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  • Fil vert. Nucléaire : rien ne va plus en Bourse pour Areva et EDF

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    La vie du nucléaire français en Bourse en ce moment, c'est un peu "Casino Royal", sans James Bond (ni, hélas, Daniel Craig) : rien ne va plus. Les actions des deux champions tricolores de l'atome viennent de toucher leurs plus bas niveaux historiques. L'action Areva a perdu 51 % depuis le 1er janvier, elle était à 9 euros le 21 mai. L'action EDF affiche, elle, - 17 % sur la même période, avec une action le 17 mai à 15,2 euros. En 2007, en plein âge d'or du nucléaire - soit en période pré-Fukushima - les deux actions dépassait les 80 euros...

    Les raisons d'un déclin

    nucleaire.jpgMême si le président du directoire d'Areva, Luc Oursel, a tenté de relativiser dans les Echos du 30 mai ce qui apparaît aux yeux de beaucoup comme une situation alarmante, l'analyse des économistes pointe bel et bien trois éléments essentiels à l'actuelle déroute du nucléaire made in France. Le premier n'étonnera personne : la catastrophe de Fukushima est passée par là. C'est d'une telle évidence, qu'on passe directement à la deuxième ombre au tableau de l'atome français, la nouvelle donne politique européenne, avec tout d'abord l'Allemagne, qui a décidé en 2011 de sortir définitivement du nucléaire, et maintenant la France, dont le nouveau gouvernement, pour la première fois de son histoire, est susceptible de remettre en cause la politique du tout-nucléaire. Enfin, dernier élément à charge, le niveau d'endettement des entreprises inquiète les analystes financiers. Areva devrait avoir une trésorerie négative pour au moins les deux ans qui viennent. EDF, de même, avec un endettement de 33,3 milliards d'euros à fin 2011, qui pourrait dépasser 40 milliards fin 2012. Une des raisons, énergétiquement paradoxale, étant qu'EDF finance de plus en plus les énergies renouvelables, sans que l'Etat ne le rembourse, et qu'il doit aussi investir massivement dans les centrales nucléaires et les réseaux électriques. Les énormes surcoûts post-Fukushima liés aux investissements nécessaires pour améliorer la sécurité des sites nucléaires française ne sont évidemment pas pour rien dans l'addition présentée à EDF. Impossible d'ailleurs de les perdre de vue : la prochaine publication du rapport de la Commission européenne sur les stress-tests des centrales nucléaires (28 et 29 juin), au Conseil européen à Bruxelles, sera un brûlant rappel à l'ordre de ce que l'ASN a déjà diagnostiqué le 8 janvier dernier.

    Areva se serre la ceinture

    Pour renouer avec les bénéfices, Areva veut réduire ses coûts annuels de 1 milliard d'euros d'ici à 2015.  La mesure phare de son plan d'économies a été l'arrêt, le 7 juin dernier, d'Eurodif, l'usine d'enrichissement d'uranium du Tricastin, avec son remplacement par Georges-Besse II, moins énergivore : 180 millions d'euros en moins par an pour Areva, dès 2013.

    Egalement au rayon "allégés" pour Areva, un programme de cessions d'actifs de 1,2 milliard d'euros entre 2012 et 2013, une réduction drastique des investissements et un redéploiement commercial axé sur les produits et services pour les réacteurs existants. Victime collatérale de ce plan : le projet d'usine d'enrichissement d'Eagle Rock, aux Etats-Unis, a été reporté sine die. Enfin, si on n'évoque pas chez Areva de suppression d'emplois, sauf en Allemagne (1.200 à 1.500) le gel des salaires pour les 47.000 personnes employées par le groupe dans le monde est plus que jamais à l'ordre du jour. Ainsi que celui des embauches.

    Nucléaire : chaud devant

    Après une perte nette financière de 2,4 milliards d'euros en 2011, liée notamment à des dépréciations dans les activités minières, le groupe Areva n'a donné aucun objectif de retour aux profits. Le grand débat sur l'énergie promis en France ne devrait pas aboutir avant l'an prochain. Avec la question des tarifs électriques à attendre cet été et de l'avenir de la loi Nome, pour le prix de l'électricité des années à venir, c'est chaud-bouillant devant pour le nucléaire français.

    Cathy Lafon

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