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Insolite - Page 75

  • Aquitaine: Alain Rousset veut créer une île artificielle écologique pour explorer et exploiter l'océan

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    Le 23 janvier 2014, Alain Rousset pointe le retrait du trait de côte à Lacanau (Gironde). A ses côtés, parmi les élus, l'ancien maire de Lacanau, Jean-Michel David (cravate rose). Photo archives "Sud Ouest" Stéphane Lartigue

    Alain Rousset, le président PS du Conseil régional d'Aquitaine, a annoncé vouloir créer au large de la côte aquitaine un site artificiel qui concentrerait toutes les recherches liées au milieu marin. Révélée en exclusivité par France Bleu Gironde le 21 novembre dernier, l'info n'a pas fait le buzz.

    "Un environnement protégé durable"

    Pour Alain Rousset, les recherches "porteraient à la fois sur les fermes marines, sur les micro-algues, ce n'est pas une plateforme pétrolière ou gazière, on est là dans un environnement protégé durable". L'élu y voit "un laboratoire de recherche, une ferme marine, un lieu de production énergétique avec les énergies hydroliennes puis peut-être un lieu de tourisme aussi". La phase de conception du projet pourrait aboutir en 2016 ou 2017, donc après les élections régionales de décembre 2015.

    "L'avenir passe par l'exploration et l'exploitation de l'océan"

    le treut aquitaine.jpgSelon la radio girondine, l'idée serait partagée par le climatologue Hervé Le Treut qui a piloté pour la Région Aquitaine un rapport sur le changement climatique, "Prévoir pour agir", et le chercheur et industriel libournais Pierre Calléja, dont l'entreprise Fermentalg produit des micro-algues. "Il y aura un équilibre économique à trouver[avec] des financement privés", explique Alain Rousset. L'avenir passe par l'exploration et l'exploitation de l'océan, qui "occupe 70 % de la planète", justifie-t-il.

    D'autres projets d'îles artificielles dans la région

    lilypad-une-cite-flottante-et-ecologique_940x705.jpgAlain Rousset n'est pas le premier à avoir l'idée d'une île artificielle au large de nos côtes. En 2008, l'association Attol Aquitaine, implantée à Anglet,  développait déjà un projet d'île artificielle pour lequel elle recherchait des financeurs. L'architecte Vincent Callebaut, inspiré par les projections du GIEC sur le réchauffement de la planète, avait donné corps à sa propre utopie, une ville amphibie autosuffisante baptisée Lilypad (photo ci-contre), à destination des réfugiés climatiques. Plus récemment, en 2012, des élèves ingénieurs en Génie des Systèmes Urbains de l'Université de Technologie de Compiègne mettait leur imaginaire et leurs compétences en commun pour le concours Syntec-Ingénierie dont le thème était "l'éco-métropole du futur". Leur projet Polyv'îles avait été récompensé du prix de l'ingénierie du futur.

    L'interview d'Alain Rousset sur France Bleu Gironde, 21 novembre 2014

    Projet écologique ou "projet fou" ?

    littoral atlantique,aquitaine,ile,projet,alain rousset,région aquitaine,trait de côte,énergies marine,algues,entreprise,rechercheLe projet d'Alain Rousset n'est donc pas aussi "fou" qu'il y paraît au premier abord. La question est plutôt celle de sa pertinence écologique. Explorer l'océan, c'est bien, l'exploiter d'avantage n'est pas forcément une bonne idée... Cela exige en tout cas de solides garde-fous écologiques, car, concernant l'océan, source de vie et élément fondamental pour l'équilibre climatique de la planète, la première nécessité aujourd'hui, c'est bien de le protéger, contre les pollutions et la surexploitation de ses ressources. Alors que le littoral atlantique est confronté à une érosion majeure accélérée vraisemblablement par le réchauffement climatique et à l'heure où l'on doit chercher à réduire en urgence les émissions de gaz à effet de serre, un nouveau grand projet d'infrastructure qui aurait nécessairement un impact sur l'environnement marin, fut-il à "vocation écologique", est-il aujourd'hui une priorité ? Ne vaudrait-il pas mieux, justement, en consacrer les budgets à la recherche liée à la protection du littoral ou encore à l'implantation de productions d'énergie renouvelables ? Sans parler d'énergies marines, l'Aquitaine ne compte encore à ce jour aucune éolienne...

