Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

pesticides - Page 45

  • Pesticides : la France assouplit l'interdiction d'épandage aérien

    pesticides,circulaire,autorisation

    Epandage aérien. DR

    Aujourd'hui s'achève la Semaine pour les alternatives aux pesticides, célébrée d'une bien étrange manière par le gouvernement français...

    L'épandage aérien de pesticides est interdit en France, car cette technique présente des risques importants pour la santé et l'environnement. Or, comme le Monde l'a révélé le 24 mars, une circulaire du ministère de l'agriculture en date du 5 mars, publiée discrètement, introduit de nombreuses exceptions à cette interdiction. Intitulé « Liste des produits phytopharmaceutiques autorisés ou en cours d'évaluation pour les traitements par aéronefs », ce texte, « à diffusion limitée », "fournit aux directions régionales et départementales de l'agriculture, aux directions des populations, aux services vétérinaires, la possibilité de délivrer des dérogations pour toute une série de fongicides, herbicides, insecticides destinés à traiter le maïs, le riz, la vigne et les bananiers". Au risque de passer pour un véritable feu vert aux pesticides, et de relancer la guerre pas vraiment éteinte, entre les défenseurs de l'environnement, les cultivateurs bio, les apiculteurs, les populations et les commanditaires de l'épandage.

    Sept pesticides "autorisés"

    La circulaire du 5 mars émane de la direction générale de l'alimentation et donne la liste de sept pesticides « autorisés », dans la mesure où ils ont été évalués par l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation de l'environnement et du travail (Anses) spécifiquement pour être appliqués par voie aérienne. Il s'agit de quatre fongicides, d'un insecticide, d'un herbicide et d'un stimulateur de défenses naturelles utilisés dans la culture des bananes et du riz. Six d'entre-eux sont pourtant officiellement classés "dangereux pour l'environnement" et "nocifs" d'un point de vue toxicologique, comme l'indique le site internet du ministère de l'agriculture. C'est le cas du Sico, du Gardian, du Bion 50 WG, du Mimic LV, de l'Amistar et du Clincher. Paradoxalement, la circulaire prévoit par ailleurs des "conditions de dérogation plus strictes et plus encadrées pour 2012", a précisé le ministère de l'Agriculture à l'AFP : "On ne pourra plus utiliser tous les produits sur le marché mais seulement des produits évalués pour l'usage aérien par l'Anses".

    L'inquiétude des écologistes

    veillerettte.jpgBien évidemment, cette circulaire ne saurait satisfaire les défenseurs de l'environnement, qui n'y voient qu'un contournement du Grenelle de l'environnement et font état de leurs inquiétudes sur les conséquences pour la santé humaine. "On peut prendre tous les principes et dispositions générales qu'on veut dans une loi, mais si on les contourne tout de suite par un système dérogatoire, ça ne va pas du tout",  confie François Veillerette, porte-parole de l’association Générations Futures dans 20 minutes.fr.

    Nous l'avons évoqué à l'occasion de la Journée mondiale de l'eau, le 22 mars, une autre directive du ministère de la Santé, tout aussi discrète (9 décembre 2010), autorise désormais l'eau du robinet à contenir des doses de pesticides en quantité cinq fois supérieures. Cette conjonction de mauvaises nouvelles, véritables coups de couteau portés au Grenelle de l'environnement, semble, hélas, illustrer la phrase lâchée par le président de la Républiqueau Salon de l'agriculture  : " "L'écologie, ça commence à bien faire ! ".

    Cathy Lafon

    LIRE AUSSI

    La France assouplit l'interdiction de pulvériser des pesticides par voie aérienne

  • Journée mondiale de l'eau. Eau et pesticides : amis pour la vie ?

    eau.jpgLe 22 mars est la Journée mondiale de l'eau. Il ne nous échappe pas qu'elle tombe en pleine Semaine d'alternatives aux pesticides...

