On ne se connait pas encore très bien, mais moi, au naturel, j’adore acheter, consommer, faire les soldes, les boutiques, et, hélas, le superflu ne me fait pas peur. Inutile de vous faire un dessin : comme écolo, je reviens de loin. La bonne nouvelle, c'est qu'il ne faut jamais désespérer ! L’honnêteté me contraint à l’avouer : y a encore du boulot. Mais ne nous égarons, pas, concentrons nous sur les fêtes qui approchent… Pour l’écolo moyen(ne), désireux(se) de ne pas mettre en péril la planète, mais pas décroissant(e) pour deux euros, la période de Noël est un vrai casse-tête.
Halte à l’éco-culpabilisation ! Voici quatre bons tuyaux pour vivre écologiquement les fêtes de fin d’année.
1. Qu’on se le dise : « acheter » devient un geste écolo et citoyen.
On peut acheter ! Il suffit d’acheter français et de préférer le made in France, autrement dit le local ou le relocalisé. On privilégie ainsi les circuits courts, on ne soutient pas indirectement la pollution et les bas salaires en Asie. Ca tombe bien, c’est la tendance de ce Noël 2011. Selon un sondage réalisé par l’IFOP début octobre, et publié par la Tribune.fr, plus de sept Français sur dix (72%) se disent prêts à acheter plus cher un produit fabriqué en France, contre 28% qui s'y refusent. En pleine crise économique et industrielle, cela pourrait même devenir un thème de campagne majeur pour la présidentielle de 2012. Acheter made in France et plus cher, d’accord, mais quitte à acheter moins, peut-être ? Le sondage ne le dit pas. Pourtant pour les écolos, la question est aussi là.
2. Faire plaisir et gâter les siens, ça doit pouvoir se faire en échappant à l’ « hyper-consommation».
Le "bling bling", c'est has been. Consommer moins et mieux, c’est d’abord un devoir moral vis-à-vis de nos concitoyens qui subissent de plein fouet la crise économique (10 à 20 % de la société française). Et puis, Noël, au départ, est une fête religieuse, chrétienne et sociétale, avant d’être marchande. Le collectif chrétien « Noël autrement » milite ainsi pour un Noël durable. Le collectif qui regroupe 25 mouvements d’Eglise, lance cette année sa 7ème campagne d’action en faveur de la préservation de l’environnement, pour protéger les intérêts des générations à venir, avec comme mot d’ordre : halte à la surconsommation. Initiative à suivre.
3. Pour les achats « incontournables », il y a toujours les bons plans, verts et solidaires.
► Le sapin. Pour les obsédés du sauvetage de la planète, la question qui agace, c'est : "faut-il acheter un vrai sapin, quitte à contribuer à la déforestation, ou un sapin en plastique, qu'on ressort chaque année ?" Affranchissez-vous définitivemement d'une super idée reçue : couper un sapin de Noël ne détruit pas la forêt ! Il est cultivé exprès. Le sapin artificiel, en revanche, c'est toujours du plastique, coûteux en énergie à fabriquer et difficilement recyclable. L'achat écolo, c'est donc le sapin naturel. Coupé, on veillera à le recycler avec les déchets verts ; en motte ou en pot, on le replantera ensuite. Et en plus, c'est bon pour l'activité des sylviculteurs.
Depuis plusieurs années, certaines grandes surfaces offrent leur solution écolo, comme IKEA et Truffaut. IKEA s’engage à nouveau cette année avec l’Office national de la forêt (ONF) et Truffaut avec la Fondation Yves Rocher, qui combat la déforestation. Ils reverseront 1 euro pour tout sapin acheté en magasin et rapporté en janvier. Le bilan écologique de l’opération n’est pas si nul : IKEA a reversé à l’ONF près de 2 millions d’euros, dans le cadre de son action "Agir à la racine". Jardiland, lui, fait dans le solidaire, et a choisi d’aider le Sahel en reversant à SOS-Sahel 25 centimes par sapin acheté, pour soutenir un projet de développement. En deux ans, 500 mini-fermes ont ainsi vu le jour au Burkina Faso. Objectif : passer de 500 à 1 500 fermes. Un piège commercial qui ne servirait en réalité que les intérêts de grandes enseignes, tout en s'achetant à bas prix une bonne conscience verte ? A chacun de voir. Il n'est pas non plus interdit d'acheter son sapin à de petits producteurs, si on a la chance d'avoir un marché annuel près de chez soi.
