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Développement durable - Page 585

  • Climat: la glace noire du Groenland, c'est chaud devant

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    La calotte glacière n'a jamais été aussi noire que cette année, selon Jason Box, climatologue américain. Photo Jason Box/Slate

    Ca chauffe au Groenland, comme partout sur la planète. Le réchauffement climatique en cours affecte les réserves de glace des zones polaires, avec des conséquences parfois étranges et inquiétantes.

    jason box.jpgAinsi, selon les observations du glaciologue et climatologue Jason Box publiées par le site Slate.fr le 8 octobre dernier, cet été, la neige au Groenland était noire. Pour le membre de l'Institut de recherche GEUS du Danemark et du Groenland, ce n'est pas une première: il a déjà constaté le phénomène lors d'expéditions passées,notamment en 2009. Mais jusque là, les glaces étaient sombres. Désormais, elles sont noires. Les émissions de CO2 et le réchauffement climatique doivent plaider coupables, une fois de plus : la conjonction de tempête de neige estivales de plus en plus rares et l'augmentation de poussières et de suies provenant de feux de forêts arctiques qui auraient battu des records cet été, auraient souillé comme jamais le manteau neigeux des glaces éternelles.

    La fonte s'accélère

    Le hic, c'est que la glace lorsqu'elle est noire, absorbe mieux les rayons du soleil et sa fonte en est décuplée. Selon des chercheurs français du Centre d'étude de la neige à Grenoble, à lui seul, le réchauffement climatique est insuffisant à expliquer la fonte des glaces au pôle Nord, au rythme annuel de 200 à 450 milliards de tonnes. Environ 10% de cette diminution serait liée aux impuretés qui salissent la neige, contribuent à réduire la masse du manteau neigeux du Groenland de 27 milliards de tonnes par an et augmentent à elles seules le niveau des mers de 0,13 mm par an. Telles étaient les conclusions d'une étude publiée dans Nature Geoscience  en juin dernier.

    dark snow.jpgProjet "Dark Snow"

    Pour comprendre le phénomène et analyser d'où viennent la suie et les poussières qui souillent les glaciers, Jason Box est reparti au Groenland cet été pour une mission de deux mois, dans le cadre de son projet Dark Snow ("neige noire")  subventionné par des financements collaboratifs. Les photos qu'il en rapporte,publiée sur Slate.fr, sont effrayantes. Pour expliquer ces glaces noires et leur fonte alarmante, le climatologue américain avance que d'autres phénomènes pourraient s'ajouter aux suies des feux de forêts, comme la pollution des usines, ou encore la digestion d'impuretés par des bactéries présentes dans la glace, ce qui dope leur croissance. En se multipliant, celles-ci viendraient également augmenter la fonte des couches de neige fraîche. Mais pour le chercheur, le phénomène pourrait être aussi le début d'une chaine de réactions en cascade liée au réchauffement climatique, qui entraîne également  la remontée de méthane de l'océan Arctique.

    "Le méthane, c'est très grave"

    "Le méthane est 20 fois plus puissant que le dioxyde de carbone à bloquer les infrarouges dans cet effet de serre que l’on connaît. Le méthane qui remonte à la surface, c’est très grave", a commenté Jason Box, qui a rajouté :  "Même si une toute petite fraction seulement du carbone des fonds de l’Arctique est relâchée dans l’atmosphère, nous sommes foutus !". L'hypothèse inquiétante, formulée abruptement par le climatologue, a provoqué la polémique et  enflammée les réseaux sociaux en septembre dernier.

    Toujours plus chaud

    Selon la Nasa, le mois qui vient de s'achever est le mois de septembre le plus chaud jamais enregistré depuis 1880, début des relevés de températures. Avec 14,77°C en moyenne, il a donc fait plus chaud en septembre de 0,77°C par rapport à la moyenne (14°C), établie entre 1951 et 1980. Un record qui succède à celui déjà enregistré en août, qui a également été le mois d'août le plus chaud sur la planète depuis que les relevés existent.

    Cathy Lafon

    EN CHIFFRES

    • Les glaces au pôle Nord fondent au rythme annuel de 200 à 450 milliards de tonnes.
    • En 2014, la calotte glacière est 5,6% plus sombre, ce qui produit une absorption d'énergie à peu près équivalente à deux fois la consommation d'électricité des Etats-Unis (source Jason Box).

    LIRE AUSSI

    • Les articles de Ma Planète sur le réchauffement climatique : cliquer ICI
    • Les articles de Ma Planète sur la fonte des glaces : cliquer ICI
  • Quand les émissions de CO2 explosent, les océans s'acidifient

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    La barrière de corail en Australie, l'une des merveilles du monde, menacée par la pollution. DR

    Sous l'effet de l'augmentation de la pollution au CO2, les océans s'acidifient à vitesse grand V. Leur pH a diminué en moyenne de 26% au cours des 200 ans dernières années, en absorbant plus d’un quart des émissions de CO2 émises par les activités humaines. Un phénomène qui va se poursuivre et s'amplifier, selon un rapport scientifique publié le 8 octobre dernier.

    Une vitesse sans précédent

    Dans le cadre de la Convention sur la diversité biologique (CDB), une trentaine de chercheurs, dont le Français Jean-Pierre Gattuso, océanographe et directeur de recherche au CNRS,  ont passé en revue des centaines d’études existantes sur ce phénomène pour rédiger une synthèse présentée à Pyeongchang (Corée). Ce rapport souligne la gravité du phénomène – sa vitesse est sans précédent -, ses impacts très variés et le fait qu’il va se poursuivre dans les décennies à venir.

    poissons océan.jpgDes impacts massifs sur la biodiversité marine

    « Il est maintenant inévitable que d’ici 50 à 100 ans, les émissions d'origine humaine de dioxyde de carbone vont encore augmenter l’acidité des océans à des niveaux qui auront des impacts massifs, le plus souvent négatifs, sur les organismes marins et les écosystèmes, ainsi que sur les biens et les services qu’ils fournissent », écrivent les scientifiques. Entendez : les poissons qui nous nourrissent et l'activité de la pêche, qui fait vivre un secteur de l'économie mondiale.