    Le hasard ferait bien les choses, si nous n'étions avertis de la délicate question de la présence dans nos nappes phréatiques de résidus phythosanitaires... Il ne s'agit nullement de joindre l'utile à l'agréable, mais de constater que de l'eau aux pesticides, il n'y a vraiment qu'un pas.

    Et là, pas de bonne nouvelle pour nous remonter le moral ... Ou si bonne nouvelle il y a, elle n'est qu'apparente. En 2010, le nombre de Français contraints de subir des coupures d'eau en raison d'un taux de pesticides trop élevé s'est effondré. De 34 300 personnes en 2009, on serait passé à 8 939 en 2010. Cela ne saurait mieux tomber, au moment où la France est sérieusement épinglée par Bruxelles, pour la qualité de ses eaux, surchargées en nitrates... 

    Des doses en pesticides en quantité cinq fois supérieures

    veillerettte.jpgLa France serait-elle plus vertueuse, quand il s'agit de réduire la présence des pesticides dans ses eaux, et donc dans son agriculture ? Raté. Il s'agit juste d'un jeu d'écriture, légal au demeurant, de la Direction générale de la santé. C'est ce qu'a découvert François Veillerette, de l'ONG Générations  futures. Grâce à une discrète directive du ministère de la Santé, en date du 9 décembre 2010, désormais l'eau du robinet peut contenir des doses de pesticides en quantité cinq fois supérieures ! "Pour répondre aux exigences dans la lutte contre la pollution de l’eau, soit on met tout en œuvre pour réduire la présence des substances nocives, soit on préfère remonter les taux et prétendre à une amélioration de la situation. C’est un peu comme si on changeait les degrés sur un thermomètre pour faire croire qu’il fait moins chaud.", commente François Veillerette, sur le site internet OWNI.

    eau potable.jpgUn drôle de cocktail

    "Mais c'est pas bon, tout ça !" Pas de panique, internautes de peu de foi  : il faut "relativiser". Ce sont des résidus chimiques qui restent très faibles, selon les experts du ministère de l'Agriculture. Ouf, on a eu chaud. Sauf qu'on ne peut s'empêcher de penser qu'ils se cumulent avec ceux, nettement plus importants, admis dans les fruits et légumes. Dont l'addition des doses admissibles n'a jamais non plus véritablement été prise en compte. Cette remarque frappée au coin du bon sens, constitue d'ailleurs un des thèmes privilégiés de Veillerette et de bon nombre de scientifiques spécialisés dans la question des résidus chimiques présents dans notre alimentation. Comme nous suivons les consignes des "cinq fruits et légumes par jour" : pesticides au petit-déj, pesticides aux repas, bien arrosés d'eau pour faire descendre le tout... Sacré cocktail final pour la santé !

    Pollueurs-pas payeurs

    Une telle "prescription" ne va pas non plus dans le sens du principe "pollueur-payeur", auquel échappe largement déjà l'agriculture française sur l'eau, comme le souligne un rapport du Conseil d'Etat de juin 2010 : "L'eau et son droit". "L'agriculture bénéficie d'une situation historiquement dérogatoire ; elle occasionne des pollutions très importantes, qui contrarient les efforts nationaux d'amélioration de la qualité de l'eau et valent à la France des poursuites et des condamnations répétées par les autorités communautaires", souligne la vénérable institution. Toujours selon le Conseil d'Etat, "les agriculteurs ont en outre été dispensés, de fait, du paiement des redevances de dépollution normalement dues aux agences de l'eau, tout en bénéficiant de leurs aides". Pourtant, et c'est toujours le Conseil d'Etat qui parle, l'agriculture est à l'origine de de 60 % de la pollution par les phosphates, de 70 % de celle par les pesticides et de 75% de celle par les nitrates. Les Français eux paient la double facture : avec leur porte-monnaie, pour les coûts liés à la dépollution, et éventuellement, avec leur santé.

