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ONG - Page 93

  • Fil vert. Un militant de Greenpeace réussit à survoler la centrale nucléaire de Bugey

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    Le survol de Bugey, par un militant de Greepeace en ULM. Photo DR Greenpeace

    Greenpeace a réalisé mercredi 2 mai une nouvelle opération-surprise pour dénoncer le manque de sécurité des centrales nucléaires françaises et, à quatre jour du second tour de l'élection présidentielle, réintroduire le nucléaire dans le débat de la campagne.

    Un militant de l'ONG écologiste a réussi à survoler la centrale nucléaire du Bugey, dans l'Ain avec un ULM. Il a lâché un fumigène avant d'atterrir en parachute sur le site et d'être interpellé par les gendarmes du PSPG, chargés de la sécurité des installations nucléaires.

    "Dénoncer le manque de sécurité des sites nucléaires"

    Selon Greenpeace, en matière de nucléaire, le risque zéro n'existe pas. "L'objectif de cette action est d'adresser un message aux deux candidats à l'élection présidentielle qui nient le risque du nucléaire. On voulait illustrer une agression externe, type chute d'avion", a déclaré à l'AFP et sur le compte Twitter de l'ONG, Sophia Majnoni, chargée des questions nucléaires à Greenpeace France.

    L'organisation publie également sur son site internet une étude concernant la vulnérabilité des 58 réacteurs français et des bâtiments abritant les piscines de refroidissement des combustibles irradiés à la chute d'un avion de ligne, un risque qui n'est selon elle pas pris en compte. "Ce survol illustre la vulnérabilité des sites nucléaires français face à la menace d’une attaque aérienne. Alors que l’Allemagne a pris en compte la chute d’avion dans ses tests de sûreté, la France refuse toujours d’analyser ce risque pour nos centrales !", dénonce aussi Greenpeace sur son site internet.

    Selon EDF, la sûreté des installations "n'a à aucun moment été remise en cause" au Bugey et "un ULM, trop petit, n'a rien à voir avec un avion, qui aurait été détecté par les systèmes de sécurité". Par ailleurs, la direction d'EDF déplore les risques inutiles pris par le militant de l'association environnementale, qui n'a, selon elle, rien prouvé. Une porte-parole d'EDF contactée par l'AFP, qui ne confirme pas qu'il s'agit de militants de Greenpeace, reconnaît cependant qu'"un ULM avec une personne à l'intérieur et une autre à l'extérieur (du site) pour la guider" s'est bien introduit mercredi matin dans le site. 

    Survol de la Hague

    Pour enfoncer le clou, Greenpeace publie également une vidéo inédite montrant des images aériennes de l’usine de retraitement de la Hague. Ces images, tournées en novembre 2011 par un engin volant équipé d’une caméra, sont, pour l'ONG, une autre preuve que "rien n’a été fait pour prendre sérieusement en compte la menace d’une attaque aérienne sur les installations nucléaires françaises."

    Sur le site de la Hague, sont stockés plus de 10 000 tonnes de combustibles irradiés dans des piscines de refroidissement, ainsi que 64 tonnes de plutonium. Ces matériaux hautement radioactifs ne sont protégés que par des bâtiments simples sans renforcement spécifique contre la menace aérienne.

    Vidéo  d'un survol par Greenpeace de la Hague, novembre 2011

    Depuis la catastrophe nucléaire de Fukushima, le 11 mars 2011 au Japon, les associations environnementales ont fait de la sécurité des installations nucléaires une de leurs priorités. En décembre dernier, des militants de Greenpeace qui voulaient illustrer les failles de la sécurité des installations nucléaires avaient déjà réussi à s'introduire dans les centrales de Nogent-sur-Seine (Aube) et de Cruas (Ardèche).

    Cathy Lafon

    LIRE AUSSI

    L'association Robin des Robin des Bois a publié un dossier "avions et centrales nucléaires" de 35 pages le 30 janvier 2012. Pour accéder au dossier, cliquer ICI

  • Des pesticides aux phtalates : quel futur pour l'humanité ?

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    Epandage aérien. DR

    Durant la  Semaine pour les alternatives aux pesticides, Maplanète.fr avait évoqué l'existence d'une discrète circulaire du ministère de l'agriculture datée du 5 mars, destinée à assouplir l'interdiction de l'épandage aérien des pesticides. Révélé par le Monde le 24 mars, ce texte introduit de nombreuses exceptions à leur interdiction.

