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Economie - Page 242

  • Centrale nucléaire du Blayais : bilan de l'année 2012 "assez satisfaisant"

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    La centrale nucléaire de Blaye (Gironde) Photo DR

    L'Autorité de sûreté nucléaire poursuit son tour de France des centrales.  Après avoir taclé Civaux la semaine dernière, les sages du nucléaire étaient à Bordeaux, le mardi 28 mai, pour rendre leur verdict sur la centrale girondine qui, entrée en service en 1981, est l'une des trois plus anciennes de France, avec Fessenheim (Haut-Rhin) et Tricastin (Drôme).

    sécurité,sûreté nucléaire,centrale,blaye,asn,bilan,incidents"Assez satisfaisant"

    Les inspections "post Fukushima" de l'ASN à Civaux (Vienne), Blaye (Gironde) et Golfech (Tarn), ont vocation à contrôler dans le grand sud-ouest les actions correctives exigées des centrales depuis la catastrophe nucléaire japonaise de 2011. Les mentions "satisfaisant" et encore moins "très satisfaisant" ne font pas partie cette année du vocabulaire de l'ANS. La centrale nucléaire de Blaye peut donc se réjouir d'obtenir l'appréciation : "assez satisfaisant" pour sa sûreté. Ce qui la "détache positivement de l'ensemble des centrales d'EDF", pour reprendre les termes précis de l'institution. Et nous réjouit aussi, par la même occasion...

    Blaye fait mieux que Civaux et Golfech

    En langage de madame tout le monde, cela veut dire que la sécurité du  site de Blaye est supérieure à la moyenne des installations françaises. Supérieure à la moyenne ne signifie pas non plus que tout est parfait et qu'il n'y a aucun risque. L'ASN a déjà fait valoir que le risque zéro n'existait pas en matière de nucléaire, qu'un accident était toujours possible et qu'il fallait aussi s'attendre à ce qu'un jour ou l'autre, elle exige la fermeture d'un ou de plusieurs réacteurs français. D'où la nécessité, selon elle, d'entamer la transition énergétique. Mais pour Blaye, le jugement est plutôt rassurant : même si  "quelques écarts" ont néanmoins été constatés, ils sont "sans conséquences notables", selon Anne-Cécile Rigail, la responsable Aquitaine, Midi-Pyrénées et Poitou-Charentes du gendarme du nucléaire français. Ouf, on respire !

    civaux 2.jpgCivaux : manque de rigueur et en retrait par rapport à l'appréciation générale "assez satisfaisant"

    En effet, dans la Vienne, la situation est moins rose : l'ASN considère que  "les performances de la centrale de Civaux en matière de sûreté et de protection de l'environnement sont en retrait par rapport à l'appréciation générale que l'ASN porte sur EDF". On se souvient qu'en janvier dernier, une fuite de tritium avait été constatée à Civaux. L'ASN a relevé des défauts d'application des règles de conduite des réacteurs, des lacunes dans le traitement des dossiers de maintenance et a exigé "plus de rigueur". En langage de madame tout le monde : "Attention, Civaux, ça ne va pas..." Quant à Golfech, si le jugement est comme pour Blaye "assez satisfaisant", l'ASN a également noté "un manque de rigueur lors de certaines opérations d'exploitation". Le site "n'est pas suffisamment réactif dans le traitement des événements pouvant avoir un impact sur l'environnement", et il "doit améliorer sa surveillance sur les prestataires, lors des opérations de maintenance".

    rigail.jpg48 incidents significatifs

    L'an passé, la centrale de Blaye a été inspectée à vingt reprises par les agents de l'ASN, a indiqué Anne-Cécile Rigail (photo ci-contre). Au total, le site a enregistré 48 incidents significatifs, dont six de niveau 1 sur les huit que compte l'échelle INES, le septième et dernier niveau correspondant à une catastrophe de type Tchernobyl ou Fukushima. Tous les autres ont été classés niveau 0. Globalement, "l'évaluation est donc plutôt positive".  A titre d'exemple, la responsable a cité le bon déroulement des opérations de maintenance lors des arrêts de réacteurs, en particulier lors de la visite décennale du réacteur n°1, de mars à juillet. En 2013, le réacteur n°2 fera lui aussi l'objet d'une visite décennale. Les générateurs de vapeur des réacteurs 2 et 4 seront également changés.

