Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

pesticides - Page 39

  • Biodiversité : mais où sont donc passés les papillons ?

     papillon.jpg

    Photo Nicolas Le Lièvre archives Sud Ouest

    "Oh ! Regarde, un papillon !" Voir un papillon voleter gracieusement est toujours un vrai cadeau de la nature. Pour les urbains, la surprise se mêle de plus en plus à l'émerveillement, dû à l'impression de rareté croissante du phénomène. Pourra-t-on longtemps encore partir à la chasse aux papillons, avec Georges Brassens et Diane Dufresnes ? Pas sûr...

    Pour une fois, la rareté n'est pas qu'une impression : un papillon de prairie sur deux a réellement disparu ces 20 dernières années en Europe. C'est le dramatique constat que fait un rapport de l'Agence européenne de l'environnement (AEE) publié le 23 juillet. Un déclin dû à l'agriculture intensive et au recul de la surface des prairies, qui doit  "déclencher la sonnette d'alarme" sur l'état de la biodiversité en Europe, selon l'AEE. 

     papillons prairies.jpgL'étude de l'AEE, qui porte sur l'évolution de dix-sept espèces de papillons de prairie recensées dans dix-neuf pays entre 1990 et 2011, montre le déclin de huit d'entre elles (dont l'Argus bleu).  Deux sont restées stables (comme l'Aurore). Pour huit espèces, comme l'Hespérie du chiendent, la tendance est "incertaine".

    Pour la biodiversité, c'est grave

    Les insectes lépidoptères, ou papillons, ne sont pas seulement de jolies choses posées là par Dame Nature pour agrémenter le paysage. Leur déclin n'est pas sans conséquence sur l'avenir de la biodiversité. Les papillons "sont des indicateurs représentatifs des tendances observées pour la plupart des autres insectes", et donc de "la biodiversité et de la santé générale des écosystèmes", précise l'AEE. Son président ajoute : "Nous devons reconnaître l'importance de ces papillons et d'autres insectes ; la pollinisation qu'ils réalisent est essentielle pour les écosystèmes naturels et l'agriculture."

    damier du frêne alerte rouge.jpegEn France aussi : 22 espèces de papillons sur 28 déclinent

    Le constat de l'AEE s'appuie pour l'essentiel sur les réseaux de naturalistes, mais également sur les nombreux observatoires alimentés par des amoureux de la nature partout en Europe. En France, c'est l'Observatoire de la biodiversité des jardins qui compte les papillons, les bourdons et les escargots depuis 2006. Piloté par l'association Noé Conservation, en partenariat avec le Muséum national d'histoire naturelle, il confirme la tendance européenne, même si les données diffèrent parfois légèrement selon les espèces.

    Selon l'Observatoire de la biodiversité, sur 28 espèces et groupes d'espèces de papillons observés en France, on note une tendance à la baisse pour 22 d'entre eux. C'est le cas de du damier du frêne (photo ci-dessus), de l'amaryllis, de la belle-dame, du vulcain, du machaon... Cinq autres sont stables (le citron, le lycène bleu...) et enfin un seul tire son épingle du jeu : l'aurore.

    Les pesticides au premier rang des responsables

    Responsables de ces extinctions : l'agriculture intensive, avec l'usage des pesticides et autres phytosanitaires, l'artificialisation des sols, l'abandon de terres dans des régions montagneuses, principalement dans le sud et l'ouest de l'Europe, où peu à peu les prairies se muent en broussaille ou en bois. Et enfin, pour les papillons de nuit qu'on a tendance à oublier, la pollution lumineuse, qui fait des ravages dans leurs rangs. Moins beaux, mais tout aussi indispensables à la biodiversité, ils sont bien plus nombreux que leurs cousins diurnes.

    Cathy Lafon

    LE SAVIEZ-VOUS ?

    • Avec 165.000 espèces décrites, les papillons représentent environ 10 % des espèces animales connues au monde. Agents pollinisateurs, proies pour les oiseaux, les batraciens ou les chauves-souris, les 5;200 espèces de papillons (papillons de jour et papillons de nuit) de France jouent un rôle important dans le bon fonctionnement de la nature.