    Sept produits sont dorénavant autorisés sur la vigne, le riz et les bananes, et 16 autres sont en cours d'évaluation par l’agence nationale de sécurité sanitaire, l’Anses. Petit problème : selon l’association Générations Futures, ces pesticides seraient toxiques, comme le révèle le Journal de l'Environnement du 11 avril.

    Sept produits autorisés, seize autres en cours d'évaluation : tous toxiques ?

    Alors que la mission sénatoriale d'information (MCI) sur les pesticides et leur impact sur la santé et l'environnement organisait, mardi 10 avril, des auditions, Générations Futures a analysé la dangerosité des substances actives de ces pesticides autorisés ou en cours d’évaluation. Sur les 7 produits autorisés, l’association de défense de l’environnement a constaté que toutes les substances actives contenues dans les produits présentent un risque pour la faune et la flore, que trois de ces produits (le fenpropidine, le difénoconazole et le propiconazole) sont classés comme cancérigènes possibles par l’agence américaine de l’environnement (US EPA) et un autre (le propiconazole) est classé toxique pour le développement aux Etats-Unis.

    Perturbateurs endocriniens et cancérigènes probables

    Quant aux 16 produits en cours d’évaluation, l’ONG s‘inquiète de leurs effets possibles. Certains contiennent des molécules reconnues comme perturbateurs endocriniens (classées comme telles par  l’Union européenne). Il s’agit de la deltamethrine, très utilisée dans les produits pour lutter contre la chrysomèle du maïs, du mancozèbe, un fongicide très courant en vigne, ou encore du métirame. D’autres molécules sont considérées comme cancérigènes probables (l’iprovalicarbe, le mancozèbe et le métirame) ou possibles (le penoxsulame, le folpel et tébuconazole) ou encore classées, en Europe ou aux Etats-Unis, comme étant toxiques pour le développement (le tébuconazole et de nouveau le métirame). Enfin, Générations Futures analyse que 10 de ces substances présentent un risque avéré pour l’environnement.

    Les phtalates, une des origines avérées de la baisse de la fertilité humaine

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     Les phtalates sont des perturbateurs endocriniens présents dans les matières plastiques DR

    Par une étrange coïncidence, presque au même moment, le site de la revue britannique Human Reproduction publiait, le 8 mars, une étude française inédite démontrant que l'exposition aux phtalates (plastifiants que l'on retrouve dans nombre d'articles en PVC, dans les peintures, encres, cosmétiques ou dans des produits laitiers) inhibe chez l'homme la production de testostérone. C'est une première, car jusqu'ici, un tel effet n'avait été constaté que sur les testicules de fœtus humain ou chez le rongeur. Pour l'Inserm, cette étude confirme les soupçons qui pèsent sur les phtalates, concernant leur responsabilité dans la baisse de la fertilité humaine. Une directive européenne, révisée à plusieurs reprises, interdit aujourd'hui les phtalates, classés perturbateurs endocriniens, dans les jouets et objets de puéricultures, destinés aux enfants de moins de 3 ans. L'Europe les a également bannis des films alimentaires, mais ce n'est pas le cas dans beaucoup d'autres pays.

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    Dans un entretien donné au Monde.fr sur ce sujet le 12 avril, Shanna Swan, professeure au département de médecine préventive de la faculté de médecine Mount Sinai à New York, confirme que les produits chimiques reconnus comme des perturbateurs endocriniens, car altèrant le fonctionnement hormonal, affectent bel et bien le futur de l'humanité. Elle les décrit comme des "produits chimiques furtifs", dont personne ne se rend compte de la présence, mais qui font des dégâts et surtout, qu'on retrouve dans la descendance, sur plusieurs générations...

    La récente décision française d'autoriser l'épandage aérien de pesticides contenant des molécules toxiques, reconnues pour certaines comme cancérigènes et pour d'autres comme perturbateurs endocriniens par l'Europe, donne, hélas, l'impression que l'on préfère continuer à jouer aux apprentis sorciers, en réintroduisant d'un côté un danger (les pesticides) pas vraiment écarté de l'autre (les phtalates), plutôt que de travailler à prendre, en toute cohérence, les mesures préventives qui s'imposent dans l'usage des produits chimiques, afin de protéger la santé et l'avenir de l'humanité. A l'heure où l'on commence à s'interroger à voix haute sur l'impact des pesticides sur les cancers dans le monde agricole et celui de la viticulture (voir "Sud Ouest" du 7 avril), n'y aurait-il pas là une forme d'inconscience ?

