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Sciences - Page 123

  • Pesticides : les origines de l'hécatombe chez les abeilles sont connues, oui mais...

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    Des abeilles mortes sur l'exploitation de Michel Bliguet près de Perpignan, le 6 juin 2014, une des exploitations concernées par la surmortalité des abeilles dans les Pyrenées orientales. Photo AFP

    Deux organisations apicoles ont lancé un appel inédit aux dons d’essaims pour aider les apiculteurs de l’Ariège et des Pyrénées Orientales touchés par une hécatombe exceptionnelle l’hiver dernier. Ces derniers veulent aussi savoir à quoi est due cette surmortalité. Un fort soupçon pèse depuis des années sur les pesticides, les OGM et plus généralement, la dégradation de l'environnement.

    Une opération de solidarité pour compenser les déficiences de l'Etat

    « Puisque l’État est déficient sur le sujet, on lance une opération de solidarité pour que nos collègues puissent reconstituer leurs colonies », a annoncé à l’AFP le 12 novembre dernier, Alain David, coordinateur de la Fédération française des apiculteurs professionnels (FFAP). Cette opération va être menée conjointement par la FFAP, qui représente 150 à 200 apiculteurs professionnels, et la section apicole de la Confédération paysanne, syndicat agricole très investi dans les sujets environnementaux. Quelque 150 essaims ont déjà été promis et ils seront livrés au début du printemps, selon la FFAP.

    Un millier de ruches perdues dans les Pyrénées-Orientales.De récentes analyses lient la surmortalité des abeilles catalanes à la présence de molécules neuro-toxiques dans les ruches. Les apiculteurs pointent du doigt les pesticides, les agriculteurs réclament de nouvelles recherches. France 3 Languedoc-Roussillon

    La désinsectisation du bétail en cause ?

    Les apiculteurs de ces deux départements ont connu l’hiver dernier une surmortalité importante dans leurs ruches. Les services vétérinaires de l’Ariège ont lancé en février une mission pour évaluer un lien entre ces pertes et la désinsectisation du bétail dans le cadre de la lutte contre la fièvre catarrhale ovine (FCO). Selon Alain David, les services de l’État « sont venus constater mais rien n’a été fait ». « Les bêtes qui vont dans les estives (veaux, moutons, vaches…) sont traitées avec des produits anti-parasitaires chimiques qu’on retrouve dans les déjections et qui polluent l’environnement. Et c’est cela qui pourrait être la cause de cette surmortalité importante », avançait-il.

    Pas de cause commune et unifactorielle

    Si les pesticides sont mis en cause, ce lundi 17 novembre, la préfecture a annoncé que les investigations menées chez 52 apiculteurs parmi les 58 ayant déclaré des pertes de cheptel dans les Pyrénées orientales et l'Ariège, et dans 25 élevages à proximité des ruchers touchés, n'avaient pas permis de conclure à une "origine commune et unifactorielle" de la surmortalité des abeilles. Selon la responsable de la Direction départementale de la protection de la population, Chantal Berton, jointe par l'AFP, "cette enquête a permis de mettre en évidence, à l'état de traces, la présence d'agents pathogènes et de substances chimiques connues pour des usages divers: utilisation phytosanitaire, usage sanitaire et biocide en élevage, usage apicole". Ce qui ne surprend en aucun cas les apiculteurs, puisque tel est leur diagnostic depuis fort longtemps...

    Mauvaise récolte pour les apiculteurs du Gard. France 3 Languedoc-Roussillon

    Poursuivre les études... et "noyer le poisson" ?

    abeille,apiculture,pesticide,surmortalité,pyrénées,ariègeAlors, que vont faire les pouvoirs publics ? Un protocole de surveillance spécifique financé par l'Etat sera mis en place afin de poursuivre les études, ont annoncé des responsables du ministère de l'Agriculture lors d'une rencontre avec des représentants des apiculteurs. Cette surveillance devrait être réalisée dans des zones ciblées, dans les Pyrénées et les Alpes, dès cet hiver et sur deux saisons. D'étude en étude, en attendant, la France et l’Europe sont toujours en déficit d’abeilles en raison d’une surmortalité multifactorielle des colonies, liée à une dégradation de leur environnement et des pesticides, jugés, semble-t-il à raison, par les apiculteurs comme une des causes majeures de leur disparition. Jean-Philippe Antoine, porte-parole du Collectif des apiculteurs sinistrés des Pyrénées-Orientales, s'est ainsi félicité que les experts aient "enfin reconnu la présence de pesticides" dans les ruches. "Or nous apiculteurs, nous n'utilisons pas de pesticides, à la différence des éleveurs", a-t-il déclaré. Le porte-parole a cependant regretté que les experts "noient le poisson en essayant de minimiser" l'impact des pesticides. "Ils sont sous l'emprise du lobby phytochimique", a-t-il accusé.

