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Catastrophe naturelle - Page 33

  • Fukushima: impossible procès pour une catastrophe nucléaire majeure ?

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    La centrale accidentée de Fukushima, photo archives AFP

    L'histoire de Fukushima ne se résume pas à des affaires de pollution et de fuites d'eau radioactives. La catastrophe nucléaire comporte aussi un volet judiciaire d'une ampleur conséquente, nourri par une question d'ordre légal, moral et éthique : qui est "responsable" ?

    Qui va payer ?

    Qui est "responsable" du plus grave accident nucléaire de l'histoire de l'humanité, après Tchernobyl ? Qui va indemniser les  centaines de victimes humaines de Fukushima, présentes et à venir ? Qui va payer pour le préjudice écologique subi par la nature, victime d'un monstrueux désastre écologique, pour la Terre et l'océan souillés, aux ressources naturelles rendues inexploitables pour des décennies ? Les dirigeants de l'opérateur Tepco (Tokyo Electric Power Co) qui gèrent la centrale ? L'ex-chef du gouvernement nippon alors au pouvoir ?

    Responsables, mais pas "responsables"

    fukushima enfants.jpgNi les uns, ni les autres, pour le parquet de Tokyo dont les procureurs ont décidé, le lundi 9 septembre, de ne pas recevoir les plaintes criminelles des habitants de la préfecture de Fukushima contre plus de 40 anciens responsables de la Compagnie d’électricité de Tokyo et représentants du gouvernement. Ces résidents veulent poursuivre devant la justice criminelle les dirigeants de la centrale accidentée et le gouvernement japonais de l’époque, pour négligence. Non, pour les procureurs japonais, la catastrophe nucléaire de Fukushima de mars 2011 ne saurait être imputée aux négligences professionnelles de ces responsables.

    naoto kan.jpgLes "erreurs" stigmatisées par les plaignants

    Les plaignants demandaient au parquet de poursuivre non seulement les dirigeants de la compagnie gérant le site, Tepco, mais aussi l’ancien chef de la Commission de sûreté nucléaire et l’ancien Premier ministre Naoto Kan (photo ci-contre), ainsi que plusieurs de ses ministres. Ils reprochent à ces divers responsables d’avoir tardé à dévoiler les données sur l’ampleur de la contamination radioactive issue de la centrale de Fukushima Daiichi (220 km au nord-est de Tokyo). Les plaignants arguent aussi du fait que ces mêmes dirigeants n’avaient pas prévu de mesures de protection suffisantes pour faire face à un tel raz-de-marée.   Au final, ils estiment que ces diverses erreurs ont entraîné la mort de nombreux résidents des environs. Si personne n’est mort officiellement des radiations émises après l’accident, la préfecture de Fukushima a rapporté en juin que plus de 1.400 résidents de la région étaient décédés des suites de la catastrophe (du fait des mauvaises circonstances de leur évacuation, de la dégradation de leurs conditions de vie ou par suicide).

    japon manif antinucleaire.jpgDeux poids, deux mesures

    Le parquet a statué que Tepco ne pouvait pas prévoir un séisme et un tsunami de cette ampleur. Le tremblement de terre au large des côtes nord-est du Japon avait atteint la magnitude 9 et le tsunami avait largement dépassé les dix mètres de haut. Les procureurs ont ajouté que les dirigeants gouvernementaux ne pouvaient pas être tenus légalement responsables pour leur réaction au désastre. Par une indécente coïncidence, la décision est tombé alors que, le jeudi 12 septembre, devait se tenir une nouvelle audience du procès intenté par l'Etat contre deux responsables du mouvement antinucléaire nippon, dont le campement est dressé au pied du ministère de l'économie, du commerce et de l'industrie (METI) – l'administration chargée de la politique nucléaire – en signe de protestation contre les "mensonges du nucléaires".  Le gouvernement, qui a porté plainte contre eux, le 29 mars dernier, pour "occupation illégale d'un espace public", réclame 22 000 yens (167 euros) par journée d'occupation, plus les arriérés...

