassens ont respectivement mesuré des concentrations moyennes annuelles de particules fines (PM2,5) de 29 et 28 μg/m3".
Voilà pour le contexte général, pas vraiment rose et encore moins vert, dans lequel s'inscrit la délibération sur les Zapa que la Cub a examiné le 23 novembre dernier.
Rendez-vous demain pour la suite... Zapa ou non ? Bordeaux veut étudier la question. 2.
►PLUS D'INFO
- Qu'est-ce qu'une zapa ? Pour la définition du Grenelle de l'environnement, cliquer ICI
- En savoir plus sur les Zapa avec l'Ademe : cliquer ICI
- S'informer avec l'Ademe sur les retours d'expérience des pays européens sur les LEZ : cliquer ICI
- S'informer sur le chauffage au bois : cliquer ICI
- Le projet Aphekom s’est déroulé de juillet 2008 à mars 2011. Coordonné par l’Institut de veille sanitaire (InVS) et mené dans 12 pays européens par plus de 60 scientifiques, il est co-financé par le programme européen d’action communautaire dans le domaine de la santé publique (2003- 2008) et par les nombreux organismes locaux et nationaux qui ont dédié des ressources à l’accomplissement du projet.
►LIRE AUSSI
- Les Zapa sur Ma Planète : http://maplanetea.blogspirit.com/tag/zapa

Initié par l'Europe et déjà mis en place dans de nombreux Etats membres, le concept des Zones d'actions prioritaires pour l'air (LEZ en anglais) a pour objectif incontournable et pas seulement louable, de réduire de 30 % les particules polluantes dans l'air d'ici 2015. Qui dit Zapa, dit aussi interdiction sur le territoire concerné de la circulation des véhicules les plus polluants. Mais tout dépend ensuite de la mise en musique du concept : quels critères retenir pour interdire quoi ? Si la mouture initiale des Zapa a bel et bien été retoquée par Delphine Batho, car jugée "antisociale" et pas très efficace écologiquement, le gouvernement actuel de gauche n'a pas renoncé à l'essence même du projet voulu par son prédécesseur de droite. La ministre de l'Ecologie le rappelait le 20 septembre dernier : la France doit évoluer nécessairement sur ce point et les

La bonne nouvelle pour la qualité de l'air et notre santé, c'est que "Le dispositif de Zones d'actions prioritaires pour l'air (Zapa), qui vise à réduire la circulation des véhicules polluants en ville, n'est pas abandonné, mais sera revu d'ici à janvier", a annoncé jeudi 20 septembre à l'AFP la ministre de l'Ecologie, Delphine Batho, à l'issue de la réunion avec les représentants des villes impliquées dans cette expérimentation, dont Bordeaux. "Un comité interministériel sur la qualité de l'air va travailler avec les villes pour bâtir des solutions concrètes d'ici à janvier prochain afin de le rendre juste socialement et efficace", a ajouté la ministre, refusant de s'en tenir au constat d'échec et choisissant de partir de la volonté de l'Etat et des villes de travailler ensemble à élaborer un nouveau dispositif.
Les sept collectivités en attente d'aménagements nécessaires au dispositif, ont donc pu souffler cet été. Mais la pollution de l'air n'a pas diminué sur leur territoire entre temps : elles sont inévitablement rattrapées par les Zapas et ne couperont pas à l'obligation d'améliorer la qualité d'un air que les citadins ont de plus en plus de difficultés à respirer. Pour se mettre en conformité avec les normes de seuil de pollution européennes et éviter à la France de payer la facture d'une amende de 40 milliards d'euros à l'Europe, mais surtout pour préserver notre santé.
Reste donc à trouver d'ici janvier 2013, la bonne formule pour créer les Zapas, sans pénaliser les foyers les plus modestes et les conducteurs de deux roues motorisées. La FFMC (Fédération française des motards en colère) qui représente ces derniers, était également très remontée contre la mouture initiale des Zapas qui les sanctionnait, sans tenir compte de l'intéressante alternative au déplacement automobile qu'offre leur mode de déplacement.