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Infrastructure - Page 78

  • Erosion du littoral. Depuis Bordeaux, des chercheurs veillent au grain... de sable

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    Les scientifiques bordelais de GEO-Transfert en mission sur la plage basque de Mundaka (Espagne). Photo GEO-Transfert

    Grâce aux images fournies par les satellites, GEO-Transfert, une structure scientifique bordelaise, produit depuis 2002 des cartes des rivages et des fonds marins, pour une meilleure gestion du littoral atlantique.

    Mais où est donc passé tout le sable ?

    Réchauffement climatique, hausse du niveau des mers... Les scientifiques s'agitent beaucoup sur un sujet qui inquiète décideurs politiques et économiques du littoral atlantique, notamment dans la région, en Aquitaine et en Charente-Maritime : le recul du trait de côte. Avec à la clé, une économie locale et des zones d'habitat menacées par l'effondrement de terres littorales ou les inondations. Et une question lancinante : comment gérer les zones côtières ?

    La solution GEO-Transfert

    Pas de panique. A Bordeaux, GEO-Transfert, une Cellule de Transfert de Technologie de l'ADERA, créée en 2002 par Eric Maneux, docteur en géochimie, tient le littoral à l'oeil, images satellites à l'appui, afin d'aider les collectivités locales à mieux comprendre le phénomène naturel pour l'anticiper et s'y préparer. Financée par la Région Aquitaine, elle participe à la valorisation des recherches menées par  le laboratoire OASU-UMR EPOC 5805 de l'Université Bordeaux 1, qui se consacre avec ses réseaux de surveillance, à la recherche et au développement d'études environnementales. En clair, GEO-Transfert, c'est la petite cellule qui bosse sur le terrain pour la tête chercheuse EPOC, en proposant des services et une expertise scientifique et technique dans les domaines de la gestion des zones côtières. Vaste sujet. Comment ne pas s'y noyer ?

    Virginie.pngLe point avec Virginie Lafon, 42 ans, titulaire d'un doctorat en océanographie et responsable au sein de GEO-Transfert des méthodes de surveillance du littoral basées sur l’exploitation d’images satellites.

    Géochimie, hydrodynamique, télédétection

    Pour parvenir à ses fins, indique la scientifique bordelaise, GEO-Transfert, dispose de trois armes fatales, issues de la large palette des sciences liées à l'océanographie et de leurs applications : la géochimie, l'hydrodynamique (ou morphodynamique), et la télédétection. Soit. Mais encore ?

    geo-transfert,recherche,télédection,satellite,bordeaux,virginie lafonClair comme de l'eau de roche

    Quand Virginie Lafon explique, tout devient limpide. "La géochimie, étudie "la répartition et le comportement des éléments chimiques dans la nature. Par exemple, les flux de sédiments et les métaux lourds transportés par les eaux alluviales jusqu'à l'océan depuis les bassins versants." Quant à l'hydrodynamique, "elle s'intéresse aux courants et à la dynamique côtière. Autrement dit, l'impact des vagues  sur la morphologie des plages." Là, on est en plein dans le sujet qui préoccupe les élus du littoral atlantique, comme en Vendée, ravagée par la tempête Xynthia (ci-dessus), à Biscarrosse, dans les Landes, ou encore à Lacanau et Soulac, en Gironde, où les plages sont victimes de l'érosion.

    Championne de la télédétection

    Et la télédétection ? Vous n'êtes pas dans un épisode de votre série préférée "The Mentalist" et il ne s'agit pas d'une science occulte, mais, selon la définition de Virginie Lafon, de "l'observation de l'environnement des écosystèmes du trait de côte où de la turbidité (qualité) de l'eau, via l'exploitation d'images satellites, qui permettent de dresser des indicateurs écologiques, géochimique ou sédimentaires de la côte". Ouf, c'est dit. Le nerf de la guerre de l'observation du littoral, en quelque sorte, sans lequel rien ne s'étudie, rien ne s'observe et rien ne se décide. Et pour l'Aquitaine, ça tombe bien: en télédétection satellitaire appliquée à la science de la mesure des profondeurs de l'océan, la bathymétrie,  GEO-transfert est championne toutes catégories.

    geo transfert mimizan-1200.jpgUn projet nommé "Balist"

