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Eau - Page 68

  • Télévision. Ce soir, sur Arte, votez Jim Rogers à Fort McMurray !

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    "Fort McMurray", le film. Photo Arte

    Après le jeu documentaire "Fort McMoney", destiné à dénoncer le désastre écologique de l'exploitation des sables bitumineux du Canada, et le livre "BRUT, la ruée vers l'or", qu'il cosigne avec Melina Laboucan-Massimo, Naomi Klein, Rudy Wiebe et Nancy Huston, David Dufresne sonne une nouvelle fois l'alarme.  Le  journaliste, créateur et réalisateur français, retourne à Fort McMurray, au nord de l'Alberta, au travers d'un documentaire, "Fort McMoney - Votez Jim Rogers !" qui enfonce le clou, en entrant dans l'intimité de la ville.

    "Fort McMoney", Une première du genre sur le web

    Fort-McMurray_Alberta_oilsands.jpgAu départ, "Fort McMoney", outre l'histoire de Fort McMurray, c'est aussi une révolution sur internet dans le monde du web-doc, un objet numérique atypique, entre web-documentaire et jeu vidéo. Imaginé par David Dufresne, un Français installé à Montréal, le jeu-documentaire gratuit proposait en décembre 2013 aux internautes de s'impliquer dans les débats et de faire valoir leurs arguments sur une question précise: celle de l’exploitation pétrolière des sables bitumineux du Canada, plus précisément dans l'Alberta, à Fort McMurray, et de ses dramatiques conséquences environnementales et sociales. En menant une véritable enquête journalistique, avec ses errements, ses bugs et ses trouvailles, dans un jeu au long cours qui se déroule en trois parties, de quatre semaines chacune.

    Fort McMurray, acte II

    fort mcmurray.jpgCe soir, Arte nous propose de revenir un an et demi-plus tard sur les lieux du jeu documentaire. Le héros du film de Dufresne diffusé à 22h55, le truculent trappeur Jim Rogers, annonce l'issue catastrophique de ces exploitations d'hydrocarbures non conventionnelles. Le seul personnage natif de la ville pourrait bien avoir raison. Dans la période où le prix du baril était incroyablement haut, le pétrole de Fort McMurray, bien que difficile à extraire, restait rentable. La ville-champignon albertaine a connu un véritable boom. Des travailleurs migrants sont arrivés de partout dans le monde, pour y trouver un emploi. En quelques années, la population est passée de 10.000 à 100.000 habitants, sans compter les quelque 50.000 personnes (dont 83 % sont des hommes) qui s'entassaient dans des camps de travail. 

    De la ville-champignon à la ville-fantôme ?

    FORT-MCMURRAY-HOUSING-large.jpgEn sept mois à peine, le baril de pétrole a chuté de 60 dollars canadiens (environ 45 euros). Aujourd'hui, avec le marché et la chute des cours, le coût de production devient presque plus élevé que le prix de vente... Il y a désormais 20% de logements inoccupés, là où  il n'y en avait que 2%. Le camping que l'on voyait dans le jeu documentaire est vide. Au moins 20.000 emplois ont été supprimés depuis l'automne et les camps de travailleurs ont fermé. Restent la puanteur ambiante et la laideur des paysages ravagés par les installations pétrolières. Quant à Fort McMurray, la ville est en passe de se transformer en ville-fantôme, tout comme les participants au jeu Fort McMoney le pressentaient...

    L'eldorado canadien, c'est fini

    Version moderne de la ruée vers l'or, l'extraction coûteuse et ultra-polluante du pétrole des sables de l'Alberta, après avoir dévasté durablement l'environnement et les écosystèmes de la région, se transforme en désastre économique. Ceux qui y ont fait des fortunes rapides et gagné de 150.000 à 200.000 dollars canadiens par an, ont quitté les lieux, sans se préoccuper des conséquences à long terme de leur travail sur le site.

    Les optimistes, comme la maire de la ville, Melissa Blake, qui estime que les prix de l'or noir repartiront à la hausse, prévoient de diversifier l'économie de la ville. Pour les réalistes, dont David Dufresne et Jim Rogers, candidat malheureux aux élections municipales, l'âge d'or de l'eldorado pétrolier canadien est bel est bien fini. Enfin, pour les générations futures du pays qui a refusé de signer le Protocole de Kyoto, reste un héritage lourdement empoisonné. Est-il encore temps de voter Jim Rogers, à Fort McMurray ? Pas sûr...

    Cathy Lafon

    A VOIR

    • "Fort McMoney, votez Jim Rogers !", un documentaire de David Dufresne (France, 2014, 52 min) diffusion le 12 mai, à 22h50, sur Arte.