    Sous-traitance et transparence: doit mieux faire

    Par rapport à 2011, où l'on en avait relevé 35, le nombre d'incidents a néanmoins pas mal augmenté en 2012. Par ailleurs, le gendarme du nucléaire épingle aussi le site girondin pour "quelques écarts", sans conséquences, lors d'opérations nécessitant la manipulation d'un gammagraphe (appareil de contrôle utilisant de l'uranium appauvri, ndlr) et dans la conduite d'interventions d'employés dans des zones où les radiations sont élevées. Blaye doit également progresser dans la surveillance des sous-traitants qui interviennent sur le site, a souligné Mme Rigail et améliorer son suivi des prescriptions environnementales, ainsi que l'information des pouvoirs publics lors d'événements susceptibles d'affecter l'environnement. 

    Blaye : une centrale sous haute surveillance écologiste

    Située à quelque 50 km au nord de Bordeaux, en bordure de l'estuaire de la Gironde, la centrale de Blaye dispose de quatre réacteurs de 900 MW chacun et emploie environ 1.900 personnes. Les écologistes et les associations environnementales dont Tchernoblaye, réclament régulièrement sa fermeture, notamment depuis l'inondation, fin 1999, d'une partie du site sous l'effet conjugué d'une tempête et d'une forte houle. Peut-être est-ce aussi en partie grâce à leur pugnacité en matière d'exigence de sûreté que Blaye fait finalement partie des centrales françaises les mieux, ou les moins mal notées...

    Cathy Lafon

    PLUS D'INFO

    • L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), est une autorité administrative indépendante créée par la loi n° 2006-686 du 13 juin 2006 relative à la transparence et à la sécurité en matière nucléaire (dite « loi TSN »). Elle est chargée de contrôler les activités nucléaires civiles en France. L’ASN assure, au nom de l’État, le contrôle de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France pour protéger les travailleurs, les patients, le public et l’environnement des risques liés aux activités nucléaires. Elle contribue à l’information des citoyens. Le site de l'ASN : cliquer ICI.
    • La division de Bordeaux de l’ASN constitue une des onze divisions territoriales de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Elle assure le contrôle de la sûreté nucléaire et de la radioprotection dans les régions Aquitaine, Midi-Pyrénées et Poitou-Charentes. Le site de l'ASN Bordeaux: cliquer ICI.

    L'ASN BORDEAUX EN CHIFFRES

    • 23 agents.
    • 3 régions. Un parc étendu d’activités et d’installations à contrôler en Aquitaine, Poitou-Charentes etMidi-Pyrénées : avec les 3 centrales nucléaires d’EDF de Golfech, Blayais et Civaux ;  environ 7200 appareils médicaux de diagnostic (radiologie) ;  109 services de scannographie ;  23 services de radiothérapie ;  130 laboratoires de recherche.
    • 61 inspections  ont été réalisées en 2012 dont : 20  sur la centrale nucléaire du Blayais (Gironde) ;  22  sur la centrale nucléaire de Civaux (Vienne) ; 19  sur la centrale nucléaire de Golfech (Tarn-et-Garonne).
    • 141 inspections ont été réalisées en 2012 dans le domaine du nucléaire de proximité en Aquitaine, Poitou-Charentes et Midi-Pyrénées dont :  64 en Aquitaine ; 47 en Midi-Pyrénées ; 30 en Poitou-Charentes.
  • Sciences : le voilier "Tara" part à l'assaut du Pôle nord

    tara arctique.jpg

    Le voilier "Tara" repart pour un dernier épisode de l'expédition "Tara Oceans Polar Circle". Photo Tara DR

    Les  océans sont le berceau de la vie animale et humaine sur Terre. Ils sont aussi les meilleurs révélateurs de l'état des écosystèmes de la planète bleue tant ils concentrent les effets de toutes les pollutions humaines. Greenpeace, "7ème Continent"... nombreuses sont les expéditions éco-scientifiques qui partent les explorer pour étudier leur évolution et comprendre les phénomènes qui causent leur mauvaise santé. Afin de pouvoir aussi mieux les combattre pour améliorer l'état de la mer.

    tara bdx.jpg"Tara Ocean Polar Circle", dernière saison

    Le dimanche 19 mai, c'était au tour du voilier polaire "Tara" qui avait fait escale à Bordeaux en avril dernier pour la Semaine du développement durable (photo ci-contre), de quitter le port de Lorient pour une nouvelle expédition : "Tara Oceans Polar Circle". Lors de cette aventure scientifique de 25.000 km autour de l'océan Arctique, le célèbre voilier polaire à la coque en aluminium, empruntera les passages du Nord-Est et du Nord-Ouest pour revenir à Lorient en décembre 2013.