    Je sais pas vous, mais moi, je vais me remettre un petit coup de ce délicieux vin bio, comment s'appelle-t-il déjà... ?

    Cathy Lafon

    LIRE AUSSI

  • Agriculture bio. Après le vin, on a retrouvé la pomme d'Adam et Eve

     pommes malus.jpg

    "Malus sieversii", la pomme originelle du Kazakhstan. DR

    Aujourd'hui s'ouvre la Semaine des alternatives aux pesticides. Même si l'agriculture biologique a progressé depuis l'an dernier, il y a, hélas, peu de chance pour que le tableau des pesticides en France et dans le monde soit plus riant aujourd'hui qu'en 2011. Si l'on est en manque de littérature anxiogène, il suffit de se replonger dans deux livres-enquêtes sur le sujet publiés l'an dernier : "Le livre noir de l'agriculture", d'Isabelle Saporta, et "Notre poison quotidien", de Marie-Monique Robin. Les pratiques et les faits énoncés sont suffisamment effrayants pour qu'on cesse illico de manger quantité de produits agro-alimentaires courants et qu'on saute direct dans la première épicerie bio du coin, en s'efforçant de vider son cerveau de tous les souvenirs liés aux malbouffes passées....

    La pomme originelle comme alternative aux pesticides

    La bonne nouvelle, c'est qu'on a retrouvé, en 2010, la pomme originelle du jardin d'Eden : grand-mère de toutes nos pommes, le fruit tentateur d'Adam pousse dans les montagnes kazakhes. Résistante à toutes les maladies, elle permettrait d'épargner aux pommes de nos supermarchés les 35 pesticides qui les rendent présentables. Mais comment est-elle arrivée jusqu'à nous ? Son histoire est un beau conte de fée de la biodiversité et de la chaine alimentaire, dans lequel nos amis les ours, parfois bien mal accueillis dans nos montagnes locales, jouent le premier rôle.

    La pomme, fruit préféré des Français

    blanche neige.jpgAprès la pomme du péché originel, il y eut la pomme empoisonnée de Blanche-Neige, dans le dessin animé de Walt Disney (1937), la chanson de Maurice Chevalier, "Ma pomme, c'est moi", le "belle pomme, belles dents", né dans les années 70, puis la pomme symbole de la campagne électorale de Jacques Chirac à l'élection présidentielle de 1995, repris par le "Mangez des pommes" des Guignols de l'info, et il y a toujours les pommes d'amour, vendues dans les foires au plaisirs... Autant dire qu'entre les Français et la pomme, c'est une longue histoire. Ils en croquent d'ailleurs 20 kg par personne et par an. 1 580 000 tonnes ont été récoltées en 2010. Le revers de la médaille, est que la pomme détient aussi le record d'être le fruit que reçoit le plus de pesticides et fongicides chaque année, avec en moyenne 26 ou 27 traitements par an  !

    "Dans la peau, il ya les vitamines"

    Pourquoi cet acharnement chimique contre la pomme ? Il s'agit de pousser ses rendements, pour répondre à l'agriculture intensive et parvenir à 70 tonnes de rendement à l'hectare, contre 20 en bio. Les frères Grimm ne se doutaient pas que la belle pomme rouge qui empoisonnait Blanche-Neige en 1812, serait un jour truffée de résidus de pesticides... Pas plus que mon grand-père, dont chaque repas s'achevait rituellement par une pomme, qu'il ne pelait jamais : "Mais pépé, pourquoi tu la pèles pas, ta pomme "? " Parce que c'est dans la peau qu'il y a les vitamines, petite ...". Aujourd'hui, si on veut éviter les résidus des pesticides, c'est 8 mm de fruit qu'il faudrait enlever, et les pesticides pénètrent désormais au coeur du fruit... Alors, les vitamines de pépé...

    Il était une fois, il y a 65 millions d'années...

