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Viticulture - Page 29

  • Réchauffement climatique : la carte mondiale des vins redessinée

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    En 2100, les dates des vendanges seront-elles fixées en août ou en juillet ? Vendanges à l'ancienne, photo archives Sud Ouest/Pauline Pierri

    Le changement climatique frappe à notre porte.  Ma Planète se penche durant cinq jours sur la situation du réchauffement climatique, les enjeux, les conséquences et la perception que nous en avons. Aujourd'hui, tour d'horizon local et planétaire des nouveaux vins à venir.

    vignes.jpgNouveau climat, nouveaux vins

    Nous sommes en 2050. Les orangers poussent-ils enfin en Irlande ? Les amateurs de vin peuvent-ils s'offrir des caisses d'un cru de Suède ? Deux questions pas aussi délirantes qu'il pourrait y paraître aujourd'hui. Ils ne savent pas pour les oranges, mais en tout cas, pour le vin, les experts en oenologie et climatologie voient le changement climatique en cours redessiner la carte mondiale des vignobles. Une belle perspective pour des pays qui, jusque là, ne pouvaient pas cultiver la vigne. Mais aussi une source d'inquiétude pour les régions viticoles traditionnelles qui, elles, sont sous la menace de l'augmentation des températures et de sécheresses prolongées.

    Le changement climatique modifie déjà la nature des vins

    Les climatologues travaillant avec l'industrie du vin prédisent, comme les experts du Giec, que les températures vont augmenter de deux degrés Celsius d'ici 2050. Il y aura aussi plus de phénomènes climatiques extrêmes. Or, le stress hydrique, les changements brutaux de températures, les averses inopportunes et le gel sont quelques-unes des variables ayant un profond impact sur l'équilibre des sucres et de l'acidité, la maturité des tanins et la palette des arômes du vin. Ainsi, certains vins blancs, autrefois renommés comme vifs et délicats, deviennent plus gras avec des notes florales, de même que les vins rouges de structure moyenne se sont transformés en bombes fruitées, riches et concentrées.

    Optimisme

    Pour certains chercheurs en oenologie comme Fernando Zamora, professeur à l'université espagnole Rovira i Virgili de Tarragone, il n'y a cependant pas lieu d'être alarmiste. Membre d'un programme international sur le changement climatique dans les forêts et l'agriculture (ACCAF) piloté par l'INRA, l'institut national de recherche agronomique, le spécialiste choisit le "camp des optimistes", "il y aura toujours des vignobles dans les régions traditionnelles, mais il faut qu'elles réfléchissent à de nouvelles stratégies", assurait-il à l'AFP en avril dernier.

    vin chaleur.jpgA la grande loterie du réchauffement climatique, il y a les gagnants...

    "En Allemagne on commence à faire des vins élégants dans des endroits où par le passé cela était excessivement difficile" et "au Danemark on commence déjà à produire du vin", souligne le chercheur. La Tasmanie, certaines régions de Nouvelle-Zélande, le sud du Chili, l'Ontario et d'autres régions du Canada ainsi que l'Angleterre, la Moselle et la région du Rhin en Allemagne sont quelques-uns des territoires qui pourraient tirer profit du changement climatique.

    ... et aussi les perdants

    En Alsace, le changement climatique est déjà un problème car il transforme le profil aromatique et l'équilibre des sucres et des acidités. A l'inverse dans le Beaujolais, un climat plus chaud augmente la qualité du vin alors que les vignerons étaient autrefois contraints d'ajouter du sucre pour soutenir les niveaux d'alcool dans ses vins rouges de table. Dans le Languedoc, un temps plus chaud et plus sec produit des vins plus robustes avec une teneur en alcool plus élevée. Les vignerons ont d'ailleurs déjà commencé à s'adapter en plantant des vignes plus en altitude et sur des sols différents. Une autre solution est de changer de variété de raisin en se tournant vers des variétés indigènes adaptées à des climats chauds tels la Sicile, la Grèce, l'Espagne ou le Portugal.

