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Industrie - Page 193

  • Le nucléaire français condamné à de lourds travaux par l'ASN

    28.06.2012 | Rapport annuel 2011 et évaluations... par ASN_Publications

    Comme attendu, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a publié sur son site internet, jeudi 28 juin, le calendrier des "travaux massifs" obligatoires pour sécuriser les centrales françaises. Dans la plus grande transparence. On s'en doutait  : l'addition est particulièrement salée.

    ACL, on te kiffe toujours !

    Revenons 6 mois en arrière. En janvier dernier, André-Claude Lacoste (ACL), le "super gendarme français du nucléaire", présentait à la presse l'audit post-Fukushima de l'ASN pour les centrales françaises, en faisant preuve d'une grande intégrité et d'indépendance vis-à-vis de l'industrie nucléaire : Ma Planete l'avait alors souligné. Le nucléaire français se voyait dès lors doté d'un agenda de ministre jusqu'au 30 juin 2012, dernier délai. La suite logique du feuilleton s'est écrite hier : s'appuyant sur les conclusions théoriques de cet audit, l'ASN donne à présent la liste des travaux pratiques imposés à EDF avec notamment la création d'une "force d'action rapide" d'ici 2014 et, à plus long terme, d'un "noyau dur" dans chaque centrale permettant de limiter les conséquences d'un éventuel accident. Du lourd, du très lourd.

    32 décisions et près d'un millier de préconisations

    fukushima.jpgAprès l'accident de Fukushima, en mars 2011, l'ASN avait analysé le niveau de sûreté des installations françaises et en avait conclu que si aucune centrale ne devait être fermée, il fallait en accroître la "robustesse".  En conséquence, la plus haute autorité française en matière de sécurité nuclaire a adopté 32 décisions comportant chacune pas moins d'une trentaine de préconisations. Elles portent sur les 19 centrales exploitées par EDF, mais aussi sur 8 sites d'Areva (liés au combustible) et les 5 sites du Commissariat à l'énergie atomique (CEA, pour le volet recherche) : personne n'est oublié.

    Du très court et du plus long terme

    Ces "travaux massifs" vont prendre plusieurs années, selon un "échéancier raisonnable", précise le président de l'ASN, André-Claude Lacoste.  La "force d'action rapide", un dispositif d'urgence permettant d'envoyer des équipes spécialisées et du matériel sur un site accidenté en moins de 24 heures, devra être capable d'intervenir sur un réacteur fin 2012 et sur tous les réacteurs d'une même centrale fin 2014, souligne encore l'ASN.

    Une facture évaluée à 10 milliards d'euros

    Le "noyau dur", c'est-à-dire des locaux bunkerisés et des procédures renforcées adaptées à des situations de crise, constituera le coeur de ce renforcement des centrales françaises. Dans ce cadre, l'ASN exige un système d'alimentation supplémentaire de sécurité par réacteur, au plus tard en 2018. Et un dispositif temporaire, plus léger, doit être installé d'ici un an.  Pour l'ensemble des travaux, EDF a évalué la facture à environ 10 milliards d'euros, a rappelé M. Lacoste, jugeant ce chiffre "pas invraisemblable". Mais peut-être encore en dessous de la réalité ?

    Sur la pertinence de laquelle Greenpeace s'interroge...

    majnoni.jpgC'est dans sa nature :  Greenpeace s'interroge. L'organisation environnementale, dont l'ASN a par ailleurs dit, le 27 février dernier qu'elle étudierait  le rapport sur la sûreté post-Fukushima en France, se pose judicieusement la question de "la pertinence de tels investissements" alors que "le nouveau président de la République a promis de faire baisser la part du nucléaire dans le mix électrique d'ici 2025".  "On peut craindre que ces investissements massifs ne gèlent toute possibilité de décision de fermeture d'autres centrales pour les dix années à venir", a ainsi regretté Sophia Majnoni (photo-ci-contre) chargée de campagne nucléaire pour l'organisation environnementale. Ajoutons à cela la crainte légitime de voir le coût de ces travaux assécher les crédits dédiés à la transition énergétique de notre pays et au développement des énergies renouvelables. Surtout, quand c'est la crise et que les caisses sont vides, comme on ne cesse de nous le seriner. A un moment où, en outre, les actions en bourse d'EDF et d'Areva atteignent leurs plus bas niveaux historiques et où leurs niveaux d'endettement inquiètent les analystes financiers.

