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Sciences - Page 166

  • Nucléaire: le nuage de Tchernobyl responsable d'une forte augmentation des maladies de la thyroïde en Corse

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    Les résultats d'une vaste étude scientifique sur les conséquences de la radioactitivé du nuage de Tchernobyl en Corse viennent d'être publiés. Vue de la centrale de Tchernobyl, photo archives AFP

    corse.jpgUne étude avait été commandée par la Collectivité territoriale de Corse en 2012 sur les conséquences sanitaires de l’accident de Tchernobyl. Cette enquête épidémiologique restituée le 4 juillet dernier, montre qu’il y a une forte corrélation entre l’exposition au nuage de Tchernobyl et l’augmentation des pathologies thyroïdiennes en Corse.

    Dans la torpeur ou la frénésie du premier week-end des vacances de juillet, c'est selon, l'info est passée inaperçue. Dommage, car après Fukushima et à l'heure des choix concernant notre avenir énergétique et la sortie ou non du nucléaire, elle ne manque pas d'intérêt. 

    rivasi.jpg"Le mensonge d'Etat a fait des victimes"

    L'eurodéputé écolo Michèle Rivasi, en pointe sur le sujet depuis le début de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, ne pouvait manquer de commenter l'étude dès le 5 juillet, dans une conférence de presse à Ajaccio,  en soulignant que "le mensonge d'Etat " à l'époque, "avait fait des victimes". Pour ceux qui n'étaient pas nés en 1986 ou qui ont la mémoire courte, le discours officiel de l'Etat français après l'explosion de la centrale nucléaire ukrainienne avait été de rassurer l'opinion publique (ou de noyer le poisson) en affirmant que le nuage radioactif avait évité la France. Sur le moment, il faut avouer que pas grand monde n'y avait vraiment cru. Hé bien, là, c'est définitivement raté. Comme le montrent les résultats de la vaste étude indépendante conduite par le professeur Paolo Cremonesi de l’hôpital Galliera de Gênes, non seulement le nuage radioactif n'a pas contourné la France et la  Corse, mais cette dernière a bien profité de son  passage et la santé de ses habitants en a été affectée.

    Les chiffres sans appel d'une étude unique en son genre

    Il s’agit là d’une étude unique en son genre, regroupant 14.000 dossiers médicaux. Pas moins de 5.548 dossiers ont été étudiés, avec une cohorte composée d’un groupe exposé au nuage radioactif et un groupe témoin non exposé. Les résultats chez les hommes exposés montrent un surrisque de thyroïdites(78,26%), des nodules bénins (64,51%), de l’hyperthyroïdie (103,21%), des cancers de la thyroïde ( 28,29%). Chez les femmes exposées, les résultats sont sans appel puisqu’il y a 55,35% de surrisque de pathologies auto-immunes (thyroïdites). Enfin, selon l'enquête, "le risque de thyroïdite chez les moins de 18 ans vivant en Corse et exposés au nuage de Tchernobyl est augmenté de 62,5% par rapport aux enfants n'ayant pas été exposés".

    Une augmentation significative des cancers et pathologies de la thyroïde, malgré la faiblesse des doses radioactives

    Il s’agit donc de la première étude qui montre aussi clairement que le passage du nuage a provoqué une augmentation significative des pathologies. Pour Michèle Rivasi, "Cela remet en question les normes de radioprotection fixées par l’Agence Internationale de l’Energie Atomique et les recommandations de la Commission internationale de protection radiologique". Ces données confirment également que "le mensonge d’Etat a entraîné une exposition risquée a la radioactivité, par manque d’information, contrairement aux résultats des politiques de prévention des autres Etats (Italie, Autriche, Allemagne)", poursuit-elle. Par ailleurs, selon l'eurodéputée, l’impact de ces faibles doses radioactives doit remettre en cause la pensée dominante qui a toujours nié leur impact sanitaire. Michèle Rivasi enfonce le clou : "C’est l’ensemble des politiques de radioprotection qui doit être revu au regard de ces résultats".