     

    expédition scientifique,réchauffement climatique,tara,océans,pole nord,arctique,planctonLe Pôle nord, marqueur du réchauffement climatique

    L'Arctique au Pôle nord, comme l'Antarctique au Pôle sud  subissent les effets des bouleversements climatiques plus intensément que partout ailleurs. En témoigne la fonte accélérée de la banquise Arctique en été qui a battu les records en 2012. Milieu unique et fragile  pour sa biodiversité et son rôle de "climatiseur" de la planète, l'Arctique est en outre de plus en plus convoité, notamment pour ses richesses en gaz, pétrole, minerai et pêcheries ou ses voies maritimes que le réchauffement climatique dégage, alors qu’il est un espace clé pour comprendre les changements de la planète... Comprendre l'évolution de notre maison la Terre, tel est bien le projet de "Tara" qui va pouvoir étudier de près le phénomène de la fonte de la banquise, conséquence du réchauffement climatique et accélérateur de ce dernier: l'océan le plus froid du monde est aussi un des "puits de carbone" naturels les plus efficaces de la planète. Son réchauffement et la perte de sa couverture de glace tendent à diminuer son action de glouton de CO2.

    expédition scientifique,réchauffement climatique,tara,océans,pole nord,arctique,planctonLe plancton de l'Arctique

    La nouvelle expédition de "Tara" qui réunit une quarantaine de biologistes et océanographes va s’intéresser aussi durant six à sept mois à la biodiversité du plancton, élément fondamental de la chaîne alimentaire en Arctique. Les recherches seront menées en lisière de banquise, là où l’activité planctonique est la plus importante. "Tara Oceans Polar Circle" parachève ainsi l’ambition de l’expédition "Tara Oceans" (2009-2012) : récolter du plancton dans tous les océans du monde, y compris les océans polaires.

    Pollution de l'air et de l'océan

    En complément, d’autres mesures seront effectuée, comme par exemple l’évaluation des taux de mercure présents dans l’atmosphère et dans la mer, qui contaminent la chaîne alimentaire et menacent la santé humaine. Ou encore la concentration de particules de plastique, autre danger pour la vie marine, comme en témoignent les immenses plaques de "soupe de plastique" qui se forment dans les océans, et les nombreux animaux marins intoxiqués par l'ingestion de ces résidus de la pollution humaine. Ces mesures inédites permettront de mieux évaluer leur impact sur l’écosystème arctique.

    Signe des temps, la période de dégèle dans l'Arctique s’allonge chaque année davantage et les bateaux, y compris de plaisance, qui empruntent les eaux libres du passage du nord-est (côte nord de la Sibérie) et du passage du nord-ouest (îles arctiques du Grand Nord canadien) sont de plus en plus nombreux. Mais "Tara" naviguera cependant dans un milieu où les conditions naturelles restent difficiles : la fenêtre de passage avant que la glace ne se referme est courte et laisse peu de place à l’imprévu. Au delà du cercle polaire, les températures varient entre -10°C et +5°C en été et il faut pouvoir faire face aux aléas de la météo.

    La science en haute mer, à bord d'un voilier, c'est aussi un exploit de navigation... Bon vent,"Tara" !

    Cathy Lafon

    REPERES

    Les objectifs de la mission scientifique "Tara" en bref :

    • Comparaison des données biologiques du plancton et de leur contexte physico-chimique en Arctique avec les données récoltées dans les autres océans depuis 2009 lors de l'expédition "Tara Oceans".
    • Etude du plastique dérivant, du mercure dissous et atmosphériques présents en Arctique.
    • Etude de la "couleur" de l'océan, de sa composition et des pigments de particule en surface.
    • Etude spécifique des blooms (floraisons) de phytoplancton en lisière de banquise.

