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Pesticides : les origines de l'hécatombe chez les abeilles sont connues, oui mais...

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Des abeilles mortes sur l'exploitation de Michel Bliguet près de Perpignan, le 6 juin 2014, une des exploitations concernées par la surmortalité des abeilles dans les Pyrenées orientales. Photo AFP

Deux organisations apicoles ont lancé un appel inédit aux dons d’essaims pour aider les apiculteurs de l’Ariège et des Pyrénées Orientales touchés par une hécatombe exceptionnelle l’hiver dernier. Ces derniers veulent aussi savoir à quoi est due cette surmortalité. Un fort soupçon pèse depuis des années sur les pesticides, les OGM et plus généralement, la dégradation de l'environnement.

Une opération de solidarité pour compenser les déficiences de l'Etat

« Puisque l’État est déficient sur le sujet, on lance une opération de solidarité pour que nos collègues puissent reconstituer leurs colonies », a annoncé à l’AFP le 12 novembre dernier, Alain David, coordinateur de la Fédération française des apiculteurs professionnels (FFAP). Cette opération va être menée conjointement par la FFAP, qui représente 150 à 200 apiculteurs professionnels, et la section apicole de la Confédération paysanne, syndicat agricole très investi dans les sujets environnementaux. Quelque 150 essaims ont déjà été promis et ils seront livrés au début du printemps, selon la FFAP.

Un millier de ruches perdues dans les Pyrénées-Orientales.De récentes analyses lient la surmortalité des abeilles catalanes à la présence de molécules neuro-toxiques dans les ruches. Les apiculteurs pointent du doigt les pesticides, les agriculteurs réclament de nouvelles recherches. France 3 Languedoc-Roussillon

La désinsectisation du bétail en cause ?

Les apiculteurs de ces deux départements ont connu l’hiver dernier une surmortalité importante dans leurs ruches. Les services vétérinaires de l’Ariège ont lancé en février une mission pour évaluer un lien entre ces pertes et la désinsectisation du bétail dans le cadre de la lutte contre la fièvre catarrhale ovine (FCO). Selon Alain David, les services de l’État « sont venus constater mais rien n’a été fait ». « Les bêtes qui vont dans les estives (veaux, moutons, vaches…) sont traitées avec des produits anti-parasitaires chimiques qu’on retrouve dans les déjections et qui polluent l’environnement. Et c’est cela qui pourrait être la cause de cette surmortalité importante », avançait-il.

Pas de cause commune et unifactorielle

Si les pesticides sont mis en cause, ce lundi 17 novembre, la préfecture a annoncé que les investigations menées chez 52 apiculteurs parmi les 58 ayant déclaré des pertes de cheptel dans les Pyrénées orientales et l'Ariège, et dans 25 élevages à proximité des ruchers touchés, n'avaient pas permis de conclure à une "origine commune et unifactorielle" de la surmortalité des abeilles. Selon la responsable de la Direction départementale de la protection de la population, Chantal Berton, jointe par l'AFP, "cette enquête a permis de mettre en évidence, à l'état de traces, la présence d'agents pathogènes et de substances chimiques connues pour des usages divers: utilisation phytosanitaire, usage sanitaire et biocide en élevage, usage apicole". Ce qui ne surprend en aucun cas les apiculteurs, puisque tel est leur diagnostic depuis fort longtemps...

Mauvaise récolte pour les apiculteurs du Gard. France 3 Languedoc-Roussillon

Poursuivre les études... et "noyer le poisson" ?

abeille,apiculture,pesticide,surmortalité,pyrénées,ariègeAlors, que vont faire les pouvoirs publics ? Un protocole de surveillance spécifique financé par l'Etat sera mis en place afin de poursuivre les études, ont annoncé des responsables du ministère de l'Agriculture lors d'une rencontre avec des représentants des apiculteurs. Cette surveillance devrait être réalisée dans des zones ciblées, dans les Pyrénées et les Alpes, dès cet hiver et sur deux saisons. D'étude en étude, en attendant, la France et l’Europe sont toujours en déficit d’abeilles en raison d’une surmortalité multifactorielle des colonies, liée à une dégradation de leur environnement et des pesticides, jugés, semble-t-il à raison, par les apiculteurs comme une des causes majeures de leur disparition. Jean-Philippe Antoine, porte-parole du Collectif des apiculteurs sinistrés des Pyrénées-Orientales, s'est ainsi félicité que les experts aient "enfin reconnu la présence de pesticides" dans les ruches. "Or nous apiculteurs, nous n'utilisons pas de pesticides, à la différence des éleveurs", a-t-il déclaré. Le porte-parole a cependant regretté que les experts "noient le poisson en essayant de minimiser" l'impact des pesticides. "Ils sont sous l'emprise du lobby phytochimique", a-t-il accusé.

Bruxelles a interdit en 2013 et pour deux ans l’usage des trois pesticides néonicotinoïdes jugés responsables en partie de cette situation. Cette mesure est jugée insuffisante pour les apiculteurs, qui réclament un moratoire étendu à toutes les autres molécules. En 2013 la production de miel en France a été inférieure à 15.000 tonnes, soit moitié moins qu’en 1995, pour un nombre de ruches presque équivalent.

Sur ce sujet, les études, on en a peut-être suffisamment, non ? On aimerait bien que l'Etat français et l'Europe réagissent avant que la production de miel n'ait encore diminué de 50%... Ou que nos petites ouvrières de la pollinisation n'aient disparu de nos champs, comme c'est déjà le cas dans d'autres régions du monde, aux Etats-Unis, en Californie, et en Chine.

Cathy Lafon

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