    Certaines espèces plus sensibles que d'autres

    L’acidité des océans varie naturellement au cours d’une journée, des saisons, à l’échelle locale et régionale et également en fonction de la profondeur d’eau, précisent-ils, avant de prévenir que « les écosystèmes et les habitats côtiers subissent une plus grande variabilité que ceux situés en haute mer ». Des travaux ont par exemple montré que la fertilisation de certaines espèces est très sensible à l’acidification des océans, et que d’autres y sont plus tolérantes.  Les coraux, les mollusques et les échinodermes (étoiles de mer, oursins, concombres de mer, etc.) sont particulièrement affectés par ce changement qui réduit leur rythme de croissance et leur taux de survie. Certaines algues et micro-algues peuvent en revanche en bénéficier, comme certains types de phytoplanctons.

    rapport,océan,acidification,poisson,pêche,ostreiculture,écosystèmeImpacts socio-économiques

    Le rapport met en avant les impacts socio-économiques déjà visibles dans certaines régions du monde: sur l’aquaculture dans le nord-ouest des Etats-Unis ou sur la culture d’huîtres, un peu partout dans le monde.  Les risques pesant sur les barrières de corail des zones tropicales sont aussi « une grande préoccupation, car les moyens de subsistance de quelque 400 millions de personnes dépendent de ces habitats », avancent-ils. Lieu de vie pour pour les poissons et la faune marine, les barrières de corail sont aussi des remparts naturels qui protègent les plages des vagues lors des tempêtes.

    rapport,océan,acidification,poisson,pêche,ostreiculture,écosystèmeIl y a 65 millions d'années, les océans acidifiés responsables d'une extinction massive 

    Pour les paléontologues qui essaient d'expliquer la dernière crise d'extinction massive, survenue il y a 65 millions d'années, à la fin du crétacé, l'acidification des océans est sur la sellette. Selon les conclusions de chercheurs japonais, l'impact de la météorite de Chicxulub, qui s'est abattue sur la péninsule du Yuacatan, dans l'actuel Mexique, a bien balayé, notamment, les dinosaures de la surface de la  Terre. Mais elle aurait aussi provoqué une acidification de la couche supérieure des eaux océaniques, en vaporisant des roches riches en soufre qui auraient produit un épais nuage de trioxyde de soufre, qui, mélangé à la vapeur d'eau de l'atmosphère aurait à son tour déclenché des pluies d'acide sulfurique à la surface de la Terre. Un phénomène probablement responsable de l'extinction de nombreuses espèces marines, estiment les scientifiques dans le numéro de mars 2014de la revue Nature Geoscience.

    Le rapport met en lumière la complexité des réponses biologiques à l'acidification des océans et la difficulté à estimer les coûts écologiques et financiers associés. Ce qui ne fait pas l'ombre d'un doute pour les chercheurs, c'est « que seule une réduction des émissions de CO2 permettra d’enrayer ce problème». En 2013, elles ont battu de nouveaux records.

    Cathy Lafon

    CONSULTER LE RAPPORT : cliquer ICI

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  • Innovation. Surfer sur les champignons, c'est possible !

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    On peut surfer les grands tubes avec une planche en champignons... DR

    "Ma maison est en carton, pirouette, cacahuète, ma planche de surf en champignon..."

    N'importe quoi ! Hé bien non : une société new-yorkaise, Ecovative LCC, utilise depuis 2007 les propriétés du mycélium, la partie végétative du champignon, pour créer des matériaux "en champignons", aux propriétés équivalentes à celles des plastiques, mais entièrement bio-dégradables. Et donc, des planches de surf 100% écolo.

    planche surf ecovativ.jpgComment ça marche ? 

    Le mycélium a les propriétés d'une sorte de glu naturelle. Son réseau de filaments microscopiques, les hyphes, forme une armature robuste qui épouse la forme qu'on veut lui donner. Sur le plan chimique, il secrète des polysaccharides (polymères) extracellulaires qui sont collants, particulièrement quand ils sont compressés. Pour obtenir ce liant naturel, il faut mélanger le mycélium des champignons à des déchets agricoles, comme les enveloppes de coton ou les balles de riz. On obtient une mixture, que l'on place des moules ayant la forme du produit souhaité. En quelque jours, le mycélium digère le substrat et finit par occuper tout l'espace du moule. On stoppe alors sa croissance par un traitement thermique.

    ecovative-llc-bioplastique.pngQue peut-on fabriquer en champignon ?

    Bien des choses. Emballages de protection, matériaux pour fabriquer des meubles ou d'isolation thermique ou acoustique, bouées de protection, tableaux de bord ou sièges de voitures et... planches de surf ! Les applications sont innombrables et prometteuses d'un avenir plus durable et plus vert. Les produits issus des champignons sont en effet 100% biodégradables. Un vrai bonus vert pour l'océan, victime de la pollution par les plastiques.

    Aller aux champignons, pour les surfeurs, est un passe-temps qui s'impose doublement... En Aquitaine, pays du surf, ça tombe bien, c'est aussi la saison des champignons. Mais dans les bois, gare aux chasseurs !

    Cathy Lafon,

    PLUS D'INFO SUR LES CHAMPIGNONS

    • A lire, le hors série "Le monde extraordinaire des champignons", "Sciences et Avenir" octobre-novembre 2014, 4,90 €.