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Livres - Page 35

  • Al Gore : «Le futur est aussi entre nos mains »

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    coeur.jpg« Le Futur, six logiciels pour changer le monde ». C’est le titre de l’énorme essai en forme de pavé du dernier livre d’Al Gore, coup de coeur de Ma Planète.  L’ancien vice-président démocrate des Etats-Unis y traite des grands défis de la planète. Dont le changement climatique, thème pour lequel il a obtenu en 2007 le prix Nobel de la Paix, avec le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Mais pas seulement.

    Changer de logiciel

    Copieux, l’ouvrage publié en France aux éditions de la Martinière le 12 septembre dernier, fait suite au fameux documentaire du candidat démocrate malheureux  aux élections de 2000 contre George W. Bush : « Une Vérité qui dérange », devenu un livre bestseller mondial sur le changement climatique. Si la réflexion écologique et politique d’Al Gore suit son cours,  le ton est différent,  le propos plus complexe mais aussi porteur d’espoir : pour la planète et l’humanité,  rien n’est perdu, mais il nous faut, selon l’expression consacrée, "changer de logiciel"…


    UNE VERITE QUI DERANGE PART 2/5 par Warik-_o

    Un constat : la crise écologique et climatique s’aggrave

     "L’atmosphère est un égout  à ciel ouvert", disait Al Gore dans une interview au journal "le Monde", le 12 septembre. A 65 ans, après deux ans de recherche et d’’analyse, il en fait le constat : la crise écologique et climatique s’aggrave et plus nous retardons la réponse globale,  plus elle sera difficile à résoudre. "Sur les quelques 90 millions de tonnes de pollution mondiale que nous envoyons dans l’atmosphère chaque jour et qui contribuent au réchauffement climatique, le quart sera toujours là dans 10.000 ans, à retenir la chaleur", écrit-il. C’est l’un des changements écologiques majeurs, le plus visible  peut-être, que "le nouveau pouvoir que les 7 milliards d’humains que nous sommes"  impulse, "à une vitesse qui dépasse les limites de l’imagination humaine". Les récents travaux du Giec publiés en octobre dernier ne disent pas autre chose.  

    Une urgence : reprogrammer l’avenir

     Alors, pas de futur poal gore futur.jpgur l’humanité ? Bien au contraire. Pour Al Gore, l’être humain peut et doit avoir une influence sur le cours des choses. Comment ?  C’est tout l’objet de son dernier livre, qui décrit les six moteurs de changement les plus importants que connaît aujourd’hui, selon lui, la planète, et comment nous, ses habitants,  pouvons, en tant qu’être humains et civilisation planétaire, avoir une influence sur le cours des choses en "reprogrammant" notre avenir.  Al Gore formule l’hypothèse originale selon laquelle le monde fonctionnerait comme un gigantesque ordinateur : tel un cerveau mondial géant notre planète serait reprogrammable à volonté et nous avons le pouvoir d’en écrire le nouveau système d’exploitation. Les logiciels qui vont avec ? Pas de problème,  il nous en fournit six nouveaux. C’est là qu’il faut s’accrocher.

    Les six facteurs émergents de l’ "Entreprise Terre"

    Nous vivons aujourd’hui dans un nouveau cadre, celui de l’ "Earth Inc.", l’ "Entreprise Terre", doté d’un "cerveau mondial géant", analyse Al Gore, façonné à vitesse grand V par six émergences qui bouleversent tout : une économie planétaire globalisée, la révolution numérique et son réseau électronique gigantesque, un nouvel équilibre planétaire des pouvoirs politiques, économiques et militaires totalement inédit, la fin d’un monde basé uniquement sur la croissance, avec les phénomènes écologiquement  insoutenables, l’avènement de techniques scientifiques puissantes et de matériaux révolutionnaires. Enfin, la construction d'une relation radicalement nouvelle, entre la puissance agrégée de la civilisation et les systèmes écologiques les plus fragiles de la planète, comme l’atmosphère et l’équilibre climatique.

    al gore livre futur.jpgLes six logiciels pour changer le monde

    A partir de cette première analyse,  Al Gore  élabore son "logiciel", ou plutôt ses "six logiciels", destinés à changer  le monde et à assurer un futur soutenable à l’Earth Inc. Un avenir possible et durable donc pour l’humanité, bâti sur un  modèle écologiquement compatible, radicalement nouveau et réaliste qui n’est plus basé uniquement sur la croissance. En chemin, il nous entraîne dans les méandres du pouvoir économique et politique, là où s'affrontent les forces du monde en devenir, et d'où doit émerger une véritable conscience mondiale écologiste et humaniste.  