    POUR JOUER AU JEU DOCUMENTAIRE "Fort McMoney" :  cliquer ICI

    LIRE AUSSI

  • L'alarme du WWF : 230 millions d'hectares de forêts sont en péril dans le monde

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    La rivière Tapajos River, Mato Grosso, au Brésil. La forêt amazonienne est la plus vaste au monde, mais si la déforestation en cours continue, c'est plus d'un quart de la ressource qui pourrait disparaitre d'ici à 2030. Photo WWF

    Les rapports alarmants sur la forêt, poumon de la planète et élément fondamental du climat, par leur rôle de stockage du carbone, se succèdent et se ressemblent. Le 19 mars dernier, le CNRS a publié une étude révélant que l’Amazonie est en train de perdre sa capacité à absorber le carbone atmosphérique.

    Au tour du WWF d'avertir : si la tendance actuelle se poursuit, d'ici à 2030, 230 millions d’hectares de forêt disparaitront. Telle est la projection que fait le dernier rapport de l'ONG sur l’état des forêts dans le monde, "Living Forests Report", publié à l'occasion du Sommet des paysages tropicaux qui se déroulait à Jakarta en Indonésie, dans lequel le WWF identifie onze zones sensibles, qui à elles seules représenteront 80 % des destructions. Soit 170 millions d’hectares.

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    Amérique du Sud, Asie, Indonésie

    En Amérique, l’Amazonie (de 23 à 48 millions d’hectares de forêt risquent de disparaître), le Cerrado (15 millions d’hectares), la forêt Atlantique (10 millions d’hectares) du Brésil, le Gran Charco et la forêt du Choco-Darien (3 millions d’hectares) sont en danger. En Asie, ce sont les forêts de Bornéo (22 millions d’hectares) et de Sumatra (5 millions d’hectares) qui sont menacées ainsi que celles de Nouvelle-Guinée (7 millions d’hectares) et de la région du Mékong (15 à 30 millions d’hectares). L'Afrique figure aussi sur la liste, avec les forêts de l’Afrique de l’est (12 millions d’hectares) et du bassin du Congo (12 millions d’hectares), comme la forêt orientale d’Australie (3 à 6 millions d’hectares).


    Déforestation : 170 millions d’hectares pourraient disparaitre d’ici 2030, selon le WWF par Gentside Découverte

    La responsabilité des hommes

    Même si la déforestation ralentit dans certains pays, elle se poursuit au niveau mondial. Les activités humaines en sont les principales causes, avec notamment l'expansion d'une sylviculture et d'une agriculture intensives et des élevages de bétail, qui remplacent peu à peu les forêts naturelles, mais aussi, selon les régions du globe, la collecte de bois de chauffage, l'exploitation non durable des forêts et les barrages hydroélectriques. Dans un communiqué, le WWF relève ainsi que « en Indonésie, Sumatra déjà perdu plus de la moitié de ses forêts à cause des plantations de palmiers à huile et de la production de papier. Les forêts restantes sont très morcelées. 5 millions d’hectares supplémentaires de forêts devraient disparaître dans la région d’ici à 2030. »

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    Les forêts, sources de vie pour l'humanité

    La disparition des forêts est loin d'être anecdotique, car si la perte de milliards d'arbres met en danger la biodiversité en supprimant l'habitat de nombreuses espèces animales, elle menace aussi à terme tout simplement l'habitat et les conditions de vie d'une partie de l'humanité. Autant de bonnes raisons pour le WWF de se battre, afin de tenter de réduire les risques qui pèsent sur les écosystèmes. "Non seulement pour s’assurer que les forêts continuent à stocker le carbone, de filtrer l’eau, de fournir du bois et un habitat pour de nombreuses espèces sauvages. Mais aussi pour sauver les communautés et les cultures qui dépendent de ces forêts », explique Rod Taylor, directeur du programme forêt au WWF.

    Développer une économie plus verte en préservant la forêt

    forêt,arbres,disparition,wwf,agriculture intensive,lutteLa bonne nouvelle, c'est que, selon le WWF, rien n'est encore irréversible. Certains Etats, dont l’Indonésie ont déjà pris des mesures pour enrayer le phénomène et à Sumatra, conserver la forêt (photo ci-contre) est devenu un enjeu global majeur. "Le moratoire sur les nouveaux permis de conversion de forêts est une opportunité de montrer ce qu’il est possible de faire pour endiguer la déforestation et développer une économie plus verte", indique Rod Taylor. Mais pour la communauté internationale, il est urgent de réagir et de prendre des décisions collectives pour renverser la vapeur. L'arrêt de la déforestation et de la dégradation des forêts "ne se produira pas par accident. Cela nécessitera un énorme effort collectif ainsi que des changements de politiques de la part des gouvernement et de l'industrie", souligne le rapport.

    Cathy Lafon

    LE CHIFFRE

    • 13 millions d'hectares de forêts disparaissent chaque année dans le monde, selon les chiffres du WWF.

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    • Les articles de Ma Planète sur la forêt : cliquer ICI
  • Subglacior : l'arme fatale de la science explore les archives de l'histoire du climat

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    Version miniature de la sonde Subglacior en test dans l'Antarctique, en décembre 2014. Photo LGGE/CNRS/IPEV

    "Quand je serai grand(e), je serai paléoclimatologue !" Il y a peu de chance, voire aucune, pour que votre petit dernier ou sa cousine lâche l'information à la table du prochain déjeuner familial. Et pourtant : réchauffement climatique oblige, la paléoclimatologie, la science qui consiste à comprendre les mécanismes de l'évolution du climat de la planète depuis la préhistoire, devient un métier d'avenir. D'autant que les technologies mises à la disposition des chercheurs ne cessent de progresser.

