Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Economie - Page 204

  • Le scandale du trafic des déchets électroniques. Une enquête signée Arte

    afrique déchets.jpg

    Comment et pourquoi le Ghana est-il devenu la poubelle de nos ordures électroniques? Photo Arte

    L'affaire est énorme. Comment et pourquoi les trois quarts des déchets électroniques européens échappent-ils au recyclage prévu par la réglementation et se retrouvent-ils en Afrique ou dans d'autres pays en voie de développement ?

    mike anane.jpgDans le documentaire "La tragédie électronique" diffusé ce soir sur Arte, Cosima Dannoritzer mène l'enquête, en suivant Mike Anane, un journaliste ghanéen (photo ci-contre), spécialisé dans l'environnement. Ce dernier veut savoir pourquoi on trouve dans son pays des déchets toxiques électroniques, issus des poubelles françaises, espagnoles anglaises, américaines, bref, des pays développés. Il ne s'agit pas de n'importe quels déchets : preuves à l'appui, Mike brandit des débris d'ordinateur ayant appartenu en Angleterre à des services de la police et à un hôpital, trouvés dans une décharge de la banlieue d’Accra, la capitale du Ghana. Là, des enfants jouent et désossent des appareils électroniques hors d'usage, environnés de fumées pestilentielles et toxiques.

    hambourg.jpgUn trafic international

    La réponse à la question de Mike est simple, mais stupéfiante par l'ampleur du phénomène révélé par la journaliste. Entre 20 à 50 millions de tonnes de déchets électroniques sont produits chaque année dans le monde. Criminalité organisée, corruption ou simple négligence : les trois quarts d'entre eux sortent des circuits officiels et ne sont jamais recyclés mais exportés et revendus illégalement. Pourtant, la convention de Bâle, ratifiée par tous les pays du monde à l'exception des États-Unis et d'Haïti, interdit depuis 1989 l'exportation des déchets électroniques. Que l'oncle Sam soit le champion de la pollution électronique, cela peut donc s'expliquer, même si cela ne se justifie pas.  Mais l'Union européenne, pourtant signataire de la convention, où les consommateurs paient une éco-participation qui couvre le coût du futur recyclage de leurs appareils neufs, ne recycle que 25 % de ses déchets électroniques...

    chinois-crop.jpgDestination : Hong Kong

    L'enquête de Cosima Dannoritzer démonte pas à pas le système, grâce aux nombreux témoignages de tous ceux qui, de par le monde, tentent de lutter contre le fléau:  forces de l'ordre, élus, journalistes et militants écologistes, à l'image de ce militant chinois de Greenpeace, très déterminé (photo ci-contre). On découvre comment la majeure partie des appareils électroniques hors d'usage des pays développés, européens notamment, sont détournés au lieu d'être recyclés et font l'objet d'un monstrueux trafic dont les ramifications s'étendent à travers le monde, via les grands ports internationaux comme celui de Hambourg en Allemagne ou de New York aux Etats-Unis, avant d'atterrir dans les décharges clandestines en Afrique, et surtout en Chine, et à Hong Kong, le coeur battant du réseau.

    shenzen.jpgShenzen, eldorado de la récup' électronique

    Les "e-déchets" illégaux arrivent en effet au port de Hong Kong, par millions de tonnes et par dizaines de milliers de conteneurs par an. Impossible de tout contrôler. Ces débris "high tech" contiennent des matériaux précieux (or, cuivre, etc.) qui attisent la convoitise des petits trafiquants et de la criminalité organisée. En Chine, ceux qui démontent les vieux ordinateurs récupèrent ensuite parfois aussi les puces électroniques pour les revendre. La ville champignon de Shenzhen est même devenue le nouvel eldorado international de cette électronique de la récupération. On y trouve, dans des supermarchés qui font plusieurs étages, tous les appareils électroniques existants au monde, des téléphones portables aux écrans plats en passant par les frigos. A des prix imbattables.

