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  • En Antarctique, le mercure fait mourir les oiseaux

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    Un couple de skuas surveillant de près un pingouin pour lui voler ses oeufs. Photo Ice Stories

    La contamination au mercure des terres australes a des effets néfaste sur les populations d'oiseaux. C'est ce que révèlent pour la première fois les travaux de chercheurs du Centre d'études biologiques de Chizé et du laboratoire « Littoral, environnement et sociétés »  du CNRS, à l'Université de La Rochelle.

    cnrs,oiseau,pollution,mercure,pesticides,pcb,étude,pôle,antarctiqueLa pollution anthropique peut conduire au déclin des oiseaux

    En suivant des skuas en Terre Adélie et aux îles Kerguelen pendant 10 ans, les chercheurs ont montré que, lorsque ces oiseaux marins présentent des taux de mercure élevés dans leur sang, leur succès reproducteur diminue. C'est la première fois que des mesures toxicologiques sont couplées à une enquête démographique menée sur une période aussi longue dans les terres australes. Selon ces résultats, publiés dans la revue "Ecology" du mois d'avril 2014, les polluants produits par l'homme, qui s'accumulent au niveau des pôles, peuvent bel et bien mener à un déclin des populations d'oiseaux.

    cnrs,oiseau,pollution,mercure,pesticides,pcb,étude,pôle,antarctiqueComment s'exerce la pollution par le mercure ?

    Une partie du mercure issu des activités industrielles et domestiques (combustion d'hydrocarbures et de charbon), est balayée par les vents vers l'Arctique et l'Antarctique. Ce mercure produit par les activés humaines, s'ajoute à celui d'origine naturelle et rentre dans la chaîne alimentaire. Or ce métal lourd est un puissant perturbateur endocrinien, capable d'inhiber la production d'hormones nécessaires à la reproduction. En zone polaire, on savait que de nombreux oiseaux marins tels que les skuas accumulent cet élément toxique à des concentrations élevées dans leurs tissus. Cependant, les effets à long terme sur leurs effectifs n'étaient pas connus.

    cnrs,oiseau,pollution,mercure,pesticides,pcb,étude,pôle,antarctiqueUn suivi démographique sur dix ans

    Pour la première fois, les chercheurs ont réalisé un suivi démographique sur une période de dix ans sur deux espèces d'oiseaux marins : les skuas vivant sur les îles Kerguelen (zone subantarctique) et ceux peuplant la Terre Adélie (en Antarctique). Les skuas sont des oiseaux migrateurs qui se nourrissent essentiellement d'œufs et de poussins de manchots, ainsi que de poissons. Prédateurs redoutables qui vivent 25 ou 30 ans, ils accumulent du mercure dans leurs tissus.  Les chercheurs ont tout d'abord capturé une centaine de skuas antarctiques et subantarctiques. Après une prise de sang pour mesurer leur taux de mercure, ils les ont bagués et relâchés. Pendant dix ans, les chercheurs sont revenus sur leur site de ponte pour observer leur descendance, les skuas pouvant élever un ou deux poussins par an.

    Plus le taux de mercure est élevé, moins la reproduction est assurée

    Première constatation, les skuas subantarctiques présentent des concentrations de mercure trois fois plus élevées que celles de l'espèce antarctique. Les chercheurs ont montré chez les deux espèces que, plus le taux de mercure est élevé, moins les oiseaux ont des chances de se reproduire avec succès et en particulier d'élever leurs poussins. De façon inattendue, c'est chez l'espèce la moins contaminée, le skua antarctique, que les effets de ce métal lourd sont les plus prononcés. Il est possible qu'en Terre Adélie, les conditions environnementales plus sévères, couplées à la présence croissantes d'autres polluants (pesticides, PCB), amplifient l'impact de la contamination par le mercure.

    cnrs,oiseau,pollution,mercure,pesticides,pcb,étude,pôle,antarctiqueUne vraie menace pour la biodiversité

    L'Antarctique est l'une des parties du globe où la concentration de la pollution au mercure, due à l'activité humaine, est la plus importante. On se doutait que cela ne faisait pas du bien à la biodiversité. Maintenant, on en a la certitude : les résultats des chercheurs prouvent que les polluants qui s'accumulent dans les zones polaires constituent une véritable menace pour la biodiversité. Si la contamination au mercure continue d'augmenter, les populations de skuas pourraient à long terme décliner. Les chercheurs  ne s'intéressent pas qu'au mercure. Ils conduisent des études similaires pour mesurer les effets sur les populations d'oiseaux de polluants « classiques», tels que les pesticides et d'autres métaux lourds, ainsi que de molécules nouvelles comme les composés perfluorés qui s'accumulent également en Antarctique.

