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Sciences - Page 119

  • Le changement climatique devrait décupler les effets dévastateurs de La Niña

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    Inondations, sécheresses : le réchauffement climatique devrait intensifier les catastrophes naturelles. Photo NASA

    Connaissez-vous La Niña ? Il s'agit d'un phénomène climatique qui provoque périodiquement sécheresses et orages dévastateurs et qui, contrairement à ce que son nom pourrait le laisser croire, n'est ni petit, ni mignon... Il va falloir s'habituer à le voir s'inviter plus régulièrement sur la planète : selon les scientifiques, le réchauffement climatique en accentuera probablement la fréquence et la violence au XXIe siècle, provoquant davantage de pluies en Asie du Sud-Est et un climat plus frais et sec en Amérique latine.

    Qu'est-ce que La Niña ?

    réchauffement climatique,la nina,el nino,phénomènes climatiques extrêmes,inondation,sécheresseLa Niña (la "fillette" en espagnol) intervient environ tous les quatre à cinq ans dans l'océan Pacifique, le long de l'Equateur, et dure un à deux ans. Elle suit généralement un autre épisode climatique extrême d'El Niño ("petit Jésus"), qui pourrait aussi de son côté devenir plus récurrent et plus violent. Au contraire de son frère jumeau qui atteint son apogée au moment de Noël et se traduit par une sécheresse en Asie et de fortes pluies sur l'Amérique latine, La Niña se caractérise par des températures de surface froides dans la partie centre-est de l’océan Pacifique, et par une différence plus grande avec la température de la terre dans des pays du Pacifique ouest comme l’Indonésie, la Malaisie, les Philippines, Singapour, le Bangladesh et le Vietnam.

    Comment ça marche ?

    Concrètement, les vents réchauffement climatique,la nina,el nino,phénomènes climatiques extrêmes,inondation,sécheressealizés qui soufflent d'est en ouest, de l'Amérique vers l'Asie et l'Ausralie, poussent avec eux les eaux chaudes en surface. Parallèlement, pour les remplacer les eaux froides des profondeurs remontent le long de la côte de l'Amérique latine : résultat, de fortes pluies en Asie du Sud-Est et la sécheresse en Amérique latine. La Niña exceptionnelle de 1998 et 1999, qui avait suivi un El Niño tout aussi exceptionnel en 1997 et 1998 (photo AFP ci-contre) avait ainsi transformé les sécheresses en inondations dans les pays du Pacifique ouest, et le temps humide en grave sécheresse dans le sud-ouest des Etats-Unis.

    Les effets du réchauffement climatique

    Le réchauffement climatique pourrait augmenter le contraste entre les températures de l’eau et de la terre qui a une influence sur le flux d’air atmosphérique et les précipitations. Une différence plus forte entraîne plus de précipitations dans les pays du Pacifique ouest et un temps plus sec pour les Amériques, écrivent les auteurs. Dans une étude parue dans la revue Nature Climate Change, les climatologues de l'Ocean University of China à Shadong, estiment que les épisodes météorologiques exceptionnellement sévères comme celui qui avait fait des milliers de morts et des millions de déplacés en 1998 et 1999, seront presque deux fois plus fréquents au XXIe siècle qu’au XXe.

    Des prévisions basées sur le scénario le plus pessimiste du Giec

    Réalistes à défaut d'être optimistes, les chercheurs ont basé leurs calculs sur le scénario le plus pessimiste en matière de réchauffement climatique qu'écrirait pour la planète l'humanité si elle continuait à émettre des gaz à effet de serre au rythme actuel. Soit une élévation de la température moyenne sur Terre de +3,7°C d'ici à la fin du siècle, selon le Groupe intergouvernemental d’experts du climat (Giec). Dans cette hypothèse, si les émissions de gaz à effet de serre ne diminuent pas, les chercheurs ont modélisé l'apparition d'un phénomène La Niña « extrême » en moyenne tous les 13 ans, au lieu d'une fois tous les 23 ans, comme c'était jusqu'à présent le cas.

    De graves conséquences socio-économiques

    « Cela signifie davantage d’événements météorologiques dévastateurs et plus fréquemment des changements d’un extrême à l’autre, d’une année sur l’autre, avec de profondes conséquences socio-économiques », soulignent les chercheurs, dont l'étude a été réalisée à l’aide de 21 modèles climatiques. Selon eux, en moyenne, pour la période 2000-2099, il devrait y avoir huit  épisodes extrêmes de La Niña. Une prévision à prendre avec prudence, toujours selon les scientifiques: les deux événements El Niño et La Niña restent encore mal connus, faute de mesures fiables avant le début des émissions de gaz à effet de serre.

