Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

france - Page 13

  • Nucléaire : en 2014, le dernier homme de Fukushima partira en voyage

    matsumura 2.jpg

    Naoto Matsumura, photo DR 

    A Fukushima, deux ans après la catastrophe nucléaire, Naoto Matsumura, un fermier de 53 ans, vit toujours dans la zone désormais interdite de 20 km autour de la centrale dévastée par le tsunami du 11 mars 2011. Il a décidé de prendre son bâton de pélerin-samouraï et de faire le tour du monde pour alerter l'opinion contre les dangers du nucléaires.

    naoto.jpgL'histoire de Naoto Matsumura

    En mars 2011, quatre jours après l'explosion du réacteur n°4, le paysan de Fukushima quitte avec les siens la ferme exploitée par sa famille depuis cinq générations. Ne pouvant trouver d'hébergement, il laisse sa famille à Iwaki et retourne chez lui pour nourrir ses animaux. Il découvre d'abord chez ses voisins puis dans tous les environs, que partout des animaux ont été abandonnés, souvent enfermés et incapables de se nourrir, leurs propriétaires pensant pouvoir rentrer assez rapidement chez eux. Il décide alors de rester définitivement dans la zone évacuée et interdite, pour sauver et s'occuper d'autant d'animaux qu'il le pourra, et leur éviter de mourir de faim ou d'être abattus selon les consignes gouvernementales. 

    "Le dernier homme de Fukushima"...

    C'est un journaliste italien Antonio Pagnotta qui a fait connaître Naoto Matusumura. Après l'avoir rencontré  lors d'un voyage dans la zone, il en a fait un livre très émouvant, "Le dernier homme de Fukushima", publié aux éditions Don Quichotte en 2013. Le "samouraï sans maître",  plein de rage à l'encontre des responsables de ce désastre nucléaire, est bien décidé à ne pas les laisser supprimer les preuves de l'impact de la contamination radioactive, en éliminant les animaux possiblement affectés et leur descendance. C'est en vivant dans la zone contaminée, sans eau courante, électricité ni sanitaires que cet homme courageux  a décidé de manifester sa colère face à Tepco, le géant de l'industrie nucléaire japonais. 

    .... ou pas ? 

    Depuis l'assouplissement de l'interdiction de résider dans la zone, une poignée d'autres paysans auraient regagné les environs de Fukushima. A l'instar de Keigo Sakamota, 58 ans,  qui s'occupe également d'une véritable ménagerie d'animaux, malgré les risques de radiations. Sa vidéo tourne sur le web depuis le 5 novembre 2013 et le montre en train de nourrir chaque jour près de 5000  chiens, chats, canards, chèvres, lapins....tous abandonnés par leurs propriétaires qui ont dû évacuer leurs fermes. "Si j'évacuais ne serait ce qu'un mois, je ne crois pas qu'une seul animal survivrait" explique-t-il. Bien décidé à ne pas lever le camp: "Je ne m'inquiète pas le moins du monde parce que je protège des centaines de vies. Je vais continuer à les protéger. Je resterai ici. Je ne bougerai pas un orteil même pour un seul jour" affirme-t-il. 

    Aujourd'hui, Naoto Matsumura n'est peut-être plus vraiment "le dernier homme de Fukushima"  ? Mais la question n'est vraiment pas là, surtout vu d'ici... Qu'ils soient un, deux ou dix, Naoto comme Keigo incarnent avec un extraordinaire courage une forme de résistance inédite face à la nucléocratie japonaise.