    le treut aquitaine.jpgL'avenir des viticulteurs bordelais

    En Aquitaine, le rapport piloté par Hervé Le Treut en 2013, "Prévoir pour agir : la région Aquitaine anticipe le réchauffement climatique", avertit : si les effets du changement climatique ne seront pas toujours spectaculaires, ils devraient considérablement modifier le secteur agricole. Les paysages du sud-ouest, des Landes aux vignobles bordelais, pourraient même en être bouleversés. La région subit en effet un réchauffement depuis 1850 plus important que la moyenne européenne : + 1,2°C contre + 1°C. Les effets commencent déjà à s’en faire sentir.  En vingt ans, l’augmentation des températures, associée à des pratiques culturales particulières, a vu la date de maturité du raisin avancer en moyenne de quinze à vingt jours, avec d'ailleurs une amélioration significative de la qualité des vins produits.

    vendanges.jpgDes vendanges avancées de 40 jours en 2100

    Mais, si comme le prévoient les modèles scientifiques, les températures dépassent fréquemment les 35°C d’ici la fin du siècle, le nectar bordelais pourrait devenir beaucoup trop alcoolisé et pas assez acide. Selon le rapport de Hervé Le Treut, "les simulations du projet CLIMATOR de l'Agence nationale de la recherche (ANR) pour la vigne permettent d'envisager pour le cépage Merlot à Bordeaux, une avancée de la date de floraison et de la date des vendanges d'environ 40 jours, d'ici à 2100".  Il faudra vraisemblablement alors changer de méthodes de culture, changer de variété de raisin, mais aussi peut-être déplacer les vignobles vers des zones plus fraiches, en particulier vers des coteaux orientés au nord.

    Les régions viticoles actuelles ne pourront pas continuer à faire pousser les mêmes variétés de raisin et à faire les mêmes styles de vins : la viticulture n'échappera pas à la nécessité de s'adapter au réchauffement climatique.

    Cathy Lafon

    PLUS D'INFO

    • CLIMATOR est un programme de recherche financé par l'Agence Nationale de la Recherche (ANR), dans le cadre du programme Vulnérabilité, Milieux et Climat (VMC) : cliquer ICI 

    LIRE AUSSI

    • Les articles de Ma Planète sur le réchauffement climatique : cliquer ICI
  • OGM et pesticides : sale temps pour le miel et les abeilles

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    Apiculteurs au travail dans une école d'apiculture en Dordogne. Photo archives Sud Ouest

    Mauvaises nouvelles en série pour les abeilles. Au moment où les apiculteurs accusent une chute de production de miel en 2013 et doivent batailler pour obtenir le durcissement des restrictions des pesticides afin de stopper la mortalité des abeilles, le parlement européen a rejeté, le 15 janvier, une résolution rendant obligatoire l’étiquetage du pollen OGM contenu dans le miel.

    miel fabrication.jpg"A quoi bon labelliser le miel OGM ?", se demande l'Europe

    Alors qu'ils viennent de s'opposer à l’autorisation d’un nouveau maïs génétiquement modifié dans l'Union européenne, et qu'ils se proposent d'interdire l'utilisation de certains pesticides nuisibles aux abeilles, les eurodéputés sont allés à l’encontre de la Cour de justice européenne pour autoriser désormais les apiculteurs à ne pas labelliser leur produit OGM. La raison de ce paradoxe serait qu'ils considèrent le pollen comme "constituant naturel du miel et non comme ingrédient". En effet, justifie la rapporteuse du texte, Julie Girling, "seul le contenu génétiquement modifié dépassant 0,9% du produit doit être mentionné sur l’étiquette. Etant donné que le pollen n’est présent qu’à hauteur de 0,5% environ dans le miel, il ne dépassera jamais le seuil qui nécessiterait son étiquetage". Un argument que le Tartuffe de Molière n'aurait pas renié.

    rayon miel.jpgFavoriser les importations de miel

    Plus de 40% du miel consommé en Europe est importé. Il provient principalement des pays d’Amérique latine, Mexique et Argentine, où prospèrent les cultures OGM. En allant à l’encontre de la Cour de justice européenne, les eurodéputés ont satisfait les producteurs de ces pays exportateurs pour qui cette mesure aurait menacé l’approvisionnement en miel de l’Union Européenne.

    La décision européenne ne satisfait ni les associations de protection de l’environnement ni le groupe européen des Verts qui déplore un arbitrage qui "protège les OGM" aux dépens des consommateurs, ni les apiculteurs français. Et encore moins les abeilles.

    miel.jpgMais où est donc passé tout le miel ?

