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Infrastructure - Page 60

  • Centrale nucléaire du Blayais : "En cas d'accident, que ferez-vous ?", demande Greenpeace

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    Au nord de la Gironde, la centrale du Blayais, mise en service en 1981, est l'une des plus vieilles de France. Photo CNPE BLAYAIS/EDF

    On s'en doutait un peu. Suite aux récents survols des centrales nucléaires de l'Hexagone par des drones, dont la centrale du Blayais, le 13 octobre dernier, Greenpeace n'allait pas rester sans broncher.

    La verte Greenpeace est blanche comme neige

    centrale blayais bonnaud.jpgPromis, craché, juré : cette fois-ci, l'ONG, friande d'intrusions ou de survols surprises des sites nucléaires pour démontrer les failles de leurs systèmes de sécurité - comme au Bugey, avec un ULM en 2012, ou à La Hague en 2011 -  n'y est pour rien. Ce que son représentant local en Gironde, Patrick Maupin, clame haut et fort, y compris dans l'enceinte de la Commission locale d'information sur le nucléaire (Clin) auprès de la centrale de Braud-et-Saint-Louis, à laquelle il participait mercredi 5 novembre pour la première fois. Depuis l'été dernier, le militant bordelais de Greenpeace est en effet membre permanent de la Clin du  Blayais présidée par Jacques Maugein,  dans le collège des associations. Une ouverture à la société civile qui constitue une réelle avancée vers plus de transparence et de démocratie dans la gestion de l'industrie nucléaire du pays. N'être pour rien dans l'affaire des drones n'empêche toutefois pas l'association internationale de s'en saisir pour rebondir sur l'un de ses sujets les plus chers : l'impossibilité d'assurer totalement la sûreté des centrales nucléaires, qui en fait, selon elle, de véritables bombes à retardement pour le territoire français et les population en cas d'accident.

    « En cas d'accident nucléaire, que ferez-vous ? »

    Telle est la question que poseront au public ce samedi 8 novembre à Bordeaux à partir de 14h, les militants de l’équipe girondine de Greenpeace, en interpellant les passants autour d'une carte géante de 16 mètres carrés posée au sol, place de la Comédie, devant le Grand théâtre. Chacun pourra ainsi situer concrètement à quelle distance de la centrale il vit et surtout, visualiser les retombées possibles d'un accident nucléaire dans la région, et les dispositions prévues en cas d’accident majeur. Bordeaux ne se trouve en effet qu'à 45 km des quatre réacteurs de la centrale du Blayais, décrite par les anti-nucléaires comme "vieillissante et particulièrement sensible".  Un avis nuancé par l'Autorité de sûreté nucléaire, dont les deux derniers bilans du site sont "assez satisfaisants".

    La question du Plan particulier d'intervention (PPI) autour des centrales nucléaires françaises

    tchernobyl nuage.jpegEn France, en cas d'accident, si aucune valeur nationale n'est imposée, les préfectures restreignent les mesures de précaution et la zone d'évacuation à 10 km autour des centrales nucléaires, y compris dans le Blayais. Les communes situées au-delà n’ont accès à aucune préparation ni équipement particuliers pour faire face au risque nucléaire. En Ukraine et au Japon, les zones d'évacuation de 30 km autour de Tchernobyl et Fukushima se sont révélées insuffisantes pour garantir la santé des populations. Dans ces deux pays, des territoires fortement contaminés par les deux plus graves catastrophes nucléaires de l'histoire de l'humanité à ce jour, sont cartographiés sur plus de 100 km.

    Une centrale nuléaire au coeur d'un secteur viticole exceptionnel

    vigne médoc.jpgDans une fiche détaillée sur la centrale du Blayais et son périmètre, Greenpeace rappelle que le site se trouve au beau milieu des grands domaines viticoles du Bordelais. En cas de contamination des sols agricoles, les activités des grands crus girondins qui pèsent pour près de 4 milliards  d’euros annuels, ne seraient évidemment absolument pas "transférables", à la différence de celles de sites industriels. Château Lafitte, Château Margaux, Saint Estèphe, Saint Julien…  sont notamment dans un rayon de 10 km autour de la centrale, au coeur d'une région au riche patrimoine naturel et très touristique: l'Aquitaine accueille plus de 100 millions de visiteurs par an. Environ 1,5 millions de personnes  vivent à moins de 70 km de Braud-et-Saint-Louis, et l’agglomération Bordelaise, avec son million d’habitants, se trouve à 45 km.

    Les commissions locales d'information sur le nucléaire et Greenpeace : même combat

    greenpeace,sécurité,centrale nucléaire,blayais,braud-et-saint-louis,bordeaux"Que penser des 10 km règlementaires en France ? Les populations connaissent-elles seulement les consignes de base ? Par exemple, que se passera-t-il pour les plus de 163.000 personnes qui habitent à moins de 30 km de la centrale ? Et qu’en est-il des 2 millions de personnes qui seraient touchées dans un rayon de 100 km ?" Autant de questions que pose Greenpeace et auxquelles l'ONG veut sensibiliser les habitants. De son côté, garante de l’information des citoyens sur les activités nucléaires, l’Association Nationale des Comités et Commissions Locales d’Information, (ANCCLI) réclame également une révision en profondeur de l'extension des périmètres, parce que, dit-elle : "le risque zéro" n'existe pas. L'ANCCLI s’étonne notamment qu’"aucune avancée concernant le périmètre des Plans particuliers d’intervention (fixé aujourd’hui à 10 km) n’ait été inscrite dans la loi sur la transition énergétique pour la croissance verte ; et ce, malgré sa demande expresse d’amendement à ce sujet".