    Le plus beau démenti de ses prévisions pessimistes pourrait provenir de la réussite de la conférence de Paris sur le climat, fin décembre, qui s’est fixé pour objectif de limiter cette hausse à +2°C par rapport à l’ère pré-industrielle. Croisons les doigts.

    Cathy Lafon

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  • L'agriculture biologique sans pesticides, rentable et productive, peut nourrir l'humanité

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    Pour Claire Kremen, professeur de sciences de l'environnement et codirectrice du Berkeley Food Institute  de l'Université de Californie, "augmenter la part de l'agriculture faisant appel à des pratiques durables n'est pas un choix, mais une nécessité". Photo

    Alors que la France ne parvient pas à réduire l'utilisation des produits  phytosanitaires en dépit du plan écophyto issu du Grenelle de l'environnement de 2007, ce vendredi Stéphane Le Foll, ministre de l'agriculture, présente son plan anti-pesticides. Objectif : encourager l'utilisation de produits bio et d'agro-équipements, comme les "pulvérisations de précisions". Au lieu d'épiloguer sur un nième plan qui n'aura pas plus de succès que le précédent sans réelle volonté de changement, c'est l'occasion de faire le point sur les avancées de l'agriculture biologique et de tordre le cou à deux très mauvaises idées reçues.

    100% bio, 100% rentable

    agricutlure biologique,études,inra,rentabilité,productivité,nourriture,faim dans le monde,gaspillage,conventionnelleL'agriculture bio, c'est bien mais pour les agriculteurs, ce n'est pas rentable. Première idée fausse, comme en témoigne les résultats d'une étude de l'Inra conduite sur 10 ans, à Mirecourt (Vosges) sur deux systèmes de polyculture-élevage bovins laitiers conduits dans une logique d’autonomie en agriculture biologique. Les résultats de cette expérimentation ont été dévoilés les 18, 19 et 20 novembre 2014 par les scientifiques, lors de journées portes ouvertes événement rassemblant des acteurs du monde agricole. Et pour les chercheurs de l'Inra, pas de doute : il est possible de conduire des systèmes agricoles autonomes ayant très peu recours aux intrants et préservant la biodiversité, tout en maintenant une rentabilité économique élevée. Mieux encore : la rentabilité économique des systèmes est plus élevée que lors des années où le domaine était en agriculture conventionnelle ! Le produit brut a augmenté de +25% sur 10 ans, et les charges opérationnelles ont été divisées par deux, notamment grâce à la réduction des achats d’intrants. Alors, pas rentable le bio ?

    L'agriculture bio peut nourrir la planète

    agricutlure biologique,études,inra,rentabilité,productivité,nourriture,faim dans le monde,gaspillage,conventionnelleSans intrants chimiques, engrais, pesticides et autres produits phytosanitaires, l'agriculture biologique, c'est bien pour le respect de l'environnement et la préservation de la biodiversité, mais elle ne pourra jamais nourrir la planète. Deuxième idée fausse à combattre. Les détracteurs du bio lui reprochent des rendements qui seraient très inférieurs à ceux de l'agriculture conventionnelle. Les résultats d'une "méta-étude" américaine dirigée par Claire Kremen, professeur de sciences de l'environnement et codirectrice du Berkeley Food Institute de l'Université de Californie, publiée le 9 décembre dernier, vient battre en brèche cet argument.

    agricutlure biologique,études,inra,rentabilité,productivité,nourriture,faim dans le monde,gaspillage,conventionnelleSelon les chercheurs qui ont dépouillé 115 études de 38 pays, portant sur 52 espèces végétales et couvrant trente-cinq années, il y a bien un déficit de productivité des méthodes biologiques  par rapport à l'agriculture intensive, ou industrielle. Mais il est moins important que ne l'affirmaient de précédents travaux. Et, surtout,  les résultats montrent que la recherche agronomique et la diversification des cultures biologiques peut améliorer les rendements pour réduire cet écart, voir parvenir à l'éliminer pour certaines cultures ou régions. Les auteurs de l'étude rappellent au passage que, pour nourrir l'humanité à sa faim, il ne suffit pas simplement d'accroître la production. Il faut également améliorer l'accès des populations à la nourriture, et mettre fin au gaspillage alimentaire qui représente près du tiers de la production mondiale de nourriture.

