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Sciences - Page 117

  • Changement climatique: il y 24,5 millions d'années, tous les ruminants européens disparaissaient

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    Sans les ruminants venus d'Asie il y a de cela près de 25 millions d'années, François Hollande n'aurait pas de vache à caresser au Salon de l'agriculture. Photo AFP

    Un Salon de l'agriculture sans vaches, boeufs, veaux et taureaux ? Impossible de l'imaginer...

    vaches salers.jpgEt pourtant, il y a 24,5 millions d'années, un important changement climatique provoquait la disparition en Europe de l'intégralité de la faune européenne des ruminants. Mais alors, d'où viennent les bovins que nous admirons dans les allées du plus grand rendez-vous agricole de France ? Autre surprise : en grande partie d'Asie. C'est, en effet, grâce à une migration des ruminants venue d'Orient que nous pouvons boire du lait et manger du steack aujourd'hui et que nos présidents successifs peaufinent leurs relations avec le monde agricole. Sans cette immigration-là : pas de yaourt et pas de cheese-burgers. Tels sont les résultats d'une étude scientifique publiée le 18 février dernier dans la revue "PLOS ONE", menée par Bastien Mennecart, un chercheur français du Centre de recherche sur la paléobiodiversité et les paléoenvironnements (Muséum national d'Histoire naturelle/CNRS/UPCM).

    Le réchauffement de l'Oligocène récent 

    La Terre a déjà subi par le passé des changements climatiques qui ont engendré de grandes crises biologiques. L’une d’entre elles s’est produite il y a environ 24,5 millions d’années durant le réchauffement de l'Oligocène récent. Ce réchauffement - une augmentation de 2 à 4 °C des eaux océaniques de l’Atlantique Nord- , associé à la naissance des Alpes, a provoqué une aridification, avec l'installation de savanes au lieu des forêts, et l’apparition des saisons en Europe. 

    Immigration animale massive

    De précédentes études réalisées par une équipe franco-suisse, avait montré une modification importante des espèces de grands mammifères herbivores vivant à cette époque : 40% de cette faune a changé entre 25 et 24 millions d’années, à la suite d’une immigration animale asiatique massive. Les scientifiques ont nommé cet épisode "Microbunodon Event", du nom du cousin ancestral des hippopotames de petite taille (environ 50 kg), emblématique migrant asiatique arrivé en Europe à cette époque là. Basée sur cinq années de recherches, la publication de Bastien Mennecart révèle que l’intégralité des espèces de ruminants européens - l'un des groupes de grands mammifères les plus diversifiés avec plus de 200 espèces - a été renouvelée à la faveur de cette immigration massive. 

    Espèce adaptée aux nouvelles conditions climatiques

    étude,ruminants,scientifique,réchauffement climatique,paléontologie,muséum national d'histoire naturelle,cnrsLa majorité des ruminants qui paissent aujourd'hui dans nos champs appartiennent à la famille des Pecora et possèdent quatre poches stomacales qui facilitent l’ingestion d’aliments riches en fibres et peu énergétiques. Les ruminants Tragulina, qui étaient largement majoritaires en Europe au cours de l’Oligocène, se distinguent par une réduction ou absence d’une des quatre poches stomacale et par un régime alimentaire plus énergétique: fruits, champignons, insectes et même petits mammifères. La dégradation des conditions environnementales, associée à la compétition avec des Pecora venus d’Asie, a sonné le glas des Tragulina en Europe. En effet, dans des conditions climatiques plus arides, les nouveaux ruminants ont supplanté les anciens grâce à leur métabolisme plus efficace, capable d’assimiler de la nourriture pauvre énergétiquement. Les Tragulina ne comptent plus aujourd'hui que dix espèces localisées en zone équatoriale, les chevrotains, parmi les plus petits des ruminants (photo ci-dessus).

     

    Répartition et évolution des faunes de ruminants entre 25 et 24 millions d’années (Ma) en Europe de l’Ouest (Les Pecora immigrants sont tournés vers la gauche, les ronds noirs correspondent aux sites fossilifères)  © Bastien Mennecart - CR2P

    À l’heure actuelle, la Terre connaît un réchauffement climatique dont la rapidité inédite dans l'histoire de la planète, pose la question de l'adaptation des espèces et dont les conséquences sur la biodiversité restent pour le moment mal connues. "La connaissance des changements climatiques antérieurs et de leurs conséquences sur la biodiversité apporte une aide plus que précieuse pour interroger notre futur", rappelle le chercheur. Les espèces animales auront-elles le temps de s'adapter à l'évolution que connaît le climat? Y aura-t-il encore des vaches au Salon de l'agriculture, en l'an 2500 ? A suivre...