    "L'idée c'est que l'Aquitaine soit précurseur [d'une] nouvelle forme de vie avec la mer", sur les 456 km de littoral que compte la région, a aussi précisé sur France Bleu Gironde le patron de la Région. On ne peut qu'applaudir. Mais pour donner corps à cette idée qui rejoint aussi les préoccupations d'une ONG comme Surfrider Foundation Europe, peut-être faudrait-il, enfin, un jour, changer de logiciel...

    Cathy Lafon

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  • Insolite : la peluche du CNRS qui espionne les manchots sans les stresser

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    Le rover camouflé par le poussin de manchot empereur approche un adulte avec son poussin, qui tous deux tentent de communiquer par des vocalisations. Photo Frederique Olivier/John Downer Productions

    Un poussin manchot en peluche monté sur quatre roues au milieu d'une colonie de manchots ? Non vous ne rêvez pas et non, ce n'est pas un jouet téléguidé égaré sur la banquise. Il s'agit d'un véritable outil scientifique, appelé aussi rover, mis au point par des chercheurs français du CNRS, pour étudier ces animaux menacés sans les stresser inutilement.

    Comment ça marche ?

    Pour suivre la reproduction et la survie des manchots, les scientifiques doivent les marquer individuellement. L'anatomie de leurs pattes ne permettant pas le baguage, comme c’est le cas pour la plupart des autres oiseaux, la solution utilisée est celle du transpondeur - une « étiquette » électronique de moins d’1 gramme -  introduit avec un pistolet de type vaccination sous la peau. Les manchots étudiés sont donc porteurs d’une étiquette d’identification électronique lisible par un lecteur RFID, qui peut être manuel ou embarqué sur un robot télécommandé. Lorsque les manchots sont approchés par le robot, ils n’ont pas le niveau de stress élevé (caractérisé par une forte augmentation de la fréquence cardiaque et un comportement de fuite) observé en présence d’un humain. Cette méthode permet donc de collecter des données scientifiques de qualité, car non biaisées par la présence humaine comme viennent de le démontrer des chercheurs de l’Institut pluridisciplinaire Hubert Curien - IPHC (CNRS/Université de Strasbourg) et du Centre scientifique de Monaco, dans une étude conduite par le spécialiste des manchots Yvon le Maho, publiée sur le site de Nature Methods, le 2 novembre 2014.

    Pourquoi étudier les manchots ?

    L’un des grands enjeux scientifiques actuels est l’impact du changement climatique sur la biodiversité. Dans un contexte de développement durable, les chercheurs s’interroge notamment sur la façon dont les ressources marines vont être affectées par le réchauffement de manière à éviter également une surexploitation de ces ressources par l’homme. Or les manchots sont de bons indicateurs écologiques de l'état de santé des ressources marines de l'océan Austral : étudier leur reproduction et leur survie permet donc de mieux aux scientifiques connaître l'impact du changement climatique sur la biodiversité. 

    Un poussin robot admis à la crèche des manchots empereurs

    manchot robot crèche.jpgLes investigations ont été menées dans la colonie de manchots empereurs qui se trouve à proximité de la base française Dumont d’Urville, en Terre-Adélie. Des poussins en « tortue » ont même laissé le robot surmonté du faux poussin s’introduire dans leur crèche... (photo ci-contre).  Les rovers pourraient également être utilisés pour l'identification électronique de mammifères marins, comme les éléphants de mer, soulignent les chercheurs.