    L'agriculture durable n'est pas un choix mais une nécessité

    Pour ceux qui doutent encore des performances de l'agriculture bio, réservons le mot de la fin à Claire Kremen :  "augmenter la part de l'agriculture faisant appel à des pratiques durables n'est pas un choix, mais une nécessité : nous ne pouvons tout simplement pas continuer à produire de la nourriture sans prendre soin des sols, de l'eau et de la biodiversité." Telle est la conclusion sans équivoque donnée par la chercheuse à la présentation des résultats de l'étude.

    Cathy Lafon

    EN CHIFFRES 

    • Fin 2011, l'agriculture bio n'occupait que 37,2 millions d'hectares dans le monde, soit seulement 0,9 % de la surface agricole totale, même si, entre 2000 et 2010, son emprise territoriale a été multipliée par 2,4.   Chaque année, 1,3 milliard de tonnes de nourriture sont gaspillées.

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    • Les cultures biologiques peuvent-elles concurrencer l’agriculture industrielle ? Résumé de l'étude de l'Université de Californie, Berkeley (9 décembre 2014) : cliquer ICI
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    • Les articles de Ma planète sur l'agriculture biologique : cliquer ICI
  • Le bruit des éoliennes, nuisible pour la santé : info ou intox ?

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    Un champ d'éoliennes en campagne. Photo AFP

    La Semaine du son qui se déroule jusqu'au 8 février, permet d'évoquer les dangers potentiels du bruit. C'est l'occasion rêvée pour Ma planète de se pencher sur l'un des arguments récurrents des opposants à l'énergie éolienne. Les éoliennes sont accusées de bien des maux. Certains sont fort recevables, comme dénaturer le paysage - bien que l'on se demande par quel miracle esthétique les centrales à gaz, à biomasse, à charbon ou nucléaire, ou encore les lignes de haute tension le rendraient, elles, plus beau. D'autres sont carrément farfelus : freiner la rotation de la Terre ou encore provoquer des hécatombes chez les oiseaux et les chauves-souris. Mais qu'en est-il de l'argument massue, selon lequel les éoliennes seraient responsables de nuisances sonores si importantes pour les riverains qu'ils souffriraient d'une large palette de  symptômes, baptisés "syndrome de l'éolienne" ?Info ou intox ?

    Les éoliennes font-elles du bruit ? VRAI

    Les éoliennes font du bruit, qui se situe dans les basses fréquences. La rotation de leurs engrenages et le frottement du vent sur les pales, produisent des infrasons.

    Ce bruit est-il nuisible pour la santé ? FAUX

    Selon les spécialistes, les fréquences des infrasons sont inaudibles par l'oreille humaine et ne sauraient être responsables des maux de têtes, insomnies, fatigues, acouphènes et autres palpitations cardiaques qui caractérisent le "syndrome de l'éolienne". Pour être nuisibles, les bruits de basse fréquence doivent être portés à une forte intensité. Ce qui n'est pas le cas des éoliennes. Les réglementations européennes et françaises exigent une distance d'éloignement de plusieurs centaines de mètres, jusqu'à 2 km en Finlande. L'exposition des riverains est ainsi limitée à un bruit maximum de 35-40 dBA, soit un niveau sonore similaire, voire inférieur à celui du trafic routier ou aérien. En France, notamment,  l'autorisation préfectorale d'exploitation des parcs éoliens est soumise depuis 2010 à la législation des installations classées pour la protection de l'environnement, aux exigences très strictes en termes d'émissions sonores.

    energie eolienne,bruit,son,ansesPas de lien direct entre le bruit des éoliennes et d'éventuels troubles sanitaires

    Selon l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses), il n'y a donc pas de lien direct entre la présence des éoliennes et les troubles fonctionnels allégués. "Les émissions sonores des éoliennes ne génèrent pas de conséquences sanitaires directes, tant au niveau de l'appareil auditif que des effets liés à l'exposition aux basses fréquences et aux infrasons.", explique l'Agence, dans un avis rendu en 2013. Si gêne des riverains il y a, lors d'exposition extérieure aux éoliennes, elle est souvent "liée à une perception négative des éoliennes" précise l'Anses, qui relève qu'à l'intérieur des logements, fenêtres fermées, on ne recense pas de nuisances. Un avis conforté par de nombreuses études épidémiologiques conduites dans le monde entier.

    Autrement dit, les manifestations cliniques évoquées par les riverains d'éoliennes, si elles sont bien réelles, seraient plutôt le fait de manifestations psychosomatiques d'inquiétude vis-à-vis d'une technologie dont ils craignent qu'elle gêne leur panorama, et non de causes physiques avérés. L'argument sanitaire anti-éolien relève donc sans nul doute de l'intox.

    Cathy Lafon

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    • Impact sanitaire du bruit généré par les éoliennes, enquête de l'AFSSET : cliquer ICI