    Revenons à nos pommiers. Dans la région d'Almaty (qui signifie "riche en pommes"), dans le sud-est du Kazakhstan, aux confins de la Chine, poussent des pommiers sauvages, nés il y a des millions d'années au pied du massif du Tian Shan. En 1929, un biologiste russe avance l’idée que ces pommes seraient les ancêtres de nos pommes modernes. Une hypothèse confirmée récemment en 2010 par des analyses ADN : ces pommiers sauvages sont bien à l’origine des quelque 6000 variétés de pommes existant aujourd’hui. 

    La pomme d'Adam et Eve est le fruit de la gourmandise des ours

    docu pomme.jpgCatherine Peix, documentariste, a sillonné la région avec Aymak Djangaliev, un agronome kazakh qui a fait l'inventaire de la "Malus sieversii", le joli nom de la pomme d'Almaty. Elle a réalisé un film, "L'origine de la pomme ou le jardin d'Eden retrouvé", qui raconte les vergers somptueux de la pomme originelle : des troncs jusqu'à 2m de large, qui montent à 20 ou 30 m, des fruits de toutes les couleurs et de goûts variés. "Pas un seul arbre ne ressemble à son voisin", dit-elle. Bien supérieures aux pommes sauvages, généralement petites et amères, les pommes d'Almaty sont grosses et goûtues, grâce à la sélection des ours. En effet, les pépins de pommes, enfermés dans une enveloppe, ne peuvent devenir graines. Interviennent alors dans l'histoire les ours gourmands, habitants de ces montagnes, qui choisissent les pommes les plus grosses et les plus sucrées... L'enveloppe du pépin se déchire dans leur intestin, et les semences, revenues à la terre, germent et croissent par milliers, résistant naturellement, grâce à leur diversité génétique, aux maladies et aux attaques des insectes.

    Des pommes sauvages pour une arboriculture sans pesticides

    malus en fleur.jpgL'avenir bio de nos pommes pourrait donc passer par ces pommiers, venus directement du passé, et rendre grâce aux ours du Kazakhstan. Par croisements de nos espèces actuelles avec le matériel génétique de ces pommiers sauvages, on peut en effet imaginer créer des pommes naturellement protégées des maladies et des insectes. La "Malus sieversii" (en fleurs, photo ci-contre) détient peut-être ainsi en elle les solutions pour une arboriculture sans pesticides... Encore faut-il que ces pommiers sauvages, trésors de biodiversité, soient sauvegardés : comme le petit jardin de Jacques Dutronc, ces véritables jardins d’Eden sont en effet menacés par l’urbanisation galopante, l'indifférence des autorités locales et par la déforestation massive, qui auraient déjà dévasté 70% des pommiers. Un nouveau trésor de la biodiversité en péril ?  Incroyable, mais vrai...

    Sauver la pomme du paradis

    expo.jpgPréserver la "Malus sieversii", c’est le cheval de bataille de l’association Alma, créée il y a deux ans, dont l'exposition à Paris sur "L'origine de la pomme" s'est terminée le 5 mars. On pouvait y voir le film de Catherine Peix, "L'origine de la pomme ou le jardin d'Eden retrouvé" (Kri-Kor films). La communauté scientifique mondiale s'intéresse fortement à la "Malus sieversii" : actuellement, une université américaine (Geneva, près de New York) dispose d'une collection de semences, issues de 900 arbres différents de la région d'Almaty, et un pommier issu de la recherche sur la "Malus sieversii" a été planté à l'école du Breuil, dans le bois de Vincennes à la lisière de Paris. Enfin, l'Inra (Institut national de la recherche agronomique) s'est saisie du sujet.

    Adam et Eve avaient décidément bon goût...  Croquer la pomme en buvant un bon vin bio : c'est bien le paradis sur terre ! 

     Cathy Lafon

    EN SAVOIR PLUS

    LIRE AUSSI