    En 2013, 16.000 tonnes de miel ont été récoltées en France, des chiffres bien inférieurs à ceux de 2012, où la filière apicole ne produisait déjà plus que 45% de la consommation nationale de miel, estimée à 40.000 tonnes, contre 64% en 2004, selon FranceAgrimer. La diminution du miel va de pair avec celle des petites ouvrières qui le fabriquent :  de 2004 à 2013, le nombre de ruches a diminué de 20%. En cause : les attaques de frelons asiatiques et surtout les pesticides, responsables de la surmortalité des colonies d'abeilles.

    le foll.jpgLe bras de fer sur les pesticides

    Lors du dernier Comité Stratégique pour l'Apiculture du 17 décembre 2013, cinq organisations apicoles (Confédération Paysanne, Fédération Française des Apiculteurs Professionnels, Fédération Nationale des Organisations Sanitaires Apicoles Départementales, Union Nationale de l'Apiculture Française et Syndicat National de l'Apiculture ) ont claqué la porte. Irrités par "l'incohérence des propositions du plan de développement durable de l'apiculture proposé" par Stéphane Le Foll, Ministre de l'Agriculture, les apiculteurs réclament dans un communiqué de presse du 20 janvier, qu'avant toute initiative visant à développer la filière apicole, l'Etat prenne la décision politique d'interdire l'utilisation des néonicotinoïdes. Ils dénoncent aussi  le récent avis favorable de la France à l'utilisation européenne du thiaméthoxame, un pesticide utilisé notamment dans la vigne, jugé hautement toxique par les producteurs de miel. 

    Les abeilles... et les hommes

    En clair : pour les apiculteurs, le gouvernement doit s'engager clairement à réduire les  pesticides pour stopper la mortalité continue des abeilles. Et donc, tout mettre en œuvre pour réduire l'utilisation et la toxicité des phytosanitaires, qui, argumentent-ils, "impactent en permanence les abeilles, les insectes, les oiseaux, l'air, l'eau, les poissons... et l'homme, bien entendu".

    Cathy Lafon

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  • Maladies chroniques: André Cicolella lance l'alerte dans le livre "Toxique Planète"

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    André Cicolella, photo archives Sud Ouest/Stéphane Lartigue

    couv toxique planète.jpgAndré Cicolella, le président du Réseau environnement santé, présente aujourd'hui en Gironde son dernier ouvrage, "Toxique Planète, le scandale invisible des maladies chroniques", publié aux éditions du Seuil.

    Deux rencontres sont prévues avec le toxicologue à l'origine de l'interdiction du bisphénol A dans les biberons et les contenants alimentaires, de l'interdiction du trichloréthylène dans les pressings ou de la prise de conscience des effets de l'aspartame. La première à 15h00 à la librairie La Machine à lire, à Bordeaux, la seconde à 19h30 à Libourne, au Grand Café de l'Orient, pour un débat avec Caroline Chenet-Lis, agricultrice à Saujon, Charente Maritime et vice-présidente de l’Association Phyto-victimes, dont le mari est décédé à cause de l'emploi de pesticides.

    pollution,maladie,fertilité,edition,rencontre,andré cicolellaLa progression exponentielle des maladies chroniques et des cancers en France

    Aujourd’hui, selon le chercheur, deux décès sur trois dans le monde sont le fait des maladies chroniques : maladies cardio-vasculaires ou respiratoires, cancers, diabète... En France, ces maladies progressent quatre à cinq fois plus vite que le changement démographique. Les cancers déferlent : 1.000 nouveaux cas surgissent toutes les vingt-quatre heures en France. Une progression de 89% entre 1980 et 2006. Le cancer touche un homme sur deux et deux femmes sur cinq et les coûts générés font imploser les systèmes de santé. En 2015, 70% des dépenses de la Sécurité sociale iront à la prise en charge de ces maladies chronique, non transmissibles, qui continuent leur irrésistible progression.

