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Les rigueurs de l'hiver 1956 deviendront-ils la norme en France au 21e siècle ? Sur les quais de Bordeaux, en février 1956. Photo archives Sud Ouest
Allons-nous connaître un refroidissement important et rapide de l'hémisphère nord ? Cette possibilité qui serait due à un refroidissement des eaux de l'Atlantique nord, est un vieux serpent de mer, envisagé depuis longtemps par les chercheurs. Une étude conduite par des scientifiques bordelais et anglais, publiée par la revue Nature Communication le 15 février 2017, pourrait redonner de la crédibilité à un tel scénario, symbolisé par le film-catastrophe hollywoodien "Le jour d'après".
L'expédition Tara Oceans(2009-2013) s'est achevée il y deux ans. Mais le travail sur les données issues d’une partie des quelque 35.000 échantillons collectés dans les océans de la planète par les chercheurs embarqués sur le voilier polaire continue. De premiers résultats qui permettent de mieux comprendre la vie, l'évolution et l'importance du plancton marin, source de vie des océans, sont publiés ce 22 mai, dans un numéro spécial de la revue "Science".
Des ressources sans précédents pour la communauté scientifique.
Durant quatre ans, les chercheurs associés à l'expédition Tara ont collecté des virus, microbes et autres eucaryotes microscopiques (des algues unicellulaires aux larves de poissons) dans toutes les grandes régions océaniques et ont rassemblé l’ensemble de leur matériel génétique dans une base de données exhaustive désormais disponible à l’ensemble de la communauté scientifique. C'est un catalogue exceptionnel d'une ampleur inédite, riche de plusieurs millions de nouveaux gènes et, notamment, d'un large éventail de planctons marins, qui a été réuni et qui va transformer la façon dont on étudie les océans et dont on évalue le changement climatique. Utile, par les temps qui courent.
Le plancton fournit plus de 50% de notre oxygène
Quand on évoque les grands écosystèmes vitaux pour la Terre, on ne pense souvent qu'aux forêts tropicales, poumons de la planète, dont on sait la nécessité qu'il y a à les préserver. Grave erreur: le plancton des océans est tout aussi crucial pour la survie des équilibres naturels de la planète bleue. Ces êtres microscopiques vivants qui dérivent dans les océans produisent la moitié de notre oxygène. Ils agissent comme un puits de carbone et, à l'instar des arbres, luttent contre le réchauffement climatique. Ces êtres vivants ont une influence directe sur le climat dont l'évolution les impacte en retour.
Chaine alimentaire
Les plantons sont, par ailleurs, à la base des chaînes alimentaires océaniques qui nourrissent les poissons et les mammifères marins. Ils constituent ainsi la principale nourriture des baleines à fanons, mais aussi des coquillages filtreurs comme lesmoules, lescoques, leshuîtres, qu'il peut parfois intoxiquer par diverses toxines. Tiens donc. Autant dire que sans plancton, la vie sur Terre est plutôt compromise, de même que la pêche, l'ostréiculture ou encore la culture des moules. D'où l'intérêt de les étudier pour mieux savoir comment ils vivent et ce qui les affecte.
Plus de 35.000 espèces de bactéries planctoniques différentes
C'est précisément ce à quoi s'est attelée l'équipe de chercheurs internationale et multidisciplinaire de Tara, qui cartographie dans la revue "Science" de ce 22 mai, la biodiversité d’un large éventail de planctons marins et explore leurs interactions, notamment le parasitisme, la façon dont ils agissent sur leur environnement et dont ils sont affectés par différentes variables. Dont la température, et par voie de conséquence, le réchauffement climatique.
Premiers résultats : les analyses effectuées sur ce matériel génétique de plus de 35.000 espèces de bactéries planctoniques différentes, matériel pour la plupart inconnu jusqu’à présent, a révélé la présence d'environ 40 millions de gènes microbiens, dont la grande majorité sont nouveaux. Le plus grand travail de séquençage jamais effectué pour des organismes marins suggère que "la biodiversité planctonique pourrait être bien plus importante que ce que l’on imaginait" explique le chercheur en génétique Patrick Wincker du Genoscope (CEA), co-auteur de l'étude (photo ci-contre). A vrai dire, cela donne même le tournis.
