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  • Oiseaux mazoutés. Dégazages ou épaves : quels sont les responsables de la pollution aux hydrocarbures ?

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    Un Macareux moine échoué sur une plage de l'île de Ré Photo Sud Ouest / Xavier Léoty

    15% des oiseaux échoués sur le littoral atlantique depuis fin janvier sont mazoutés. Bien décidée à ce que la source de la pollution marine soit identifiée, la Ligue de protection des oiseaux (LPO) a décidé de porter plainte contre X auprès du tribunal de Brest le 13 mars.   De son côté, l'ONG environnementale Robin des Bois dénonce les épaves marines non surveillées, aux cargaisons de pétrole susceptibles de fuir et de causer des pollutions aux hydrocarbures. Le CEDRE (Centre de documentation, de recherche et d'expérimentations sur les pollutions) a été missionné pour faire des analyses et une enquête judiciaire est actuellement en cours.

    mazout.jpgHécatombe historique

    Cet hiver, plus de 38.000 oiseaux, principalement des alcidés (le Macareux moine, le Guillemot de troïl et le Pingouin torda) se sont échoués sur les plages européennes, dont environ 30.000 en France et 7.500 en Espagne et en Grande-Bretagne. Les tempêtes à répétition sont responsables de cette hécatombe historique, mais pas que.  Pour la LPO, les intempéries ont bon dos. L'association l'a constaté, la pollution par les hydrocarbures a également tué un grand nombre d'oiseaux. 

    Le CEDRE enquête

    Depuis plus de trois semaines, le littoral atlantique est touché par d’importantes arrivées de boulettes de pétrole, de la Charente-Maritime à la Bretagne. Pour le CEDRE qui l'analyse, ce pétrole porte la même signature chimique, où qu'il soit récupéré. Autre indice, le fioul semble avoir séjourné peu de temps en mer et pour l'organisme, les analyses montrent que les échantillons étudiés ne correspondent à aucune des marées noires bien connues qui ont affecté la zone au cours des dernières années : "Erika" (1999), "Prestige" (2002, au large de l'Espagne) et "TK Bremen". 

    Les épaves en cause ?

    Selon l'association écologiste Robin des Bois, qui évoque aussi dans un communiqué de presse des arrivages diffus d’hydrocarbures plus au sud, jusqu'aux Pyrénées-Atlantiques, ces résidus ne proviendraient pas uniquement de dégazages, mais pourraient être rejetées par une ou plusieurs épaves abandonnées et insuffisamment surveillées, comme celles de l’"Erika", avec ses 19.800 tonnes de pétrole, ou de l’"Union Neptune" (2011). L'ONG estime que l'on peut ainsi suspecter plusieurs dizaines d’épaves, car plus elles vieillissent, plus elles sont fragiles et susceptibles de fuir en libérant dans l’environnement les vieux fiouls de propulsion jusqu’alors confinés et oubliés.  Et quand les tempêtes les chahutent, comme cet hiver, on peut craindre le pire. Il en existe plus de 4.000 au large des côtes françaises : pétroliers, navires de guerre, bateaux de pêches, chimiquiers, avions, sous-marins... Un potentiel de pollution considérable.

    le foucault.jpgLe "Foucault", près de l'île de Ré

    A titre d’exemple, l'ONG rappelle que l’épave du paquebot "Foucault" (photo ci-contre), bombardé en juin 1940, sur la plage de "Sablanceaux", sur  l'île de Ré (Charente-Maritime), a commencé à fuir en l’an 2000. La frégate "Laplace", navire météo d’assistance à l’aviation et la marine marchande, naufragé en 1950 près du Cap Fréhel,  a commencé à fuir 50 ans après ; l’épave du "Peter Sif", naufragé en 1979 en face d’Ouessant, a commencé à fuir en 1998.

    Des épaves potentiellement polluantes et dangereuses

    C'est l'occasion pour l'ONG de tirer la sonnette d'alarme sur le dossier explosif des épaves potentiellement polluantes et dangereuses, dont l'étude de la dépollution et de la sécurisation constituaient l'un des engagements non tenus du Grenelle de la Mer (2009). Robin des Bois pointe un autre engagement du Grenelle qui a bien été pris, mais n'est pas respecté : l’Etat français s’engageait à ratifier la Convention de l’OMI (Organisation Maritime Internationale) sur l'enlèvement des épaves. Cette convention qui préconise le renflouement et l'enlèvement des épaves dangereuses pour la sécurité maritime ou l’environnement n'a été ratifiée à ce jour que par neuf pays : l’Allemagne, la Bulgarie, le Royaume-Uni, l’Iran, l’Inde, la Malaisie, le Maroc, le Nigéria et Palau (Océanie). Pour qu'elle entre en vigueur, dix signatures sont nécessaires. D'où l'importance crucial de la signature de la France. 

    armes chimiques fond des mers.jpgDes bombes à retardement

    Les analyses du CEDRE devraient permettre d'en savoir plus. Ce qu'il y a de sûr, c'est que les épaves de bateaux et de sous-marins, avec les carburants et les déchets toxiques et dangereux qu'elles contiennent parfois, constituent de vraies bombes polluantes à retardement. Tout comme ces armes chimiques, jetées en pleine mer après la fin de la deuxième guerre mondiale, scandale révélé récemment  par le documentaire d'Arte, "Armes chimiques sous la mer". Ou encore ces fûts de déchets nucléaires, immergés dans l'océan jusqu'au début des années 1990 : près des côtes d'Europe reposent ainsi plus de 100.000 tonnes de déchets radioactifs oubliés.