    ... et aussi, indirectement, André-Claude Lacoste

    De son côté, le président de l'ASN, lui, voit un autre "point embarrassant" : le fait qu'il faudra peut-être 10 ans pour avoir le fin mot de la catastrophe de Fukushima.  "Nous avons évidemment le devoir de prendre dès que possible des décisions pour améliorer la sûreté mais nous sommes amenés à les prendre sans être totalement sûrs d'avoir compris ce qui s'est passé", a indiqué  ACL. Ainsi, pour le patron de l'ASN, le fait, admis pour le moment, que seul le tsunami a provoqué la catastrophe alors que les installations ont, elles, bien résisté au séisme le 11 mars 2011, reste entièrement "à vérifier". Une franchise qui fait plaisir à entendre et tend d'ailleurs à donner raison aux écologistes sur ce point précis, mais n'est pour autant plus rassurante. Rappelons que le même ACL déclarait en janvier dernier, qu'en matière de nucléaire, garantir la sécurité est un devoir incontournable, mais qu'il est tout aussi rigoureusement impossible de garantir le "risque zéro"...  Et notons qu'il persiste et signe aujourd'hui en enfonçant le clou : " Fukushima a confirmé ce que j'ai toujours dit : un accident ne peut jamais être exclu". 

    "L"improbable est possible", Fukushima est "en fait, devant nous"

    asn,sécurité,greenpeace,centrale,fukushima,rapport,audit,travaux,coûtVous avez dit post-Fukushima ? Le meilleur résumé de la situation, c'est encore le directeur général de l'ASN, Jean-Christophe Niel (photo ci-contre) qui l'a fait hier, au siège de l'instance, à Paris :  "Beaucoup pensent que Fukushima est derrière nous, mais c'est, en fait, devant nous". Propos repris sur le site de l'ASN. Vu l'énormité des coûts à venir que représente pour notre pays le renforcement nécessaire de la sécurité de nos sites nucléaires et les remarques du patron de l'ASN concernant l'incertitude sur les causes réelles de la catastrophe nucléaire de Fukushima,nos sociétés humaines du XXIème siècle doivent en effet se le dire : Fukushima ne fait que commencer. Car la seule certitude que nous ayons, toujours selon André-Claude Lacoste, est la suivante : " Nous savons aujourd'hui que l'improbable est possible."

    C'est dit

    Au cas où ça intéresserait encore quelqu'un l'ASN, dont c'est le travail, a par ailleurs dressé le bilan de ses inspections de 2011 et a qualifié l'année d'"assez satisfaisante" en France.  Avec toutefois deux mauvais élèves en ce qui concerne les centrales : Chinon (Indre-et-Loire), "en retrait" en matière de radioprotection, et surtout Saint-Alban (Isère), en "queue de peloton" depuis plusieurs années en termes de respect des procédures de sécurité. Des broutilles. Enfin, ça aussi, c'est dit : à bon entendeur, salut !

    Cathy Lafon

    EN SAVOIR PLUS

    • Le rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2011 est disponible sur le site de l'ASN, avec le calendrier des études et travaux prescrits pour AREVA et  pour  EDF et toutes les décisions 2012 de l'ASN. Pour les consulter  : Cliquer ICI
    • Le rapport de Greenpeace post-Fukusima : cliquer ICI

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  • Fil vert. Nucléaire : rien ne va plus en Bourse pour Areva et EDF

    areva.jpg

    La vie du nucléaire français en Bourse en ce moment, c'est un peu "Casino Royal", sans James Bond (ni, hélas, Daniel Craig) : rien ne va plus. Les actions des deux champions tricolores de l'atome viennent de toucher leurs plus bas niveaux historiques. L'action Areva a perdu 51 % depuis le 1er janvier, elle était à 9 euros le 21 mai. L'action EDF affiche, elle, - 17 % sur la même période, avec une action le 17 mai à 15,2 euros. En 2007, en plein âge d'or du nucléaire - soit en période pré-Fukushima - les deux actions dépassait les 80 euros...