    Cathy Lafon

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    • Pour consulter l'étude : Demographic responses to mercury exposure in two closely-related Antarctic top predators. Goutte A., Bustamante P., Barbraud C., Delord K., Weimerskirch H., Chastel O. Ecology, avril 2014 : cliquer ICI

    Cette étude du CNRS a reçu le soutien logistique et financier de l'Institut polaire français Paul-Emile Victor (IPEV) et de l'Agence nationale de la recherche (ANR programme PolarTop).

  • Littoral atlantique: d'où viennent ces déchets qui submergent nos plages?

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    Le 15 mars, les bénévoles avaient répondu à l’appel de la commune de Lège pour nettoyer la plage. Photo archives "Sud Ouest"

    déchets marins,pollution,plastique,tempêtes,collecte,surfrider foundation,plage,littoral,atlantiqueParrainée par l'ancien footballeur, Bixente Lizarazu, la 19ème édition des Initiatives Océanes,  « Jeter en mer, c’est jeter par terre », est organisée par la Surfrider Fondation Europe. Près de 800 collectes de déchets achèvent de se dérouler sur tout le littoral ce week-end, les 22 et 23 mars. Cette année, soutenue par le journal "Sud Ouest", l'ONG veut nettoyer les plages, mais aussi aider les scientifiques à en savoir plus sur l'origine et le parcours des déchets.

    déchet grand crohot 2.jpg"Jeter par terre, c'est jeter en mer"

    Le message pédagogique des Initiatives Océanes 2014, « Jeter par terre c’est jeter en mer »,  rappelle qu’un geste anodin peut avoir des conséquences dramatiques sur l'environnement. La Surfrider Foundation alerte sur l'impact de la pollution en ville sur la mer, et le chemin parcouru par les déchets en suivant le cycle de l’eau. Un geste aussi banal que jeter une poche plastique par terre, aura en effet des conséquences désastreuses sur le milieu marin, comme en témoignent les 6,5 millions de tonnes de déchets en plastique déversées chaque année dans les océans.

    Dresser un profil de la pollution locale

    Les scientifiques travaillent à déterminer d'où provient cette pollution durable et protéiforme. Pas si facile. Aussi, cette année, Surfrider entend donner un aspect plus scientifique au ramassage en invitant les organisateurs à remplir une fiche bilan des déchets trouvés sur chaque façade maritime afin de dresser un profil plus précis de la pollution locale. Pour mieux pouvoir lutter contre elle.

    D'où viennent ces déchets qui encombrent les plages?

    A déchets le porge casier.jpg70 et 80%, les déchets marins proviennent de la terre et ce sont nos modes de vie et nos mauvais gestes qui les produisent. Comme cette poche plastique jetée à terre sur les bords de la Garonne et emportée par les eaux du fleuve, qui se retrouve dans l'océan et qu'une tortue peut ingérer à l'autre bout du monde, pour son plus grand malheur. Nous récoltons aussi en Aquitaine, les détritus venus des côtes espagnoles, charriés par le courant du Portugal, ce qui doit nous rappeler que nos propres déchets s'en vont polluer d'autres rivages. On trouve ainsi quantité de cordages, caisses, bidons, chaussures, jouets de plage, flacons de crème solaire, bouteilles de verre ou de plastique... Bref, un vrai bric-à-brac qui n'a rien de merveilleux, issu des objets arrachés par la mer, oubliés ou bien jetés par les estivants sur les plages. Sans oublier ces ordures lancées parfois par les marins embarqués à bord des bateaux qui sillonnent les eaux du globe. Certains objets traversent l'Atlantique, comme ce casier canadien flambant neuf, retrouvé sur la plage du Porge (Gironde), le 4 mars dernier (photo ci-dessus).