    Pour transformer ses approches très scientifiques en véritable service opérationnel, GEO-Transfert a conçu en 2012 un projet de bathymétrie par satellite, afin de cartographier les petits fonds du littoral, entre 0 et 30 m, à 2 ou 3 km de la côte. Son nom : Balist. Financé à 50% par la Région Aquitaine, où la chargée de mission Marlène Kiersnowski le suit de près, et à 50% par la petite cellule bordelaise sur fonds propres, il concerne un ensemble de régions françaises, Aquitaine, Vendée et Languedoc-Roussillon en Méditerranée, mais aussi portugaises et espagnoles. Son objectif : établir des cartes saisonnières régulières (printemps, été, automne, hiver) pour pouvoir en produire rapidement en cas d'urgence météorologique et de catastrophe naturelle.

    geo-transfert,recherche,télédection,satellite,bordeaux,virginie lafon"Donner les clés aux décideurs"

    Quels enjeux pour les décideurs, quelles stratégies adopter face à l'érosion du trait de côte ? Les cartes fournies par Balist leur permettent d'évaluer les stocks sableux à disposition, en prévision des tempêtes hivernales, afin de faciliter la gestion du littoral et de ses plages et de protéger le milieu dunaire. Et surtout, précise Virginie Lafon, de "donner les clés pour anticiper sur le recul du trait de côte, qui est inéluctable". Comme à Soulac, victime d'une érosion majeure, où l'immeuble Le  Signal (ci-dessus) est directement menacé d'effondrement et où se pose la question du camping situé au bord de l'eau : faut-il le déplacer et/ ou le protéger ? "GEO-Transfert apporte son expertise pour y répondre mais ne préconise pas", précise Virginie Lafon. "Nous faisons des études pour montrer les aléas, les enjeux, les risques. En Aquitaine, les collectivités locales sont en cours d'analyse de solutions: parfois repli, parfois repli moyen terme avec défense court terme ... C'est toujours très, très compliqué", conclut la scientifique.

    geo-transfert,recherche,télédection,satellite,bordeaux,virginie lafonLe prix européen "Astrium Radar Challenge"

    Quant à Balist , son intérêt a été reconnu au plus haut niveau : en 2012, l'application a remporté le titre de vainqueur de l'"Astrium Radar Challenge", dans le cadre du deuxième concours d'idées du programme satellitaire européen (l'European Space Agency), les GMES Masters (Global Monitoring for Environment and Security Masters). Le prix obtenu ne fait pas vraiment fantasmer le citoyen lambda, mais il met carrément en transe les chercheurs. Virginie Lafon et ses collègues ont rapporté de Munich (Allemagne) un chèque de 25.000 €,à dépenser uniquement en achat d'images en provenance du satellite TerraSAR-X, fournies par Astrium.  Pas vraiment des bons d'achat à la Redoute, mais la possibilité pour les chercheurs bordelais de travailler mieux et davantage. Avec ces images et celles subventionnées par le Centre National d’Etudes Spatiales (CNES) - les images SPOT et Pléiades- de multiples cartes ont été produites et comparées. Elles sont consultables en ligne sur le portail régional PIGMA (Plateforme d'information mutualisée en Aquitaine).

    Un fort potentiel commercial dans un secteur en manque de donnée

    Pourquoi une telle reconnaissance ? "En distinguant Balist parmi douze projets européens concurrents, analyse Virginie Lafon, l'Europe a voulu récompenser le potentiel commercial à venir dans un secteur qui manque furieusement de données, ainsi qu'une structure bien implantée localement". En Aquitaine, GEO-Transfert a désormais de nombreux partenariats et clients locaux, comme l’Observatoire de la Côte Aquitaine, le Département de la Gironde, le Siba d'Arcachon, la mairie de Biscarrosse, Camping Contrôle. La structure bordelaise  commence également à s’implanter en Méditerranée, "où l’érosion et la submersion sont aussi très préoccupantes", souligne Virginie Lafon.

    geo-transfert,recherche,télédection,satellite,bordeaux,virginie lafonAu secours, Hercules a rétréci la plage !

    Depuis sa création, Balist ne chôme pas. Dernier épisode en date: le déferlement des vagues monstrueuses qui viennent de frapper tout le littoral début janvier, résultat du "vortex polaire" hors norme Hercules qui congèle le Canada et les Etats-Unis de l'autre côté de l'Atlantique. Dans la région, en Charente-Maritime où les travaux de réparation vont s'élever à 4 millions d'euros, le trait de côte a reculé jusqu’à 10 mètres dans certains endroits de l’Ile d’Oléron. En Gironde, les plages de Lacanau (ci-dessus), de Soulac-sur-Mer et de Montalivet ont été littéralement passées à tabac. A Soulac, la plus touchée, la côte a reculé de près de 7 mètres sur la plage sud. A Lacanau, les ouvrages anti-érosion ont été laminés par les vagues. Au Pays-Basque, à Biarritz, où le maire Didier Borotra estime les dégâts de la houle à 500 000 euros, une déferlante a atteint un parking souterrain situé à 200 mètres du rivage. Du jamais vu et beaucoup de pain sur la planche pour GEO-Transfert qui s'apprête à analyser les dégâts d'Hercules sur le trait de côte grâce aux images satellitaires d'Astrium.