    cancersein.jpgHalte aux idées reçues

    Dans son dernier livre, André Cicolella lance l'alerte. Ces maladies chroniques en expansion ne sont ni un simple effet du vieillissement, ni une fatalité : notre environnement moderne est en cause. Des milliers de molécules chimiques l’ont contaminé mais aussi la malbouffe, la sédentarité, la pollution urbaine, le travail précaire et stressant et les inégalités au Nord comme au Sud. Durant quarante ans, le toxicologue a récolté et analysé des monceaux de données statistiques. Ce qui lui permet de battre en brèche bon nombre d'idées reçues. L'augmentation des maladies comme les cancers n'est pas due au seul vieillissement de la population. Au contraire, le cancer du sein, par exemple, touche des femmes de plus en plus jeunes. De même, les Français ne sont pas tous égaux devant le risque de la maladie. Selon les régions et les départements où l'on habite, on est plus ou moins exposés à telle ou telle pathologie.

    pesticides vignes épandage.jpgLa pollution de notre environnement est en cause

    Si tel est le cas, c'est bien parce que le contexte environnemental, selon André Cicollela, serait à l'origine de plus de 50 % des cancers constatés. Les émissions toxiques d'origine agricole, avec l'usage des pesticides notamment, les pollutions industrielles ou urbaines, souvent invisibles, avec les particules fines émises par les moteurs diesel, varient fortement d'une région à l'autre. Ce qui expliquerait pourquoi, par exemple, dans les départements agricoles et viticoles, les taux de certains cancers sont supérieurs à la moyenne nationale : en Aquitaine, le chercheur note ainsi une grande prévalence des cancers et surtout des tumeurs cérébrales, sans doute due aux pesticides. Mais aussi pourquoi, les maladies respiratoires sont en expansion dans les grandes zones urbaines. Ou encore pourquoi l'infertilité en France augmente à la vitesse grand V : 14 % des couples ne pouvaient concevoir après douze mois sans contraception en 1991, ils sont aujourd'hui de 18 % à 24 %. Selon une étude française publiée en 2012, la diminution du nombre de spermatozoïdes pour un homme de 35 ans a baissé de 32,2% de 1989 à 2005...

    Pour l'économie et notre bien-être

    La médecine sous nos latitudes soigne de mieux en mieux, et c'est tant mieux. Mais à l'heure où l'on tente à tout prix de préserver notre système de santé et de sauver l'Assurance-maladie, plutôt que de réduire les dépenses en dé-remboursant tel ou tel médicament ou de sabrer dans les financements de l'hôpital, ne vaudrait-il pas mieux s'attaquer aux causes de ce qui constitue une véritable "catastrophe sanitaire" ? 83% des dépenses remboursées par l'Assurance-maladie sont attribués aujourd'hui aux maladies chroniques, rappelle André Cicollela, pour qui la question est aussi économique.

    "Toxique planète" met en garde la société française : il est plus que temps de réagir en luttant efficacement contre la pollution chimique généralisée. Pour notre santé, notre bien-être et aussi la Sécu.

    Cathy Lafon

    PRATIQUE Rencontre-décidace avec André Cicolella à 15h00 à la librairie La Machine à lire, à Bordeaux. Réunion publique et débat avec Caroline Chenet-Lis, vice-présidente de l'association Phyto-victimes et élue à la chambre d'agriculture, Dominique Técher viticulteur Bio, vice-président de l’Association Agrobio 33 et François Dupont, animateur EELV Aquitaine, Commission Santé et Environnement, Commission Europe, à 19h30 à Libourne, au Grand Café de l'Orient. 

    LE LIVRE "Toxique planète, le scandale invisible des maladies chroniques", Le Seuil, collection Anthropocène, 19€.

    L'AUTEUR André Cicolella est chimiste, toxicologue, conseiller scientifique à l'Institut national de l'Environnement et des Risques (INERIS) et enseignant à l'École des affaires internationales de Sciences Po Paris. Il est cofondateur et président du Réseau environnement santé  qui est à l'origine de l'interdiction du bisphénol A dans les biberons et les contenants alimentaires, de l'interdiction du trichloréthylène dans les pressings ou de la prise de conscience des effets de l'aspartame.  Premier président de la Fondation Sciences Citoyennes, il a déjà publié notamment "Alertes Santé" (Fayard, 2005) et  "Le défi des épidémies modernes " (La Découverte, 2007).

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