    Naoto Masumura à Fessenheim et au Parlement européen

    Naoto, quant à lui, a décidé de quitter Fukushima, pour venir en France entre le 5 et le 20 mars 2014  et plus particulièrement à Fessenheim, lors des manifestations qui se tiendront sur le Rhin pour le troisième anniversaire du début de la catastrophe de Fukushima. Le "dernier homme de Fukushima" veut raconter sa douloureuse expérience de l’explosion de la centrale de Fukushima Daii Ichi, véritable « sœur jumelle » de Fessenheim. Né d’une idée d'Antonio Pagnotta, ce voyage symbolique est organisé par un collectif d’associations et coordonné par le groupe local de Greenpeace Strasbourg. Sa rencontre avec les agriculteurs, les habitants de cette région sera pour lui l’occasion de faire comprendre aux gens que la vie peut basculer du jour au lendemain et qu’on peut tout perdre. Qu’une explosion nucléaire peut détruire toute une région durablement : sa terre, ses animaux, ses habitants. La parole lui sera également donnée au Parlement Européen dans une conférence de presse, pour faire l’état des lieux à Fukushima, le 11 mars 2014, jour anniversaire de la catastrophe nucléaire.

    Bon voyage, Monsieur Matsumura !

    Cathy Lafon

    • Pour lire les articles de Ma Planète sur Fukushima : cliquer ICI
  • Pollution de l'air : l'Europe gronde, la France envisage la circulation alternée

     pollution air rocade.jpg

    La rocade bordelaise embouteillée aux heures de pointe Photo archives "Sud Ouest"

    Depuis le début du mois de décembre, les alertes à la pollution aux particules fines et les pics de pollution se succèdent en France dans la plupart des régions, dont l'Aquitaine et Midi-Pyrénées. Les agences de la qualité de l'air préviennent et informent les populations, sans qu'aucune mesure concrète entraînant la réduction de la circulation automobile ne soit jamais prise. Pas vraiment bon pour la santé.

    philippe martin souriant.jpgLa "possibilité" de la circulation alternée

    Ca va (peut-être) changer. Le gouvernement, qui vient tout juste de décider de limiter la vitesse sur le périphérique parisien à 70 km/h à partir de janvier, s'intéresse désormais à la circulation alternée comme mesure d'urgence.  A l'issue d'un Comité interministériel de la qualité de l'air (CIQA), Philippe Martin, le ministre de l'Ecologie, a annoncé hier qu'il voulait instaurer en 2014, la possibilité de mettre en place la circulation alternée lors des pics de pollution aux particules fines et aux oxydes d'azote (NOx), selon les numéros de plaques d'immatriculation des véhicules. Cette mesure, qui autorise les véhicules dont le numéro est pair à circuler les jours pairs et idem pour les véhicules impairs, ne concerne pour le moment que pour les pics de pollution à l'ozone. Dès janvier 2014, une table ronde avec les collectivités locales et les autorités organisatrices de transport, devrait être mise en place, afin d’étudier les modalités de cet élargissement aux pics de pollution aux particules fines.

    Pollution air.jpgL'Europe veut éviter 58.000 décès prématurés par an

    Il n'y a vraiment pas de hasard dans la vie. Le même jour, la Commission européenne a proposé d'imposer des plafonds nationaux plus stricts pour les principales sources de la pollution de l'air afin de lutter contre ce "tueur invisible" et d'éviter 58.000 décès prématurés chaque année. Sur ce sujet récurrent, l''Europe finit donc par s'agacer. "Il s'agit de donner un prix à la vie humaine", a expliqué au cours d'une conférence de presse à l'AFP le commissaire à l'Environnement Janez Potocnik, visiblement exaspéré par les questions sur le coût de ces propositions. "Nous voulons faire appliquer le principe du pollueur-payeur. Il y a toujours quelqu'un qui paie, et malheureusement, aujourd'hui, ce n'est pas celui qui pollue", a-t-il déploré.

    pollution air voiture.jpgRéduire les normes des plafonds d'émissions pour les principaux polluants

    La Commission propose ainsi aux Etats membres de l'Europe d'établir de "nouveaux objectifs de qualité de l'air pour la période allant jusqu'en 2030", de "réduire les plafonds nationaux existants pour les six principaux polluants" et de "légiférer pour réduire la pollution émanant des installations de combustion de taille moyenne". Le train de mesures européen actualise la législation en vigueur et réduit encore les émissions nocives de l'industrie, du transport, des installations de production d'énergie et de l'agriculture, en vue de limiter leur impact sur la santé humaine et sur l'environnement. Avec pour objectif d'éviter environ 58.000 décès prématurés en 2030.