    Rabelaisien

    "Le voyage personnel"  que nous propose Al Gore dans son livre  est long, pas autant que celui de l’humanité depuis le temps des Homo sapiens, mais pas loin. Passionnant et rabelaisien par son érudition, ce voyage devient aussi le nôtre, car il  nous emmène "là où se détermine le type d’êtres que nous les humains, voulons être ". "Notre décision sur la manière dont nous choisirons de vivre déterminera si c’est le voyage qui nous emporte ou si c’est nous qui entreprenons un nouveau voyage", conclut Al Gore.

    "Le futur est entre nos mains"

     Al Gore se défend d’avoir écrit un manifeste politique pour poser les bases d’une future campagne électorale, mais concède qu’on trouvera toutefois dans la conclusion, un programme d’actions élaboré à partir des analyses de son livre. La vérité est qu’il nous met surtout face à nous mêmes : quel est le scénario le plus probable pour le futur ? C’est à nous seuls de le dire et de l’écrire. Il dépend avant tout de notre degré de participation dans les processus de décision : "notre première priorité devrait être de restaurer notre capacité à communiquer les uns avec les autres sur une agora largement ouverte à tous, afin de débattre des choix de difficiles qui nous attendent".

    Plus que jamais, le futur est entre nos mains, nous dit en substance Al Gore. Il dépend de notre capacité à mettre en œuvre de nouvelles formes de démocratie et à nous approprier les contenus des changements que nous avons produits.  Et ça, c’est quand même une sacrée bonne nouvelle.

     Cathy Lafon

    LE LIVRE

     LIRE AUSSI

  • Maladies chroniques: André Cicolella lance l'alerte dans le livre "Toxique Planète"

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    André Cicolella, photo archives Sud Ouest/Stéphane Lartigue

    couv toxique planète.jpgAndré Cicolella, le président du Réseau environnement santé, présente aujourd'hui en Gironde son dernier ouvrage, "Toxique Planète, le scandale invisible des maladies chroniques", publié aux éditions du Seuil.

    Deux rencontres sont prévues avec le toxicologue à l'origine de l'interdiction du bisphénol A dans les biberons et les contenants alimentaires, de l'interdiction du trichloréthylène dans les pressings ou de la prise de conscience des effets de l'aspartame. La première à 15h00 à la librairie La Machine à lire, à Bordeaux, la seconde à 19h30 à Libourne, au Grand Café de l'Orient, pour un débat avec Caroline Chenet-Lis, agricultrice à Saujon, Charente Maritime et vice-présidente de l’Association Phyto-victimes, dont le mari est décédé à cause de l'emploi de pesticides.

    pollution,maladie,fertilité,edition,rencontre,andré cicolellaLa progression exponentielle des maladies chroniques et des cancers en France

    Aujourd’hui, selon le chercheur, deux décès sur trois dans le monde sont le fait des maladies chroniques : maladies cardio-vasculaires ou respiratoires, cancers, diabète... En France, ces maladies progressent quatre à cinq fois plus vite que le changement démographique. Les cancers déferlent : 1.000 nouveaux cas surgissent toutes les vingt-quatre heures en France. Une progression de 89% entre 1980 et 2006. Le cancer touche un homme sur deux et deux femmes sur cinq et les coûts générés font imploser les systèmes de santé. En 2015, 70% des dépenses de la Sécurité sociale iront à la prise en charge de ces maladies chronique, non transmissibles, qui continuent leur irrésistible progression.

    cancersein.jpgHalte aux idées reçues

    Dans son dernier livre, André Cicolella lance l'alerte. Ces maladies chroniques en expansion ne sont ni un simple effet du vieillissement, ni une fatalité : notre environnement moderne est en cause. Des milliers de molécules chimiques l’ont contaminé mais aussi la malbouffe, la sédentarité, la pollution urbaine, le travail précaire et stressant et les inégalités au Nord comme au Sud. Durant quarante ans, le toxicologue a récolté et analysé des monceaux de données statistiques. Ce qui lui permet de battre en brèche bon nombre d'idées reçues. L'augmentation des maladies comme les cancers n'est pas due au seul vieillissement de la population. Au contraire, le cancer du sein, par exemple, touche des femmes de plus en plus jeunes. De même, les Français ne sont pas tous égaux devant le risque de la maladie. Selon les régions et les départements où l'on habite, on est plus ou moins exposés à telle ou telle pathologie.