    Bruxelles a interdit en 2013 et pour deux ans l’usage des trois pesticides néonicotinoïdes jugés responsables en partie de cette situation. Cette mesure est jugée insuffisante pour les apiculteurs, qui réclament un moratoire étendu à toutes les autres molécules. En 2013 la production de miel en France a été inférieure à 15.000 tonnes, soit moitié moins qu’en 1995, pour un nombre de ruches presque équivalent.

    Sur ce sujet, les études, on en a peut-être suffisamment, non ? On aimerait bien que l'Etat français et l'Europe réagissent avant que la production de miel n'ait encore diminué de 50%... Ou que nos petites ouvrières de la pollinisation n'aient disparu de nos champs, comme c'est déjà le cas dans d'autres régions du monde, aux Etats-Unis, en Californie, et en Chine.

    Cathy Lafon

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  • Insolite : la peluche du CNRS qui espionne les manchots sans les stresser

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    Le rover camouflé par le poussin de manchot empereur approche un adulte avec son poussin, qui tous deux tentent de communiquer par des vocalisations. Photo Frederique Olivier/John Downer Productions

    Un poussin manchot en peluche monté sur quatre roues au milieu d'une colonie de manchots ? Non vous ne rêvez pas et non, ce n'est pas un jouet téléguidé égaré sur la banquise. Il s'agit d'un véritable outil scientifique, appelé aussi rover, mis au point par des chercheurs français du CNRS, pour étudier ces animaux menacés sans les stresser inutilement.

    Comment ça marche ?

    Pour suivre la reproduction et la survie des manchots, les scientifiques doivent les marquer individuellement. L'anatomie de leurs pattes ne permettant pas le baguage, comme c’est le cas pour la plupart des autres oiseaux, la solution utilisée est celle du transpondeur - une « étiquette » électronique de moins d’1 gramme -  introduit avec un pistolet de type vaccination sous la peau. Les manchots étudiés sont donc porteurs d’une étiquette d’identification électronique lisible par un lecteur RFID, qui peut être manuel ou embarqué sur un robot télécommandé. Lorsque les manchots sont approchés par le robot, ils n’ont pas le niveau de stress élevé (caractérisé par une forte augmentation de la fréquence cardiaque et un comportement de fuite) observé en présence d’un humain. Cette méthode permet donc de collecter des données scientifiques de qualité, car non biaisées par la présence humaine comme viennent de le démontrer des chercheurs de l’Institut pluridisciplinaire Hubert Curien - IPHC (CNRS/Université de Strasbourg) et du Centre scientifique de Monaco, dans une étude conduite par le spécialiste des manchots Yvon le Maho, publiée sur le site de Nature Methods, le 2 novembre 2014.

    Pourquoi étudier les manchots ?

    L’un des grands enjeux scientifiques actuels est l’impact du changement climatique sur la biodiversité. Dans un contexte de développement durable, les chercheurs s’interroge notamment sur la façon dont les ressources marines vont être affectées par le réchauffement de manière à éviter également une surexploitation de ces ressources par l’homme. Or les manchots sont de bons indicateurs écologiques de l'état de santé des ressources marines de l'océan Austral : étudier leur reproduction et leur survie permet donc de mieux aux scientifiques connaître l'impact du changement climatique sur la biodiversité. 

    Un poussin robot admis à la crèche des manchots empereurs

    manchot robot crèche.jpgLes investigations ont été menées dans la colonie de manchots empereurs qui se trouve à proximité de la base française Dumont d’Urville, en Terre-Adélie. Des poussins en « tortue » ont même laissé le robot surmonté du faux poussin s’introduire dans leur crèche... (photo ci-contre).  Les rovers pourraient également être utilisés pour l'identification électronique de mammifères marins, comme les éléphants de mer, soulignent les chercheurs.

    A quand un ourson Paddington sur quatre roues pour étudier l'ours des Pyrénées françaises sans le stresser ?