    Cathy Lafon

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  • Viticulture : les pesticides devant le tribunal à Bordeaux

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    Marie-Lys Bibeyran tient le portrait de son frère Denis, décédé en 2009. Photo archives Céline Dupeux "Sud Ouest"

    Le 12 octobre 2009, Denis Bibeyran est décédé à 47 ans d'un cancer rare des voies biliaires – un cholangiocarcinome - après avoir travaillé 32 ans durant dans les vignes de Listrac-Médoc (Gironde). Au banc des coupables, les pesticides avec lesquels il pulvérisait les vignes. L'audience pour la "reconnaissance post-mortem en maladie professionnelle" du salarié viticole, impliquant des pesticides, se tient demain, le jeudi 5 mars à 9h00, devant la Chambre Sociale de la Cour d'Appel de Bordeaux. C'est une première du genre en Gironde.

    Le combat d'une soeur

    pesticides,maladie professionnelle,viticulture,bibeyran,marie-lys,denis,listrac-médocDepuis la mort de son frère, Marie-Lys Bibeyran, 36 ans, se bat en son nom pour que la maladie qui a causé son décès soit reconnue maladie professionnelle par la Mutualité Sociale Agricole de la Gironde (MSA). "Denis était à la fois salarié dans un château sur Listrac et exploitait deux hectares pour son compte", expliquait, en 2011, Marie-Lys à "Sud Ouest". "Sur le domaine du château, il était chauffeur de tracteur et effectuait tous les traitements phytosanitaires depuis vingt-cinq ans. Dans ses vignes, il faisait toutes les tâches et employait les mêmes produits qu'au château. Il avait une très bonne hygiène de vie et aucune raison de déclencher un cancer. Il se croyait tout à fait préservé en vivant à la campagne." Pourtant, en période de traitement des vignes, témoignait un collègue, Denis subissait d'étranges saignements de nez à répétition… Pour Marie-Lys Bibeyran, elle-même saisonnière dans les vignes, ce sont les pesticides qui seraient à l’origine du cancer de son frère. C’est pourquoi, en mai 2011, elle s'est lancée dans la bataille pour obtenir la reconnaissance de ce cancer comme maladie professionnelle.

    Une victoire juridique en 2014

    pesticides,maladie professionnelle,viticulture,bibeyran,marie-lys,denis,listrac-médocConcernant les pesticides, l'omerta reste encore de mise dans les rangs de vigne, mais les choses bougent toutefois. En avril 2014, après sept ans de combat judiciaire, Sylvie S., salariée en Dordogne dans un domaine viticole et intoxiquée par une pulvérisation de pesticides, a obtenu la reconnaissance de la "faute inexcusable de son employeur". Une victoire juridique qui fait avancer la jurisprudence et constitue un encouragement pour tous les autres salariés victimes de pesticides qui ont engagé ou voudraient engager de telles procédures.

    Le 5 mars, "une audience qui doit faire du bruit"

    Le dossier de Denis Bibeyran, défendu par Maître François Lafforgue, est passé devant le Comité Régional de Reconnaissance de Maladie Professionnelle (CRRMP), qui a prononcé par deux fois un rejet. Par une décision en première instance du 7 janvier 2014, le Tribunal des Affaires de Sécurité Sociales (TASS) a confirmé ces décisions. Pour Marie-Lys, désormais militante anti-pesticides et membre des associations Générations Futures et Phyto Victimes, l'audience en appel de ce jeudi dépasse le seul cas de Denis et concerne tous les salariés agricoles intoxiqués avec des pesticides, qu'ils soient malades ou décédés. C'est aussi, selon elle, "le seul moyen de les sortir de ce silence de plomb dans lequel la profession, les lobbies agricoles et des pesticides veulent les confiner". Aussi invite-t-elle sur Facebook et sur son site d'information sur les pesticides à venir demain au tribunal, en mémoire de son frère et en soutien à tous les salariés agricoles exposés aux pesticides, pour que dit-elle, "cette audience fasse du bruit en opposition au silence assourdissant dans lequel sont plongées les victimes et leurs familles".

    Cathy Lafon

    C'EST OU,  C'EST QUAND ? L'audience a lieu le jeudi 5 mars, 9h, devant la Chambre Sociale Section B de la Cour d'Appel de Bordeaux, salle M, à l’ancien tribunal, Place de la République.

