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pesticides - Page 42

  • Abeilles et pesticides : l'Europe s'inquiète enfin

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    Coup dur pour l'industrie des pesticides, mais vraie bonne nouvelle pour les petites ouvrières de la pollinisation, nos amies les abeilles, et pour les apiculteurs et les défenseurs de l'environnement : la Commission européenne pourrait proposer d'interdire l'utilisation de certains pesticides après les conclusions "inquiétantes" rendues aujourd'hui par l'autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) sur leur impact létal pour les abeilles.

    L'Europe va écrire aux fabricants des pesticides incriminés

    "L'EFSA a rendu mercredi des conclusions inquiétantes sur l'impact de trois types de produits sur le nectar et le pollen", a expliqué Frédéric Vincent, porte-parole du commissaire européen en charge de la Santé et des Consommateurs. Une lettre va être adressée "cette semaine" aux groupes Bayer et Syngenta, qui produisent les pesticides comportant les trois néonicotinoïdes incriminés (clothianidine, imidaclopride et thiamethoxam), notamment le Cruiser OSR, pour leur demander de réagir à ce rapport, a annoncé Frédéric Vincent, précisant que les deux groupes avaient "jusqu'au 25 janvier pour répondre".

    Des Etats européens, dont la France, ont déjà interdit, totalement ou pour partie, l'usage de ces pesticides

    pesticides,abeilles,efsa,europe,apiculture,commission européenneCertains Etats membres n'ont pas attendu l'avis de l'EFSA et ont déjà pris des mesures au plan national. En France, le ministre de l'agriculture, Stéphane Le Foll, a ainsi retiré le 29 juillet 2012, l'autorisation de mise sur le marché (AMM) du Cruiser OSR utilisé en traitement de semence pour le colza. Reste son usage pour le maïs qui, bien que contesté, n'a pas été à ce stade définitivement banni.  L'Italie et l'Allemagne interdisent l'usage des pesticides incriminés seulement pour le maïs, les Pays-Bas pour traiter les plantes qui attirent les abeilles, et la Slovénie pour toutes les plantes.

    Un impact létal avéré sur les abeilles

    La Commission européenne souhaite arrêter une ligne de conduite au niveau de l'UE, pour aller si nécessaire vers une interdiction des produits incriminés. Au fil des ans, les études scientifiques ont permis d'établir que les pesticides dits "systémiques" ou "néonicotinoïdes" ont bien un impact létal sur les abeilles, qu'ils désorientent, au point que certaines ne savent plus revenir à leurs ruches. En une quinzaine d'années, leur mortalité est passée de 5 à 30%.

    L'Europe prendra "les mesures qui s'imposent"

    Les apiculteurs, qui ont déjà obtenu le retrait du Régent et du Gaucho (Bayer), vont se réjouir des conclusions de l'EFSA. En revanche, comme on peut s'y attendre, c'est la soupe à la grimace pour les fabricants qui insistent de leur côté sur l'impact économique de la suppression de leurs pesticides. Quant à la Commission européenne, elle continue son travail politique et a décidé d'inscrire le sujet à l'ordre du jour de la réunion du comité permanent de l'UE en charge de ces questions prévue le 31 janvier. "La Commission, avec les Etats membres, prendra les mesures qui s'imposent", a conclu le porte-parole.

    Décidément, la planète qui pleure souvent, a quelques raisons de sourire en ce début 2013...

    Cathy Lafon

    EN SAVOIR PLUS

    Les conclusions de l'EFSA sur son site : cliquer ICI

    LIRE AUSSI

  • Fil vert. Résidus de pesticides : Bruxelles minimise-t-elle les chiffres ?

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    Traitement de culture par des pesticides Photo DR

    C'est une info révélée aujourd'hui par le Nouvel Obs : selon l'écologiste François Veillerette, le porte-parole de l’association Générations Futures, Bruxelles mettrait en oeuvre une nouvelle méthode de mesure des résidus de pesticides visant à  minimiser le niveau réel des pesticides présents dans les fruits, légumes et autres céréales servis sur nos étals. 