    Des suites judiciaires

    On s'en doute, ctte étude devrait aussi permettre aux victimes de la pollution du nuage radioactif de Tchernobyl d’ester en justice auprès de la Cour de Justice Européenne, preuves à l’appui, apres avoir épuisé tous leurs recours en France.

    Améliorer la protection des citoyens européens

    Michèle Rivasi le rappelle, les discussions se poursuivent actuelement au niveau européen sur la nouvelle directive sur la radioprotectionLes résultats de cette étude tombent à pic pour inciter à  modifier le droit européen dans ce domaine. L'eurodéputée compte bien s'en saisir pour faire évoluer les décisions du Parlement européen, afin de revoir, en l'améliorant, la protection des citoyens en cas d’éventuel accident nucléaire.

    Cathy Lafon

  • La météo nous rend fous. Et ailleurs, quel temps fait-il sur la planète ?

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    La canicule sur la plage de Contis, dans les Landes 18 août 2012. Photo archives Sud Ouest / Nicolas Le Lièvre

    Les nouvelles toutes fraîches (ou toutes chaudes?)  du climat planétaire, c'est le dernier rapport de l'Organisation météorologique mondiale (OMM) qui nous les a données le 3 juillet : il faut s'y faire, le climat de la planète bleue change et se réchauffe. La première décennie du 21ème siècle a été la plus chaude depuis 1881, avec une accélération du réchauffement climatique et la multiplication des conditions climatiques extrêmes qui ont fait au total 370.000 morts. 

    Les dix années les plus chaudes jamais enregistrées

    "A l'exception de 2008, chacune des années de la décennie 2001-2010 compte parmi les dix plus chaudes jamais enregistrées, le record étant détenu par 2010", affirme le rapport. Sachant que les données disponibles commencent en 1881. En outre, la première décennie du siècle se classe au deuxième rang des plus arrosées depuis le début des relevés instrumentaux, note l'OMM. Décryptage.

    • Le nombre de victimes de catastrophes naturelles en hausse de 20%

    sandy.jpgPays béni par sa situation géographique et son climat tempéré, malgré la canicule qui l'a frappée en 2003, de violentes tempêtes comme Klaus ou Xynthia, ou encore les inondations ce printemps, la France n'a pas encore trop à se plaindre de l'accroissement des phénomènes climatiques extrêmes qui meurtrissent la planète. L'agence de l'ONU indique en effet que le nombre de victimes des vagues de chaleur monstres qui ont frappé l'Europe en 2003 et la Russie en 2010, des ouragans, comme Katrina aux Etats-Unis en  200 et des cyclones, comme Nargis en Birmanie en 2008, ou Sandy aux Etats-Unis en 2012, est en hausse de 20% par rapport à la décennie précédente (1991-2000).

    • Et le froid de ce printemps ?

    neige hiver 2013.jpgPas de contradiction avec le réchauffement global de la planète : les températures plus froides en Europe et Amérique du Nord se sont accompagnées de températures plus élevées ailleurs sur la planète. "Le printemps froid que nous avons connu en Europe en 2013 n'est pas en contradiction avec le réchauffement, mais c'est ans doute une manifestation supplémentaire de ce réchauffement, car c'est la conséquence de la fonte des glaces de l'Arctique", explique Michel Jarraud, le Secrétaire général de l'OMM.

    • Il fait plus froid, parce qu'il fait plus chaud : CQFD

    Pour faire court : avec le réchauffement plus sensible dans les régions nordiques, la différence des températures avec les régions équatoriennes se réduit. "Cela modifie la circulation atmosphérique et pourrait causer des températures plus froides dans certaines régions", explique le patron de la météo mondiale, qui précise aussi qu'il n'y a pas de consensus entre les scientifiques sur ce point.  Les relevés du rapport de l'OMM montrent que le climat s'est nettement réchauffé entre 1917 et 2010 et, surtout, que le rythme décennal d'augmentation des températures sur les périodes 1991-2000 et 2001-2010 est sans précédent.

