La centrale nucléaire de Garoña (nord de l'Espagne) Photo AFP
Dans le cadre de la future réforme énergétique espagnole, la plus ancienne centrale nucléaire du pays, à Garoña, près de Burgos (nord), cessera son activité en juillet 2013 : Nuclenor, l'exploitant, a renoncé à demander le renouvellement de son autorisation. On s'en doute, la nouvelle a été chaleureusement saluée dans le pays par les écologistes. Elle pourrait bien être tout aussi bien reçue par les économistes, vu la férocité de la crise que subit l'Espagne.
Nuclenor a indiqué mercredi 5 septembre au ministère de l'Industrie espagnol et publié sur son site internet qu'elle n'était "pas en conditions pour solliciter le renouvellement de l'autorisation d'exploitation de la centrale nucléaire de Santa Maria de Garoña". Nuclenor avait en effet jusqu'au 6 septembre pour demander une prolongation jusqu'en 2019 de cette centrale, suite au feu vert donné en juillet dernier par le gouvernement espagnol. Ce dernier avait depuis refusé d'accorder à Nucleor un nouveau délai, dans l'attente des "nouvelles conditions qui pourraient être établies pour l'activité de production nucléaire, dans le cadre de la réforme énergétique qui doit être approuvée par le gouvernement".
Cette réforme qui doit intervenir enEspagne dans les prochains mois, très attendue des écologistes, est aussi redoutée par les professionnels du secteur énergétique, car elle doit notamment modifier les tarifs et les taxes imposées aux différentes sources d'énergie.
Garoña, une vieille dame de 41 ans
Si pour les êtres humains, la quarantaine est désormais considérée comme la fleur de l'âge, pour une centrale nucléaire, c'est un âge canonique, raisonnable pour partir en retraite. La centrale de Garoña, mise en service il y a 41 ans en 1971, est la plus vieille en activité en Espagne. Le 6 juillet 2013, son permis d'exploitation expirera. L'annonce de sa possible prolongation avait soulevé l'été dernier la colère des organisations écologistes, qui réclamaient depuis plusieurs années la fermeture de cette centrale, "soeur jumelle" de la japonaise Fukushima, frappée en mars 2011 par un accident nucléaire gravissime. Greenpeace avait ainsi organisé un survol de Garoña, le 5 juin dernier, lors de la Journée mondiale de l'environnement, afin de dénoncer le manque de sécurité des sites nucléaires.
Greenpeace qui pleure à Fessenheim, rit à Garoña
Greenpeace que l'actualité écologique ne réjouit que rarement, s'est félicitée jeudi de "la décision des groupes électriques espagnols(Ibedrola et Endesa, ndlr) de ne pas solliciter la prolongation", qui démontre aussi, selon l'organisation environnementale, "l'échec économique de l'énergie nucléaire, malgré les soutiens du gouvernement". L'Espagne serait-elle en train de s'engager à son tour dans la sortie du nucléaire, à l'instar de l'Allemagne, du Japon et de plusieurs autres pays ? En fermant Garoña, elle fait en tout cas le choix de la sécurité environnentale et économique : réduire la voilure nucléaire diminue la part de cette énergie dans la production de l'électricité qu'elle consomme. Elle concrétise par là-même son engagement dans les énergies renouvelables.
A Séville, le soleil brille aussi la nuit
Car question ENR, notre voisin ibère est plutôt exemplaire. Première de la classe dans le solaire, l'Espagne rayonne, avec notamment l'implantation réussie d'une véritable perle solaire et technologique de 185 hectares, Gemasolar, située près de Séville (Andalousie). Gemasolar est la première centrale solaire à associer une tour de réception solaire et une technologie de transfert d'énergie par stockage de la chaleur dans du sel fondu. Unique en son genre, elle ouvre la voie à de nouvelles possibilités de production thermoélectrique. Grâce à une technologie unique au monde, l'énergie accumulée quand le soleil brille permet à Gemasolar de produire encore de l'électricité la nuit ou les jours de pluie.
Quant à Don Quichotte, il aurait aujourd'hui fort à faire pour lutter contre les descendantes des moulins à vent : les éoliennes espagole, en 2010, produisaient déjà 16 % de son électricité. A la même époque, la part de l'éolien en France ne s'élevait qu'à 1,9%, contre 26% au Danemark et 6% en Allemagne...
Cathy Lafon
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REPERES
- Le parc nucléaire espagnol compte au total 6 centrales et 8 réacteurs.