Plus diversifiés que les animaux
"Pour les eucaryotes, nous avons séquencé près d’un milliard de codes-barres génétiques et découvert qu’il existe une plus grande variété d’eucaryotes unicellulaires - ou protistes - dans le plancton qu’attendu" détaille Colomban de Vargas (photo ci-contre), directeur de recherche au CNRS, à l'Université de Roscoff, biologiste marin et spécialiste des micro-planctons. "Les protistes sont bien plus diversifiés que les bactéries ou les animaux et la plupart appartiennent à des groupes très peu connus de parasites, de symbiotes, et de prédateurs en tout genre", précise-t-il.
Grâce à de nouveaux modèles informatiques, les chercheurs ont également pu prédire comment ces organismes planctoniques très divers interagissent. Prédictions confirmées ensuite par des observations en microscopie de certains échantillons prélevés au cours de l’expédition.
Touche pas à mon plancton
"Au-delà des recherches scientifiques de pointe qui ont été développées grâce à la collaboration avec Tara Expéditions, cette aventure sert aussi à montrer à quel point les océans sont importants pour notre propre bien-être" souligne Eric Karsenti, directeur de Tara Oceans et directeur de recherche à l’EMBL et au CNRS. On l'aura compris, le plancton, c'est bon. Et on a intérêt à le préserver.
Peter Garrett, chanteur du groupe Midnight Oil. Photo DR
C'est la rentrée... Finies les vacances ! Histoire de reprendre le chemin du boulot avec courage et une conscience toujours plus verte,on s'offre avec "Ma Planète" un bon vieux petit rock, bien écolo. Et bien d'actualité.
Les rockeurs n'ont pas que du coeur. Ils sont aussi parfois visionnaires, à l'instar du groupe australien Midnight Oil qui, dans l'album Diesel & Dust publié en 1987, alerte le monde sur le réchauffement climatique, avec sa chanson "Beds are burning". "Comment pouvons-nous danser pendant que la planète brûle, comment pouvons-nous dormir alors qu'il y a le feu à notre lit?"
Bonnes questions. Reprises en 2002, avec un son pop-rock beaucoup moins efficace, par la petite phrase de Jacques Chirac : "Notre maison brûle et nous regardons ailleurs ". Le président de la République française d'alors s'exprimait devant l'assemblée plénière du IVe Sommet de la Terre, le 2 septembre 2002 à Johannesburg, en Afrique du Sud.
Depuis "Beds are burning", Peter Garrett a eu sa chance pour défendre la planète : il semble qu'il l'ait laissé passer. Après la victoire des Travaillistes aux élections de 2007, il est nommé par Kevin Rudd, nouveau premier ministre, ministre de l'Environnement et de la Culture. Pour la Culture, on ne sait pas. Mais pour l'Environnement, il a pas mal déçu ses fans australiens, qui l'ont accusé d'avoir trahi ses convictions. Lui qui dénonçait dans ses chansons les pollueurs, le nucléaire et les puissantes compagnies minières australiennes a, notamment, autorisé l'ouverture d'une mine d'uranium géante dans son pays. Le "géant vert" comme on le surnomme en raison de sa haute taille et de ses convictions écolos, est depuis passé au ministère de l'Education, en 2010.
Les questions posées en 1987 par Midnight Oil, si elles restent essentielles, n'ont toujours pas de réponse. Le temps passe et l'addition qu'il nous faut aujourd'hui payer pour notre mode de vie énergivore et ultra polluant, comme nous en avertissait Peter Garrett, ne cesse de s'alourdir...
"Beds are burning" est pourtant l'un des plus gros tubes de l'histoire mondiale du rock. Et un texte qui pourrait servir de préface à l'ouverture du prochain rapport du Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) sur le changement climatique, qui sera remis en octobre 2014. Sans qu'on ait besoin d'y changer, hélas, une seule virgule.
Et si, pour une fois, on écoutait vraiment Midnight Oil, au lieu de regarder ailleurs ?