Fil vert. Galère ordinaire de l'écologie : une nouvelle Bricq tombe du Batho France
Nicole Bricq, photo AFP
Il y a des jours où l'écolo de base regrette de s'être levé(e). Entre nous, c'est souvent. Et c'est encore le cas ce vendredi 22 juin, où les mauvaises nouvelles s'amoncellent pour l'écologie et l'avenir de la planète, dès le bouton de la radio poussé, le journal ouvert et l'ordi connecté.
Allons y pour la galère du jour. En vrac : un sommet de Rio pitoyable, qui serait un échec sur toute la ligne, un Dany Cohn Bendit plus méchant que grognon, qui se répand tous azimuts dans les médias en attaques vindicatives contre ces écologistes "arrivistes", pourtant à peine entrés au gouvernement et à l'Assemblée. Attaques dont on se demande bien en quoi elles pourraient soulager le sort de la planète et à qui elles peuvent bien profiter. Sans compter qu'avec 2,5 % à la présidentielle, faire profil bas en considérant s'en être tiré au mieux afin de travailler concrètement au service de l'écologie, était le minimum de décence qu'on pouvait attendre d'EELV après une aussi rude séquence électorale.
Exit Nicole Bricq : tombée au champ d'honneur des mines de l'exploitation pétrolière ?
Mais la journée ne fait que commencer ! Pour couronner le tout, on apprend que la toute nouvelle ministre de l'Ecologie, de l'Energie des Transports et du Développement durable, Nicole Bricq, qui avait reçue pour ses compétences écolos la bénédiction du monde associatif environnemental et pour, faire court, de tout le petit peuple vert, se retrouve évincée de son poste pour prendre en charge celui du Commerce extérieur... Voilà, on nous l'avait bien dit, c'était trop beau pour être vrai : une ministre à la feuille de route quasi éco-exemplaire, a ce premier acte incroyable de mettre un frein aux appétits des explorateurs pétroliers qui ne prennent pas en compte de façon satisfaisante les problématiques d'environnement, en gelant temporairement, le 13 juin, les permis de recherches de Shell en Guyane et en classant parmi ses priorités la réforme du Code minier français de 1956, issu d'une loi de 1810, afin d'intégrer la nouvelle donne de la protection environnementale... Dossier repris en main une semaine plus tard par le premier ministre Ayrault (au gosier peut-être encombré d'un certain aéroport de Notre-Dame-des-Landes) qui désavoue Nicole Bricq en donnant au préfet de Guyane l'autorisation de signer les arrêtés préfectoraux permettant la relance des travaux. A peine aux manettes, Bricq est déjà débarquée. La nouvelle prend de court tout le monde, y compris semble-t-il l'intéressée, justement au travail à Rio... Trop écolo, Nicole ? Le comble du mauvais goût. En plein sommet de Rio, confier le ministère de l'Ecologie à une spécialiste de la sécurité, Delphine Batho (photo ci-dessus), plutôt qu'à une spécialiste de la fiscalité environnementale est d'un bien meilleur effet.
Les écolos ont à peine eu le temps de commencer à rêver leur lune de miel avec Nicole Bricq sur une planète plus verte, qu'elle est déjà terminée. Va-t-on demander aussi à Stéphane Le Foll de renoncer à interdire le Cruiser, pour ne pas contrarier les lobbyes de l'agriculture intensive ?
Oui, s'il n'avait pas une planète à sauver, il y a vraiment des jours où l'écolo aurait bien envie de se recoucher. Au lieu de quoi, il (elle) se contente de chanter avec Amadou et Mariam, "Y a des jours de malheur, y a des moments de panique, des moments de lassitude... La galère, personne veut la vivre ... mais, oh Amadou, tu n'as pas le choix, oh Amadou, c'est plus fort que toi... ".
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