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    • Marie-Lys Bibeyran a participé à l'enquête APAChe : Analyse de Pesticides Agricoles dans les CHEveux. Menée par l'association Générations futures, sur "l'exposition aux pesticides chez les salariés viticoles et les riverains vivant au coeur des vignes du Bordelais ", à  Listrac-Médoc en Gironde, et rendue publique le 19 février 2013, elle établit  de façon manifeste la présence accrue de résidus d'herbicides, d'insecticides et de fongicides chez les quinze salariés qui se sont prêtés à l'étude, en comparaison du groupe témoin de dix personnes n'exerçant pas ce métier.
    • Une autre étude, du laboratoire bordelais Excell rendue publique le 14 février 2013, et relayée par La Vigne, constatait la présence de résidus de pesticides dans 90% des vins.

    REPERES

    • La France reste le premier utilisateur de pesticides en Europe avec 62.700 tonnes de substances actives vendues en 2011.  780.000 hectares de vignobles français représentent 3,7 % de la surface agricole utile du pays, mais consomment environ 20 % des pesticides.
  • Un demi-million d'euros pour sauver les platanes du Canal du midi

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    Les platanes du Canal du midi à Toulouse en juillet 2014. Photo Ma Planète

    Les platanes du Canal du Midi souffrent d’une maladie incurable : le chancre coloré. Un appel aux dons pour financer leur replantation a été lancé en 2013. Il a permis de recueillir « plus de 530.000 euros », a annoncé le 12 février dernier à Toulouse, Voie navigable de France (VNF), l'organisme public gestionnaire de la voie d’eau qui lutte contre la contamination.

    Le chancre coloré

    chancre coloré.jpgLe chancre coloré a déjà rongé plus de 13.000 des 40.000 platanes qui longent le canal, ouvrage inscrit par l’Unesco au patrimoine de l’humanité. Cette maladie incurable, jusqu’à récemment cantonnée à la partie du Canal allant de la Méditerranée à l’Aude, touche désormais la Haute-Garonne où 44 platanes vont devoir être abattus.  Dans ces nouveaux foyers, pour éviter la propagation de la maladie, la règle stricte reste appliquée: sept arbres seront abattus de part et d’autre du sujet malade. Dans la région Languedoc-Roussillon en revanche, la procédure a été assouplie en 2014 face à la pression de nombreux élus et seuls les arbres malades sont désormais supprimés.

    Un projet de restauration en l'attente d'un vaccin

    Un laboratoire toulousain, le Cetev, propose une alternative à l’abattage via l’injection d’un vaccin. Mais, pour tester ce produit qui ralentit la propagation de la maladie à d’autres arbres, il faut une autorisation du ministère de l’Agriculture. Le vaccin doit également obtenir l’aval de lAgence nationale de la sécurité et de la santé. En attendant, VNF a lancé une collecte pour poursuivre un projet de restauration de la voûte arborée qui s’appuie sur la plantation de différentes espèces, afin d'éviter un nouveau risque sanitaire. Sept variétés tests seront plantées cette année et VNF s’est fixé comme objectif de planter 1.000 arbres d’ici fin mars, tandis que 4.000 platanes supplémentaires seront abattus sur l’ensemble de l’année.

    Toulouse canal 1.jpgDons privés et mécénat d'entreprises

    Depuis le lancement de l'appel aux dons, en août 2013, 252.000 euros  ont donc été récoltés auprès de 3.000 donateurs individuels, et 35 entreprises ont contribué à hauteur de 283.000 euros. Toutefois, la campagne lancée pour financer l’arrachage et la replantation des nombreux platanes atteints par le mal n’a pas encore été étendue au niveau international, faute de moyens, contrairement à ce qui avait été promis. « L’objectif est d’arriver à réunir 50 entreprises mécènes d’ici la fin de l’année », a déclaré René Bouscatel, président du « Cub des entreprises mécènes du canal du Midi », créé fin 2013.

    Un bugdet total de 200 millions d'euros

    Le budget total du projet de restauration des arbres du Canal du midi, replantation et abattage compris, doit atteindre 200 millions d’euros. ll est financé pour un tiers par VNF, donc l’État, pour un second tiers par les collectivités territoriales et pour le dernier tiers par d’autres moyens dont le mécénat. VNF prévoit ainsi de lever « une dizaine de millions d’euros sur 15 ans » auprès des entreprises et des particuliers. Un demi-million d'euros c'est un bon début, mais c'est loin d'être encore suffisant.

    Cathy Lafon avec l'AFP