►Le menu de Noël. Il fallait oser. Terra Eco l’a fait, en tentant le premier menu 100 % restes à 0 € ! Pour lutter contre le gaspillage alimentaire, la cuisine des restes. Perso, ça ne me fait pas rêver. Je me contenterai de ne pas en faire trop, et d’acheter des bons produits de saison, locaux, et au marché près de chez moi. Certaines recettes de Terra Eco font pourtant envie… Alors pour le lendemain du lendemain des fêtes, s’il y a des restes, pourquoi pas ?
►La déco. Pour les illuminations rituelles, la plupart des villes la mettent désormais en veilleuse, à commencer par Paris, la ville lumière. La facture énergétique reste quand même très chère pour nos grandes villes. Dans la région, Bordeaux, Auch, Pau, Langon, Bayonne, La Rochelle, Périgueux.... sont ainsi passé progressivement aux LEDs, qui se caractérisent par une très faible consommation électrique. Certaines agglomérations iront jusqu'à choisir des décorations issues du recyclage d'emballages, bouteilles plastiques, bouchons, capsules... Les initiatives dans ce domaine ne sont pas rares, l'une d'elle est particulièrement intéressante, celle de Recycl'art, à Paris, dont le projet est aussi de sensibiliser le public au tri et au recyclage des déchets. Et chez nous ? Soyons clairs, pour que ce soit réussi à la maison, il faut un minimum de sens artistique. On peut ainsi commander sur internet des sapins en bouteilles recyclées, mais comme on dit, ça dépend des goûts... En revanche, l'écolo n'hésitera pas à acquérir pour illuminer sa maison, guirlandes d'intérieur et d'extérieur à LED. Les sites qui en proposent sont légion sur internet. Enfin, pour les purs et durs, il y a toujours la bougie, ce truc auquel on reviendra tous après le nucléaire ! Et comme on n'arrête pas le progrès vert, il existe déjà des bougies à LED rechargeables.
Noël sous le thème du Recycl'art à Paris
4. Enfin, on peut choisir des cadeaux "total vert" !
► Possession. Dans un billet précédent, je vous conseillais d’offrir la trilogie Hessel. Car il n'est pas interdit à l'écolo d'offrir des livres, le papier est encore moins émetteur de CO2 qu’un livre électronique. Surtout s’il est recyclé (le papier). Le bilan carbone d’un livre est très largement inférieur à celui d’un livre électronique ou d’une tablette. Un livre, c’est 1,3 kg de CO2, un livre électronique c’est 235 kg deCO2, une tablette c’est 168 kg de CO2. Certes, ces derniers peuvent contenir plusieurs dizaines d’ouvrages. Un livre électronique devient écologiquement compétitif pour les très gros lecteurs : il faut qu’il compense l’achat de 40 livres (sources Carbone 4). Et le prix d’un bouquin reste infiniment moins cher…
►No possession. Un cadeau n’est pas forcément un objet. On peut faire plaisir en offrant du temps, ou de futurs moments de plaisirs : des cours de cuisine, un spectacle, une séance de relaxation, un abonnement à un système d’autopartage pour un urbain qui vient d’avoir le permis de conduire, ou un proche qui n’a pas de voiture (Autocool, pour les veinards bordelais, c’est top), à une revue, un journal … "Sud Ouest", pourquoi pas ? Un poil encore plus loin dans le genre" no possession", Terra eco signale une liste de 100 sites pour consommer sans posséder. Ça s’appelle la consommation collaborative, modèle où l’usage prédomine sur la propriété (partage, échange, troc, location). Si vous ne craignez pas de passer pour un gros radin, plus que pour un écolo, offrez le lien !
Petit détail qui peut avoir son importance : pour les DVD, CD, et autres supports culturels ringards, sachez que pour "le jeune" de plus de 14 ans, c’est mort. De nos jours, on télécharge tout ! Ne râlez donc pas si vos grands enfants souhaitent recevoir pour Noël un ordi portable, ou un Iphone : considérez plutôt cet achat comme un investissement sur le long terme qui vous fera économiser DVD, CD, etc.
Cadeau : une sélection de sites pour vous aider à réussir des fêtes de Noël vraiment écologiques
Cathy Lafon