    Le business du réchauffement climatique

    On s'en doute, le réchauffement climatique ne réjouit pas GEO-Transfert. Mais il faut reconnaître qu'il lui procure du boulot à l'infini, car il aggrave le phénomène d’érosion naturelle qui menace le littoral en accélérant l’élévation du niveau de la mer, au rythme actuel de 3,2 mm par an. Le dernier rapport du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (Giec) publié à l’automne 2013, estime que le niveau des océans pourrait s’élever de près d’un mètre d’ici à la fin du siècle… Le rapport piloté par le scientifique Hervé Le Treut, "Prévoir pour agir, la région Aquitaine anticipe le changement climatique" (2013) l'a confirmé : le littoral aquitain est directement menacé.

    Du sable à la pelle

    Dans ce contexte d'érosion galopante, GEO-Transfert a du sable à surveiller à la pelle. Aussi la cellule bordelaise a-t-elle accueilli avec intérêt l'arrivée en Aquitaine, en octobre dernier, du centre de Surveillance de l’Environnement EarthLab de Telespazio, à l'Aérocampus de Latresne (Gironde). Ses satellites et ses drones vont permettre aux chercheurs qui travaillent sur la forêt, mais aussi sur l'érosion de la côte aquitaine, d'avoir des données plus précises que jamais. Grâce à la présence de l'EarthLab, Virginie Lafon espère "une belle opportunité de démonstration de services vers les collectivités" pour la gestion du littoral.

    Ce qu'il y a de sûr, c'est que l'été prochain, on y réfléchira à deux fois avant de jeter sa serviette sur la plage : les grains de sable, GEO-Transfert les a tous à l'oeil.

    Cathy Lafon

    Crédit photos : Sud Ouest (Xynthia, Soulac, Lacanau) et GEO-Transfert.

    PLUS D'INFO

    • Le site de GEO-Transfert : cliquer ICI. La structure emploie 7 personnes, dont 4 ingénieurs, 2 assistants-ingénieurs et 1 technicien et a réalisé un chiffre d'affaire de 350 000 € en 2012.
    • Le site du concours "Astrium Radar Challenge", remporté par Balist : cliquer ICI

    CONTACTS

    •  Virginie Lafon. Agée de 42 ans, titulaire d'une thèse en Océanographie (1999, Bordeaux), spécialiste du traitement et analyse d’images visibles et radars en domaine littoral,  elle est,  depuis 2006, chargée de mission télédétection à Géo-Transfert. Contact : tél 05-40-00-83-28. E-mail  v.lafon@epoc.u-bordeaux1.fr GEO-Transfert : UMR 5805 EPOC, Université Bordeaux 1, Av. des facultés, 33405 Talence, France.
    • Marlène Kiersnowski. A la Région Aquitaine, pour GEO-Transfert,  c'est "Madame Cocooning". Chargée de mission Europe et International, elle promeut très activement les activités de GEO-Transfert. Contact : +33 (0)5 56 56 38 34. E-mail :  marlene.kiersnowski@aquitaine.fr - Conseil régional d'Aquitaine : 14, rue François de Sourdis, 33077 Bordeaux Cedex.
  • Photovoltaïque: vers un nouveau record mondial en 2014

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    Un polder photovoltaïque de 1 kilomètre carré devrait voir le jour au Japon, dans le sud du pays. © Kyocera Corporation

    Les énergies renouvelables ont le vent en poupe. Les installations de panneaux photovoltaïques dans le monde vont poursuivre une croissance à deux chiffres en 2014, après une année 2013 meilleure que prévu, notamment grâce au Japon, selon les prévisions annuelles du cabinet américain IHS.