    De nombreuses autres plaintes en cours

    La justice japonaise est toutefois loin d'en avoir fini avec Fukushima. Il reste de nombreuses autres plaintes devant la justice civile en cours et l’opérateur électrique de la centrale endommagée par le tsunami est confronté à une kyrielle de demandes d’indemnisations, qui se comptent en dizaines de milliards d’euros. Ainsi, la petite coopérative agricole Nanohana, établie à Chiba, à l'Est de Tokyo, qui a entrepris un bras de fer juridique avec Tepco. Elle exige que l’opérateur, comme il s’y était engagé, lui verse des dommages pour les pertes subies après l’accident nucléaire de mars 2011. Les habitants du village de Hippo, proche de la centrale, demandent de meilleures indemnisations que celles accordées par Tepco. Le 11 mars 2013, 800 citoyens japonais sommaient Tepco d’accélérer les travaux de décontamination. De leur côté, une centaine de militaires américains, venus prêter main forte aux secouristes japonais, réclament devant un tribunal de Californie 2 milliards de dollars, car ils estiment que Tepco leur a menti sur les risques encourus...

    Pas de Madame Soleil au pays du soleil levant

    Certes, même au pays du soleil levant, nul n'est censé être Madame Soleil, pour prévoir l'ampleur d'un séisme ou d'un raz-de-marée. Mais les responsables d'une industrie aussi dangereuse que le nucléaire ne se doivent-ils pas d'anticiper ce type d'événement ? C'est bien d'ailleurs ce qu'ils avaient fait, à Fukushima: mais juste pas suffisamment. De même, les responsables d'un gouvernement démocratique n'ont-ils pas à leur charge la responsabilité de gérer les crises qui surviennent sur leur territoire (accidents, catastrophes, terrorisme, guerre... ) afin de prendre soin des populations qui les ont désignés pour ce faire ? Au sens étymologique du terme, le "responsable" est bien pourtant celui qui doit répondre de ses propres actions ou de celles des autres, en fonction de ce dont il est garant.

    La responsabilité d'un "désastre créé par l'homme"

    Ce qui est en jeu à Fukushima, c'est, selon les termes sans ambiguïté d’un rapport indépendant japonais, la question  de la responsabilité d'un "désastre créé par l’homme". Car c'est bien l'homme qui a créé l'industrie du nucléaire et tout particulièrement, installé et géré la centrale dévastée par la double catastrophe naturelle. Cette question cruciale reste posée par les centaines de personnes qui attaquent Tepco et mettent en cause la gestion par le gouvernement de la crise de la catastrophe nucléaire. Au Japon, mais aussi ailleurs dans le monde, où Fukushima soulève une autre question : celle des futures responsabilités, en cas d'un autre accident similaire...

    Les résidents de Fukushima à l’origine de la plainte qui vient d'être rejetée, ont le droit de la reformuler et de la soumettre de nouveau au parquet : ils ont déclaré qu’ils allaient immédiatement porter l’affaire devant un comité d’enquête.

    Cathy Lafon

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  • Nucléaire : l'origine d'une fuite d'eau radioactive enfin localisée à Fukushima


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    Les ingénieurs de Tepco sur le site de la centrale de Fukushima le 23 août dernier. Photo archives AFP/Tepco

    Tokyo Electric Power (Tepco), la compagnie gérante de Fukushima, a annoncé, le 4 septembre, avoir localisé pour la première fois un flux d’eau souterraine qui entre dans le sous-sol d’un bâtiment et en ressort contaminée, ce qui est vraisemblablement à l'origine d'un des multiples et graves problèmes de pollution radioactive enregistrés sur le site de la centrale nucléaire ravagée.

    Une cascade

    L'opérateur japonais, sous la pression depuis le mois de juillet en raison des fuites d'eau radioactives successives et de la hausse inexpliquée de la radioactivité autour des réacteurs de la centrale nippone, a expliqué, mercredi, que de l’eau provenant de la montagne voisine s’infiltrait dans le sous-sol du bâtiment qui héberge la turbine du réacteur numéro un, via un passage de câbles et canalisation. La compagnie a présenté des photos et vidéos de ces ruissellements d'eau : le son qui accompagne les images ressemble, selon elle, à celui d’une cascade.

    Le monstrueux problème des eaux contaminées de Fukushima

    Fukushima Daiichi regorge de quelque 400.000 tonnes d’eau pleine de césium, strontium, tritium et autres substances radioactives, enfouie dans le sous-sol ou stockée dans un millier de réservoirs spéciaux montés à la hâte. Ce n'est pas rien et ce volume augmente chaque jour de 400 tonnes, en raison de l’infiltration de quantités massives d’eau sous les bâtiments et de la nécessité de continuer à refroidir les réacteurs. La localisation par Tepco de points d'entrée de cette eau naturelle est un bon point marqué par l'opérateur, qui cherchait en vain jusqu'à présent les moyens de stopper efficacement le flux de l'écoulement des eaux contaminées dans le Pacifique voisin.