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    LIRE AUSSI

    • Tous les articles de Ma Planète sur la fonte des glaciers et des banquises : cliquer ICI
  • Climat : CO2, mon amour ? Oui, mais pas trop !

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    Des membres d'une association écologiste déguisés en molécules de CO2 manifestent à Berlin. Photo archive AFP

    Cela n'était pas arrivé depuis plus de 2,5 millions d'années ! Le jeudi 9 mai, le seuil symbolique de 400 ppm (parties par millions) de dioxyde de carbone atmosphérique a été atteint dans l'atmosphère de notre planète.  Le changement climatique de la Terre, généré par les activités humaines, poursuit son cours, inexorablement... Ca veut dire quoi, au juste ? Avec quelles conséquences ? Et quelles solutions? Le point.

    manau.jpg400 ppm :  kesaco ?

    Le ppm, ou partie par million, est l'unité de mesure du dioxyde de carbone, CO2. Ce chiffre correspond à la mesure de concentration de CO2 dans l'atmosphère et indique qu'on a trouvé en moyenne 400 molécules de CO2 pour chaque million de molécules de tous les constituants présents dans l'air. Ce relevé a été effectué à l'observatoire d'Hawaï, sur les flancs du volcan Mauna Loa (photo ci-contre) à 3.400 mètres d'altitude au milieu du Pacifique, où toutes les mesures de l'ère moderne sont faites depuis 1958.

    400 ppm : un seuil emblématique du réchauffement climatique

    Avec le CO2, c'est "je t'aime moi non plus". Indispensable à la vie car il participe au mécanisme de la photosynthèse, le  CO2 est le  principal gaz à effet de serre (GES) : il contribue à 80 % à l'effet de serre additionnel produit par les activités humaines, responsable du réchauffement climatique. La valeur de 400 ppm relevée à Mauna Loa est symbolique: elle montre que la concentration en dioxyde de carbone dans l'atmosphère de la planète, qui a continuellement augmenté ces soixantes dernières années, vient de franchir un seuil historique. Jusqu'à la révolution industrielle, en 1850, et le recours massif aux énergies fossiles, le CO2 n'avait jamais dépassé 300 ppm.  L’hémisphère sud est épargné pour le moment, mais seulement jusqu’à l’année prochaine selon les spécialistes. Cette différence serait liée au fait que les gaz à effet de serre sont majoritairement émis au nord de l’équateur.

    Retour au temps des australophithèques, à l'ère du Pliocène  ?

    co2,dioxyde de carbone,effet de serre,gaz,rapport,giec,océan,montée des eaux,acidification,glacier,fonte,réchauffement climatiquePour retrouver de tels niveaux de gaz carbonique, il faut remonter à l'ère du Pliocène, il y a de cela 2,6 à 5,3 millions d'années. On n'était pas né. Les créatures les plus proches du genre humain qui arpentaient alors la surface de la Terre étaient les australopithèques (photo reconstitution, musée de Houston, ci-contre). A l'époque, le climat était plus chaud qu'aujourd'hui : "Les températures moyennes globales étaient de trois à quatre degrés supérieures à celles d'aujourd'hui et d'environ dix degrés aux pôles ", précise la Scripps Institution of Oceanography (université de Californie à San Diego), qui publie quotidiennement les mesures de concentrations de CO2 de Mauna Loa. Et le niveau de la mer était  "supérieur de 5 m à 40 m au niveau actuel".

    "Il va y avoir une réponse inéluctable du climat. On ne peut pas aujourd'hui revenir en arrière."

    Alors, on y revient au climat du Pliocène ? Ou pas ? Le climat alors était stabilisé. Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. On est plutôt dans une "phase d'ajustement", où le climat reçoit "une injection brutale de CO2 dans l'atmosphère", analyse pour "Terra Eco" Valérie Masson-Demotte, paléoclimatologue et directrice de recherche au Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement. Si on n'est pas embarqué dans un scénario digne du Pliocène, la scientifique rajoute : "Ce qu'il y a de sûr, c'est qu'il va y avoir une réponse inéluctable du climat. On ne peut pas aujourd'hui revenir en arrière."

    arbres pliocene.jpgAlors, quelles conséquences  pour la vie sur Terre ?