    • La faute à qui, à quoi ?

    diesel.jpgBon, on est tous au courant maintenant : le réchauffement climatique que nous vivons est dû à l'augmentation exponentielle de la concentration de gaz à effet de serre dans l'atmosphère, dont la spécificité est de piéger la chaleur. Les activités humaines (industrie, transports, agriculture, etc.) en sont à l'origine, et les émissions de GES sont bel et bien en train de transformer notre climat, avec les bouleversements que cela suppose pour l'environnement et les océans, souligne le rapport.

    • Chaud devant !

    Et ce n'est pas fini. Il faut s'attendre à ce que "les vagues de chaleur deviennent plus fréquentes et intenses sous l'effet des changements climatiques et nous devons nous y préparer, avertit le patron de l'OMM, qui rappelle que les vagues de chaleur de cette décennie ont été particulièrement meurtrières, avec 136.000 décès, alors qu'elles ont causé moins de 6.000 décès pour la décennie 1991-2000. La température globale de la planète augmente désormais à un rythme décennal de 0,21°C. 

    • Les inondations, en tête des catastrophes naturelles

    inondations inde.jpgCa va faire tilt dans la région du Sud-Ouest: le rapport de l'OMM note aussi que les pluies intenses accompagnées d'inondations ont été les phénomènes extrêmes les plus fréquemment observés pendant cette décennie. Et ce, même si la sécheresse touche plus de personnes que les autres catastrophes, car elle concerne des zones plus étendues et dure plus longtemps. Quant au cyclone Nargis qui s'est abattu sur la Birmanie en mai 2008 est le plus meurtrier de la décennie. Plus de 138.000 personnes ont été tuées ou portées disparues et il a fait 8 millions de sinistrés.

    • La hausse du niveau de la mer

    banquise.jpgDernière conséquence du réchauffement en cours : la fonte des glaces. Le niveau moyen de la mer a augmenté au rythme de 3 mm par an en moyenne pendant la première décennie du 21e siècle, soit le double de celui constaté en moyenne sur tout le 20e siècle (plus 1,6 mm par an). Le niveau de la mer est 20 cm plus haut par rapport au niveau des années 1880. La prévision pour ce siècle d'une hausse entre 19 et 58 cm parait maintenant définitivement sous-évaluée, précise aussi l'OMM.

    Avec tout ça, les experts continuent à travailler pour savoir s'il faut imputer les phénomènes extrêmes au changement climatique dont la réalité ne fait plus débat, plutôt qu'à la variabilité naturelle du climat. Ils n'ont pas pour le moment de réponse claire, note l'OMM.  Vu le contenu du rapport de l'organisation mondiale spécialiste de  la météo, on se dit quand même qu'ils en ont  une vague idée...

    Cathy Lafon

    C'EST A LIRE

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    PLUS D'INFO

  • Batho l'écolo règle ses comptes: des lobbies industriels voulaient sa tête

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    Delphine Batho, le 29 novembre 2012 à Paris, pour le Comité de Pilotage du débat national sur la transition énergétique. Photo archives / AFP

    Delphine Batho affirme ne pas avoir manqué à la solidarité gouvernementale et accuse Jean-Marc Ayrault de l'avoir évincée du gouvernement en cédant à la pression de "forces économiques" liées au secteur de l'énergie.

    Débarquée brutalement du ministère de l'Ecologie par François Hollande, le 2 juillet, pour avoir rompu la règle de la solidarité gouvernementale en critiquant le budget 2014 qui amputait son ministère de 7% de ses crédits, Delphine Batho avait promis de s'expliquer publiquement ce jeudi sur les vraies raisons de son limogeage. Chose promise, chose due : l'ex-ministre n'a pas mâché ses mots aujourd'hui pour dire tout haut ce que beaucoup de monde pense tout bas: le gouvernement a cédé à des puissances industrielles liées au gaz de schiste et au nucléaire.

    ayrault pas souriant.jpgLe nucléaire, les gaz de schiste et l'absence de solidarité gouvernementale

