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Sciences - Page 156

  • Biodiversité : c'est le grand inventaire de la forêt amazonienne

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    Vue aérienne de la foret amazonienne au Brésil. Photo DR

    Combien d'arbres compte la forêt amazonienne ?  Langue au chat  ? 390 milliards d'arbres de 16.000 espèces, ni plus, ni moins, selon le premier recensement effectué par les scientifiques sur  la plus grande étendue forestière tropicale au monde. L'étude a été publiée le 18 octobre dernier dans la revue "Science", au terme d'un travail de recherche qui aura duré dix ans.

    Very big job. D'autres chiffres : pour répondre à cette question cruciale pour la biodiversité amazonienne mais aussi donc mondiale, 143 experts, dont six français, réunis dans le réseau ATDN (Amazon Tree Diversity Network) venus de 88 institutions dans le monde, ont contribué à faire 1.170 inventaires sur autant de parcelles, afin de couvrir l'ensemble du massif forestier sud-américain. 

    Encore un autre chiffre : il y a 55 fois plus d'arbres adultes dans ce territoire, qu'il n'y a d'êtres humains sur la planète...

    Enfin un dernier pour la route, afin de bien prendre la mesure de l'ampleur du travail des scientifiques  : l'étendue du bassin de l'Amazone correspond à la taille des 48 Etats américains mis côte à côte...

    carte foret amazonie.jpgLa fin du trou noir

    La vastitude du territoire concerné et les difficultés du terrain avaient restreint jusqu'alors le recensement des arbres du poumon vert de la planète, qui couvre neuf pays (Brésil, Pérou, Colombie, Guyane française, Suriname, Bolivie, Vénézuela, Guyana, Equateur). Pour les membres des équipes du projet, le manque d'informations élémentaires sur le plus grand peuplement forestier tropical au monde, et sur le reste de sa flore, nuisait aux efforts de conservation de la flore amazonienne. "Le plus grand puits tropical de dioxyde de carbone de la planète était un trou noir pour les écologistes et les conservateurs qui ne pouvaient pas savoir quelles espèces d'arbres risquaient le plus de disparaître", note Nigel Pitman, un scientifique du Field Museum, le Musée d'histoire naturelle de Chicago, un des auteurs de cette inventaire forestier. Un manque crucial comblé.  "Désormais les espèces les plus courantes d'arbres en Amazonie sont identifiées et quantifiées" relève Hans ter Steege, un chercheur au Centre Naturalis Biodiversity aux Pays Bas, auteur de ces travaux, qui précise que les informations recueillies sont "très utiles pour mener des recherches supplémentaires et pour les décideurs politiques".

    foret amazonie.jpg6.000 espèces d'arbres rares potentiellement menacés d'extinction

    Cette forêt n'est finalement pas plus touffue que nos forêts françaises. Selon les scientifiques qui ont dénombré, mesuré et cartographié sur le terrain près de 700.000 arbres, avant de passer leurs données à la moulinette de la statistique, elle compte 500 arbres par hectare en moyenne. Selon le modèle mathématique utilisé dans cette recherche, les trois-cinquièmes des espèces représentent seulement 0,12% du nombre total d'arbres : l'Amazonie compterait donc environ 6.000 espèces d'arbres rares, représentées par moins de mille individus vivants, ce qui les met en danger d'extinction selon les critères de  l'International Union for Conservation of Nature (IUCN). Autre précision, la moitié des arbres de la forêt amazonienne appartiennent à seulement 227 espèces et les plus courantes d'entre elles, dites "hyper-dominantes" ne comptent que pour 4% de la forêt totale amazonienne.

    Anticiper les conséquences du réchauffement climatique

    La pression des activités humaines a déjà fait perdre à la forêt amazonienne près du cinquième de sa superficie en moins de cinquante ans et le réchauffement climatique en cours pourrait avoir des conséquences catastrophiques sur le poumon de la planète. Selon les auteurs de l'étude : la surabondance des essences observées présente un avantage : leur étude devrait permettre de mieux anticiper la réaction de la forêt au changement climatique.

    Cathy Lafon, avec l'AFP

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    • "Hyperdominance in the Amazonian Tree Flora",  article publié dans la revue Science le 18 octobre 2013 : cliquer ICI
    • Le réseau ATDN : cliquer ICI
  • Ondes électromagnétiques : les fortes attentes des électrosensibles

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    La cause des personnes victimes en France de l'électrosensibilité aux ondes (EHS) avance, doucement, mais sûrement. Le collectif des électrosensibles de France et Priartem ont déjà été reçus par le ministère de la Santé le 27 juin dernier, ouvrant ainsi la voie à une prise en considération du problème de l'hypersensibilité électromagnétique.

    Ce mardi 5 novembre, ils ont rendez-vous avec la Direction Générale de la Santé (DGS), pour aborder la mise en oeuvre d'un plan d'action intégré, piloté par le Ministère de la Santé, en lien avec les autres ministères concernés.