    La procédure d'infraction européenne est lancée pour les Etats pollueurs, dont la France

    Il y a juste un léger détail. Un certain nombre d'Etats membres, dont la France, ne parviennent déjà pas à respecter les normes actuellement en vigueur pour les concentrations de particules fines, le dioxyde de soufre, le plomb, les oxydes d'azote, le monoxyde de carbone et le benzène. L'Hexagone, qui dépasse régulièrement les normes admissibles dans huit de ses grandes agglomérations, dont Bordeaux, est ainsi en infraction avec l'Europe et sous la menace d'une amende depuis plusieurs années. "Dix-sept procédures d’infractions ont été lancées, dont une contre la France", rappelle-t-on à la commission européenne. La France, pour sa part, est passible d'une amende de 100 millions d'euros dès 2016, si elle ne parvient pas diminuer ses émissions. Des pénalités pour chaque jour de retard jusqu'à ce que les normes de la qualité de l'air soient respectées sont aussi à craindre, pour un possible montant de 240.000 euros par jour

    pollution air bordeaux velo.jpgDes coûts externes entre 330 et 940 milliards d'euros par an

    "De nombreuses régions et villes ne respectent ni les normes ni les objectifs de l'UE en matière de qualité de l'air, ce qui a des conséquences sur la santé publique et entraîne une augmentation des coûts de soins de santé et des coûts économiques", justifie la Commission, qui enfonce le clou :  "Pour la société, le total des coûts externes de santé liés à la pollution de l'air est estimé entre 330 et 940 milliards d'euros par an. La situation est particulièrement grave dans les zones urbaines où vit aujourd'hui la majorité des Européens".

    Cathy Lafon avec l'AFP

    LIRE AUSSI

    • Les articles de Ma Planète sur la pollution de l'air : cliquer ICI
  • Pollution de l'air : pourquoi la France et l'Europe ne peuvent plus respirer

    barcelone pollution.jpg

    Barcelone frappée par un pic de pollution, le 9 décembre 2013. Photo AFP

    Procédures d'informations à répétition et alertes à la pollution à gogo... La France tousse, mais elle n'est pas la seule à avoir du mal à respirer en cette fin d'automne. Depuis plusieurs jours, le nord-est de l'Espagne est enveloppée d’un nuage gris et Barcelone subit aussi un épisode d'alerte à la pollution. Retour sur une semaine asphyxiante.

    diesel tue.jpgDes particules fines, en veux-tu, en voilà

    Temps froid et sec, absence de vent : les conditions météorologiques de cette fin d'automne favorisent des pics de pollution aux particules fines. Selon le Centre interprofessionnel technique d'études de la pollution atmosphérique (Citepa), elles sont émises essentiellement par le transport et notamment le diesel (15%), l'agriculture, avec l'utilisation des engrais (20%), le chauffage au bois (30%), l'industrie (31%). En France, le diesel représente 60% du parc des véhicules, et continue de bénéficier d'une fiscalité favorable en dépit de sa dangerosité avérée. En cas de grand froid, d'absence de vent et de pluie, l'air ne se renouvelle pas, ce qui favorise la concentration des polluants dans l'air.

    pollution air bordeaux velo.jpgPlusieurs villes de France en alerte, dont Bordeaux

    Cette semaine, le niveau d'alerte aux particules fines a été atteint dans plusieurs villes françaises où les normes européennes en matière de qualité de l'air ne sont pas respectées, dont Bordeaux. Hier, le 13 décembre, plus de la moitié des régions restaient encore en état d'alerte. Le seuil d'alerte est déclenché à partir d'une concentration de 80 microgrammes de PM10 (particules de diamètre inférieur à 10 microns) par mètre cube d'air. Si des villes comme Paris ou Lyon ont la triste habitude de semblables situations,  l'agglomération bordelaise connaît cette année un phénomène exceptionnel par son ampleur et sa durée. La procédure d'information lancée par Airaq, l'organisme chargé d'analyser la qualité de l'air en Aquitaine, a duré une semaine, du 4 au 12 décembre. La présence de particules fines est passée de 50 microgrammes par mètres cubes, puis a augmenté jusqu'à 80 microgrammes par mètre cube, où le seuil d'alerte a été franchi. Le reste de la semaine a oscillé entre seuils d'alerte et d'information. Du jamais vu.

