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Sciences - Page 162

  • Bio-pipole. Pierre Pujos, céréalier bio à Saint-Puy, dans le Gers

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    Pierre Pujos, agriculteur bio dans le Gers, premier prix des Trophées de l'agriculture durable 2013. Photo Philippe Bataille/Sud Ouest

    Pierre Pujos, céréalier bio à Saint-Puy (Gers), a décroché le premier prix des Trophées de l’agriculture durable. Il est récompensé aujourd'hui par le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll.

    Au-delà du bio

    Agé de 47 ans, le beau gosse du bio est aussi un pro de l'agroécologie depuis 1998. Père de trois enfants (ne rêvez pas du retour à la terre dans le Gers, Mesdames, on n'est pas là pour l'épisode ultime de "L'amour est dans le pré"!), Pierre Pujos manie à la perfection toutes les techniques agronomiques pour cultiver naturellement ses céréales et ses légumes. De la rotation de huit ans avec une couverture permanente du sol, à la restitution à la terre des pailles des céréales ainsi que d’autres cultures pour l’enrichir, en passant par le travail superficiel des sols et le semis direct pour ne pas « déranger » la vie et la structure des sols... Plantes auxiliaires des cultures, variétés anciennes adaptées à des conditions de culture à bas intrants : il sème et fait pousser "agroécologiquement", avec le soutien technique d’Arbres et Paysages 32. Sans pesticides et autres produits chimiques dangereux pour la santé et dévastateurs pour les sols. L'agriculteur va même au-delà du cahier des charges biologiques en se passant même des intrants autorisés en bio sur son exploitation de 87 hectares.

    Et ça marche !

    PIERRE RABHI PORTRAIT.jpgStratégie respectueuse de l'environnement et rentable. Pierre Pujos produit pour vivre, paie un salarié et nourrit sa famille tout en faisant attention à économiser les énergies fossiles. Comme le professe Pierre Rabhi, le chantre de l'agroécologie et comme le montre Marie-Monique Robin dans son documentaire : "Les Moissons du futur", oui, on peut nourrir la planète sans phytosanitaires, naturellement. Pierre Pujos a réussi à améliorer ses sols sans recours à l’élevage et sans apport extérieur de fertilisants tout en améliorant même considérablement l’autonomie de son exploitation et sa résistance face aux aléas économiques et climatiques.

    Déjà couronné par la région Midi-Pyrénées, pour sa démarche "Supprimer l’érosion et limiter la dépendance aux énergies fossiles, vers l’autofertilité, la conservation des sols et la couverture permanente en agriculture biologique, sans aucun intrant ni travail du sol" (ouf !), le Gersois avait donc tout pour remporter le premier prix de la 5ème édition des Trophées de l'agriculture durable, un concours national qui distingue les démarches agricoles éco-exemplaires, respectueuses de l'environnement et productives. C'est chose faite.

    Quand on vous dit que pour l'écologie, le bonheur est dans le Gers !

    Cathy Lafon

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  • Santé : 40% des produits de beauté contiennent des perturbateurs endocriniens

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    Certains vernis à ongle cancérigènes ? Selon une étude de Noteo rendue publique le 13 septembre 2013, 74% d’entre eux contiennent au moins un perturbateur endocrinien. Photo DR

    Noteo, un institut indépendant français, révèle que 40% des produits d'hygiène et de beauté que nous consommons, contiennent au moins un perturbateur endocrinien (PE). En tête du palmarès figurent les vernis à ongles.

    BAPTISTE MARTY.jpgNoteo, une agence de notation créée par un Rochelais

    Noteo est une agence de notation des produits de consommation, conçue pour "éclairer" nos choix de consommateur. Créé par Baptiste Marty, 31 ans, un Rochelais installé à Nantes depuis quelques années ce service accessible sur internet ou par application Smartphone, est entièrement gratuit pour l'internaute consommateur.  Le site www.noteo.info  permet de mesurer l'impact d'un produit sur la santé, l'environnement, le budget ou les conditions sociales de la fabrication. Il évalue des dizaines de milliers de produits du quotidien selon quatre critères : santé, environnement, social et budget.


    Présentation Noteo par noteoinfo

    Des notes attribuées par 20 spécialistes indépendants

    cicolella.jpgSur Noteo, une note sur 10 est attribuée au produit ciblé, sur la base de ces quatre critères. Officiellement lancé le 29 novembre dernier, le site a démarré avec un catalogue de 45.000 produits alimentaires, d'hygiène ou d'entretien. Mais Baptiste Marty espère vite atteindre 90.000 références produits. Vingt spécialistes totalement indépendants travaillent pour l'Institut Noteo. Parmi eux  André Cicolella, chercheur depuis 1971 en santé environnementale, toxicologie, évaluation des risques sanitaires, et le premier « lanceur d’alerte », à l’origine du scandale sur les éthers de glycol au sein de l’INRS. Aujourd'hui chercheur en évaluation des risques sanitaires à l’INERIS et Président du Réseau Environnement Santé (RES) qu’il a co-fondé, les autorités publiques le consultent régulièrement sur la règlementation, par exemple sur le Bisphenol A et les perturbateurs endocriniens. L'"Expert" des experts, donc.