    PLUS D'INFO

  • Planète vidéo : "Notre poison quotidien" sur Arte, le 16 juillet

    MARIE MONIQUE ROBIN POISON QUOTIDIEN.jpg

    "Notre poison quotidien", le documentaire choc de Marie-Monique Robin DR

    Comment l'industrie chimique empoisonne nos assiettes : c'est le thème de l'enquête documentaire magistrale, implacable et un poil effrayante qu'a menée Marie-Monique Robin durant deux ans. A voir ou a revoir sur Arte, jeudi 16 juillet, à 20 h 50.

    pesticides,phytosanitaires,bisphénol a,chimie,maladie,cancer,maladie professionnel,viticulture,marie-monique robinLa baffe

    La journaliste engagée, réalisatrice du "Monde selon Monsanto", remonte aux sources historique de la fabrication industrielle et de l'usage par l'agriculture des pesticides et établit un lien entre l'augmentation actuelle des cancers et la pollution chimique, du champ du paysan à nos assiettes. Alors, oui, "Notre poison quotidien", c'est la baffe, la première fois qu'on le voit. On ne regarde plus ce qu'on a dans l'assiette de la même façon. On compte frénétiquement toutes les pommes à la peau farcie de résidus de pesticides qu'on a pu croquer (sans les peler, malheureuse !). On fonce dans la première épicerie bio venue et on se jette au cou des agriculteurs bio pour les remercier de leur engagement dans une agriculture saine. Le stress. Mais il faut absolument l'avoir vu.

    Cent mille molécules chimiques dans l'environnement

    Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, après la reconversion des industries de l'armement dans le secteur chimique, cent mille molécules chimiques ont envahi l'environnement, et plus particulièrement l'alimentation. Des résidus de pesticides subsistent sur les fruits et légumes, des additifs alimentaires sont intégrés dans les plats préparés, et les emballages en plastique sont monnaie courante.  Parallèlement, au cours des trente dernières années, les cancers, les maladies neurologiques telles que Parkinson ou Alzheimer, et les troubles de la reproduction ont considérablement augmenté dans les pays développés. Existe-t-il un lien entre cette inquiétante évolution et le déferlement des substances chimiques dans nos assiettes ?

    robin317.jpgUn prix Albert Londres en quête de vérité

    Deux ans durant, Marie-Monique Robin, prix Albert Londres 1995, a parcouru l'Amérique du Nord, l'Asie et l'Europe pour tenter de répondre à la question, en mettant à jour les mécanismes d'évaluation, de réglementation et d'homologation des produits chimiques. Munie d'études épidémiologiques et de témoignages de chercheurs respectés et indépendants qui mettent en garde contre la toxicité de certaines substances, la journaliste est allée à la rencontre de représentants des agences de réglementation, comme la Food and Drug Administration (FDA) et l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), pour tester la fiabilité des garde-fous mis en place à la fin des années 1950. Pesticides, aspartame, bisphénol A : le constat sur les dangers de la production alimentaire est accablant. Au terme de cette démonstration imparable, la réalisatrice explore les pistes pour tenter d'enrayer cette "épidémie" de cancers...

    Le documentaire sérieux et courageux de Marie-Monique Robin a été violemment critiqué à sa sortie par les lobbys de l'industrie agroalimentaire et de l'agriculture conventionnelle. Plusieurs études scientifiques publiées depuis mettent en évidence le danger des pesticides pour la santé humaine, notamment pour les travailleurs de la vigne, et tendent, hélas pour notre santé, à lui donner raison.

    Cathy Lafon

    • "Notre poison quotidien", c'est où, c'est quand ? La coproduction d'Arte France et INA (2010), diffusée une première fois le 15 mars 2011,  est à voir mardi 16 juillet 2013 à 20h50.  Rediffusion jeudi 18 juillet à 8h55 et lundi 22 juillet à 9h00.
    D'AUTRES LIVRES ET  DOCUMENTAIRES DE MARIE-MONIQUE ROBIN
    • Reportage "Japon : terres souillées", de Marie-Monique Robin,  diffusé samedi 1er décembre à 18h35 sur Arte. 
    • "Les Moissons du futur", dont la version écrite est paru 11 octobre et dont la version filmée a été diffusée le 16 octobre 2012 sur Arte, clôt la trilogie "alimentaire" de l'auteur du "Monde selon Monsanto" (2008) et "Notre poison quotidien" (2010). 
    • "Les Moissons du futur, Comment l'agroécologie peut nourrir le monde", de Marie-Monique Robin, éditions La Découverte, 304 pages, 19,50 euros.