    Cathy Lafon

    PLUS D'INFO

    • Lire la communication du  CNRS sur les robots poussins manchots  : cliquer ICI
    • Lire l'étude  :  "Rovers to minimize human disturbance in research on wild animals", Nature Methods, 2 novembre 2014 : cliquer ICI
    • La reproduction d’une colonie de manchots Adélie anéantie par de mauvaises conditions climatiques, CNRS (octobre 2014) : cliquer ICI
    • Le manchot empereur, une espèce gravement menacée par le changement climatique, CNRS (juillet 2014) : cliquer ICI 

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    • Les articles de Ma planète sur les recherches et les découvertes du CNRS : cliquer ICI
  • Découvrez "Les mondes inondés", à partir de ce soir, sur Arte

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     Baie de Fundy, les plus hautes marées du monde, vendredi 24 octobre à 19h00 (43 min)  Photo Arte

    Gabon, Bornéo, Amazonie,Inde, Canada... Les "mondes inondés", ce sont ces zones humides qui vivent aux quatre coins de la planète au rythme naturel du cycle de l'eau. Sécheresse, pluies diluviennes, moussons, inondations, grandes marées hors norme : le cycle de l'eau, source de vie sur Terre, oblige les animaux qui vivent dans ces endroits depuis des millénaires, à élaborer des stratégies pour se déplacer, se nourrir et survivre. Si les plus faibles d'entre eux meurent à l'occasion de ces phénomènes climatiques naturels d'une ampleur exceptionnelle, ils ont pu et su évoluer pour s'y adapter

    Pour découvrir ces lieux de biodiversité exceptionnelle, aux paysages grandioses, Arte nous propose un voyage d'une semaine autour du monde, au travers d'une série de cinq documentaires: "Les mondes inondés", diffusés à 19h.

    elephant.jpgDe Loango en Afrique à la baie de Fundy au Canada

    Embarquement immédiat ce soir pour "Loango, le joyau de l'Afrique", réalisé par Luc Marescot au coeur du Parc national de Loango, au Gabon, qui ouvre la série. Suivra "Kinabatangan, l'éden sauvage de Bornéo",  en Malaisie orientale, filmé par Jean-Marie Cornuel, le mardi 21 octobre. Cette région abrite les derniers rhinocéros de forêt, des éléphants pygmées et des orangs-outangs en voie de disparition. On découvrira ensuite "Pacaya-Samiria, la jungle des miroirs", à l'orée de l'Amazonie, de Jean-Luc André, le mercredi 22 octobre, puis le jeudi 23, "Kaziranga, les larmes de l'Himalaya", dans le Parc national de Kaziranga, en Inde, au pied des plus hautes montagnes de la planète, et enfin, le vendredi 24 octobre, la Baie de Fundy, au Canada, dont les plages vivent au rythme des "plus hautes marées du monde".

    baleine fundy.jpgLe refuge des dernières baleines franches de l'Atlantique Nord

    Réalisé par Frédéric Febvre, ce dernier documentaire qui signe la fin de cet extraordinaire tour du monde, montre la vie de la faune et de la flore dans une région canadienne où les mouvements de flux et de reflux des marées les plus puissants au monde, charrient, dans la baie de Fundy, une masse d'eau équivalente à celle de toutes les rivières de la planète réunies. C'est dans cet écosystème marin unique au monde que les dernières centaines de baleines franches de l'Atlantique Nord se réfugient l'été, pour se nourrir de plancton et de krill.  Jusqu'à quand ? 

    Les animaux auront-ils le temps de s'adapter ? 

    La vitesse inédite du réchauffement climatique en cours, aggravé par l'emprise toujours croissante de l'homme sur l'habitat de la faune sauvage constitue une danger supplémentaire pour la survie de nombre d'espèces, dont certaines sont déjà menacées d'extinction, comme les tigres ou les rhinocéros unicornes du Kaziranga, l'un des plus beaux parcs animaliers d'Asie, au pied de l'Himalaya. Les animaux auront-ils le temps d'évoluer pour s'adapter au changement climatique ? Telle est la question à laquelle Arte nous invite aussi à réfléchir. A-delà des images d'une beauté incroyable sur la vie foisonnantes de ces "mondes inondés", les deltas, marais, grandes plaines marécageuses et plages sont autant de lieux d'une incroyable biodiversité à préserver.

    Cathy Lafon

    ► A VOIR : "Les mondes inondés", série documentaire réalisée par Luc Marescot, Jean-Marie Cornuel, Jean-Luc André, Jean-Baptiste Erreca et Frédéric Febvre, Arte, du lundi 20 au vendredi 24 octobre, à 19 h.

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