    Au premier rang des accusés :  les vernis à ongles

    Mesdemoiselles, Mesdames, c'est vrai, c'est dur à avaler. Selon cette étude réalisée sur une base de 15.000 produits de beauté-hygiène par l’institut indépendant de notation Noteo, les vernis à ongles arrivent en tête. 74% d’entre eux contiennent au moins un PE  devant les fonds de teint (71%), les produits de maquillage pour les yeux (51%), les démaquillants (43%), les rouges à lèvres (40%), les soins du visage (38%) les déodorants (36%), les dentifrices (30%) et les shampoings (24%). A la veille d'un week-end, où le shopping "beauté" est l'un des must des sorties féminines en ville, de tels chiffres sont à méditer... En juin 2012, un rapport de la Commission européenne révélait déjà que 10% des vernis commercialisés en France contenait des substances toxiques et cancérigènes. Les cosmétiques montrés du doigt proviennent le plus souvent des Etats-Unis, mais peuvent aussi être originaires de pays membres de l'Union européenne, comme le Royaume-Uni par exemple. Dans la majorité des cas, il s'agit de vernis à ongles vendus sur les marchés, les braderies ou encore les solderies.

    C'est grave ?

    En tout cas, c'est loin d'être anodin pour la santé. Les perturbateurs endocriniens se définissent comme des substances chimiques interférant avec la régulation hormonale des êtres vivants et sont susceptibles de provoquer, même à très faibles doses, une grande variété d’effets, notamment sur le développement physiologique des individus exposés pendant la période intra-utérine. Ils sont notamment suspectés d’avoir un impact sur la fertilité et d’être liés à l’augmentation du nombre de cancers dits hormono-dépendants, principalement ceux du sein et de la prostate. On en trouve dans les produits d’hygiène mais également dans les contenants alimentaires.

    Le bio : c'est beau et c'est bon pour la santé

    Alors, se faire belle ou être en bonne santé, il faut vraiment choisir? Mais non, la solution, c'est le bio ! Les produits labellisés bio semblent largement épargnés par le phénomène selon l’étude de Noteo qui n’a retrouvé un PE que dans 1,3% d’entre eux, essentiellement le cinnamal, que l’on retrouve naturellement dans certaines huiles essentielles (cannelle, jacinthe, patchouli). Pour être belle jusqu'au bout des ongles, il existe aussi une nouvelle génération de vernis écolo à l'eau, qui contiennent 85 % de substances naturelles et sans danger. Si ce sont de bonnes nouvelles, ce ne sont pas pour autant des scoop : ou sinon, pourquoi se décarcasser à acheter des produits bio et écolo ?

    Le bisphenol A est désormais interdit

    Selon André Cicolella, quelque 870 PE ont d’ores et déjà été identifiés parmi les 143.000 substances présentes sur le marché aujourd’hui, mais leur nombre réel pourrait être «beaucoup plus important». La mobilisation autour de l’un d’entre eux, le bisphenol A (PBA), une substance présente principalement dans les plastiques, a abouti à l’interdiction de ce perturbateur dans les biberons en Europe en 2011. Cette interdiction a été étendue par la France le 1er janvier dernier à tous les contenants alimentaires destinés aux enfants de 0 à 3 ans et s’appliquera à tous les contenants alimentaires à partir de juillet 2015.

    Fatal cocktail

    Selon l'étude de Noteo, parmi les PE les plus fréquemment utilisés dans les produits d’hygiène-beauté, on trouve les parabènes (23%) et le cyclopentasiloxane (15%), le triclosan n’étant présent que dans 1,3% des produits. Circonstance aggravante, "On trouve souvent plusieurs de ces substances dans un même produit", souligne Baptiste Marty. C'est l'effet "cocktail".

    Le président de Noteo s'appuie sur les résultats de cette étude, pour appeler le gouvernement à suivre l'exemple du bisphenol A et à interdire l'usage des perturbateurs endocriniens dans les produits du quotidien.

     Cathy Lafon

    ►PLUS D'INFO SUR  L'APPLI MOBILE NOTEO

    • L'appli mobile de Noteo est téléchargeable sur Google Play et l'Applestore. Avec l'appli de Noteo, on part faire ses courses après les avoir préparées sur le site noteo.info en consultant les listes de produits. On peut ensuite à tout moment scanner le code barres d’un produit et découvrir ses notes où qu'on soit et ajouter en temps réel des produits et ses alternatives à la liste des courses. Et bien sûr, partager ses impressions avec ses amis en les relayant sur sur Facebook et Twitter.... 