    PLUS D'INFO

  • Pesticides : trois viticulteurs girondins renoncent aux épandages aériens

    viticulture,pesticides,epandage aérien,loi

    Epandage aérien dans les vignes Photo archives DR

    Alors qu'une étude de l'Inserm a récemment confirmé la nocivité des pesticides sur la santé humaine et malgré l'interdiction en France des épandages aériens de produits phytosanitaires, la Préfecture de la Gironde venait d'accorder, lundi 27 juin, des dérogations à trois viticulteurs girondins. A titre exceptionnel, pour une période qui courait jusqu'au 28 juin. Ces derniers y ont renoncé : on ne peut que s'en féliciter.

    viticulture,pesticides,epandage aérien,loiLes pesticides responsables de cancers et de maladies neurologiques

    Les résultats d'un important rapport d'expertise collective de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), menée sur l'ensemble des connaissances internationales actuelles concernant les expositions professionnelles et les expositions précoces (fœtus et jeunes enfants) a conclu en effet, le 13 juin dernier, aux dangers pour la santé humaine des phytosanitaires. Parmi les premières victimes en France, les agriculteurs, au premier rang desquels les travailleurs de la vigne, tout particulièrement exposés et très concernés dans la région en Charente et dans le Bordelais. C'est ce qu'a montré l'étude APAChe : Analyse de Pesticides Agricoles dans les CHEveux, publiée en février dernier et menée en collaboration avec Marie-Lys Bibeyran, la soeur d'un salarié viticole en Médoc (photo ci-dessus) décédé d'un cancer en 2009 . La vigne à elle seule, utilise 20% des pesticides consommés en France !

    vigne grappe.jpgDes dérogations légales...

    Motif des dérogations pour ces épandages aériens : les conditions météo particulièrement défavorables, avec des pluies abondantes qui éprouvent la vigne et le risque de développement du mildiou et de l'oïdium. Les chateaux concernés : Grand Corbin d'Espagne, à Saint-Emilion, le château Ripeau sur la même commune et enfin, le domaine de Chevalier à Léognan. Pour aussi regrettables soient-elles d'un point de vue écologique et sanitaire, ces dérogations sont parfaitement légales, le législateur en interdisant l'épandage aérien les a en effet prévues, "dès lors que les circonstances et l'urgence le justifient".

    ... mais paradoxales

    On est cependant en droit de s'étonner du paradoxe d'une loi qui autorise en même temps qu'elle interdit. Car alors, pourquoi interdire ? Et de regretter que la santé de la vigne et des raisins puisse passer (même exceptionnellement) avant celle des hommes qui y travaillent et/ou qui boiront le vin ainsi produit. En remarquant aussi que, s'il s'agit de sauver une économie en péril, les producteurs de vins bio, issus d'une viticulture aux méthodes durables comme la biodynamie qui n'utilise aucun produit phytosanitaire, souffrent tout autant des mêmes conditions météo... et sont soumis au même péril économique. Auront-ils droit à une mesure de soutien "exceptionnelle" et "naturelle", et si oui, laquelle ?

    Les écolos vent-debout

    Les élus écologistes d'Aquitaine sont montés dès hier au créneau, rappelant dans un communiqué que, selon l’article 10 de l’Arrêté du 31 mai 2011 relatif aux conditions d'épandage des produits mentionnés à l'article L. 253-1 du code rural et de la pêche maritime par voie aérienne," le donneur d'ordre  doit porter au préalable à la connaissance du public la réalisation d'un épandage aérien au plus tard 48 heures avant le traitement, et notamment demander l'affichage en mairie de ces informations".  En soulignant qu'une mission commune d'information du Sénat sur les pesticides et leur impact sur la santé, impliquant des sénateurs représentant tous les groupes politiques avait  rendu un avis le 10 octobre dernier recommandant de "mettre fin aux dérogations à l'interdiction d'épandage aérien des pesticides".

    viticulture,pesticides,epandage aérien,loiLes trois châteaux ont annoncé avoir renoncé à ce traitement pour leurs vignes

    Ces trois châteaux autorisés de façon dérogatoire à faire de l'épandage par hélicoptère jusqu'au 28 juin inclus ont indiqué dès hier matin qu'ils n'utiliseraient finalement pas la voie aérienne pour traiter leurs vignes. Au domaine de Chevalier, on a indiqué que l’autorisation n'est pas encore officiellement parvenue et qu'elle entraîne une obligation d'affichage pendant quarante huit heures à la mairie avant de pouvoir effectuer ces épandages. Ce qui serait trop tard pour empêcher le développement des maladies. A Grand Corbin Despagne et à Ripeau c'est l'annonce d'une météo plus clémente qui a conduit à envisager d'autres solutions.  On les en remercie en espérant pour eux que les conditions climatiques deviennent plus favorables.

    Que des dérogations pour des épandages aériens soient accordées une dizaine de jours après la publication de l'Inserm dans une zone agricole et viticole aussi sensible que la Gironde, aurait été pour le moins choquant. Que les châteaux concernés aient renoncé à y recourir est une bonne chose pour la santé et la qualité de l'environnement. Cela ne résout cependant pas la question d'une loi qui se contredit elle-même.

    Cathy Lafon

    LIRE AUSSI

    PLUS D'INFO