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Viticulture - Page 28

  • Viticulture : l'escargot, l'arme fatale écolo contre le mildiou

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    Feuille de vigne marquée par le mildiou. Photo archives Sud Ouest/Emilie Drouinaud

    Les alternatives aux pesticides existent. Un remède miracle et écologique contre le mildiou vient d'être découverte par des scientifiques du CNRS : une protéine présente dans les oeufs de l'escargot Biomphalaria glabrata, qui vit dans les eaux douces des tropiques.

    Le mildiou, fléau de l'agriculture

    vigne pluie.jpgPlaie du viticulteur, de l'agriculteur et du jardinier, le mildiou est une maladie répandue dans le monde entier,  causée par des micro-organismes de la famille des oocmycètes, qui ravage notamment la vigne. Le mildiou de la vigne, originaire d'Amérique du Nord, fut signalé pour la première fois dans le Bordelais en 1879. Il se développe sur tous les organes herbacés de la vigne et affectionne particulièrement ceux qui sont en voie de croissance et riches en eau. Pour le contrer, les viticulteurs conventionnels utilisent des pesticides,  produits chimiques polluants et toxiques pour la santé humaine. Les bio peuvent recourir à la bouillie bordelaise, mélange de cuivre et de soufre, qui fait partie des produits autorisés en agriculture biologique mais dans certaines limites. Plus naturelle, la bouillie bordelaise n'est pas "propre" à 100%.

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    Cet escargot particulier qu'est le Biomphalaria glabrata (photo INRA ci-contre) est étudié par les chercheurs, car il est un vecteur d'une maladie parasitaire des zones tropicales (la bilharziose). Une protéine secrétée par le mollusque, qui constitue 60% des protéines du gel protecteur de ses oeufs, a des propriétés antibactériennes bien connue des scientifiques. D'où l'idée qu'a eue une équipe de scientifiques de l’Institut Sophia Agrobiotech, de la tester in vitro sur des oomycètes responsables du mildiou qui ravage notamment la vigne. C'était bien vu : ils n'y résistent pas.

    Solution écologique

    La protéine d’escargot pourrait donc représenter une alternative écologique aux pesticides. D’autant plus qu'elle est biodégradable, ce qui constitue un avantage environnemental supplémentaire.  L'enjeu économique de la découverte est, on s'en doute, énorme. Aussi, l'Inra a déposé un brevet  qui couvre l’utilisation de protéines de la même famille que celle produite par les escargots d’eau douce pour lutter contre les maladies à oomycètes.

    Pas question toutefois de trouver pour l'instant le produit miracle tout prêt à utiliser pour soigner la vigne. Il faut encore trouver la formulation qui permettra de tester l'efficacité de la protéine dans des conditions réelles. A suivre.

    Cathy Lafon

    CONTACTS SCIENTIFIQUES

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  • Gironde : à Pessac, l'entreprise "Jade" va lancer un désherbant à base de colza

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    "Jade" va commercialiser un herbicide naturel pour désherber les cultures viticoles et agricoles. Photo archives  Sud Ouest/ Jean-Louis Borredon

    Les alternatives aux pesticides existent. A l'occasion du Salon de l'agriculture, le ministère de l'Agriculture a fait savoir qu'il voulait sortir de sa confidentialité le secteur de la protection biologique des plantes dont la filière vise 20.000 emplois dans les quatre ans. En Gironde, une société, "Jade", se prépare à commercialiser un  désherbant naturel produit à base de colza.

    La "protection biologique" des plantes, késako ?

    La protection biologique des cultures, ou bio-contrôle, recouvre les alternatives à la chimie de synthèse, autrement dit, aux pesticides. C'est un secteur économique prometteur. Aujourd'hui, elle compte une cinquantaine de PME, 4.000 emplois et son chiffre d'affaires est évalué entre 100 et 150 millions d'euros. Promise à un beau développement, puisque la France s'engage à réduire l'utilisation des pesticides, sa croissance atteint 15 % à 20 % par an.

    Nom de code : VVH86086

    En juin 2013, le groupe Alidad Invest, installé à Mérignac (Gironde), se préparait à commercialiser prochainement un produit de bio-contrôle alternatif aux herbicides chimiques, non sélectif, défanant, dessiccant et anti mousse (surfaces dures). Nom de code de ce nouvel herbicide : VVH 86086. Aidé par Oséo et le Conseil régional d'Aquitaine, l'entreprise a créé une nouvelle société, baptisée "Jade" chargée de la vente au monde agricole, basée à Pessac.