    A quand un ourson Paddington sur quatre roues pour étudier l'ours des Pyrénées françaises sans le stresser ?

    Cathy Lafon

    PLUS D'INFO

    • Lire la communication du  CNRS sur les robots poussins manchots  : cliquer ICI
    • Lire l'étude  :  "Rovers to minimize human disturbance in research on wild animals", Nature Methods, 2 novembre 2014 : cliquer ICI
    • La reproduction d’une colonie de manchots Adélie anéantie par de mauvaises conditions climatiques, CNRS (octobre 2014) : cliquer ICI
    • Le manchot empereur, une espèce gravement menacée par le changement climatique, CNRS (juillet 2014) : cliquer ICI 

    LIRE AUSSI

    • Les articles de Ma planète sur le réchauffement climatique : cliquer ICI
    • Les articles de Ma planète sur la biodiversité : cliquer ICI
    • Les articles de Ma planète sur les recherches et les découvertes du CNRS : cliquer ICI
  • Initiative : des géraniums pour dépolluer les sols de leurs métaux

    Pelargonium_graveolens_2.jpg

    Pour dépolluer les sols, la réponse est peut-être dans la nature, avec le pelargonium.

    Comment dépolluer des sols chargés en métaux lourds ? Il y a l'option lourde et classique, le long curage de surfaces avec la mise en décharge des sols.  Et bientôt peut-être, une solution écologique et fleurieValgo, une société experte dans la dépollution des sols et nappes phréatiques, désamiantage et extraction de plomb, dont le siège est à Portet-sur-Garonne (Haute-Garonne), travaille à mettre au point, depuis plus de deux ans, un process de dépollution de sols contaminés par des métaux lourds à partir de géraniums odorants. Les premières plantations expérimentales seront récoltées le mois prochain, dans le Tarn.

    Expérimentation

    Après les premiers travaux en laboratoire qui ont fait leur preuve sur le plomb, le zinc, l’arsenic, le nickel, le chrome et le mercure, place aux tests sur le terrain, à Graulhet (Tarn).  Nom de code du projet : DéPlass Métaux, conduit en partenariat avec le laboratoire Ecolab (unité mixte de recherche d'écologie fonctionnelle de l’INPT-UPS-CNRS), à Auzeville-Tolosane, dans l’agglomération toulousaine, et l'équipe ECSECO. Lieu d'expérimentation: une friche d’une ex-mégisserie, où les  premiers géraniums ont été plantés en mai dernier.

    Comment ça marche ?

    Plus de mille pelargoniums odorants, plantes de la famille du géranium, ont été plantés dans le phytotertre, une grande jardinière de 100 m² isolé du sol par une bâche remplie de terre polluée collectée suite aux différents travaux de dépollution effectués par la ville, situé sur la plaine de Millet. Le principe repose sur la phytoextraction des plantes sélectionnées et sur l’utilisation d’une solution déminéralisante.  Les pelargoniums sont utilisés pour enlever les métaux lourds du sol. Ces métaux, on les retrouve dans les plantes et les eaux de drainage. Ces eaux sont récupérées : un traitement chimique permet de séparer les métaux lourds de l'eau et un agent déminéralisant qui sert à déplacer les métaux est envoyé via l'eau d'irrigation. Développement durable oblige, rien ne se perd. Une fois les pelargoniums coupés avant l'hiver, ils servent à la fabrication d'huiles essentielles dont les vapeurs seront exemptes de métaux, ces derniers restant dans l'eau. Enfin, les restes des plantes sont traités en méthaniseur.

    Cette expérience unique en France qui vise à démontrer que les plantes ne permettent pas seulement de dépolluer les eaux, comme celles des piscines, par exemple, mais aussi les sols, durera trois ans. Originale, l'initiative avait répondu à l’appel à projet national «Eco industrie 2012».

    Et en plus, ça sent bon !

    Cathy Lafon

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