    "Urgence"

    Pour Manuel Hervouet, fondateur du collectif des électrosensibles, il y a urgence : « chaque jour nous recevons de nouveaux témoignages de personnes qui souffrent à cause des wifi, des téléphones sans fil des voisins, des antennes,... . Certaines sont désespérées parce qu'elles ne peuvent pas rester dans leur logement, qu'elles risquent de perdre leur emploi, que leur santé se dégrade de jour en jour et que personne ne répond à leur demande... Dernier exemple en date de ce désespoir, cette dame à Antony, qui est montée dans une grue pour qu'on réponde à sa demande de logement moins irradié ! ».

    « Hors champs », un documentaire de Marianne Estèbe sur la vie des personnes électro-hypersensibles (EHS)

    "Humanité"

    Pour Sophie Pelletier, co-responsable du collectif, il faut agir vite et dans plusieurs directions : «  Nous ne pouvons pas nous contenter de saupoudrage, il faut une politique publique globale. Nous demandons à ce que les autorités publiques traitent avec humanité les cas les plus urgents de façon à mettre les personnes à l'abri le temps de se ressourcer mais qu'elles décident également de mesures pour garantir le maintien dans la vie sociale et professionnelle et prévenir l'apparition de nouveaux cas. La réduction des expositions est indispensable pour toute la population ».

    Réponse concrète

    Les questions urgentes de la mise à l'abri des personnes les plus atteintes ou en voie d'hypersensibilisation et de la réponse concrète que peuvent apporter les systèmes de santé et social, seront donc aujourd'hui au cœur des discussions, à Paris. Les représentants des personnes victimes des ondes demandent que leur problématique soit reconnue et traitée comme une "question de santé publique en émergence". Ils proposent par ailleurs la création de zones blanches non couvertes par les réseaux sans fil pour les protéger. Leurs symptômes sont divers et bien réels : vertiges, maux de tête, troubles de la mémoire, de la concentration, du sommeil, picotements, brûlures…

    "Une charte"

    Ce qui fait dire à Priartem que la balle est désormais dans le camp de la DGS.  « Le collectif a fait d'importants efforts de pédagogie et de construction de revendications qui puissent être audibles par les pouvoirs publics, sur un sujet difficile, s'il en est ! Une charte définissant des principes respectueux des droits humains, des propositions d’actions concrètes et l'identification des obstacles majeurs sont sur la table. La DGS doit maintenant s'en saisir et ouvrir un vrai dialogue sur ce sujet de santé publique qui concerne tout le monde. » , souligne Janine Le Calvez, présidente de l'association.

    Les très fortes attentes des associations

    Une proposition de loi  sur les ondes électromagnétiques, visant à reconnaître la maladie de EHS et à leur réserver sur le territoire des zones hors ondes, devait être examinée par l'Assemblée nationale le 31 janvier. Finalement, elle n'a pas même fait l'objet d'un débat et a été renvoyée en commission des affaires économiques. L'avis sibyllin rendu par l'Agence nationale sanitaire (Anses) sur la dangerosité des ondes, le 15 octobre dernier en a remis une couche, en renforçant les attentes des associations. Selon l'Anses, si l'exposition aux ondes électromagnétiques peut provoquer des modifications biologiques sur le corps, les données scientifiques disponibles ne montrent pas d'"effet avéré" sur la santé. L'agence a conclu qu'il n'était pas nécessaire de modifier la réglementation qui fixe des seuils limites, tout en recommandant  néanmoins de limiter l'exposition aux ondes... Sans se prononcer sur la question de l'hyper électrosensibilité.

    Cathy Lafon

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  • Maladies chroniques: André Cicolella lance l'alerte dans le livre "Toxique Planète"

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    André Cicolella, photo archives Sud Ouest/Stéphane Lartigue

    couv toxique planète.jpgAndré Cicolella, le président du Réseau environnement santé, présente aujourd'hui en Gironde son dernier ouvrage, "Toxique Planète, le scandale invisible des maladies chroniques", publié aux éditions du Seuil.

    Deux rencontres sont prévues avec le toxicologue à l'origine de l'interdiction du bisphénol A dans les biberons et les contenants alimentaires, de l'interdiction du trichloréthylène dans les pressings ou de la prise de conscience des effets de l'aspartame. La première à 15h00 à la librairie La Machine à lire, à Bordeaux, la seconde à 19h30 à Libourne, au Grand Café de l'Orient, pour un débat avec Caroline Chenet-Lis, agricultrice à Saujon, Charente Maritime et vice-présidente de l’Association Phyto-victimes, dont le mari est décédé à cause de l'emploi de pesticides.

    pollution,maladie,fertilité,edition,rencontre,andré cicolellaLa progression exponentielle des maladies chroniques et des cancers en France

