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critique - Page 27

  • Coup de coeur. "Construire un monde équitable pour demain", avec Henry Augier

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    Demain, un monde durable ? Photo AFP

    "Construire un monde équitable pour demain" est le dernier livre de Henry Augier, publié en 2012 aux Editions Sang de la Terre : un ouvrage indispensable à la bibliothèque de tout écolo qui se respecte.

    Henry-Augier_5862.jpegAprès "Le développement peut-il être durable ?" (été 2012) et le "Manuel pratique pour sauver la Terre", sortis chez le même éditeur, le professeur  Henry Augier, engagé dans de nombreuses actions de sauvegarde de l'environnement, conclut une trilogie consacrée à la sauvegarde de l'environnement, par un ouvrage "encyclopédique", l'espoir d'un monde plus écologique et durablement habitable par tous, met à bas le catastrophisme ambiant.

    Que de rudes constats !

    Les constats, on les connaît par coeur : une planète en folie, la pénurie d'eau et la pollution galopante des eaux, des terres, de l'air. Et aussi : la faim dans le monde, les dangers de la surpopulation, l'appauvrissement des richesses et des ressources énergétiques naturelles, avec la menace des déchets radioactifs, la diminution des ressources halieutiques, la surpêche, les mers et les océans en péril, envahis par la pollution des activités humaines, et la masse des déchets plastiques, en passe de créer de "nouveaux continents" flottants, issus des résidus de nos ordures...

    Chiffres et croquis

    185540_la-centrale-nucleaire-de-tricastin-le-16-septembre-2011-a-bollene-dans-le-sud-de-la-france.jpgEn réalité, on croit les connaître par coeur. Henry Augier les revisite tous, les uns après les autres, ces voyants rouges de la planète qui sonnent l'alarme. Chiffres et croquis à l'appui. L'énergie, par exemple, sujet bien d'actualité, avec le débat national sur la transition énergétique en  France, et le traumatisme de la catastrophe nucléaire de Fukushima. Combien de temps encore pour les stocks de pétrole ? De 20 à 50 ans. Combien de temps, les gaz de schiste, si on les exploite : 200 ans ? Et le charbon ? 130 à 250 ans. Et l'uranium ? 30 à 134 ans. Et oui, même les réserves naturelles qui servent à produire l'énergie nucléaire sont limitées... Les fourchettes sont larges, certes, mais on voit bien que par quelque bout qu'on le prenne, si l'humanité continue à vivre à ce rythme sur la planète bleue, dans deux siècles, que restera-t-il de notre monde ? 

    Et l'eau ? Six millions d'enfants meurent chaque année, d'avoir bu de l'eau porteuse de germes pathogènes, à cause de l'absence d'un système d'épuration collectif. Six millions...

    continent.jpgEt la pollution des mers ? On évalue à 1,4 millions de débris et 1,2 millions de plastiques le nombre de déchets  flottant à l'hectare, rien que dans le Golfe de Gascogne. Imagine-t-on quand, on fait trempette l'été, au Cap-Ferret, à Lacanau ou à Seignosse, que plus loin, au large, ce sont environ 2,6 millions de résidus issus de nos ordures qui encombrent chaque hectare de l'océan, délicieux et nourricier ?

    ... mais aussi des solutions

    sandy.jpgLa liste des maux de la Terre est longue et nous y sommes pour beaucoup, au risque de mettre en danger notre propre biotope. Mais Henry Augier, une fois le clou enfoncé, ne se résout pas à poser la plume. Pas le genre de la maison. Alors, tout ça, pour quoi ? Pas pour crier à la catastrophe, à la fin du monde. Le rude constat posé, il s'agit de regarder la réalité en face. De prendre conscience de ce que chaque être humain est désormais concerné par les conséquences des excès communs de l'humanité, qu'il vive dans une zone riche du globe, pauvre ou en développement. En Europe, en Afrique, en Asie ou à New York. L'inflation des désordres climatiques produits par la hausse moyenne des températures sur le globe, en témoigne presque quotidiennement. Mais rien n'est inéluctable. Il y a des solutions, on peut inverser la vapeur et renverser les tendances.