    pesticides vignes épandage.jpgLa pollution de notre environnement est en cause

    Si tel est le cas, c'est bien parce que le contexte environnemental, selon André Cicollela, serait à l'origine de plus de 50 % des cancers constatés. Les émissions toxiques d'origine agricole, avec l'usage des pesticides notamment, les pollutions industrielles ou urbaines, souvent invisibles, avec les particules fines émises par les moteurs diesel, varient fortement d'une région à l'autre. Ce qui expliquerait pourquoi, par exemple, dans les départements agricoles et viticoles, les taux de certains cancers sont supérieurs à la moyenne nationale : en Aquitaine, le chercheur note ainsi une grande prévalence des cancers et surtout des tumeurs cérébrales, sans doute due aux pesticides. Mais aussi pourquoi, les maladies respiratoires sont en expansion dans les grandes zones urbaines. Ou encore pourquoi l'infertilité en France augmente à la vitesse grand V : 14 % des couples ne pouvaient concevoir après douze mois sans contraception en 1991, ils sont aujourd'hui de 18 % à 24 %. Selon une étude française publiée en 2012, la diminution du nombre de spermatozoïdes pour un homme de 35 ans a baissé de 32,2% de 1989 à 2005...

    Pour l'économie et notre bien-être

    La médecine sous nos latitudes soigne de mieux en mieux, et c'est tant mieux. Mais à l'heure où l'on tente à tout prix de préserver notre système de santé et de sauver l'Assurance-maladie, plutôt que de réduire les dépenses en dé-remboursant tel ou tel médicament ou de sabrer dans les financements de l'hôpital, ne vaudrait-il pas mieux s'attaquer aux causes de ce qui constitue une véritable "catastrophe sanitaire" ? 83% des dépenses remboursées par l'Assurance-maladie sont attribués aujourd'hui aux maladies chroniques, rappelle André Cicollela, pour qui la question est aussi économique.

    "Toxique planète" met en garde la société française : il est plus que temps de réagir en luttant efficacement contre la pollution chimique généralisée. Pour notre santé, notre bien-être et aussi la Sécu.

    Cathy Lafon

    PRATIQUE Rencontre-décidace avec André Cicolella à 15h00 à la librairie La Machine à lire, à Bordeaux. Réunion publique et débat avec Caroline Chenet-Lis, vice-présidente de l'association Phyto-victimes et élue à la chambre d'agriculture, Dominique Técher viticulteur Bio, vice-président de l’Association Agrobio 33 et François Dupont, animateur EELV Aquitaine, Commission Santé et Environnement, Commission Europe, à 19h30 à Libourne, au Grand Café de l'Orient. 

    LE LIVRE "Toxique planète, le scandale invisible des maladies chroniques", Le Seuil, collection Anthropocène, 19€.

    L'AUTEUR André Cicolella est chimiste, toxicologue, conseiller scientifique à l'Institut national de l'Environnement et des Risques (INERIS) et enseignant à l'École des affaires internationales de Sciences Po Paris. Il est cofondateur et président du Réseau environnement santé  qui est à l'origine de l'interdiction du bisphénol A dans les biberons et les contenants alimentaires, de l'interdiction du trichloréthylène dans les pressings ou de la prise de conscience des effets de l'aspartame.  Premier président de la Fondation Sciences Citoyennes, il a déjà publié notamment "Alertes Santé" (Fayard, 2005) et  "Le défi des épidémies modernes " (La Découverte, 2007).

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  • Mon été 2013 en mode écolo. Trois livres pour des vacances bien "vertes"

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     Visiter Tchernobyl ? Depuis 2011, les autorités ukrainiennes ont ouvert aux touristes la zone entourant le sarcophage de la centrale nucléaire de Tchernobyl. Photo archives AFP

    Dans ma valise verte, j'ai déjà mon chargeur solaire et éco-solidaire pour mon smartphone, ma crème solaire bio "spéciale sauvetage de l'océan" et ma bio-wax pour ma planche de surf. Qu'est-ce que j'emporte pour lire ? Voici les trois lectures écolos à ne pas rater cet été.