    Entre 40 et 45 gigawatts en 2014

    Selon le cabinet spécialisé, les nouvelles capacités de production d’électricité photovoltaïque atteindront un nouveau record compris entre 40 et 45 gigawatts l’an prochain. En 2013, le marché a dépassé les 35 gigawatts, soit un nouveau sommet après 31,2 GW en 2012 et 27,5 GW en 2013. « L’explication, qui est aussi un des enjeux principaux de 2014, vient d’un pays: le Japon », deuxième marché national dans le monde en 2013 derrière la Chine, explique IHS. Quelque 6,3 GW de panneaux solaires ont été installés en 2013 dans l'archipel nippon, un marché tiré par l’arrêt des réacteurs nucléaires après la catastrophe de Fukushima. Et contrairement aux prévisions de l’an dernier, le marché en valeur ne s’est pas contracté comme en 2012, progressant au contraire de 7% à 83 milliards de dollars. L’an prochain, ce chiffre  pourrait encore grimper.

    photovoltaïque,croissance,chiffreLe Japon post-Fukushima mise sur les énergies renouvelables

    Depuis l'accident nucléaire de Fukushima, le 11 mars 2011, le Japon se tourne à marche forcée vers d'autres sources d'énergie. Après le parc d'éoliennes flottantes au large de Fukushima, le géant de l'électronique Kyocera a lancé un nouveau projet : la construction de la plus grande centrale photovoltaïque flottante du monde, aux abords de la ville de Kagoshima (sud du pays). Au total, la société nipponne compte déployer dans le port de Nanatsujima, sur un peu plus de 1 km2, près de 29.0000 panneaux solaires qui seront maintenus à la surface par des flotteurs en plastique. Une fois mise en activité, la centrale de Kagoshima aura une puissance de 70 mégawatts. De quoi satisfaire la consommation électrique de 22. 000 familles.

    La Chine en tête

    La Chine, premier marché au monde du photovoltaïque devant le Japon, reste la meilleure élève de la classe.  Elle devrait poursuivre sa course en avant dans le solaire en installant 9,3 GW, contre 8,6 GW, mais rester donc en dessous de l’objectif officiel des 12 GW pour 2014.  Le marché américain, le troisième au monde, devrait également croître lui aussi, à 6,4 GW contre 5,5 GW en 2013.

    La France au 8ème rang mondial

    « A l’inverse, l’Allemagne, jadis un leader mondial, restera à une terne 4e place et son marché se réduira de nouveau après des baisses drastiques de ses tarifs de soutien », note IHS, qui prédit 3,7 GW en 2014 après 3,8 GW en 2013. Le pays européen où la croissance du solaire devrait être la plus forte serait, selon ses prévisions, le Royaume-Uni, qui passerait de 1,3 GW en 2013 à 1,7 GW, prenant à l’Italie la cinquième place mondiale. Le marché français afficherait lui une légère progression à 0,8 GW, et remonterait au 8e rang mondial.

    L'essor du stockage d'électricité photovoltaïque

    Dans les autres tendances, IHS souligne à la fois l’essor du stockage d’électricité photovoltaïque (qui devrait quadrupler à 753 mégawatts en 2014), la stabilisation des marges des grands fabricants chinois de panneaux, qui se sont améliorées ces derniers mois, et l’émergence du marché sud-américain, qui devrait quintupler à 1,4 GW l’an prochain.

    Cathy Lafon

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  • Jeux Olympiques d'hiver de Sotchi: les écolos ne sont pas à la fête

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    Un militant écologiste russe qui dénonçait les impacts sur l’environnement des travaux de préparation des jeux Olympiques d’hiver de Sotchi a été condamné vendredi 20 décembre à trois ans de camp pour atteinte aux biens.

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    "La forêt est pour tout le monde"

    En 2012,  Evegueni Vitichko et une autre militante, Suren Gazarian, avaient déjà été condamnés à trois ans de prison avec sursis pour avoir causé des dommages à une clôture dressée dans une zone protégée. Fin 2011, un groupe de militants écologistes avait ouvert une partie de la clôture et coupé des arbres d’espèces protégées. Des membres du groupe avaient également écrit des slogans tels « La forêt est pour tout le monde » sur la clôture en tôle ondulée. L'ING avait fait valoir que cette clôture avait été érigée illégalement dans la forêt autour d’une résidence appartenant au gouverneur de la région de Krasnodar, Alexandre Tkachev. Fin 2012, Susan Gazarian a fui la Russie et réside actuellement en Estonie.

    Poutine veut redorer son blason avant les JO de Sotchi. Ainsi, il a libéré les Pussy Riots et gracié son opposant historique Khodorkovski, le 19 décembre dernier. Sa mansuétude ne s'étend toutefois pas aux activistes écologistes...


    Poutine veut redorer son blason avant les Jeux... par SIPAMEDIA

     Cathy Lafon avec l'AFP