    déchets le porge microbilles.jpgLa "soupe" de plastique

    Et puis il y a tous les "vieux" déchets, roulés comme des galets ou des coquillages, puis émiettés par les vagues durant des décennies. Les composants en plastique quasi-indestructible finissent en macrodéchets, fragments  et microbilles, et constituent ce que les scientifiques nomment la "soupe". Dans l'océan Pacifique nord, ils finissent par s'amasser sous l'effet d'un vortex puissant de courants marins, pour former une sorte de plateforme molle, surnommée le "7ème continent de plastique" de la taille d'un tiers des Etats-Unis ou de six fois la France. Peu dégradable, le plastique est le pire des déchets. Il compose 60 à 70 % des déchets marins. Il provoque des dégâts considérable sur la faune, et notamment les cétacés, les tortues et les oiseaux. Dans l'océan Atlantique, selon l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (IFREMER), il y aurait environ 50 millions de déchets divers dans le golfe de Gascogne, soit 15 débris en moyenne à l'hectare par 1.800 mètres de fond. Toujours sur la plage du Porge, début mars, on pouvait observer des amas de jolies billes de couleurs (photo ci-dessus). Pas des perles à enfiler pour faire des colliers, mais des éléments de cette fameuse "soupe".

    déchets alios.jpgLes belles épaves naturelles

    Bien sûr, les optimistes relèveront que les vagues laissent aussi sur le sable de magnifiques bois flottés, qui font le bonheur des fans de déco, ou des blocs d'alios d'une beauté brute, comme celui-ci découvert également sur la plage du Porge. Certes. Mais, cette année particulièrement, ils sont ensevelis dans la masse des ordures produites par les activités humaines qui n'ont rien de poétique.

    Alors, à la ville comme à la compagne, à la montagne ou à la plage, avant d'acheter, de consommer et de jeter, pensez aux déchets !

    Cathy Lafon

    #soslittoral

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    • Les Initiatives Océanes. Lancées en 1996, elles rassemblent chaque année des milliers de personnes pour une collecte de déchets sur les plages, les bords de rivières, et les lacs pour sensibiliser le grand public à la pollution aquatique. Ce grand nettoyage permet aussi de dresser un état des lieux de ce problème pour le combattre plus efficacement.
    • En 2013, l’opération avait rassemblé 50.000 personnes dans 40 pays, et plus de 36.000 sacs poubelles avaient été remplis de déchets. Cette année, en raison des quantités monstrueuses de déchets rejetés par les vagues des tempêtes successives, la "récolte" s'annonce, hélas, exceptionnelle.
    • 206 kilos de déchets en plastique sont déversés chaque seconde dans l'océan.
    • L'estomac d'un fulmar (oiseau marin qui vit en mer du Nord), contient en moyenne 34 morceaux de plastique.

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  • Oiseaux mazoutés. Dégazages ou épaves : quels sont les responsables de la pollution aux hydrocarbures ?

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    Un Macareux moine échoué sur une plage de l'île de Ré Photo Sud Ouest / Xavier Léoty

    15% des oiseaux échoués sur le littoral atlantique depuis fin janvier sont mazoutés. Bien décidée à ce que la source de la pollution marine soit identifiée, la Ligue de protection des oiseaux (LPO) a décidé de porter plainte contre X auprès du tribunal de Brest le 13 mars.   De son côté, l'ONG environnementale Robin des Bois dénonce les épaves marines non surveillées, aux cargaisons de pétrole susceptibles de fuir et de causer des pollutions aux hydrocarbures. Le CEDRE (Centre de documentation, de recherche et d'expérimentations sur les pollutions) a été missionné pour faire des analyses et une enquête judiciaire est actuellement en cours.

    mazout.jpgHécatombe historique

    Cet hiver, plus de 38.000 oiseaux, principalement des alcidés (le Macareux moine, le Guillemot de troïl et le Pingouin torda) se sont échoués sur les plages européennes, dont environ 30.000 en France et 7.500 en Espagne et en Grande-Bretagne. Les tempêtes à répétition sont responsables de cette hécatombe historique, mais pas que.  Pour la LPO, les intempéries ont bon dos. L'association l'a constaté, la pollution par les hydrocarbures a également tué un grand nombre d'oiseaux. 