    Sublgacior : une révolution

    Dernière en date, Subglacior. Le super héros du XXIème siècle est une sonde expérimentale, qui a pour papa le CNRS et pour maman la Fondation BNP Paribas, qui en finance la mise au monde. Destinée à permettre aux chercheurs d'obtenir en un temps record les enregistrements climatiques les plus anciens, Subglacior plongera en 2017, si tout va bien, tout au fond de la calotte polaire de l'Antarctique, à 3 km au-dessous de sa surface. La sonde extraira alors des carottes d'échantillons de glaces préhistoriques, remontant à 1,5 millions d'années, dont les scientifiques examineront la composition. Les glaciologues du CNRS, qui travaillent depuis 2011 sur le projet, n'hésitent pas à parler d'une "révolution": les capacités hors normes de Subglacior vont leur permettre de remonter le temps du climat et d'analyser les changements climatiques anciens. Pour mieux prévoir ceux qui nous attendent.

    "Un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir"

    changement climatique,réchauffement,cnrs,sonde,glace antarctique,subglacior,co2,émissions gaz à effet de serreLe réchauffement climatique en cours a remis au goût du jour la belle citation du poète antillais Aimé Césaire. Pour pouvoir modéliser les conséquences des évolutions climatiques provoquées par les activités humaines et avoir une idée de ce que pourrait être le climat du futur, la science s'intéresse désormais de très près à tous les éléments qui contiennent les traces naturelles qui témoignent du climat du passé. Fossiles de coquillages, graines, sédiments, poussières, terres, glaces... autant d'archives naturelles du climat dont l'exploration a déjà permis aux chercheurs de montrer qu’une modification radicale de la variabilité climatique se serait produite sur Terre, il y a un million d’années environ. Le climat serait alors passé de périodes de glaciations peu intenses mais fréquentes (tous les 40.000 ans) à des glaciations plus longues et plus prononcées (tous les 100.000 ans). Oui, mais pourquoi ?

    Quel temps faisait-il sur Terre il y a 1,5 million d'années ?

    changement climatique,réchauffement,cnrs,sonde,glace antarctique,subglacior,co2,émissions gaz à effet de serreCette transition du climat survenue à l'époque du mi-Pléistocène, pourrait s’expliquer par un changement majeur de la concentration en CO2 dans l’atmosphère terrestre, un peu comme le vit la planète aujourd'hui, avec le réchauffement climatique. C'est pour le vérifier et ainsi résoudre l’une des dernières grandes énigmes des climats passés, que les glaciologues ont besoin de pouvoir atteindre les couches de glace les plus anciennes de l'histoire de la Terre, afin d’analyser la composition des bulles d'air, les concentrations de gaz à effet de serre et les poussières qu’elles contiennent. Et c'est là que Subglacior intervient. Avec les technologies classiques, il aurait fallu quatre ans de forage pour un résultat aléatoire. La nouvelle sonde permettra en seulement deux à trois mois, d’explorer la glace jusqu’à 3 km de profondeur et de collecter des données préhistoriques précises et en temps réel sur le terrain.

    Subglacior, comment ça marche ?

    changement climatique,réchauffement,cnrs,sonde,glace antarctique,subglacior,co2,émissions gaz à effet de serreLe principe de la sonde Subglacior repose sur une technologie laser française innovante, qui permet de mesurer en temps réel, sur un instrument embarqué dans un carottier, des paramètres clés comme les isotopes de l'eau et la concentration en méthane de l'air piégé dans la glac. Grâce aux progrès de la spectroscopie laser, une vingtaine de chercheurs et d’ingénieurs ont réussi à miniaturiser l’instrument laser pour le faire tenir dans un tube de moins de 5 centimètres de diamètre qui va plonger au coeur des profondeurs millénaires de la glace de l'Antarctique. Les données qu’il va acquérir seront transmises en continu vers la surface, via une technologie électronique embarquée dans la sonde et un câble électroporteur spécifique de 3.500 mètres de longueur.

    changement climatique,réchauffement,cnrs,sonde,glace antarctique,subglacior,co2,émissions gaz à effet de serreAprès quatre années de développement et des premiers tests effectués en Antarctique durant les deux hivers derniers, à la base franco-italienne Concordia (photo ci-contre), une prochaine expédition aura lieu l'hiver 2015-2016, avant la validation et le déploiement de la sonde au cours d'une campagne hivernale spécifique prévue en 2016-2017.

    Cathy Lafon

    PLUS D'INFO

    • Le budget total pour la construction de la sonde s'élève à près de 3,2 millions d'euros ; le mécénat de la Fondation BNP Paribas, à 100.000 euros.