    Quant à l'affaire du survol de la centrale du Blayais par un aeronef, vraisemblablement un drone, elle s'est naturellement invitée ce mercredi à l'ordre du jour des débats de la Clin girondine. Le directeur du site, Pascal Pezzani, a rappelé qu'il avait déposé plainte en assurant qu'il n'y avait eu "aucune conséquence sur la sûreté nucléaire" de la centrale. "Nous étions très fiers de notre industrie nucléaire, nous sommes aujourd'hui la risée du monde", a ironisé pour sa part Patrick Maupin, le représentant de Greenpeace.

    Cathy Lafon

    PLUS D'INFO

    • Le samedi 8 novembre est un jour de manifestation nationale organisée par Greenpeace France pour l'extension des PPI autour des centrales nucléaires. A Bordeaux, où ONG réclame aussi la fermeture de la centrale du Blayais, elle a lieu à 14h, place de la Comédie. 

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  • Initiative : des géraniums pour dépolluer les sols de leurs métaux

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    Pour dépolluer les sols, la réponse est peut-être dans la nature, avec le pelargonium.

    Comment dépolluer des sols chargés en métaux lourds ? Il y a l'option lourde et classique, le long curage de surfaces avec la mise en décharge des sols.  Et bientôt peut-être, une solution écologique et fleurieValgo, une société experte dans la dépollution des sols et nappes phréatiques, désamiantage et extraction de plomb, dont le siège est à Portet-sur-Garonne (Haute-Garonne), travaille à mettre au point, depuis plus de deux ans, un process de dépollution de sols contaminés par des métaux lourds à partir de géraniums odorants. Les premières plantations expérimentales seront récoltées le mois prochain, dans le Tarn.

    Expérimentation

    Après les premiers travaux en laboratoire qui ont fait leur preuve sur le plomb, le zinc, l’arsenic, le nickel, le chrome et le mercure, place aux tests sur le terrain, à Graulhet (Tarn).  Nom de code du projet : DéPlass Métaux, conduit en partenariat avec le laboratoire Ecolab (unité mixte de recherche d'écologie fonctionnelle de l’INPT-UPS-CNRS), à Auzeville-Tolosane, dans l’agglomération toulousaine, et l'équipe ECSECO. Lieu d'expérimentation: une friche d’une ex-mégisserie, où les  premiers géraniums ont été plantés en mai dernier.

    Comment ça marche ?

    Plus de mille pelargoniums odorants, plantes de la famille du géranium, ont été plantés dans le phytotertre, une grande jardinière de 100 m² isolé du sol par une bâche remplie de terre polluée collectée suite aux différents travaux de dépollution effectués par la ville, situé sur la plaine de Millet. Le principe repose sur la phytoextraction des plantes sélectionnées et sur l’utilisation d’une solution déminéralisante.  Les pelargoniums sont utilisés pour enlever les métaux lourds du sol. Ces métaux, on les retrouve dans les plantes et les eaux de drainage. Ces eaux sont récupérées : un traitement chimique permet de séparer les métaux lourds de l'eau et un agent déminéralisant qui sert à déplacer les métaux est envoyé via l'eau d'irrigation. Développement durable oblige, rien ne se perd. Une fois les pelargoniums coupés avant l'hiver, ils servent à la fabrication d'huiles essentielles dont les vapeurs seront exemptes de métaux, ces derniers restant dans l'eau. Enfin, les restes des plantes sont traités en méthaniseur.

    Cette expérience unique en France qui vise à démontrer que les plantes ne permettent pas seulement de dépolluer les eaux, comme celles des piscines, par exemple, mais aussi les sols, durera trois ans. Originale, l'initiative avait répondu à l’appel à projet national «Eco industrie 2012».

    Et en plus, ça sent bon !

    Cathy Lafon

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  • Abandon de l'écotaxe : combien ça coûte et qui va payer quoi ?

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    L'un des portiques construits pour percevoir l'écotaxe qui ne serviront à rien. Photo achives AFP

    Le 9 octobre, Ségolène Royal, la ministre de l'Ecologie, de l'Energie et du Développement durable, a donné le clap de fin au feuilleton de l'écotaxe poids-lourds. En plein débat sur la loi sur la transition énergétique. Drôle de coïncidence.

    Voulue par Bruxelles, prévue par le gouvernement de Nicolas Sarkozy,  la taxe écologique destinée à compenser l'impact des transports routiers sur l'environnement et sur les infrastructures, en abondant l'Agence de financement des infrastructures de transport (Afitf) à hauteur de 450 millions d'euros par an, est définitivement enterrée. Ou, plus élégamment dit :  "ajournée sine die". Un poil de latin, ça fait quand même plus classe.