    Le CEDRE enquête

    Depuis plus de trois semaines, le littoral atlantique est touché par d’importantes arrivées de boulettes de pétrole, de la Charente-Maritime à la Bretagne. Pour le CEDRE qui l'analyse, ce pétrole porte la même signature chimique, où qu'il soit récupéré. Autre indice, le fioul semble avoir séjourné peu de temps en mer et pour l'organisme, les analyses montrent que les échantillons étudiés ne correspondent à aucune des marées noires bien connues qui ont affecté la zone au cours des dernières années : "Erika" (1999), "Prestige" (2002, au large de l'Espagne) et "TK Bremen". 

    Les épaves en cause ?

    Selon l'association écologiste Robin des Bois, qui évoque aussi dans un communiqué de presse des arrivages diffus d’hydrocarbures plus au sud, jusqu'aux Pyrénées-Atlantiques, ces résidus ne proviendraient pas uniquement de dégazages, mais pourraient être rejetées par une ou plusieurs épaves abandonnées et insuffisamment surveillées, comme celles de l’"Erika", avec ses 19.800 tonnes de pétrole, ou de l’"Union Neptune" (2011). L'ONG estime que l'on peut ainsi suspecter plusieurs dizaines d’épaves, car plus elles vieillissent, plus elles sont fragiles et susceptibles de fuir en libérant dans l’environnement les vieux fiouls de propulsion jusqu’alors confinés et oubliés.  Et quand les tempêtes les chahutent, comme cet hiver, on peut craindre le pire. Il en existe plus de 4.000 au large des côtes françaises : pétroliers, navires de guerre, bateaux de pêches, chimiquiers, avions, sous-marins... Un potentiel de pollution considérable.

    le foucault.jpgLe "Foucault", près de l'île de Ré

    A titre d’exemple, l'ONG rappelle que l’épave du paquebot "Foucault" (photo ci-contre), bombardé en juin 1940, sur la plage de "Sablanceaux", sur  l'île de Ré (Charente-Maritime), a commencé à fuir en l’an 2000. La frégate "Laplace", navire météo d’assistance à l’aviation et la marine marchande, naufragé en 1950 près du Cap Fréhel,  a commencé à fuir 50 ans après ; l’épave du "Peter Sif", naufragé en 1979 en face d’Ouessant, a commencé à fuir en 1998.

    Des épaves potentiellement polluantes et dangereuses

    C'est l'occasion pour l'ONG de tirer la sonnette d'alarme sur le dossier explosif des épaves potentiellement polluantes et dangereuses, dont l'étude de la dépollution et de la sécurisation constituaient l'un des engagements non tenus du Grenelle de la Mer (2009). Robin des Bois pointe un autre engagement du Grenelle qui a bien été pris, mais n'est pas respecté : l’Etat français s’engageait à ratifier la Convention de l’OMI (Organisation Maritime Internationale) sur l'enlèvement des épaves. Cette convention qui préconise le renflouement et l'enlèvement des épaves dangereuses pour la sécurité maritime ou l’environnement n'a été ratifiée à ce jour que par neuf pays : l’Allemagne, la Bulgarie, le Royaume-Uni, l’Iran, l’Inde, la Malaisie, le Maroc, le Nigéria et Palau (Océanie). Pour qu'elle entre en vigueur, dix signatures sont nécessaires. D'où l'importance crucial de la signature de la France. 

    armes chimiques fond des mers.jpgDes bombes à retardement

    Les analyses du CEDRE devraient permettre d'en savoir plus. Ce qu'il y a de sûr, c'est que les épaves de bateaux et de sous-marins, avec les carburants et les déchets toxiques et dangereux qu'elles contiennent parfois, constituent de vraies bombes polluantes à retardement. Tout comme ces armes chimiques, jetées en pleine mer après la fin de la deuxième guerre mondiale, scandale révélé récemment  par le documentaire d'Arte, "Armes chimiques sous la mer". Ou encore ces fûts de déchets nucléaires, immergés dans l'océan jusqu'au début des années 1990 : près des côtes d'Europe reposent ainsi plus de 100.000 tonnes de déchets radioactifs oubliés.

    Deuxième certitude : quelle que soit leur origine, les résidus de pétrole qui s'abattent depuis plusieurs semaines sur le littoral Atlantique contribuent à la mortalité des oiseaux de mer et à la dégradation de l’environnement marin.

    Troisième et dernière certitude : la mer est bel est bien toujours une poubelle.

    Cathy Lafon

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