    Deuxième certitude : quelle que soit leur origine, les résidus de pétrole qui s'abattent depuis plusieurs semaines sur le littoral Atlantique contribuent à la mortalité des oiseaux de mer et à la dégradation de l’environnement marin.

    Troisième et dernière certitude : la mer est bel est bien toujours une poubelle.

    Cathy Lafon

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  • Santé. Les éthylotests chimiques à la poubelle ?

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    Les éthylotests chimiques à usage unique contiennent un réactif toxique Photo AFP

    Décidément, les éthylotests obligatoires dans les véhicules depuis le 1er juillet 2012, attirent les embrouilles comme le miel les fourmis.

    "Sud Ouest" l'avait révélé le 26 juin dernier, le président de l'association I-Test, à l'origine du décret qui les rend obligatoires, est aussi un salarié de l'entreprise qui les fabrique... De là à soupçonner une combine, il n'y avait qu'un pas que seuls les esprits mal intentionnés auront franchi. Et puis, il y a aussi les difficultés à s'approvisionner et les diverses arnaques de vente en ligne sur internet...

    Nouveau coup dur pour les éthylotests, venu d'où on ne l'attendait pas : selon l'association écologiste Robin des Bois, la dangerosité des éthylotests chimiques à usage unique ne serait pas contestée. Un réactif contenu dans des éthylotests chimiques à usage unique provoque des irritations en cas de projection dans les yeux. Selon l'agence SIPA, l’étude réalisée en juillet 2012 par le Comité de Coordination de Toxicovigilance avec l’appui de l’INVS  et de l’ANSES  confirmerait les risques dans un rapport qui n'a pas encore été publié. Quant aux incidents sanitaires, ils sont en augmentation. Voilà qui fait désordre.

    Allez, Robin des Bois, vous charriez !

    Les éthylotests chimiques désormais diffusés à des millions d’exemplaires exposeraient donc les usagers, les familles et notamment les enfants à des risques immédiats résultant de la présence irritative d’acide sulfurique et de chrome ? On n'ose le croire.

    "Ce n'est pas une très bonne idée d'avoir fait le choix d'une substance potentiellement cancérogène"

    Aussi ahurissant que cela puisse paraître "au jour d'aujourd'hui", comme aurait dit ma grand-mère, avec toutes les normes sanitaires que l'Europe nous impose, Robin des Bois ne divague pas. Des cas d'irritations oculaires après projection dans les yeux de bichromate de potassium, un réactif contenu dans des éthylotests chimiques à usage unique, ont bien été répertoriés en France auprès des Centres antipoison et de toxicovigilance (CAPTV). Alain Baert, du CAPTV de Rennes, l'expliquait sur France Info, le 14 novembre dernier : le bichromate de potassium, connu pour être une substance toxique pour l’environnement et la faune aquatique, a été classé par l'Union européenne comme substance cancérogène, mutagène et reprotoxique (CMR) de catégorie 2, la nocivité venant plus du chrome que du potassium.  Champion de la litote, Alain Baert concluait : "Ce n'est pas une très bonne idée d'avoir fait le choix d'une substance potentiellement cancérogène" comme réactif dans les éthylotests... Pour autant, l'utilisateur ne risque absolument rien lors de l'utilisation sauf accident avec le produit. Ouf !

    Un étiquetage lacunaire

    ethylotest,chimique,substance toxique,automobile,conducteur,alcool volant,prévention,accident de la routeAutre point qui chatouille sérieusement Robin des Bois, l’étiquetage des éthylotests à usage unique mis sur le marché comporterait de nombreuses lacunes, comme l’absence de mention de l’acide sulfurique... Ah bon. Enfin, l'association déplore que le décret 2012-284 du 28 février 2012 à l’initiative du ministre de l’Intérieur d'alors, Claude Guéant, n’ait pas fait l’objet d’une concertation avec les Ministères de la Santé et de l’Ecologie. Quant à l’actuel Ministère de l’Ecologie, il tarderait,  malgré les sollicitations de Robin des Bois à définir, à mettre en œuvre et à diffuser auprès du public un protocole d’élimination des éthylotests usagés ou périmés.

    Bon, ça, c'est fait. Et après ?

    Abrogation ou modification du décret imposant les éthylotests dans les véhicules

    Ccnclusion : Robin des Bois demande au Ministère de l’Intérieur d’abroger ou de modifier le décret obligeant les conducteurs à disposer d’éthylotests en bon fonctionnement dans leur véhicule, à partir du 1er juillet 2012. En effet, selon l'association, cette obligation doit être conditionnée à la disponibilité d’éthylotests à usage unique d’un prix abordable, conformes aux normes et exempts de risques sanitaires et environnementaux. L'association demande également aux détenteurs d’éthylotests périmés ou usagés d’éviter absolument le dépôt sur la voie publique et dans les milieux naturels. Comme tous les déchets toxiques, ils doivent être amenés dans les déchetteries pour être agrégés à la filière Déchets Diffus Spécifiques (DDS).

    Boire ou conduire, il faut choisir. Mais cela ne devrait pas faire courir le risque pour les conducteurs, de s'intoxiquer en soufflant dans le ballon. Par chance, si les éthylotests sont obligatoires dans tous les véhicules à moteur depuis le 1er juillet 2012, en raison d'une pénurie, l'amende de 11 euros ne pourra être appliquée avant le 1er mars 2013... Le temps de revoir le décret ? 

    Cathy Lafon

    PLUS D'INFO

    • Le dossier complet sur les éthylotests disponible sur le site de Robin des Bois : cliquer ICI
    • Le décret du 28 février 2012 sur les éthylotests : cliquer ICI

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