    Développement durable, technologie, décroissance et sobriété

    pesticide epandage agricole.jpgAu chapitre desquelles, une véritable redéfinition d'un développement durable replacé au coeur de l'économie universelle, qui ne doit pas rester la nouvelle façon correctement verte de "continuer d'exploiter durablement la planète en la détruisant et en l'épuisant, tout en assurant la croissance et le profit des multinationales." La solution technologique, qui va permettre le développement des énergies renouvelable ou l'abandon des produits toxiques en agriculture, ou la réduction des pollutions à la source. La "décroissance ", enfin, "solution possible", mais qui a "peu d'audience". Le concept fait fuir, même certains écolos purs et durs, il faut bien le reconnaître. Et pourtant... L'auteur revisite posément les huit objectifs d'une décroissance harmonieuse, sereine et conviviale, basée non pas sur le retour à la préhistoire, mais juste sur la "sobriété".

    enfant planète.jpgUne autre gouvernance et l'assainissement des finances mondiales

    Mais pour sauver la Terre, nos modes de vie et notre environnement, on doit monter un cran au-dessus et attaquer le coeur des mécanismes du système économique mondial. Selon Henry Augier, il faut aussi impérativement assainir les finances mondiale, donner au monde une autre gouvernance, solidaire et soucieuse du bien être durable de l'humanité tout en veillant à mettre en oeuvre les modalités d'une décroissance démographie soutenable.

    Simple et limpide, sur le papier. Mais, conclut Henry Augier : "Aurons-nous la capacité, le devoir et la sagesse de léguer aux générations futures un monde tolérable ?"

    Telle est bien la question. Oui, mais quelle sera la réponse ?

    Cathy Lafon

    critique,livre,henry augier,éditions sang de la terreREPERES

    • Le livre. "Constuire un monde équitable pour demain", Henry Augier, éditions Sang de la Terre, 23 €, en librairie ou à acheter sur internet : cliquer ICI
    • L'auteur. Docteur d'Etat, Maître de conférences honoraire à la faculté des sciences de Marseille-Luminy, professeur honoraire à l'École Nationale des Travaux Publics de l'Etat, Henry Augier a dirigé un laboratoire spécialisé dans l'étude des nuisances. Il a également été responsable de l'enseignement de la molysmologie (science des pollutions) à l'Université de la Méditerranée et expert consultant international sur les problèmes de pollution et protection de la nature.  Il est engagé dans de nombreuses actions de sauvegarde de notre environnement. Au cours de certains conflits, il fut même surnommé «l'Ayatollah de l'environnement» par des personnalités politiques régionales qu'il gênait. Ce qualificatif outrancier traduit bien sa détermination à dénoncer les pollueurs de tout poil et à oeuvrer pour une meilleure qualité de vie.
    • La maison d'édition. Les éditions Sang de la Terre, spécialisées depuis leur création en 1986 dans l'écologie et le développement durable, ont un catalogue riche, pointu et exigeant : une centaine de titres sur la nature, les bienfaits au naturel, l'environnement, le vin, la gastronomie et des enquêtes de société, qui s'enrichissent chaque mois de deux ou quatre nouvelles publications.
      Parmi les plus récentes, on relèvera le dernier livre du Bordelais Simon Charbonneau, spécialiste en droit de l'environnement : "L'impossible nostalgie - L'effondrement de l'idéologie du progrès", présenté publiquement en Gironde, à Bègles, le lundi 14 janvier.
    • Sang de la Terre passe au numérique et lance des collections pour Tablettes tactiles et Smartphones : cliquer ICI
  • Coup de coeur. "Le Lorax" : une fable écolo enjouée à découvrir au cinéma

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    film,critique,sortie,défense environnementPar ces temps de météo incertaine, où les jours maussades et pluvieux succèdent aux journées de grosse chaleur, la sortie en famille au cinéma reste un excellent moyen d'ensoleiller ou de rafraîchir les vacances. Alors, si vous avez décidé de vous faire un petit cinoche avec grands-parents, tantes, oncles et la smala des enfants et cousins jusqu'au petit dernier, un film d'animation s'impose : "Le Lorax". Une fable écolo et musicale enjouée, "made in France" pour Hollywood, en salle depuis le mercredi 18 juillet.

    Un film "local" pour un sujet "global"

    chris.jpgDernier long métrage de Chris Renaud (photo ci-contre) déjà auteur avec le Français Pierre Coffin de "Moi, Moche et Méchant", l'un des "cartons" de l'animation au box-office international (plus de 500 millions de dollars à sa sortie), "Le Lorax" est adapté d'un conte du Dr Seuss, auteur américain de livres pour enfants. Le film d'animation en 3D des studios Universal, au ton enjoué et aux couleurs acidulées, entièrement réalisé à Paris pour les studios Universal, présente le premier avantage écolo d'être une production "locale".  Un film "circuit court", en quelque sorte. Et un véritable conte écolo, aux préoccupations "globales", qui raconte la quête d'un garçon pour replanter des arbres dans une société au décor factice où la nature, après avoir été détruite, est désormais aux abonnés absents.