    Le CO2 dans l'atmosphère est un modulateur du climat. La hausse de son taux de concentration, pour les climatologues, est un des élements perturbateurs du climat et responsable du réchauffement. Au rythme actuel des émissions de dioxyde de carbone, on peut oublier l'objectif fixé par la communauté internationale de limiter, à l'horizon de la fin du siècle, le réchauffement à deux degrés au-dessus du niveau préindustriel : il est désormais  quasi intenable. Quant au seuil de stabilité climatique à très long terme, situé à 350 ppm par certains climatologues, il est déjà loin derrière nous : il a été franchi peu avant 1990. Selon les derniers travaux du Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), si on table sur une stabilisation du CO2 entre 400 ppm et 440 ppm, on irait sur le long terme, vers une augmentation moyenne de la température terrestre de 2,4°C à 2,8°C. 

    neige hiver 2013.jpgDonc, chaud devant. Oui, mais comment ?

    Difficile à croire avec ce printemps particulièrement pourri et frais en France, mais le réchauffement du climat, pour l'Organisation météorologique mondiale (OMM), on y est déjà. Le 2 mai, l'OMM qui rendait public son bilan climatologique pour 2012, plaçait l'année écoulée au neuvième rang des années les plus chaudes observées depuis la fin du XIXe siècle. La concentration atmosphérique de CO2 n'excédait pas alors les 300 ppm, un niveau qui n'a jamais été dépassé au cours du dernier million d'années écoulé. L'OMM note aussi l'abondance et l'intensité de phénomènes climatiques extrêmes: sécheresses, comme celle qui a frappé récemment l'Amérique du Nord, inondations en Inde,ou en Russie, cyclones tropicaux, ouragans, comme Sandy, qui, à l'automne 2012, a ravagé New York et la Côte est des Etats-Unis, vagues de froid hors normes, comme ce printemps dans une partie de l'Europe et en Russie. "La variabilité naturelle du climat a toujours donné lieu à ces extrêmes, mais les caractéristiques physiques de ces phénomènes météorologiques et climatiques résultent de plus en plus du changement climatique" analyse  Michel Jarraud, secrétaire général de l'OMM.

    inondations inde.jpgMais que risque-t-on au juste?

    Dans nos pays développpés de l'hémisphère nord, les variations climatiques se traduisent surtout par des désagréments individuels, liés aux aléas de la météo commentés avec passion chaque jour à la machine à café. Mais le vrai risque de l'altération climatique, c'est une toute autre affaire. La question climatique pèse - et pèsera, plus encore, demain - sur la dégradation économique mondiale et les conditions de vie d'une grande partie de la population mondiale menacée d'exode. Les événements climatiques et météorologiques extrêmes constituent la quasi-totalité (98 %) des catastrophes naturelles qui, en 2012, ont conduit au déplacement de 32,4 millions de personnes dans 82 pays, d'après le rapport « Global Estimates 2010 », publié, lundi 13 mai, par l'International Displacement Monitoring Centre (IDMC) et le Norwegian Refugee Council (NRC). L'Asie a été la plus affectée (22,2 millions de déplacés), devant l'Afrique (8,2 millions) et le continent américain (1,8 million). L'Inde est particulièrement touchée : en 2012, elle a concentré plus du quart de ces déplacements de population, suite à une mousson particulièrement dévastatrice (photo ci-dessus). Humainement et socialement, l'augmentation massive des "déplacés climatiques" ou  "écoréfugiés", est une des conséquences les plus graves et les plus coûteuses du réchauffement.

    oceans acidifications.jpgLa hausse du niveau des océans et leur acidification

    En raison du réchauffement climatique, la dilatation thermique des océans conduirait à une élévation du niveau moyen des océans comprise entre 50 cm et 1,7 m. Et ce, sans tenir compte de la fonte des glaciers. La réduction des calottes glaciaires de l'Antarctique et du Groenland est l'une des causes majeures d'élévation des mers et, pour la première fois, une étude publiée le vendredi 17 mai par la revue Science, indique qu'un tiers de l'élévation des mers est bien dû à la fonte des glaciers d'altitude.  Un autre effet de l'augmentation du CO2 est qu'il favorise l'acidification des océans. Le 6 mai, lors de la Conférence internationale sur l'acidification des océans réunie à Bergen (sud-ouest de la Norvège), les scientiques ont tiré  la sonnette d'alarme sur l'acidification rapide de l'océan Arctique due aux émissions de CO2, un phénomène lourd de menaces pour le fragile écosystème de la région. L'acidité des eaux de la planète a augmenté de 30% depuis le début de l'ère industrielle, atteignant un niveau inégalé depuis au moins 55 millions d'années, ont rappelé les intervenants. Quels risques encourent les espèces animales halieutiques ? L'acidification empêche principalement la calcification, ce qui met en danger les coraux, les mollusques, les poissons qui s'en nourrissent et au bout de la chaîne, les activités économiques humaines liées à la pêche.