    L'ex-ministre a accusé devant la presse Jean-Marc Ayrault d'avoir cédé à "certaines forces économiques", liées notamment au gaz de schiste et au nucléaire, qui "voulaient (s)a tête" : "Certaines puissances économiques n'acceptaient pas le niveau d'ambition que je fixais pour la transition énergétique", notamment sur la question du gaz de schiste et la réduction de la part du nucléaire en France, a-t-elle déclaré.  "Ces forces ne se sont pas cachées de vouloir ma tête, mais si le gouvernement avait été solidaire, elles n'y seraient pas parvenues", a-t-elle ajouté. On se rappelle notamment les passes d'armes qui l'avaient opposée l'été dernier sur le nucléaire et les gaz de schiste avec Arnaud Montebourg, le ministre du redressement productif.

    bricq largeur.jpgDéjà, Nicole Bricq, en juin 2012

    On avait soupçonné les mêmes pressions, sans en avoir jamais eu confirmation, pour expliquer le soudain départ de Nicole Bricq,  son prédécesseur, de ce même ministère, le 21 juin 2012, en plein Sommet de Rio. Ministre à la feuille de route quasi éco-exemplaire depuis trois semaines, Nicole Bricq avait eu ce premier acte de vouloir mettre un frein aux appétits des explorateurs pétroliers qui ne prennent pas en compte de façon satisfaisante les problématiques d'environnement, en gelant temporairement, le 13 juin 2012, les permis de recherches de Shell en Guyane et en classant parmi ses priorités la réforme du Code minier français de 1956, issu d'une loi de 1810, afin d'intégrer la nouvelle donne de la protection environnementale... le dossier avait été repris en main une semaine plus tard par le premier ministre Ayrault, qui avait désavoué Nicole Bricq en donnant au préfet de Guyane l'autorisation de signer les arrêtés préfectoraux permettant la relance des travaux.  A peine aux manettes, Bricq était déjà débarquée...

    crouzet.jpgLe patron de Vallourec aurait annoncé la mise à l'écart de Batho à l'avance

    Delphine Batho s'en est également pris au patron de l'entreprise de tubes en acier Vallourec, Philippe Crouzet, époux de Sylvie Hubac, directrice de cabinet du président François Hollande. "Est-il normal que le patron de l'entreprise Vallourec directement intéressé par l'exploitation des gaz de schiste ait pu annoncer ma marginalisation des semaines à l'avance devant des responsables de son entreprise aux USA?" a-t-elle demandé.  "Que le patron de Vallourec dise que je suis un désastre parce que je fais rempart au gaz de schiste et que je veux réduire la part du nucléaire, c'est une chose, qu'il annonce ma mise à l'écart à l'avance, c'en est une autre. De quelle informations disposait-il pour être si sur de lui?" a-t-elle poursuivi. 

    L'absence de débat collégial au sein du gouvernement

    Delphine Batho a enfin également mis en cause les "conseillers de Matignon et de l'Elysée". Est-il normal "qu'ils "me critiquent publiquement dans la presse"? a-t-elle lancé, en déclarant ne pas avoir dérogé au principe de la solidarité gouvernementale.  La solidarité gouvernementale repose, a-t-elle rappelé, sur une Charte de déontologie gouvernementale qu'elle a signée, comme ses collègues, mais qui prévoit aussi la collégialité. Or, selon, l'ex-ministre,  "Il n'y a pas eu débat collégial au sein du gouvernement sur les arbitrages budgétaires, comme il n'y en a plus sur tant d'autres sujets".

    "J'appelle la gauche à un sursaut en faveur de l'écologie de l'espoir"

    Enfin, pour Delphine Batho, le budget 2014 marque un tournant de la rigueur inacceptable car terreau de l'extrême-droite dans le pays, mais aussi "un tournant par rapport à la volonté de mener à bien la transition écologique",  tout aussi inacceptable, aux vues de son engagement pour l'écologie. La question pour elle n'est pas seulement celle d'un "poste ministériel", mais celle du droit de sa "génération à avoir des espoirs et à agir".  "Le temps est venu de reprendre la main du changement, j'appelle la gauche à un sursaut en faveur de l'écologie de l'espoir et des générations futures", a-t-elle conclu.

    Cathy Lafon avec l'AFP