    bienvenue à tchernobyl.jpg"Bienvenue à Tchernobyl". Un tour du monde des lieux les plus pollués de la planète, par Andrew Blackwell, chez Flammarion. 21 €. 
    C'est la lecture idéale pour commencer ses vacances : on se détend et on rit, tout en n'en pensant pas moins. Une fois n'est pas coutume, l'auteur s'est offert non pas les meilleurs spots de surf ou le top des baignades et des plages les plus propres, mais  un tour du monde des lieux les plus pollués de la planète et nous fait partager le top des meilleurs sites-poubelles au monde. Un drôle de guide touristique à l'envers, qui est aussi une enquête à travers les plus grandes pollutions du progrès contemporain. De Tchernobyl jusqu'à la Chine et la ville de Linfen, capitale du de l'industrie de la houille, plongée dans un brouillard permanent, en passant par les mines de sables bitumeux de l'Alberta, la Grande plaque de déchets du Pacifique et les berges de la Yamunâ, rivière sacrée et noire d'excréments en Inde : le périple de la découverte de la face cachée de la planète est racontée avec un humour décapant mais tendre. Cette réflexion écologique est aussi un acte posé par son auteur en faveur d'une "écologie qui ne soit ni une déclaration d'ordre culturel, ni un accessoire politique, ni une toquade". Elle ne manque pas de sens, à l'heure où la "terre outragée" de Tchernobyl est effectivement devenu un haut lieu du tourisme international. Le filon est en outre inépuisable : la prochaine édition mise à jour comportera un autre site : Fukushima.

    gaz de schiste imposture.jpg"Gaz de schiste, histoire d'une imposture", de Jacques Ambroise, collection "Le droit de savoir", édition Sang de la Terre. 14,50 €. Plus sérieux et surtout très technique, cet ouvrage est aussi le "coup de poing, militant et pertinent" revendiqué et assumé d'un citoyen qui se mobilise pour la préservation du territoire que nous laisserons aux générations futures. A l'heure du débat national pour la transition énergétique, l'ouvrage, simple et didactique répond point par point aux questions qu'on se pose sur l'exploitation polémique des gaz de schiste en expliquant les conséquences irréversibles qu'elle aurait sur notre environnement et nos rapports économiques et sociaux. Plutôt qu'une nième expertise sur le sujet, l'auteur revient sur la question de façon chronologique et nous fait prendre conscience des problématiques et des enjeux d'un mode de développement énergivore et consumériste qui sert les intérêts des multinationales, sans souci de l'avenir des sociétés humaines et de la planète. Dans le débat sur les gaz de schiste, c'est un livre à charge, on l'aura compris.

    reinventons l'humanité jacquard.jpg"Réinventons l'humanité", d'Albert Jacquard et Hélène Amblard, édition Sang de la Terre. 4,90 €. Dans un monde où l’intolérance devient un mode d’action, nous avons plus que jamais besoin de paroles nous rappelant nos valeurs éthiques. Pour finir les vacances plein d'optimisme et l'espoir gonflé à bloc, ce petit livre vraiment pas cher, est vraiment idéal. "Qu’est-ce qu’être humain ?", se demande le généticien humaniste et écolo."Faire partie, si nous l’acceptons, de l’unique forme du vivant capable d’inventer l’humanité. L’humanité reste une adhésion. Un choix collectif. Un défi sans cesse relevé depuis que l’homme est homme : celui d’innover. La question n’est pas pour nous de sauver la Terre, mais de développer, en la réinventant, l’humanité sur Terre. Ce ne sera possible qu’en respectant notre planète et en nous respectant nous-mêmes, humains d’aujourd’hui, d’hier et à venir." Avec l’aide de la journaliste Hélène Amblard, sa complice depuis plus de trente ans, Albert Jacquard nous offre un petit ouvrage qui nous concerne tous et qui résonne comme un cri d’alarme sur l’avenir de l’homme. C'est aussi un livre plein d'espoir pour réinventer l’humanité,  destiné à faire vivre le débat entre tous, pour enfin mieux vivre ensemble.

    jacquard large.jpgCélèbre généticien, Albert Jacquard est l’auteur de nombreux ouvrages scientifiques, politiques et philosophiques. Aujourd’hui une personnalité humaniste des plus influentes, il est connu pour ses engagements citoyens et notamment associatifs.


    Bonnes vacances et bonnes lectures "vertes" !

    Cathy Lafon