    "Des décennies de développement réduites à néant"

    co2,dioxyde de carbone,effet de serre,gaz,rapport,giec,océan,montée des eaux,acidification,glacier,fonte,réchauffement climatiqueEnfin, les conséquences du réchauffement climatiques sont aussi économiques. Le 18 novembre 2012, la Banque mondiale a publié un rapport alarmant, commandé par l'Institut de recherche sur l'impact du changement climatique de Potsdam (Allemagne), selon lequel, vu le niveau actuel d'émissions de C02 le thermomètre mondial pourrait en réalité grimper de 4°C "au cours du siècle" et "dès 2060" si les gouvernements mondiaux n'agissent pas d'urgence. "Ce monde serait tellement différent de celui dans lequel nous vivons qu'il est difficile de le décrire", a prévenu à Washington le président de l'institution, Jim Yong Kim, ajoutant que des "décennies de développement" pourraient être réduites à néant. Un autre rapport présenté en septembre de la même année aux Etats-Unis, à la veille de l'ouverture de la session de l'ONU, par le DARA and Climate Vulnerable Forum, constatait lui que le changement climatique ralentissait actuellement de 1,6% la production économique mondiale et devrait conduire à un doublement des coûts mondiaux dans les vingt prochaines années. Deux alarmes émanant d'organismes éminents qui n'ont rencontré que peu d'écho...

    La lutte contre le réchauffement climatique est bien la seule option possible

    Unanimes à alerter sur la nécessité de réduire nos émissions de gaz à effet de serrre pour prévenir le changement climatique, le Giec et la communauté scientifique compétente, qui ont dû affronter le lobby des climatosceptiques, ont du mal à se faire entendre après des responsables politiques. Force est de constater qu'ils prêchent dans le désert depuis de nombreuses années en prévenant des dangers qu'il y a pour la planète à ignorer la science et à rester sur le modèle de développement économique et industriel né au XIXème siècle, basé sur l'exploitation illimitée de ressources en énergie fossile limitées, sur une planète tout aussi limitée. Et que leurs prévisions les plus pessimistes concernant l'évolution du climat, non seulement s'avèrent exactes, mais sont constamment devancées par la réalité... Le Giec définit actuellement les grandes lignes du Cinquième Rapport d’Evaluation du climat (AR5), qui paraîtra en 2014. Sera-t-il enfin entendu ?

    Paroles, paroles...

    prince-charles.jpgCôté politique, ça bouge un peu. Deux personnalités européennes de poids viennent de rallier le clan des lanceurs d'alerte climatiques, auxquel se sont déjà joints Barack Obama et François Hollande. Angela Merkel, la chancelière allemande, a déclaré récemment : "Attendre, ce n'est pas une option. Ne rien faire signifie que le coût du réchauffement sera beaucoup plus élevé." Et le prince Charles, héritier de la Couronne d'Angleterre et écolo de la première heure, avertit : "Le risque est si important que l'on ne peut pas attendre jusqu'à ce que l'on soit absolument certain que le patient est en train de mourir". Angela et "Charlie" en resteront-ils au stade du discours, où seront-ils entendus ?

    Sans CO2, pas de vie possible sur Terre. Trop de CO2 pourrait bien nous y rendre la vie sinon impossible, du moins difficile.

    Cathy Lafon

    LIRE AUSSI

    PLUS D'INFO

    • Le site de l'Organisation météorologique mondiale : cliquer ICI
    • Le rapport de l'OMM sur climat en 2012: cliquer ICI
    • Le site du Giec : cliquer ICI
    • L'intégralité du rapport de la Banque mondiale  "Turn down the heat. Why  a 4° warmer world must be avoided" : cliquer ICI