    La-tragedie-electronique.jpgOn récupère, on rénove, on réutilise, on fabrique et on exporte

    Les bidouilleurs à grande échelle de l'informatique y trouvent aussi absolument tous les composants électroniques et toutes les puces dont ils  pourraient rêver. Le gros problème, c'est que certaines puces, endommagées durablement, seront ainsi vendues et réutilisées sans qu'on sache qu'elles sont usagées et qu'elle peuvent ensuite mettre en péril le pilotage d'un TGV, d'un avion, la sécurité d'un hôpital ou plus simplement, celle d'un utilisateur de smartphone

    L'Afrique paie la double peine

    Dans ce grand trafic mondial des déchets électronique, l'Afrique, comme bien souvent, est doublement victime. Premier continent poubelle des ordures toxiques du monde développé, avec l'Asie, elle est aussi le premier pays d'exportation de ces produits "Shenzen", vendus à très bas prix et par milliers dans les rues des villes africaines. Certains de ces objets marchent et beaucoup d'autres pas. Mais là-bas aussi, à nouveau, on trie, on bidouille, on répare et on revend...

    Que l'on ne s'y trompe pas : le trafic des déchets électronique ne constitue pas une autre technique de recyclage que celle prévue par l'Europe. Il s'agit bien d'une pratique illégale et mafieuse à l'échelle de la planète, qui met en danger ceux qui la pratiquent comme l'environnement dans lequel ils vivent.

    Cathy Lafon

    A VOIR

    cosima.jpgLa tragédie électronique : enquête au coeur du trafic des déchets électroniques, mardi 20 mai à 20h50 sur Arte.

    Un documentaire de Cosima Dannoritzer, 1h26.

     

    LIRE AUSSI

  • Fiscalité verte : au revoir à l'écotaxe, bonjour à l'éco-redevance

    écotaxe,impôt,fiscalité,transport routier,rapport,mission parlementaire

    Les portiques écotaxe deviendront-ils des portiques "éco-redevance" ? Photo Sud Ouest/Xavier Léoty

    Publié le mercredi 14 mai, le rapport de la mission parlementaire sur l'écotaxe estime inenvisageable son abandon, mais propose treize pistes pour réaménager l'impôt vert. L'ex-premier ministre Jean-Marc Ayrault avait demandé aux députés de plancher sur l'avenir de ce dispositif suspendu à l'automne dernier, après avoir suscité une violente opposition et déclenché la fronde bretonne des "bonnets rouges".

    écotaxe,impôt,fiscalité,transport routier,rapport,mission parlementaireL'écotaxe est morte, mais pas son principe

    Si « L’écotaxe est morte », comme l'a indiqué à l'AFP le député (PS) Jean-Paul Chanteguet, président-rapporteur de la mission (photo ci-contre), cela ne signifie nullement pour les parlementaires la mort du principe de cette taxe écologique qui doit financer les infrastructures de transport alternatif à la route. Au contraire: le député plaide pour qu’elle soit renommée « éco-redevance poids lourds ». C'est une affaire de sémantique, mais qui, selon lui, peut « re-légitimer » le dispositif, avec une « dénomination conforme à ses fondements. A condition, bien sûr, que les 13 mesures destinées à aménager un système « indispensable au développement des infrastructures de transport », et dans lequel « l’État est massivement engagé », le nourrissent.

    écotaxe,impôt,fiscalité,transport routier,rapport,mission parlementaireUn abandon trop coûteux

    Pas envisageable sur le fond, l'abandon de l'écotaxe ne l'est pas non plus au vu des coûts qu'il impliquerait pour l'Etat. La société Ecomouv' prestataire pour les équipements embarqués pour les camions, les équipements de contrôle et le système informatique central a investi 650 millions d'euros. Elle perçoit par ailleurs un paiement annuel de 210 millions d'euros de l'Etat français destiné à lui permettre de couvrir ses investissements initiaux, ses frais opérationnels et la rémunération des sociétés de télépéages de l'écotaxe. Le manque à gagner des recettes de l'écotaxe est de 800 millions d'euros en 2014. Pour l'avenir, c'est environ 1,2 milliards d'euros qui manquerait à l'Hexagone pour financer ses projets d'infrastructures : près de 200 d'entre eux sont gelés aujourd'hui sur le territoire, dont cinq dans la région.