    Cathy Lafon

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    EN SAVOIR PLUS

  • News fil vert. "Gorbi" veut un tribunal international pour juger les crimes écologiques

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    Mikhaïl Gorbatchev au Forum mondial de l'eau, Marseille, 12 mars 2012. Photo AFP

    Juger les crimes écologiques

    L'ancien président soviétique Mikhaïl Gorbatchev, très impliqué depuis 20 ans dans la défense de l'environnement, a pris la parole, lundi 12 mars, pour l'ouverture du Forum mondial de l'eau à Marseille, en sa qualité de fondateur et président de Green Cross International.  Dans un entretien au "Monde", publié mardi 13 mars, il plaide en faveur de la création d'un tribunal international chargé de juger les crimes écologiques.

    Cette proposition devrait bien plaire à Michel Serres, le philosophe français, originaire du Lot-et-Garonne, qui déplore dans son livre "Le temps des crises", que ni la Terre, ni la faune, ni la flore ne puissent parler pour se défendre... Et qui faisait l'amer constat suivant, lors du Sommet mondial du climat de Cophenhague en 2009 :  " Mais personne ne représente la terre; il n’y a pas de représentant des océans, de la banquise, des espèces menacées. Et nos gouvernants n’ont pas la culture nécessaire pour parler au nom de la planète." Un tribunal international pour défendre les intérêts de la nature, quand elle est victime de "crimes écologiques" ... L'idée est plus que séduisante.

    A propos de la proposition française de création d'une organisation mondiale de l'environnement, Gorbatchev s'avoue en revanche "sceptique" : selon lui, le risque serait de mettre en place une "nouvelle organisation bureaucratique", qui pourrait "freiner l'énergie de la société civile".

    Le développement durable : c'est tous ensemble

    Le dernier président de l'URSS, qui a eu à gérer la catastrophe nucléaire de Tchernobyl en 1986, se prononce aussi, avec son organisation environnementale, pour "une sortie progressive du nucléaire militaire et civil". Pour lui, il y a eu "un avant et un après Tchernobyl" et la transition énergétique est nécessaire. Cependant, il reconnaît qu'il est compréhensible que  "pour certains pays comme la France qui ont peu d'autres ressource, la transition énergétique prenne plus de temps". "On aurait pu penser que, 35 ans après (Tchernobyl), le Japon, nation évoluée, confrontée au désastre de Fukushima s'en serait mieux sorti. Or les Japonais se débattent toujours aujourd'hui dans les difficultés", ajoute-t-il. Enfin, à propos du développement durable et de la nécessaire remise en question du modèle basé sur la course à la croissance, également pour des pays émergents comme la Russie ou la Chine, Gorbatchev ne botte pas en touche : ils sont concernés et doivent aussi entendre ce discours. Mais il estime que "c'est aux pays développés de montrer l'exemple au reste du monde".

    Une réforme environnementale du Code civil français ?

    Plus modestement, on s'interroge aussi en France à la veille de l'élection présidentielelle, sur les moyens de rendre plus efficace le droit de l'environnement. Le Club des juristes vient de rendre public, le 14 mars, un rapport critique sur la responsabilité environnementale. Pour ce think tank, la réforme du Code civil s’impose, afin d’inscrire en toutes lettres l’obligation de réparer un dommage causé à l’environnement. Adossée à la constitution française, la "Charte de l’environnement" rappelle quant à elle le principe de la responsabilité environnementale (art. 4), via la réparation des dommages causés. Mais elle ne règle pas le problème puisqu’elle renvoie à la loi le soin de définir les conditions de son application.  «Au final, tous les juristes s’accordent aujourd’hui pour dire qu’une nouvelle loi doit venir compléter le Code civil», résume Yann Aguila, ancien conseiller d'Etat, président de la Commission Environnement du Club des Juristes

    Cathy Lafon

    REPERES

    Mikhaïl Gorbatchev :  81 ans, président de l'URSS de 1985 à 1991. Prix Nobel de la Paix en 1990 pour sa contribution à la fin de la guerre froide. Fondateur en 1993 de la "Green Cross international", asociation de défense de l'environnement.

    6e Forum mondial de l'eau (Marseille) : 140 pays représentés par 20.000 personnes, y participent jusqu'au 17 mars,  avec pour objectif de faire avancer l'accès universel à l'eau potable.

    Green Cross International : association internationale de défense de l''environnement, doté d'un budget de 18 millions d'euros, financée par des donations privées et des subventions allouées par 34 Etats.

    LIRE AUSSI

    "Il faut un tribunal international pour juger les crimes écologiques", "Le Monde", 14 mars 2012 : cliquer ICI

    "Comment rendre efficace le droit de l'environnement", Journal de l'environnement  : cliquer ICI.