    Aujourd’hui, selon le chercheur, deux décès sur trois dans le monde sont le fait des maladies chroniques : maladies cardio-vasculaires ou respiratoires, cancers, diabète... En France, ces maladies progressent quatre à cinq fois plus vite que le changement démographique. Les cancers déferlent : 1.000 nouveaux cas surgissent toutes les vingt-quatre heures en France. Une progression de 89% entre 1980 et 2006. Le cancer touche un homme sur deux et deux femmes sur cinq et les coûts générés font imploser les systèmes de santé. En 2015, 70% des dépenses de la Sécurité sociale iront à la prise en charge de ces maladies chronique, non transmissibles, qui continuent leur irrésistible progression.

    cancersein.jpgHalte aux idées reçues

    Dans son dernier livre, André Cicolella lance l'alerte. Ces maladies chroniques en expansion ne sont ni un simple effet du vieillissement, ni une fatalité : notre environnement moderne est en cause. Des milliers de molécules chimiques l’ont contaminé mais aussi la malbouffe, la sédentarité, la pollution urbaine, le travail précaire et stressant et les inégalités au Nord comme au Sud. Durant quarante ans, le toxicologue a récolté et analysé des monceaux de données statistiques. Ce qui lui permet de battre en brèche bon nombre d'idées reçues. L'augmentation des maladies comme les cancers n'est pas due au seul vieillissement de la population. Au contraire, le cancer du sein, par exemple, touche des femmes de plus en plus jeunes. De même, les Français ne sont pas tous égaux devant le risque de la maladie. Selon les régions et les départements où l'on habite, on est plus ou moins exposés à telle ou telle pathologie.

    pesticides vignes épandage.jpgLa pollution de notre environnement est en cause

    Si tel est le cas, c'est bien parce que le contexte environnemental, selon André Cicollela, serait à l'origine de plus de 50 % des cancers constatés. Les émissions toxiques d'origine agricole, avec l'usage des pesticides notamment, les pollutions industrielles ou urbaines, souvent invisibles, avec les particules fines émises par les moteurs diesel, varient fortement d'une région à l'autre. Ce qui expliquerait pourquoi, par exemple, dans les départements agricoles et viticoles, les taux de certains cancers sont supérieurs à la moyenne nationale : en Aquitaine, le chercheur note ainsi une grande prévalence des cancers et surtout des tumeurs cérébrales, sans doute due aux pesticides. Mais aussi pourquoi, les maladies respiratoires sont en expansion dans les grandes zones urbaines. Ou encore pourquoi l'infertilité en France augmente à la vitesse grand V : 14 % des couples ne pouvaient concevoir après douze mois sans contraception en 1991, ils sont aujourd'hui de 18 % à 24 %. Selon une étude française publiée en 2012, la diminution du nombre de spermatozoïdes pour un homme de 35 ans a baissé de 32,2% de 1989 à 2005...

    Pour l'économie et notre bien-être

    La médecine sous nos latitudes soigne de mieux en mieux, et c'est tant mieux. Mais à l'heure où l'on tente à tout prix de préserver notre système de santé et de sauver l'Assurance-maladie, plutôt que de réduire les dépenses en dé-remboursant tel ou tel médicament ou de sabrer dans les financements de l'hôpital, ne vaudrait-il pas mieux s'attaquer aux causes de ce qui constitue une véritable "catastrophe sanitaire" ? 83% des dépenses remboursées par l'Assurance-maladie sont attribués aujourd'hui aux maladies chroniques, rappelle André Cicollela, pour qui la question est aussi économique.

    "Toxique planète" met en garde la société française : il est plus que temps de réagir en luttant efficacement contre la pollution chimique généralisée. Pour notre santé, notre bien-être et aussi la Sécu.

    Cathy Lafon

    PRATIQUE Rencontre-décidace avec André Cicolella à 15h00 à la librairie La Machine à lire, à Bordeaux. Réunion publique et débat avec Caroline Chenet-Lis, vice-présidente de l'association Phyto-victimes et élue à la chambre d'agriculture, Dominique Técher viticulteur Bio, vice-président de l’Association Agrobio 33 et François Dupont, animateur EELV Aquitaine, Commission Santé et Environnement, Commission Europe, à 19h30 à Libourne, au Grand Café de l'Orient. 

    LE LIVRE "Toxique planète, le scandale invisible des maladies chroniques", Le Seuil, collection Anthropocène, 19€.

    L'AUTEUR André Cicolella est chimiste, toxicologue, conseiller scientifique à l'Institut national de l'Environnement et des Risques (INERIS) et enseignant à l'École des affaires internationales de Sciences Po Paris. Il est cofondateur et président du Réseau environnement santé  qui est à l'origine de l'interdiction du bisphénol A dans les biberons et les contenants alimentaires, de l'interdiction du trichloréthylène dans les pressings ou de la prise de conscience des effets de l'aspartame.  Premier président de la Fondation Sciences Citoyennes, il a déjà publié notamment "Alertes Santé" (Fayard, 2005) et  "Le défi des épidémies modernes " (La Découverte, 2007).

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