    Assurer une productivité agricole bio et durable en protégeant les agriculteurs

    Dans le cadre de la réduction des pesticides voulue par le gouvernement et du développement de l’agriculture biologique qui va avec, le VVH 86086 s’inscrit dans une démarche de réduction de l’impact des activités agricoles sur l’environnement. Son objectif est de permettre à ses utilisateurs d’assurer la productivité de leur exploitation, en assurant une gestion durable des espaces verts. Tout en leur garantissant confort, propreté et sécurité pour l'applicateur, le consommateur et l'environnement. D’origine végétale, la substance active est extraite d’un processus naturel qui n’inclue pas de produit chimique. La molécule utilisée est très facilement biodégradable et après de nombreux tests sur vignes comme sur pommes de terre, aucun résidu n’a été retrouvé dans les produits. C’est pourquoi Alidad revendique pour VVH 86086 l'éligibilité au label "utilisable en agriculture biologique".

    Comment ça marche ?

    La particularité de VVH 86086 est qu’il ne tue pas l’herbe, il ralentit sa pousse. C’est d'ailleurs une des raisons pour laquelle l’efficacité du produit doit tenir compte des aléas climatiques. Alors qu’un seul passage peut suffire pour désherber la culture ou le jardin avant un été sec, il faudra en revanche s’y atteler à plusieurs reprises si l’été est humide afin d’éviter la repousse des mauvaises herbes. Son utilisation est à usage variable, en fonction des usages et des objectifs de chacun. Le produit attend l'autorisation de mise sur le marché, d'un jour à l'autre.

    Les désherbants pèsent pour la moitié des ventes de pesticides

    Jusqu'à présent, Alidad Invest vendait des produits pesticides classiques aux viticulteurs et agriculteurs du Sud-Ouest. Des produits toxiques et reconnus dangereux pour la santé humaine, désormais dans le collimateur du gouvernement, auxquels les produits de bio-contrôle élaborés à partir de substances naturelles vont pouvoir se substituer, même dans le cadre de l'agriculture biologique. L'enjeu est important pour cette entreprise : le potentiel est énorme puisque les seuls désherbants pèsent la moitié des ventes de pesticides.

    Cathy Lafon

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  • Dangerosité des pesticides : la mise en garde de 1.200 médecins français

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    Les dangers de l'usage des pesticides pour la santé des travailleurs de la vigne en Bordelais a été soulignée par l'enquête APAChe : Analyse de Pesticides Agricoles dans les CHEveux, de l'association Générations futures, le mardi 19 février 2013.

    Près de 1.200 médecins de France métropolitaine et des Antilles ont signé un appel mettant en garde contre les dangers des pesticides pour la santé humaine. Ils ont remis leur pétition au Sénat le 30 janvier.

    Le chlordécone, un pesticide utilisé aux Antilles

    Lancé sur internet en septembre par un groupe de médecins limousins auxquels se sont associés des médecins de Martinique et de Guadeloupe, l'appel des "1.200" a pour origine l’affaire du chlordécone, un pesticide employé à large échelle aux Antilles pour lutter contre le charançon du bananier, entre 1973 et 1993 avant d’être interdit mais dont la présence persistance dans les sols et rivières continue à contaminer les cultures, viandes et poissons. Et les hommes qui s'en nourrissent ou les ont manipulés.

    L'union de deux appels

    Le collectif avait programmé fin janvier une conférence de presse au Sénat, pour diffuser son appel sur les dangers des pesticides. Hasard du calendrier, un député de Haute-Garonne, Gérard Bapt, organisait le même jour à l'Assemblée nationale un colloque intitulé  "Pesticides : santé et biodiversité". Ce colloque était l'aboutissement d'une autre pétition initiée en novembre dernier :  "L'appel de Montpellier". Les deux "appels" ont donc fini par se rejoindre et unir leurs forces. "Cinq médecins ont ainsi pu porter la pétition des "1.200" signataires en ouverture au colloque de l'Assemblée nationale et la remettre au ministre de l'Ecologie, Philippe Martin, avant de la présenter au Sénat", précise le Dr Joseph Mazé, membre de AMPL (Alerte des médecins limousins sur les pesticides).