    Le garçon, c'est Ted. Pour conquérir le coeur de sa jeune voisine Audrey, Ted s'échappe de la ville artificielle de Thneedville afin de lui rapporter un arbre véritable, et va découvrir l'envers du décor. En racontant ses aventures, "Le Lorax" qui manie à la perfection l'art difficile de l'ironie, parvient à délivrer un message moins simpliste qu'il n'y paraît, sur les dérives du libéralisme et sur la nécessité de sauver et de préserver la planète.

    Le Lorax, "avatar" de José Bové ?

    Et poutant, Thneedville semble être une "ville merveilleuse", "toute en toc et en plastique", comme le chantent, ravis, les habitants au début du film. Un endroit  où les arbres "ne font pas de saletés" et sont remplacés par des lampadaires télécommandés qui changent de couleurs suivant les saisons, où l'air est vendu en bouteille, où on est entouré de parkings et où les enfants ressemblent à des "néons" en sortant des piscines. Le paradis ou l'enfer ?

    Dans son voyage, véritable quête initiatique, notre jeune héros va découvrir la réalité d'un monde triste et gris où ne subsiste qu'un vieil ermite aigri reclus au milieu de nulle part, le Gash Pilleur (jeu de mot !), qui va lui raconter la légende du Lorax. Défenseur d'une vallée où jadis poussaient des arbres au feuillage duveteux, le Lorax, étrange boule de poil orange, créature mi-humaine et mi-animale, n'a pu que constater le déclin de la nature et l'exil de sa population. Ce n'est certainement pas un hasard si la figure rebondie et chaleureuse du Lorax, doté d'immenses moustaches jaunes et de sourcils fournis, nous rappellent étrangement  un certain José Bové... Notre défenseur du Larzac, devenu par la suite pourfendeur national des Mac Do et des Ogm, est décidement une vraie source d'inspiration pour les créateurs d'images animées numériques  : un site de jeu insolite lui est déjà consacré sur internet,  Lavachefolle.com, où l'on peut jouer à s'incarner en José Bové. Ambiance garantie.

    Après l"économie verte", vive le "cinéma vert" !

    La bonne nouvelle pour la planète, c'est qu'aux Etats-Unis, le message écolo du "Lorax" passe plutôt bien : ce film lumineux s'est classé dès sa sortie en tête du box office américain et a engrangé depuis le mois de mars plus de 300 millions de dollars de recettes (dont 214 aux Etats-Unis). Comme quoi, l'écologie est bien une belle histoire à succès qui peut en outre générer, dans  le rire et la bonne humeur, plaisir artistique et profit économique... Et pourquoi pas ?

    Cathy Lafon

  • Il y a 26 ans : Tchernobyl, la douleur de "La terre outragée"

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    Le réacteur n° 4 de la centrale de Tchernobyl est recouvert par un sarcophage de fortune. Photo AFP

    Dans l'univers très particulier des réacteurs nucléaires, quand on a explosé, le sarcophage c'est très tendance. La centrale nucléaire ukrainienne de Tchernobyl va donc s'offrir un nouveau sarcophage pour le 26ème anniversaire de l'explosion de son quatrième réacteur. Et le 26 avril prochain, date anniversaire de ce qui reste la plus grande catastrophe nucléaire qu'ait connue l'humanité à ce jour, débutera l’assemblage de ce nouveau tablier destiné à réduire tout risque de menace radioactive.

    Mais ce cadeau coûteux n'effacera pas d'un coup de baguette magique la tragédie de milliers de vies humaines brisées et torturées par l'ennemi invisible et monstrueux qui a pris possession des lieux, voici 26 ans : "la douleur", aurait dit Marguerite Duras... Cette douleur, un film, "La Terre outragée", parvient à nous la faire éprouver.

    Un cadeau d'anniversaire à 1,5 milliards d'euros


    L'arche de Tchernobyl 

    Le sarcophage doit venir se poser sur la chape de béton qui avait recouvert les restes du quatrième réacteur de la centrale. Posée en urgence peu de temps après l'explosion du réacteur, cette chape  aujourd'hui fissurée ne permet plus d'exclure toute fuite radioactive. Un nouveau sarcophage, une arche gigantesque de 108 mètres de haut et de 20.000 tonnes, parfaitement étanche, va donc être posé autour de la centrale. Réalisé par un consortium formé des sociétés françaises Bouygues et Vinci, il a déjà été assemblé à proximité de la centrale.