    Soit. Le hic, c'est qu'il va bien falloir payer les futurs travaux d'aménagement pour les trains, trams, bus en site propre, navettes fluviales, et autres canaux, sans oublier l'entretien de nos chères autoroutes qui coûtent un bras à l'Etat, toujours propriétaire, alors que les sociétés concessionnaires privées qui les exploitent se gavent de bénéfices financiers. Alors, combien va coûter cet abandon, et qui va payer?

    • Les poids lourds ?

    diesel pompe.jpgPas touche au grisbi du transport routier, c'est une affaire entendue. Si les poids lourds, premiers pollueurs et utilisateurs du réseau routier sont exemptés de l'écotaxe, ils vont finalement quand même cotiser un peu au  pot. Le 20 octobre, l'Assemblée a voté la hausse du diesel au 1er janvier 2015 de 4 centimes pour les poids lourds. Cette hausse est en fait, comme pour les automobilistes, composée de deux augmentations distinctes : d’une part, deux centimes, votés l’an dernier dans le cadre de la taxe carbone, dont les camionneurs devaient être initialement exonérés. Et d’autre part, deux autres centimes votés cette année pour compenser le manque à gagner après l’abaissement du périmètre de l’écotaxe, ensuite abandonnée. Cet amendement rapportera 332 millions d’euros qui seront transférés à l'Afitf. Le péage de transit poids lourds, qui devait succéder à l’écotaxe, aurait dû rapporter "540 millions d’euros en régime de croisière", selon le secrétaire d’Etat au budget Christian Eckert.  Il en manque donc 208.  Autre problème : les poids lourds étrangers en transit sont moins sollicités qu'avec l'écotaxe. D'où l'idée d'une vignette spéciale émise par Ségolène Royal, difficilement applicable en terme d'équité selon son collègue des finances, Michel  Sapin. Pourquoi faire simple, quand on peut faire compliqué ?

    • Les autoroutes ?

    péage autoroute.jpgSégolène Royal aurait bien tenté le coup et on la comprend : les grandes sociétés autoroutières, principalement Vinci et Eiffage, qui se partagent le gâteau et font de faramineux profits en faisant,en outre, travailler leurs filiales du BTP pour les travaux d'entretien des autoroutes, pourraient quand même bien mettre la main à la poche. Par exemple en soulageant le porte-monnaie des usagers qui eux voient le prix du carburant augmenté. Juste le temps d'un week-end gratuit et en baissant de 10% le tarif des autoroutes.  Bonne ou mauvaise sur le plan écologique, l'idée se discute. Car comment faire pour taxer les profits des sociétés autoroutières ? Vu les contrats qui lient l'Etat et les sociétés autoroutières, mitonnés aux petits oignons en 2006 par Dominique de Villepin, premier ministre de Jacques Chirac, inutile d'y penser. L'affaire semble s'orienter vers un nouveau plan de relance des autoroutes, totalement incohérent avec les objectifs de diminution d'émissions de gaz à effet de serre et du trafic routier. Va comprendre.

    • Les usagers de la route ?

    diesel augmentation automobilistes.jpgGagné. Si l'on tergiverse quand il s'agit de quelques milliers de routiers et de Bonnets rouges, très remontés certes, mais pas entièrement représentatifs de 60 millions de Français, et que l'on doit laisser bien au chaud les sociétés autoroutières faute d'avoir de réels moyens pour revoir les contrats qui les lient à l'Etat, pour les particuliers, aucune hésitation. Si on en doutait encore, c'est à croire que le lobbying du corps électoral dans son ensemble n'existe pas. La première mesure prise pour remplacer le manque à gagner du dernier avatar de l'écotaxe a donc été de procéder à une augmentation de 2 centimes par litre de la taxe sur le diesel.  Ce qui devrait rapporter 800 millions d’euros pour l’Afitf. "Le coût pour les ménages qui ont un véhicule diesel est entre 15 et 30 euros par an", a relativisé la rapporteure générale du Budget Valérie Rabault face aux critiques. Si l'on sait calculer, pour l'Etat, il y aurait même au final un excédent de 592 millions d'euros par rapport à l'écotaxe...  Merci les gentils automobilistes !

    • L'Etat ?

    C'est compliqué. Sachez seulement que la suspension de l'écotaxe pourrait faire peser un risque de 500  millions d'euros sur l'Etat. Le pool de banques engagées dans le partenariat public-privé et placées sous la garantie de l'Etat est en effet exposé à une perte de 500 millions d'euros ce qui représente la somme allouée au consortium Ecomouv' pour financer l'ensemble de infrastructures nécessaires au prélèvement de l'écotaxe (portiques de contrôles notamment). Les indemnités liées à la résiliation du contrat Ecomouv' s'élevaient au printemps 2013 à plus de 800 millions d'euros...

    Une négociation devrait s'ouvrir entre l'Etat et Ecomouv' : bon courage.

    Cathy Lafon

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