    Un nouveau "scandale" sanitaire

    veillerettte.jpgD'après les écolos, avec cette nouvelle méthode, les fonctionnaires européens ne joueraient le jeu de la prévention sanitaire et de l'écologie qu'en apparence :  ils prétendent en effet vouloir prendre en compte l’incertitude analytique des différents laboratoires qui sont en charge de mesurer les "résidus de pesticides". Louable objectif : le différentiel peut en effet se situer entre 1 et 3 milligrammes par kilo et il conviendrait donc de le mesurer précisément pour savoir si la présence de produits phytosanitaires est ou non supérieure aux normes maximales en vigueur. "Sauf que la Direction générale de la Santé et des Consommateurs a considéré que la valeur qu’il convient de retenir pour juger d’un éventuel dépassement sera toujours… la plus basse !", explique Veillerette (photo ci-contre) qui juge qu'il pourrait s'agir là d'un nouveau "scandale" sanitaire.

    "Pesticides : j’accuse Bruxelles d’homologations illégales"

    Déjà, en avril dernier, plusieurs ONG européennes avaient dénoncé un système d’autorisation massif de nombreux nouveaux pesticides et le porte-parole de Génération Future avait accusé "Bruxelles d'homologations illégales" de pesticides, grâce à ce qu'il appelle "une procédure diabolique d’homologation de substances dangereuses" : le principe de la "re-soumission". Nouvelle "invention" mise au point en 2007 dans le secret du Comité Permanent de la Chaîne Alimentaire  où siègent des représentants des États et de la Commission, la "re-soumission" est formalisée par le Règlement 33/2008 et elle accorde une seconde chance d’homologation à l’industrie pour des pesticides comportant pourtant des lacunes dans les données ou présentant des dangers avérés et qui auraient dû être retirés. Résultat : sur  87 pesticides présentés, 64 avaient été homologués à la date du 3 avril dernier.

    Un nouveau tour de passe-passe de Bruxelles ? 

    Selon François Veillerette, Bruxelles se livrerait donc à un tour de passe-passe statistique qui  "revient à diviser par deux les quantités de pesticides retrouvées dans les aliments et à surexposer les populations européennes". Quant au commissaire européen John Dalli, qui était en charge du dossier, il a été "démissionné" il y a quelques semaines pour entente avec un industriel du tabac suédois...  

    Tout ça manque vraiment de clarté...

    Cathy Lafon 

    PLUS D'INFO

  • Planète vidéo. Peut-on nourrir le monde sans pesticides ? Oui, pour Marie-Monique Robin

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    Marie-Monique Robin, journaliste-militante. Photo archives AFP

    La Semaine du goût, organisée en France du 15 au 22 octobre, ponctuée mardi 16 octobre par la Journée mondiale de l'alimentation, est l'occasion de réfléchir à nos modes d'agriculture et d'alimentation.

    Peut-on nourrir les milliards de Terriens avec une agriculture plus écologique et sans engrais chimiques ? Marie-Monique Robin y croit dur comme fer. Après des enquêtes à charge sur Monsato ou les pesticides, la journaliste a parcouru les continents pour témoigner des réussites de l'agroécologie.  

    "Les Moissons du futur", dont la version écrite est paru 11 octobre et dont la version filmée sera diffusée le 16 octobre sur Arte, clôt la trilogie "alimentaire" de l'auteur du "Monde selon Monsanto" (2008) et "Notre poison quotidien" (2010).

    "Aujourd'hui, si on ne peut pas nourrir le monde, c'est à cause des pesticides"

    "Après ces films, j'ai participé à des dizaines de conférences où on me demandait: mais est-ce qu'on peut nourrir le monde sans pesticides?", raconte cette fille d'agriculteurs. Après avoir rencontré des agronomes, agriculteurs et experts sur tous les continents, du Japon au Mexique en passant par l'Allemagne, le Malawi, le Kenya ou les Etats-Unis, elle livre un verdict sans appel : non seulement on peut produire en quantités suffisantes sans polluer les sols, dit-elle, mais "si aujourd'hui on ne peut pas nourrir le monde, c'est à cause des pesticides..."