    "Chacun doit prendre ses responsabilités"

    Les 1.200 médecins signataires se défendent de vouloir stigmatiser les agriculteurs mais estiment qu'il est de leur devoir de praticiens et conforme à l'éthique médicale, d'alerter sur la dangerosité des pesticides. "Nous ne cherchons pas à montrer du doigt une profession, mais chacun doit prendre ses responsabilités. A nous d’assumer les nôtres en alertant sur les dangers de ces produits, particulièrement pour certaines catégories de la population, ceux qui y sont le plus exposés, ainsi que les femmes enceintes et les enfants" explique Pierre-Michel Perinaud, médecin généraliste à Limoges, coordonnateur du collectif.

    "Perturbateurs endocriniens"

    Dans leur appel, les médecins soulignent qu’une exposition professionnelle aux pesticides est, selon la littérature scientifique, liée à des risques accrus de maladie de Parkinson, de cancers de la prostate et de certains cancers du sang. L' important rapport d'expertise collective de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) publié en juin 2013, fait aussi état d’un risque de malformations congénitales augmenté chez les enfants des femmes exposées aux pesticides pendant leur grossesse. Les médecins relèvent par ailleurs que "personne ne conteste l’imprégnation générale de la population" par les pesticides "à faibles doses", ce qui "n’est pas rassurant"  dans la mesure où "de nombreux pesticides sont des perturbateurs endocriniens"  dont les effets ne dépendent pas de la dose, mais de la période d’exposition. Les perturbateurs endocriniens sont en effet soupçonnés d’être une des causes de la recrudescence de certains troubles, comme l’infertilité, l’obésité, les pubertés précoces.

    epandage pesticides.jpgEn finir avec les épandages aériens

    Les épandages aériens de produits phytosanitaires sont interdits par l'Europe et la France, mais l'Hexagone autorise des  dérogations et ce, surtout loin du territoire métropolitain...  En 2012, huit cents opérations d'épandage aérien y ont ainsi été autorisées, dont la grande majorité outre-mer. Afin de protéger la santé des populations, les médecins préconisent notamment de mettre fin aux dérogations à l’interdiction européenne des épandages aériens, particulièrement aux Antilles où, souligne le Dr Perinaud, les dérogations sont "beaucoup trop souples" atteignant dans certains cas "12 mois sur 12″, alors même que la population est encore contaminée par le chlordécone.

    L'Etat doit reconnaître de nouvelles maladies professionnelles agricoles liées aux pesticides

    L’appel invite également l’Etat à reconnaître de nouvelles maladies professionnelles agricoles liées aux pesticides, à mieux étiqueter les produits destinés à l’alimentation, et à confier à des laboratoires indépendants la réalisation des tests nécessaires pour l’autorisation de mise sur le marché. Il réclame enfin une meilleure prise en compte des perturbateurs endocriniens au niveau européen.

    Une première étape : l'interdiction programmée des pesticides à usage non agricole

    Le Parlement français a déjà répondu la semaine dernière à l’une de leurs autres revendications en interdisant les pesticides hors usage agricole. Mais on a le temps de voir venir : la mesure ne prendra effet qu’en 2020 en ce qui concerne l’interdiction des pesticides dans les espaces verts publics et 2022 pour les jardins particuliers. Et surtout, elle ne concerne pas pour l'instant l'usage professionnel des pesticides par l'agriculture, qui représentent 90 à 95% des phytosanitaires utilisés en France chaque année. Ce qui n'est pas rien, si l'on considère que la France reste le premier pays consommateur en Europe de phytosanitaires en dépit du plan gouvernemental Ecophyto, lancé en 2008, qui prévoyait d'en réduire l'usage de 50% d'ici à 2018...

    En dépit de l'importante mobilisation des médecins pour alerter sur les dangers des pesticides, force est de constater qu'il n'y a pas un mot sur les pesticides ou les produits chimiques perturbateurs  dans le troisième plan cancer annoncé par François Hollande, le 4 février... Pourtant, la prévention de ce type de maladies doit passer aussi nécessairement par la réduction des produits dangereux pour la santé humaine comme le sont les pesticides.

    Cathy Lafon

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    • L'alerte des médecins limousins sur les pesticides: cliquer ICI