    Pharaonique, le projet aurait pu être abandonnée faute de financement, mais la solidarité internationale a permis de mener à bien un chantier incontournable. En effet, tandis que le coût total de l'opération s'élevait à 1,5 milliard d'euros, 750 millions manquaient toujours à l'appel au printemps dernier. 550 millions avaient alors été débloqués par la communauté internationale, les 200 millions restant avaient été fournis par la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, la Berd. La nouvelle enceinte devrait être finie à la mi-2015.

    Un coût pour la santé humaine plus difficile à évaluer, mais tout aussi démesuré

    Le chiffrage des conséquences sur la santé humaine de la catastrophe de Tchernobyl fait naturellement l'objet de polémiques. Selon le rapport Greenpeace de 2006, qui présentait les travaux de 60 scientifiques du Bélarus, d’Ukraine, de Russie et d’autres pays et se basait sur plus de 500 études scientifiques référencées, l’impact sanitaire de la catastrophe de Tchernobyl est largement sous-estimé par l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA). En contradiction avec les affirmations de l’AIEA et de l’OMS - reconnaissant en tout et pour tout 54 morts, 400 irradiés et 4 000 cancers de la thyroïde - les études épidémiologiques contenues dans ce rapport concluent que, au cours des quinze dernières années, la catastrophe a entraîné 200.000 décès supplémentaires et qu’il faut s’attendre à plus d’un quart de million de cancers à venir, dont environ 100.000 à 400.000 cancers mortels radio-induits en Ukraine, Biélorussie et en Russie. La vérité est au moins entre les deux : l’ambassade d’Ukraine annonçait déjà 25 000 morts en 2004 uniquement parmi les "liquidateurs soviétiques", et en 2006, 85% des enfants du Bélarus étaient malades…

    Tchernobyl : désert "officiel"  pour encore au moins 1.000 ans

     
    Sur ce point, il n'y a pas photo, tout le monde est d'accord : étant donné le degré de radioactivité de la contamination du territoire, l'homme ne pourra pas revivre sur place avant 1.000 ans. Mais Tchernobyl n'est pas vide d'êtres humains pour autant, avec 3.800 professionnels qui s'activent tous les jours sur le site de la catastrophe, sans compter les "illégaux", environ 400 personnes âgées retournées vivre dans leur maison, ou de nombreux bannis d'autres terres qui trouvent là un toît, fut-il dangereusement contaminé. On "vit" donc encore à Tchernobyl,  mais quelle vie vit-on là, dans "la zone" ?

    Tchernobyl, "La Terre outragée"

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    "La Terre outragée", photo production du film

    Un accident nucléaire majeur comme celui de Tchernobyl ou de Fukushima, ne se résume pas qu'à des chiffres, statistiques, grands travaux et autres milliards d'euros. Vue de loin, l'horreur reste souvent abstraite. D'autant plus si le danger est invisible. Pourtant, à Tchernobyl, une déchirante et inédite tragédie humaine s'est bien nouée : celle de l’arrachement brutal à la terre d’origine et d’un impossible choix, rester et mourir, à cause de la terre nourricière, partir et mourir autrement. Tel est le propos de "La Terre outragée", un film bouleversant, sorti fin mars. Tourné par Michale Boganim dans la région de Tchernobyl où, pour la première fois et en dépit de nombreuses difficultés, la cinéaste a reçu l’autorisation de tourner dans la zone évacuée, "La Terre outragée" est un film inattendu.

    Rester et mourir, partir et mourir aussi


    Tchernobyl : La Terre outragée (extrait 1)

    Intimiste il n'a pas pour objet de faire le récit spectaculaire d’une catastrophe. Pourtant, le sacrifice héroïque des «liquidateurs»  et  le danger de l’énergie nucléaire sont bien présents. Le film les évoque en creux, par le destin d'une femme, Anya, veuve d'un pompier mort à Tchernobyl, dont on suit la "vie", dix ans après la castrophe. Un film en mode "avant-après", qui commence le 26 avril 1986 avec les images idyllique d'un bonheur tranquille :  un mariage, un enfant qui plante un pommier avec son père ... Paradis russe que vient soudain ruiner le cauchemar nucléaire, constamment hors-champ. La rumeur d’un incendie se répand : la réalité est bien sûr toute autre... Dix ans plus tard, la « zone » et le village abandonné de Pripiat sont devenus un lieu étrange où la nature a repris sauvagement ses droits. Un lieu sillonné par les cars de touristes du « Tchernobyl tour », dont Anya est guide touristique... Michale Boganim signe là une œuvre forte et surprenante, qui réussit à fait ressentir et se répondre deux maux invisibles: l'outrage de l’atome, poison réel des corps et de la terre nourricière, et la souffrance de l’exil, torture de l’âme.

    Bon anniversaire, Tchernobyl.

    Cathy Lafon

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