    Deux pistes phares et une proposition surprise

    Pour faire digérer le nouvel impôt, deux pistes sur les treize sont notamment évoquées par le président de la commission du développement durable de l'Assemblée  L'instauration d'une franchise kilométrique mensuelle qui permettrait de rouler gratuitement sur le réseau routier taxable pendant 281 à 844 kilomètres (selon le poids du véhicule et ses qualités environnementales), accompagnée  d'une « marche à blanc » du dispositif dans toute la France, quatre mois durant, pour tous les poids lourds. Objectif: «détecter les secteurs d'activité ou les filières qui seraient confrontés à des difficultés». Enfin, Jean-Paul Chanteguet a émis l'idée de faire racheter par l'Etat les concessions d'autoroutes pour mettre fin à la privatisation de la rente autoroutière, afin de favoriser la modération des tarifs des péages et de dégager des moyens pour financer l'entretien ou la construction des infrastructures. De plus, l'Etat récupérerait les bénéfices du surplus de trafic sur les autoroutes généré par la mise en place de l'écotaxe sur les routes.

    écotaxe,impôt,fiscalité,transport routier,rapport,mission parlementaireSégolène Royal taclée

    Plusieurs solutions ont en revanche été écartées par la mission parlementaire. Dont la fameuse contribution des sociétés autoroutières, suggérée par la ministre de l’Écologie Ségolène Royal, qui avait également évoqué la possibilité de taxer les camions étrangers traversant le territoire français. Cette dernière proposition avaient été rejetée comme incongrue par Bruxelles. Hélène Kearns, commissaire européen chargée des Transports, y voit en effet "Un système discriminatoire entre Français et étranger".  Interrogé sur ce point, par l'AFP, « Le sentiment que j’ai eu c’est que Madame la Ministre ne connaissait pas ce dossier et ignorait la règlementation européenne », a réagi Jean-Paul Chanteguet.

    Cathy Lafon

    LIRE AUSSI

  • OGM : 54 faucheurs de vigne relaxés en appel à Colmar

    ogm,cour d'appel,faucheurs volontaires,vignes,colmar

    Manifestation d'anti-OGM devant le palais de Justice de Colmar le 28 septembre 2011, lors du procès des faucheurs accusés d'avoir détruit une parcelle de vigne transgénique. Photo archives AFP

    C'est une victoire judiciaire pour les militants anti-OGM. La Cour d’appel de Colmar a relaxé, ce mercredi 14 mai,  54 faucheurs d’OGM, jugés pour avoir détruit une parcelle de vigne transgénique expérimentale de l’Institut national de recherche agronomique (Inra) de Colmar en 2010.

    La Cour a estimé que l’arrêté ministériel autorisant ces OGM était « illégal » et qu’il n’y avait donc pas de délit de destruction d’une parcelle de culture d’OGM. Elle a cependant estimé que les prévenus avaient bien commis une « violation de domicile », mais les a dispensés de peine.


    Colmar : les faucheurs d'OGM portent plainte... par France3Alsace

    57.000 euros de dommages à l’INRA

    En première instance, en octobre 2011, la plupart d’entre eux avaient été condamnés par le tribunal correctionnel de Colmar à deux mois de prison avec sursis. Six d’entre eux, considérés comme récidivistes, avaient écopé d’une amende de 1.200 euros. Collectivement, les faucheurs avaient par ailleurs été condamnés à verser quelque 57.000 euros de dommages à l’INRA, somme dont ils se sont acquittés.

    Leur procès en appel devant la cour de Colmar ne portait pas sur ces dédommagements mais uniquement sur le volet pénal de l’affaire.

    Cathy Lafon

    LIRE AUSSI