    Les raisons d'un déclin

    nucleaire.jpgMême si le président du directoire d'Areva, Luc Oursel, a tenté de relativiser dans les Echos du 30 mai ce qui apparaît aux yeux de beaucoup comme une situation alarmante, l'analyse des économistes pointe bel et bien trois éléments essentiels à l'actuelle déroute du nucléaire made in France. Le premier n'étonnera personne : la catastrophe de Fukushima est passée par là. C'est d'une telle évidence, qu'on passe directement à la deuxième ombre au tableau de l'atome français, la nouvelle donne politique européenne, avec tout d'abord l'Allemagne, qui a décidé en 2011 de sortir définitivement du nucléaire, et maintenant la France, dont le nouveau gouvernement, pour la première fois de son histoire, est susceptible de remettre en cause la politique du tout-nucléaire. Enfin, dernier élément à charge, le niveau d'endettement des entreprises inquiète les analystes financiers. Areva devrait avoir une trésorerie négative pour au moins les deux ans qui viennent. EDF, de même, avec un endettement de 33,3 milliards d'euros à fin 2011, qui pourrait dépasser 40 milliards fin 2012. Une des raisons, énergétiquement paradoxale, étant qu'EDF finance de plus en plus les énergies renouvelables, sans que l'Etat ne le rembourse, et qu'il doit aussi investir massivement dans les centrales nucléaires et les réseaux électriques. Les énormes surcoûts post-Fukushima liés aux investissements nécessaires pour améliorer la sécurité des sites nucléaires française ne sont évidemment pas pour rien dans l'addition présentée à EDF. Impossible d'ailleurs de les perdre de vue : la prochaine publication du rapport de la Commission européenne sur les stress-tests des centrales nucléaires (28 et 29 juin), au Conseil européen à Bruxelles, sera un brûlant rappel à l'ordre de ce que l'ASN a déjà diagnostiqué le 8 janvier dernier.

    Areva se serre la ceinture

    Pour renouer avec les bénéfices, Areva veut réduire ses coûts annuels de 1 milliard d'euros d'ici à 2015.  La mesure phare de son plan d'économies a été l'arrêt, le 7 juin dernier, d'Eurodif, l'usine d'enrichissement d'uranium du Tricastin, avec son remplacement par Georges-Besse II, moins énergivore : 180 millions d'euros en moins par an pour Areva, dès 2013.

    Egalement au rayon "allégés" pour Areva, un programme de cessions d'actifs de 1,2 milliard d'euros entre 2012 et 2013, une réduction drastique des investissements et un redéploiement commercial axé sur les produits et services pour les réacteurs existants. Victime collatérale de ce plan : le projet d'usine d'enrichissement d'Eagle Rock, aux Etats-Unis, a été reporté sine die. Enfin, si on n'évoque pas chez Areva de suppression d'emplois, sauf en Allemagne (1.200 à 1.500) le gel des salaires pour les 47.000 personnes employées par le groupe dans le monde est plus que jamais à l'ordre du jour. Ainsi que celui des embauches.

    Nucléaire : chaud devant

    Après une perte nette financière de 2,4 milliards d'euros en 2011, liée notamment à des dépréciations dans les activités minières, le groupe Areva n'a donné aucun objectif de retour aux profits. Le grand débat sur l'énergie promis en France ne devrait pas aboutir avant l'an prochain. Avec la question des tarifs électriques à attendre cet été et de l'avenir de la loi Nome, pour le prix de l'électricité des années à venir, c'est chaud-bouillant devant pour le nucléaire français.