    Le Japon pourrait envisager le recours à des aides extérieures

    catastrophe nucléaire, Fukushima,fuites d'eau radioactive, Tepco, océanLe gouvernement nippon a annoncé mardi 3 septembre un plan d’urgence pour venir à bout de l’hémorragie d’eau radioactive. Il prévoit de construire un « mur de glace » vertical souterrain pour isoler le sous-sol de la centrale de l’océan ainsi que des nappes souterraines et éviter l’entrée et la sortie d’eau. Les travaux envisagés devraient s'étaler sur au moins deux ans et coûter 360 millions d'euros.

    Par ailleurs, devant l'urgence et l'énormité du problème,  le Japon qui a jusqu'à présent refusé toute aide extérieure, pourrait revoir sa doctrine en la matière. Des voix de plus en plus nombreuses s'élèvent en ce sens. « Il est indispensable de coopérer avec des organismes et experts étrangers », a déclaré Takuya Hattori (photo ci-dessus), un ex-directeur du site nucléaire Fukushima Daiichi et actuel président du Forum des industriels japonais de l’énergie atomique. « Le problème de la contamination des eaux souterraines aux abords d’une centrale n’est pas propre à Fukushima Daiichi, il y a de nombreux exemples ailleurs, et donc une connaissance et une expérience en la matière ».

    Cathy Lafon avec l'AFP

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  • Chanson culte. "Beds are burning", de Midnight Oil

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    Peter Garrett, chanteur du groupe Midnight Oil. Photo DR

    C'est la rentrée... Finies les vacances ! Histoire de reprendre le chemin du boulot avec courage et une conscience toujours plus verte,on s'offre avec "Ma Planète" un bon vieux petit rock, bien écolo. Et bien d'actualité.

    Les rockeurs n'ont pas que du coeur. Ils sont aussi parfois visionnaires, à l'instar du groupe australien Midnight Oil qui, dans l'album Diesel & Dust publié en 1987, alerte le monde sur le réchauffement climatique, avec sa chanson "Beds are burning". "Comment pouvons-nous danser pendant que la planète brûle, comment pouvons-nous dormir alors qu'il y a le feu à notre lit?"

    Bonnes questions. Reprises en 2002, avec un son pop-rock beaucoup moins efficace, par la petite phrase de Jacques Chirac : "Notre maison brûle et nous regardons ailleurs ". Le président de la République française d'alors s'exprimait devant l'assemblée plénière du IVe Sommet de la Terre, le 2 septembre 2002 à Johannesburg, en Afrique du Sud.

    peter garrett.jpgDepuis "Beds are burning", Peter Garrett a eu sa chance pour défendre la planète : il semble qu'il l'ait laissé passer. Après la victoire des Travaillistes aux élections de 2007, il est nommé par Kevin Rudd, nouveau premier ministre, ministre de l'Environnement et de la Culture. Pour la Culture, on ne sait pas. Mais pour l'Environnement, il a pas mal déçu ses fans australiens, qui l'ont accusé d'avoir trahi ses convictions. Lui qui dénonçait dans ses chansons les pollueurs, le nucléaire et les puissantes compagnies minières australiennes a, notamment, autorisé l'ouverture d'une mine d'uranium géante dans son pays. Le "géant vert" comme on le surnomme en raison de sa haute taille et de ses convictions écolos, est depuis passé au ministère de l'Education, en 2010.

    Les questions posées en 1987 par Midnight Oil, si elles restent essentielles, n'ont toujours pas de réponse. Le temps passe et l'addition qu'il nous faut aujourd'hui payer pour notre mode de vie énergivore et ultra polluant, comme nous en avertissait Peter Garrett, ne cesse de s'alourdir...

    chanson culte, changement climatique, réchaffement climatique, Giec, Midnight Oil, Australie"Beds are burning" est pourtant l'un des plus gros tubes de l'histoire mondiale du rock. Et un texte qui pourrait servir de préface à l'ouverture du prochain rapport du Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) sur le changement climatique, qui sera remis en octobre 2014. Sans qu'on ait besoin d'y changer, hélas, une seule virgule.

    Et si, pour une fois, on écoutait vraiment Midnight Oil, au lieu de regarder ailleurs ?

    Cathy Lafon

    • L'écolo-maniaque a ses chansons fétiches."Beds are burning" en est une. Vous en connaissez d'autres ? Envoyez les moi  en cliquant ---> ICI

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