    Risque sanitaire

    L'impact sanitaire sur les populations, notamment les personnes fragiles (personnes âgées, enfants, asthmatiques, allergiques, malades...) est indéniable, d'autant plus que la pollution de l'air, et plus particulièrement les particules fines émises par le diesel, sont reconnues cancérogènes. Maux de tête, asthme, bronchites, cancer du poumon, accident vasculaire cérébral, infarctus... la liste des maux provoqués par la pollution de l'air est longue. Les dernières études de l'OMS évoquent 42.000 morts prématurées en France et 386.000 en Europe.

    pollution air voiture.jpgContentieux juridique avec l'Europe

    Mais le coût sanitaire n'est pas le seul que doivent payer la société et l'Etat français. L'Hexagone, en infraction avec les normes européennes avec ses taux de pollution de l'air, est passible d'une amende de 100 millions d'euros dès 2016, s'il ne parvient pas à  les diminuer. Des pénalités pour chaque jour de retard jusqu'à ce que les normes de la qualité de l'air soient respectées sont aussi à craindre, pour un possible montant de 240.000 euros par jour. De plus, un autre contentieux est annoncé, cette fois-ci pour les dépassements de dioxyde d'azote...

    Le coût de l'inaction

    La pollution de l'air n'est pas un mal fatal et inéluctable et la France a une responsabilité dans la situation actuelle et paie la rançon de son inaction. Quinze grandes agglomérations dépassent chaque année les normes européennes en matière de pollution atmosphérique, fixées par une directive de 2008, qui veut que l'on ne dépasse pas le seuil de 25 microgrammes par mètre cube d'air en moyenne annuelle, et pas plus de 50 microgrammes durant plus de 35 jours par an. Cette norme est déjà largement inférieure à celle de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), qui préconise 10 microgrammes par mètre cube d'air, soit deux fois moins...La France a pourtant renoncé en 2012, à mettre en place les Zapa (Zones d'action prioritaire pour l'air) qui auraient dû permettre de réduire les émissions de gaz à effet de serre et des particules fines émises par les véhicules.

    sagrada familia.jpgL'Espagne aussi

    Ca ne va pas vraiment nous consoler, mais la France n'est pas la seule mauvaise élève de l'Europe. En 2011, huit autres pays, dont l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne, ne respectaient pas davantage la règle des 25 microgrammes. Ainsi, depuis plus d'une semaine, le gouvernement régional de Catalogne, dans le nord-est de l’Espagne, a lancé un plan d’urgence pour lutter contre le pic de pollution qui frappe Barcelone et enveloppe la ville d’une épaisse brume grise chaque matin, depuis près d’une semaine. Ce nuage, qui laisse à peine entrevoir la silhouette des édifices emblématiques de la ville, de la Sagrada Familia aux gratte-ciel modernes, est causé par l’importante présence de dioxyde d’azote et de particules polluantes dans l’atmosphère qu’un anticyclone installé depuis la semaine dernière sur la région empêche de se disperser. Les autorités ont donc décidé d’abaisser dès lundi la vitesse maximum autorisée dans les rues de Barcelone, a enjoint à ses habitants d’utiliser les transports publics et a demandé aux usines de réduire leur activité. Une situation somme toute ordinaire à Barcelone, l’une des villes qui enregistre la plus forte densité de véhicules en Europe, dont la situation géographique complique la dispersion des émissions polluantes.

    Les occidentaux aiment à pointer du doigt la Chine et son brouillard de pollution, à Pékin ou Shanghai... Les Etats-Unis, dont on critique aussi beaucoup le manque de responsabilité environnementale, viennent pour leur part de s'engager sur 12 microgrammes de PM10 par mètre cube.  Les Européens et les Français seraient bien inspirés de commencer par regarder les particules fines qui encombrent l'air qu'ils respirent, et y faire le ménage...

    Cathy Lafon