    "Les Moissons du futur", un film porteur d'espoirs

    Contrairement à ses deux films précédents, "Les Moissons du futur" n'est pas à proprement parler une enquête mais davantage un film/livre de témoignages, au ton plus léger. Une illustration aussi des conclusions d'un rapport publié en mars 2011 par Olivier De Schutter, rapporteur spécial de l'ONU pour le droit à l'alimentation. Développer l'agroécologie, méthode basée sur le renouvellement des sols en bannissant les engrais chimiques, peut permettre d'améliorer les rendements dans les régions les plus pauvres tout en étant plus adapté au changement climatique, énonçait en substance ce document. "Les projets agroécologiques ont montré une augmentation moyenne des rendements de 80% dans 57 pays en développement, avec une augmentation moyenne de 116% pour tous les projets africains", affirmait son auteur. 

    Les réussites de l'agroécologie

    Marie-Monique Robin est donc partie "sur le terrain, à hauteur d'hommes" voir à quoi ressemblaient ces réussites. Elle s'intéresse, par exemple, à l'agroforesterie, méthode consistant à planter au milieu des cultures, des arbres capables de capter l'eau plus profondément dans le sol, de maintenir la qualité des sols et de lutter contre l'érosion. "Les études montrent que les systèmes agricoles les plus productifs sont ceux qui présentent une densité importante d'arbres", rapporte la journaliste.

    Au Kenya, une plante plus efficace qu'un pesticide

    Au Kenya, la réalisatrice raconte comment des agriculteurs ont remplacé les insecticides par la technique du "push-pull" pour combattre un parasite, la pyrale du maïs: ils ont planté entre leurs rangs de céréales du desmodium, une plante dont l'odeur fait fuir le papillon indésirable, et en lisière de champs de l'herbe à éléphant, qui attire l'insecte mais tue ses larves ! Des techniques à première vue simples mais qui nécessitent en amont un sérieux travail de recherche, allant souvent au-delà du cahier des charges de l'agriculture biologique: "Cette agriculture intensément écologique, c'est très moderne, ce n'est plus l'âge de pierre", rappelle l'ingénieur agronome Marc Dufumier.

    Le "Bonheur est dans l'assiette" !

    alimenation,pesticidesUne agriculture saine, c'est aussi la gourmandise d'une gastronomie renouvelée. Outre les "Moissons du futur", la chaine Arte diffuse également cette semaine un documentaire en cinq volets : "Le bonheur est dans l'assiette". Tout autour du monde, cinq hommes s'appuient sur les traditions culinaires et agricoles et mettent en valeur l’écosystème de leur région pour régaler leurs convives et réfléchir à notre destin alimentaire. Les vertus de l'agroécologie sont également conviées à la table de ces inventeurs de la cuisine de demain qui, à leurs principes, joignent le geste, la démarche et l’action. L'Aquitain Arnaud Daguin qui valorise les superbes produits du pays Basque et encourage l’approvisionnement en filières courtes, inaugure la série ce soir, à 19 h. Si 19 heures, c'est trop tôt, ou si on préfère le son sans les images, on peut aussi ré-écouter avec profit la passionnante émission "On va déguster", consacrée dimanche 14 octobre à "La gastronomie durable !", en compagnie justement d'Arnaud Daguin...

     Cathy Lafon

    A LIRE

    • "Les Moissons du futur, Comment l'agroécologie peut nourrir le monde", de Marie-Monique Robin, éditions La Découverte, 304 pages, 19,50 euros.

    A VOIR

    • Diffusion du documentaire le 16 octobre à 20H50 sur Arte, disponible en DVD à partir du 24 octobre.
    • Diffusion du documentaire :  "Le bonheur est dans l'assiette", du 15 au 19 octobre, Arte, 19 h.

    A ECOUTER

    • "La gastronomie durable !", "On va déguster", France Inter, dimanche 14 octobre 2012 : cliquer ICI

    A SAVOIR

    • Qu'est-ce que l'agroécologie : cliquer ICI
    • Le rapport de l'ONU sur l'agroécologie et le droit à l'alimentation : cliquer ICI