    Cathy Lafon

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  • Fil vert. Galère ordinaire de l'écologie : une nouvelle Bricq tombe du Batho France

    gouvernement,ministre de l'ecologie,remaniement,exploitation pétrolière,mines

    Nicole Bricq, photo AFP

    Il y a des jours où l'écolo de base regrette de s'être levé(e). Entre nous, c'est souvent. Et c'est encore le cas ce vendredi 22 juin, où les mauvaises nouvelles s'amoncellent pour l'écologie et l'avenir de la planète, dès le bouton de la radio poussé, le journal ouvert et l'ordi connecté.

    Allons y pour la galère du jour. En vrac : un sommet de Rio pitoyable, qui serait un échec sur toute la ligne, un Dany Cohn Bendit plus méchant que grognon, qui se répand tous azimuts dans les médias en attaques vindicatives contre ces écologistes "arrivistes", pourtant à peine entrés au gouvernement et à l'Assemblée. Attaques dont on se demande bien en quoi elles pourraient soulager le sort de la planète et à qui elles peuvent bien profiter. Sans compter qu'avec 2,5 % à la présidentielle, faire profil bas en considérant s'en être tiré au mieux afin de travailler concrètement au service de l'écologie, était le minimum de décence qu'on pouvait attendre d'EELV après une aussi rude séquence électorale.

    Exit Nicole Bricq :  tombée au champ d'honneur des mines de l'exploitation pétrolière ?

    gouvernement,ministre de l'ecologie,remaniement,exploitation pétrolière,minesMais la journée ne fait que commencer ! Pour couronner le tout, on apprend que la toute nouvelle ministre de l'Ecologie, de l'Energie des Transports et du Développement durable, Nicole Bricq, qui avait reçue pour ses compétences écolos la bénédiction du monde associatif environnemental et pour, faire court, de tout le petit peuple vert, se retrouve évincée de son poste pour prendre en charge celui du Commerce extérieur...  Voilà, on nous l'avait bien dit, c'était trop beau pour être vrai : une ministre à la feuille de route quasi éco-exemplaire, a ce premier acte incroyable de mettre un frein aux appétits des explorateurs pétroliers qui ne prennent pas en compte de façon satisfaisante les problématiques d'environnement, en gelant temporairement, le 13 juin, les permis de recherches de Shell en Guyane et en classant parmi ses priorités la réforme du Code minier français de 1956, issu d'une loi de 1810, afin d'intégrer la nouvelle donne de la protection environnementale... Dossier repris en main une semaine plus tard par le premier ministre Ayrault (au gosier peut-être encombré d'un certain aéroport de Notre-Dame-des-Landes) qui désavoue Nicole Bricq en donnant au préfet de Guyane l'autorisation de signer les arrêtés préfectoraux permettant la relance des travaux.  A peine aux manettes, Bricq est déjà débarquée. La nouvelle prend de court tout le monde, y compris semble-t-il l'intéressée, justement au travail à Rio... Trop écolo, Nicole ? Le comble du mauvais goût. En plein sommet de Rio, confier le ministère de l'Ecologie à une spécialiste de la sécurité, Delphine Batho (photo ci-dessus), plutôt qu'à une spécialiste de la fiscalité environnementale est d'un bien meilleur effet.

    Les écolos ont à peine eu le temps de commencer à rêver leur lune de miel avec Nicole Bricq sur une planète plus verte, qu'elle est déjà terminée. Va-t-on demander aussi à Stéphane Le Foll de renoncer à interdire le Cruiser, pour ne pas contrarier les lobbyes de l'agriculture intensive ?

    Oui, s'il n'avait pas une planète à sauver, il y a vraiment des jours où l'écolo aurait bien envie de se recoucher. Au lieu de quoi, il (elle) se contente de chanter avec Amadou et Mariam, "Y a des jours de malheur, y a des moments de panique, des moments de lassitude... La galère, personne veut la vivre ... mais, oh Amadou, tu n'as pas le choix, oh Amadou, c'est plus fort que toi... ".

    Cathy Lafon

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