    ►LIRE AUSSI

  • Albert Jacquard, compagnon de route de l'écologie, est mort

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    Albert Jacquard, photo DR

    Dure année pour l'écologie. Le généticien et militant de gauche, Albert Jacquard est décédé le mercredi 11 septembre au soir, à son domicile parisien (VIe arrondissement), emporté par une forme de leucémie, à l’âge de 87 ans. Connu pour ses engagements citoyens, humanistes et écologistes, ce polytechnicien, né le 23 décembre 1925, était président d’honneur de l’association Droit au logement (DAL). Les écolos le pleurent, comme ils ont pleuré Stéphane Hessel, le 27 février dernier, avec lequel il avait publié un livre (« Exigez ! Un désarmement nucléaire total », Stock). "Ma Planète" lui rend hommage.

    De Polytechnique à la génétique

    Issu d’une famille de la bonne société lyonnaise, Albert Jacquard, brillant étudiant, est reçu à Polytechnique. Il entre ensuite en 1951 à la Seita (société nationale qui fabrique tabac et allumettes) pour y travailler à la mise en place d’un des premiers systèmes informatiques. Mais plus que les technologies et l'industrie, ce sont les hommes et l'humanité qui le passionnent. Après un bref passage au ministère de la Santé publique, il rejoint l’Institut national d’études démographiques (Ined) en 1962. A l'approche de la quarantaine, il  s'aperçoit "qu’on n’est pas éternel et qu’on ne peut pas gâcher sa vie à des choses dérisoires".  Albert Jacquard part donc étudier la génétique des populations dans la prestigieuse université américaine de Stanford, puis revient à l’Ined et passe deux doctorats en génétique et biologie humaine dans la foulée.
     
    nécrologie,albert jacquard,hommage,biographieContre le racisme, de la génétique à l'écologie, en passant par la philosophie

    Parallèlement à l’enseignement et son travail d’expert à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), il n’aura alors de cesse de démonter les arguments prétendument scientifiques des théories racistes et sera même témoin en 1987 au procès du nazi Klaus Barbie pour crimes contre l’humanité. Ses premiers livres, comme "Eloge de la différence : la génétique et l’homme" (1978) rencontrent un grand succès qui ne se démentira pas, même quand il dérivera vers la philosophie, la vulgarisation scientifique ou l’humanisme anti-libéral. Le professeur Jacquard remet aussi en question le libéralisme et s'intéresse à la politique. Il  sera ainsi candidat aux législatives à Paris en 1986 sur une liste soutenue par divers mouvements de la gauche alternative, puis en 1999 sur la liste écologiste conduite par Daniel Cohn-Bendit (en 84e position).

    Le combat pour les mal-logés et les sans-papiers

    Dans les années 1990, Albert Jacquard va mettre sa verve médiatique au service d’une autre cause : les mal-logés et les sans-papiers. Occupation d’un immeuble rue du Dragon en 1994, de l’Eglise Saint-Bernard en 1996... Son visage de vieux faune grec devient vite aussi familier que celui de l’Abbé Pierre, Mgr Gaillot ou Emmanuelle Béart, ses compagnons de lutte.

    nécrologie,albert jacquard,hommage,biographieDévelopper, en la réinventant, l'humanité sur Terre, tout en respectant notre planète

    L’âge aidant, le président d’honneur du DAL (Droit au logement) s’était fait plus discret tout en continuant à soutenir les démunis et à pousser des coups de gueule, y compris contre le nucléaire. Jusque dans son dernier livre, "Réinventons l'humanité" (édition Sang de la Terre),  Albert Jacquard se sera interrogé  "Qu’est-ce qu’être humain" ?".  Dans un monde où l’intolérance devient un mode d’action, nous avons plus que jamais besoin de paroles nous rappelant nos valeurs éthiques. Etre humain, pour le généticien, c'est "faire partie, si nous l’acceptons, de l’unique forme du vivant capable d’inventer l’humanité. L’humanité reste une adhésion. Un choix collectif. Un défi sans cesse relevé depuis que l’homme est homme : celui d’innover. La question n’est pas pour nous de sauver la Terre, mais de développer, en la réinventant, l’humanité sur Terre. Ce ne sera possible qu’en respectant notre planète et en nous respectant nous-mêmes, humains d’aujourd’hui, d’hier et à venir.»

    L'espoir

    Avec l’aide de la journaliste Hélène Amblard, sa complice depuis plus de trente ans, Albert Jacquard nous a offert en guise d'adieu ce petit ouvrage qui nous concerne tous et qui résonne comme un cri d’alarme sur l’avenir de l’homme. C'est aussi un livre plein d'espoir pour réinventer l’humanité, destiné à faire vivre le débat entre tous, pour enfin mieux vivre ensemble. Adieu, Albert.  Et merci.

    Cathy Lafon avec l'AFP

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